Chikungunya

Agent causal

Le virus du chikungunya est un alphavirus de la famille des Togaviridae. Il existe 3 génotypes du virus :

  • De l’Afrique de l’Ouest,
  • De l’Afrique de l’Est/Centrale/du Sud (ECSA)
    • Un sous-type de ce génotype a été à l’origine d’une éclosion d’importance dans l’océan indien entre 2005 et 2006.
  • Asiatique
    • Ce génotype a circulé majoritairement en Amérique depuis 2013.

Transmission

Il est principalement transmis par les piqûres de moustiques du genre Aedes, tout comme le virus de la dengue, le virus de la fièvre jaune et le virus Zika. Bien qu’Aedes aegypti soit le vecteur principal, il peut également être transmis par d’autres espèces, dont Aedes albopictus. C’est ce dernier vecteur qui aurait rendu possible sa très grande dissémination dans l’océan Indien en 2005 puisqu’une mutation du virus avait permis au nouveau variant de se transmettre et de se répliquer plus efficacement chez le vecteur Aedes albopictus.

La transmission peut aussi survenir par transfusion sanguine, transplantation de tissus ou d’organe, et par transmission verticale (de la mère à l’enfant) notamment en fin de grossesse.

Le réservoir principal est l’humain, surtout en période épidémique, bien qu’il ne soit pas exclu que certains animaux puissent servir de réservoir, notamment les singes et les moustiques eux-mêmes.

Tableau clinique

Après une incubation moyenne de 3 jours (1-12 jours), la personne pourra présenter une combinaison de fièvre, d’atteinte de l’état général, de céphalée, de myalgies et d’arthralgies. Cette symptomatologie est peu différente de celle rencontrée avec d’autres arboviroses ainsi que la malaria. On pourra également noter la présence d’une éruption cutanée.

Un des éléments permettant de soupçonner plus spécifiquement l’infection par le virus chikungunya est la présence d’arthralgies débilitantes, voire d’arthrites franches. Ces arthralgies sont habituellement symétriques et touchent autant les membres supérieurs qu’inférieurs. Les grosses articulations sont habituellement touchées, mais il peut y avoir atteinte axiale et des petites articulations. En présence d’arthrite, les articulations interphalangiennes, les poignets et les chevilles sont les plus touchés. Chez environ le tiers des personnes infectées, soit de 25 à 34 %, les arthralgies peuvent être persistantes. La durée de ces arthralgies peut s’étendre de quelques mois à quelques années.

Bien que des formes sévères soient décrites (encéphalite, myocardite, hépatite), la maladie évolue généralement bien et il y a résolution spontanée des signes et symptômes systémiques en 7-10 jours, sauf s’il y a présence de douleurs articulaires persistantes.

Les personnes les plus à risque pour les formes sévères sont les nourrissons, les adultes âgés de 65 ans et plus et les personnes atteintes de maladies chroniques (hypertension, diabète et obésité).

Le virus n’est pas sans risque pour les femmes enceintes. Contrairement au virus Zika, l’infection par le virus chikungunya pendant la grossesse n’entraîne pas de malformation au fœtus. Cependant, il y a un risque important de transmission materno-foetale si la mère contracte l’infection dans les derniers jours de la grossesse. Dans ce cas-ci, le risque de transmission de la mère à son nouveau-né au moment de l’accouchement est de près de 50%. Une infection néo-natale est habituellement très grave, ressemblant à un sepsis, pouvant entraîner des complications cardiaques et neurologiques (méningo-encéphalite, hémorragies, etc.) et pouvant être fatale pour le nouveau-né.

Après la guérison, une infection par le virus chikungunya conférerait une immunité à vie pour les personnes atteintes. Cette immunité serait croisée pour tous les génotypes.

Épidémiologie

Le virus a été isolé en Tanzanie en 1953, puis sur le continent asiatique en 1958, plus précisément en Thaïlande. Il causait alors des éclosions sporadiques dans de nombreux pays africains et asiatiques. En 2005, on a assisté à une importante épidémie dans les pays et les îles de l’océan Indien. Le virus a été retrouvé pour la première fois dans les Amériques à Saint-Martin en décembre 2013. Depuis, il s’est répandu en y causant des éclosions dans la grande majorité des pays d’Amérique latine.

