Programme de surveillance de l'infection par le virus de l'immunodéficience humaine (VIH) au Québec : mise à jour des données au 30 juin 2007
Le programme de surveillance de l'infection par le virus de l'immunodéficience humaine (VIH) au Québec est basé sur la déclaration de l'infection par le laboratoire et sur le recueil de renseignements sur la personne infectée auprès du professionnel de santé ayant prescrit le test. Les activités de collecte des données sont centralisées dans des locaux sécurisés du Laboratoire de santé publique du Québec (LSPQ), lequel effectue toutes les analyses de confirmation à l'échelle de la province. Pour tout test positif, une intervenante de santé publique (ISP) téléphone au professionnel qui l'a prescrit en vue de l'enquête épidémiologique sur le cas.
Le LSPQ a confirmé la positivité au VIH de 0,56 % des 150 450 spécimens prélevés au premier semestre 2007 et analysés dans les laboratoires hospitaliers qui font partie du programme québécois de diagnostic de l'infection par le VIH. Cette proportion se maintient à moins de 1 % depuis le début du programme. Environ 20 % des spécimens positifs soumis aux ISP étaient impossibles à déclarer. La moitié de ces spécimens non déclarés concernaient des immigrants ou des réfugiés qui n'avaient pas de numéro d'assurance maladie (NAM), cet identifiant étant exigé pour déclarer un cas dans le système actuel.
Au total, 330 cas ont été déclarés au premier semestre 2007 et dont les trois quarts sont des hommes (77,7 %). Il s'agissait de nouvelles découvertes de séropositivité au VIH pour la moitié d'entre eux et 58,3 % de ces personnes nouvellement diagnostiquées n'avaient jamais eu de dépistage du VIH auparavant.
Ces cas âgés en moyenne de 42,5 ans pour les hommes et de 39,2 pour les femmes, portent à 4 216 le nombre de personnes infectées par le VIH enregistrées au programme de surveillance depuis qu'il est en place en avril 2002. Ce nombre total cumulatif au 30 juin 2007 reste en deçà des estimations de la prévalence du VIH produites pour le Québec par l'Agence de la santé publique du Canada, selon lesquelles entre 13 300 et 19 600 vivaient avec le VIH dans la province en 2005.
Le Canada reste le principal pays de naissance et d'origine ethnoculturelle des personnes trouvées infectées par le VIH au Québec. Un seul cas autochtone des Premières Nations a été déclaré au premier semestre 2007.
La région sociosanitaire de Montréal qui compte un quart de la population du Québec et abrite la grande majorité des immigrants admis au Québec, reste la plus touchée dans la province. Elle contribue pour les deux tiers des cas (65,2 %) du premier semestre 2007.
Les principales catégories d'exposition sont :
- Les hommes ayant des rapports sexuels avec d'autres hommes (HARSAH) sont au premier rang et restent les plus touchés avec 50,6 % des cas du premier semestre 2007. Cette proportion plus élevée (59,3 %) parmi les nouveaux diagnostics grimpe à 72,3 % dans les nouvelles découvertes de séropositivité au VIH rapportées pour les hommes. Ce sont les HARSAH qui contribuent le plus à l'augmentation des nouveaux diagnostics;
- Après les HARSAH, les cas originaires de pays où le VIH est endémique et où la transmission hétérosexuelle du virus prédomine arrivent en deuxième position avec 17,6 % des cas. Cette catégorie d'exposition occupe par contre le premier rang dans la population féminine vivant avec le VIH au Québec. Pendant que seulement 7,8 % des cas de sexe masculin déclarent une origine dans des pays des Caraïbes (Haïti en premier) et de l'Afrique subsaharienne confrontés à de fortes endémies du VIH, la moitié (51,4 %) des femmes déclarées au premier semestre 2007 s'identifient aux mêmes pays;
- Parmi les cas enregistrés entre janvier et juin 2007, 28,4 % des cas féminins et 9,4 % des cas masculins sont reliés à des rapports hétérosexuels à risque et à des contacts hétérosexuels sans risque connu. En regroupant ces cas avec ceux qui sont originaires d'un pays endémique, la voie de transmission hétérosexuelle du VIH prédomine chez les femmes. Elle est reliée à 79,7 % des cas féminins et seulement à 17,2 % des cas masculins;
- Une proportion de 12,4 % des cas déclarés au premier semestre 2007 a été diagnostiquée chez des personnes UDI. Le nombre absolu de nouveaux diagnostics varie peu dans cette catégorie d'exposition depuis 2004 malgré la transmission active du VIH (et du VHC) observée par le réseau SurvUDI;
- Les cas à la fois HARSAH et UDI ne représentent que 3,6 % de l'ensemble, proportion qui est demeurée stable depuis le début du programme;
- Très peu de cas liés aux autres catégories d'exposition ont été rapportés au premier semestre 2007. Les cas de transmission mère-enfant et par des dons de sang ou de facteurs de coagulation deviennent rares. Aucun nouveau diagnostic n'est rapporté dans ces deux catégories d'exposition. Les quatre cas attribués à des dons de sang et les deux cas de transmission verticale sont des anciens diagnostics dont on ne peut confirmer la voie de transmission incriminée ou qui étaient déjà infectés avant les mesures de sécurité transfusionnelle implantées au Québec.
Le recours aux services de diagnostic du VIH a été tardif dans des proportions relativement élevées puisque 17,4 % des nouvelles découvertes de séropositivité rapportées au premier semestre 2007 étaient rendues au stade du sida, tandis que 12,8 % présentaient des infections symptomatiques chroniques au moment du diagnostic de l'infection. Seulement une personne sur deux nouvellement diagnostiquées (48,3 %) était asymptomatique au moment du prélèvement, le reste se plaignant d'infections aiguës ou de symptômes et maladies non spécifiques du sida.
Toutefois, le nombre de personnes nouvellement diagnostiquées à la suite de tests faits à leur demande (sans que cela ne soit motivé par un comportement à risque ou par la présence de symptômes) a diminué au premier semestre 2007 comparé aux trois semestres précédents.
Les données analysées n'estiment ni la prévalence ni l'incidence de l'infection dans la province. Elles décrivent les caractéristiques des cas confirmés par le LSPQ sur les spécimens prélevés au premier semestre 2007 et dont la collecte d'information a été complétée, en les comparant aux cas cumulés depuis la mise en place du Programme de surveillance du VIH en avril 2002.
Les hommes, particulièrement les HARSAH, sont les plus touchés. Combinée à la progression parmi ce groupe des autres ITSS observée ici comme ailleurs au Canada et dans les pays développés, cette observation doit continuer d'interpeller les autorités de santé publique.
On constate à nouveau parmi les femmes infectées par le VIH, une proportion élevée de celles qui proviennent de régions où le virus est endémique.
L'impossibilité d'enregistrer les cas affectant les réfugiés et les immigrants positifs qui n'ont pas de NAM constitue une limite à l'exhaustivité de la collecte des données épidémiologiques. La surveillance du VIH gagnera à être revue pour donner une meilleure idée de la situation qui prévaut au Québec au regard du VIH, en termes de nombre de personnes infectées, d'infections nouvellement acquises, et pour donner des pistes sur les hypothèses susceptibles d'expliquer les variations observées.
Un groupe de travail sur le développement de la surveillance du VIH/sida a été formé et analyse une proposition qui sera finalisée et soumise à l'INSPQ et au MSSS pour effectuer la collecte épidémiologique sur les cas sans NAM afin de mieux décrire les caractéristiques de l'épidémie chez les réfugiés et immigrants.