Immunisation contre la rage
Vaccination préexposition
La vaccination pré-exposition contre la rage est envisagée pour des groupes particuliers de voyageurs selon la catégorie de risque du pays visité :
- Dans tous les pays :
- Activités prévues à risque de contact avec les chauves-souris;
- Travail à l’étranger à titre de vétérinaire, animalier, agent de conservation de la faune ou encore laborantin qui va manipuler le virus de la rage.
- Dans les pays de catégorie à risque modéré ou élevé :
- Séjour prolongé ou à répétition
- dans une région où une prophylaxie postexposition adéquate ne pourrait être obtenue dans des délais raisonnables (idéalement <24 heures);
- particulièrement pour les enfants qui sont trop jeunes pour comprendre qu’ils doivent éviter le contact avec des animaux ou pour signaler qu’ils ont été mordus;
- Activités prévues se déroulant en bonne partie à l’extérieur (par exemple : cyclisme, randonnée pédestre, camping, promenades dans des villes ou villages où plusieurs chiens errants sont susceptibles d'être présents)
- Séjour prolongé ou à répétition
Prophylaxie postexposition
Étapes à suivre pour le voyageur en cas de morsure ou égratignure
- Nettoyer la plaie à l’eau et au savon pendant 10 à 15 minutes.
- Appliquer un agent virucide[1], et ce, même si l’incident est survenu depuis quelques heures. L'application du virucide ne doit pas remplacer le savonnage, étape la plus efficace pour éliminer le virus.
- Consulter un professionnel de la santé le plus rapidement possible, idéalement dans un délai de moins de 24 heures.
- Immunisation (immunoglobulines et/ou vaccins) contre la rage selon l'évaluation du professionnel de la santé
Lorsqu'un voyageur rapport une exposition potentielle à la rage (morsure ou griffure), une évaluation minutieuse du risque devrait être faite, même si l'exposition s'est produite il y a plus d'un an.
Quelle que soit la situation épidémiologique de la rage dans le pays visité, la personne ayant été exposée de façon significative à un mammifère à risque de rage doit faire l’objet d’une consultation auprès d’un professionnel de la santé qualifié pour faire l’évaluation.
La décision de donner des immunoglobulines et/ou vaccins contre la rage doit être prise par le professionnel en considérant chaque situation individuellement. L’espèce animale et le niveau de risque du pays où a eu lieu l’exposition sont les deux critères les plus importants dans la décision.
- La chauve-souris
La chauve-souris est considérée d’emblée à risque élevé de rage, peu importe le pays où l’exposition a eu lieu.Une prophylaxie postexposition est recommandée.
- Les mammifères terrestres
En ce qui concerne les mammifères terrestres, le risque peut varier d’un pays à l’autre. Il est difficile de se prononcer sur le risque réel qu’un mammifère terrestre soit atteint de la rage lorsque l’animal vient d’un autre pays. Les données micro-épidémiologiques de l’incidence de la rage terrestre dans les diverses régions des pays étrangers sont souvent inconnues. De plus, plusieurs pays du monde ne satisfont pas à l’ensemble des critères d’un système de surveillance adéquat de la rage humaine et animale, tels qu’édictés par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et l’Office international des épizooties (OIE). C’est la raison pour laquelle une prophylaxie postexposition (PPE) est souvent recommandée lorsque l’exposition à un mammifère terrestre potentiellement rabique est survenue à l’étranger. Néanmoins, voici quelques balises qui peuvent orienter le clinicien quant à la conduite à suivre.
À la suite d’une exposition significative à un mammifère terrestre, la décision d’administrer une PPE sera influencée par le niveau de risque de rage animale du pays où a eu lieu l’exposition :- Dans un pays à risque élevé ou modéré (OMS) de rage animale, la PPE est généralement recommandée.
- Dans un pays à risque faible (OMS), la présence de rage chez les mammifères terrestres est démontrée mais se limite souvent à des secteurs géographiques spécifiques. La décision d’administrer une PPE devra tenir compte de différents critères :
- La micro-épidémiologie de la rage, qui peut varier selon la région d’où provient l’animal.