En raison des changements climatiques, des mouvements de population, de la multiplication des voyages internationaux et de l’expansion du commerce international, les moustiques de genre Aedes sont en mesure de survivre sur un territoire de plus en plus vaste, notamment dans les latitudes plus nordiques. Quelques rares cas de transmission locale ont été décrits en Floride et au Texas en 2014 et 2015. Aucun cas acquis aux États-Unis continentaux n’a été rapporté depuis 2019.

Il arrive occasionnellement d’observer des éclosions de chikungunya en Europe, notamment en France et en Italie. Une éclosion d’importance a été rapportée en Italie en 2017 avec plus de 400 cas acquis localement.

Plus récemment, des éclosions importantes ont sévi vers la fin de l’année 2021 en Inde et au Brésil causant un bilan annuel d’environ 100 000 cas pour chacun de ces pays.

Selon les données de l’Organisation panaméricaine de la santé (PAHO), on retrouve une transmission locale du virus dans la majorité des pays chauds des Amériques, incluant la majorité des destinations balnéaires populaires. Le dénombrement des cas par pays d’Amérique est disponible sur le site du PAHO.

Répartition géographique du chikungunya

 

Risques en voyage

Dans le monde

Nous ne disposons pas de bonnes données pour évaluer le risque spécifique pour les voyageurs. Le risque varie selon la durée du séjour, la saison du voyage et le statut épidémique de la destination. Le risque pour les voyageurs a beaucoup diminué pour les voyages en Amérique depuis 2015, mais il demeure présent et imprévisible. Les mesures de prévention sont donc primordiales.

À titre d’exemple, pour illustrer la variation de l’incidence, celle-ci peut varier de 0,1 cas / 100 000 voyageurs lors des années non épidémiques et peut aller jusqu’à 372 cas / 100 000 voyageurs lorsqu’il y a présence d’une flambée épidémique dans le pays visité pour un voyage de 5 jours (selon une étude réalisée chez les voyageurs européens qui visitaient la Thaïlande).

Au Québec

Au Québec, la surveillance du nombre de cas s’effectue depuis 2014. Tous les cas sont survenus chez des voyageurs revenant de pays où le virus chikungunya est en circulation. En 2014, année où il y avait plusieurs pays en éclosion de chikungunya en Amérique, on a diagnostiqué plus de 60 cas d’infections chez des Québécois au retour de voyage. Depuis 2014, le nombre cas signalés chez des Québécois infectés au retour de voyage est faible, mais ce nombre pourrait augmenter lors des années à venir selon les pays visités et les flambées épidémiques.

Définition du niveau de risque par pays 

Dans la section Recommandations par pays :

Prévention et immunisation

Mesures de protection personnelle

Les voyageurs qui séjournent dans des endroits où le virus du chikungunya est présent doivent prendre des mesures de protection personnelle contre les piqûres de moustiques. Ces mesures incluent le port de vêtements longs et de couleur pâle et l’utilisation d’insectifuges sur les régions exposées de la peau. Les moustiques du genre Aedes, responsables de la transmission de ce virus, sont principalement actifs le jour et en début de soirée, surtout à l’ombre (activité diurne).

Pour plus d’informations sur les mesures de protection personnelles contre les moustiques, veuillez consulter la section Arthropodes

Immunisation 

Un seul vaccin est disponible au Canada depuis 2024. Il s’agit du vaccin Ixchiq.

Envisager l’immunisation des personnes âgées de 18 ans et plus qui visitent un pays ou un territoire où sévit une éclosion de chikungunya.

Se référer au Protocole d’immunisation du Québec (PIQ) pour les indications et les informations sur l’administration du vaccin contre le chikungunya.

Références

Auteurs
Comité consultatif québécois sur la santé des voyageurs
Collaborateur
Karl Forest-Bérard, Secrétariat général

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