En l’absence de données micro-épidémiologiques qui pourraient indiquer que le risque de rage animale est nul ou minime dans la région du pays concerné, une PPE devrait être envisagée.
Au Québec : Pour connaître l’épidémiologie régionale de la rage et pour évaluer la pertinence de donner une PPE contre la rage, consulter les deux sites suivants :
https://www.inspq.qc.ca/zoonoses/rage
http://www.msss.gouv.qc.ca/aide-decision/accueil.php?situation=Rage
Au Canada (hors Québec) : Pour connaître l’épidémiologie régionale de la rage, consulter le site de l’ACIA suivant :
http://www.inspection.gc.ca/animaux/animaux-terrestres/maladies/declaration-obligatoire/rage/cas-de-rage-au-canada/fra/1356156989919/1356157139999
Aux États-Unis : Pour connaître l’épidémiologie régionale de la rage, consulter le site suivant :
https://www.cdc.gov/rabies/location/usa/surveillance/index.html -
La présence de signes cliniques compatibles avec la rage chez l’animal : agressivité, comportement inhabituel, léthargie, hypersalivation, dysphagie, paralysie.
La présence de signes cliniques compatibles avec la rage chez l’animal constitue une indication de procéder à la PPE chez la personne mordue.
L’absence de signes de rage ne permet pas d’exclure la possibilité que l’animal soit atteint de la rage.
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L’espèce animale :
Mammifère sauvage : PPE généralement recommandée;
Petit rongeur (rat, écureuil et rongeurs de même taille) : PPE non recommandée en l’absence de signes compatible avec la rage chez l’animal;
Lagomorphe en captivité ou domestique (lapin, lièvre) : PPE non recommandée en l’absence de signes compatible avec la rage chez l’animal;
Mammifères domestiques d’élevage en captivité à l’extérieur : PPE généralement recommandée;
Animal de compagnie (chien, chat ou furet) : les facteurs de protection suivants peuvent être pris en compte, si connus :
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L’impossibilité que l’animal de compagnie mordeur ait pu être exposé à un animal terrestre rabique. Par exemple, l’animal n’a jamais été laissé à l’extérieur sans surveillance durant les 6 derniers mois et aucune blessure n’a été notée chez l’animal durant les 6 derniers mois.
L’intervenant peut ne pas proposer de PPE si le risque de rage chez l’animal est jugé nul ou minime.
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Le statut vaccinal contre la rage de l’animal de compagnie confirmé par un vétérinaire.
Une vaccination adéquate de l’animal contre la rage devient un facteur de protection que l’on peut prendre en considération dans la décision de ne pas administrer la PPE (décision partagée).
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- La micro-épidémiologie de la rage, qui peut varier selon la région d’où provient l’animal.
- Dans un pays à risque nul (OMS), la PPE n’est pas recommandée.
- Dans un pays à risque inconnu (OMS), la PPE est généralement recommandée.
- Dans un pays à risque élevé ou modéré (OMS) de rage animale, la PPE est généralement recommandée.
Se référer au Protocole d’Immunisation du Québec (PIQ) concernant l’administration des immunoglobulines et des vaccins contre la rage. http://www.msss.gouv.qc.ca/professionnels/vaccination/protocole-d-immunisation-du-quebec-piq
La vaccination en préexposition n’élimine pas la nécessité d’une vaccination en postexposition, mais la simplifie, car on réduit le nombre de doses de vaccin nécessaires et l’on évite l’administration d’immunoglobulines qui sont souvent difficiles à obtenir.
Considérations particulières pour les morsures de singes
Outre la rage, la morsure d’un singe macaque est susceptible de transmettre le virus B (herpès simien). Ce risque est beaucoup moindre à la suite d’une morsure à autre type de primate non humain. Une PPE contre cette infection virale est disponible. Une morsure de singe doit donc faire rapidement l’objet d’une consultation en infectiologie. Pour plus d'informations sur le sujet, vous référer au document Situation, orientation et guide d'intervention à la suite d'une exposition à risque avec un primate non humain : https://www.inspq.qc.ca/publications/1376