Diarrhée du voyageur : risques

Fréquence et facteurs de risques

La diarrhée du voyageur est la pathologie la plus fréquente chez les voyageurs de pays industrialisés se rendant dans une région tropicale ou subtropicale. Les taux d’incidence varient de 20 à 90 % durant un séjour de deux semaines dans des régions à haut risque. Près de 30 % de tous les cas de maladies entériques à déclaration obligatoire au Canada ont été associés à des voyages à l’étranger.

Cette fréquence varie en fonction de plusieurs facteurs tels que :

  1. la destination (par exemple, le risque est plus élevé en Asie, en Afrique subsaharienne et en Amérique latine qu’en Europe de l’Est);
  2. la durée et le type du séjour (les vacances à la plage sont associées à un risque moins élevé que les voyages d’aventure);
  3. le respect des précautions individuelles envers l’eau et les aliments;
  4. l’âge du voyageur (les jeunes enfants et les jeunes adultes de 30 ans ou moins ont des taux d’attaque plus élevés);
  5. la condition de santé du voyageur (par exemple : les personnes traitées avec des inhibiteurs de la pompe à protons ou gastectomisées sont plus susceptibles).

Bien que la diarrhée du voyageur soit généralement bénigne et spontanément résolutive en moins de 24 heures, certains voyageurs devront limiter leurs activités durant 3 à 5 jours, 5 à 20 % des patients iront consulter un professionnel de la santé, 30 à 60 % prendront des médicaments et jusqu’à 5 à 10 % des personnes atteintes présenteront une diarrhée persistante ou un syndrome du côlon irritable post-infectieux.

Certaines personnes sont considérées à risque plus élevé de complication de la diarrhée du voyageur :

  • les personnes atteintes d’une maladie chronique chez qui les conséquences d’une diarrhée du voyageur pourraient être graves (ex. : insuffisance rénale chronique, insuffisance cardiaque, diabète, maladie inflammatoire intestinale);
  • les personnes immunodéprimées en raison d’une infection par le VIH avec décompte de CD4 abaissé ou d’un autre trouble immunitaire.

Agents causaux

Environ 40 à 50% des cas de diarrhée dans le contexte de voyage demeurent sans cause précise, et ce, même lors d’analyses exhaustives des échantillons de selles. Dans les cas où un agent pathogène est identifié, l’étiologie est le plus souvent d’origine bactérienne.

L'Escherichia coli entérotoxinogène (ECET) demeure le pathogène le plus fréquemment isolé, suivi du Campylobacter jejuni. Les infections bactériennes peuvent également être causées par d’autres pathogènes entériques, notamment d’autres espèces de E. coli, les espèces de Shigella, Salmonella, Yersinia, Vibrios non-cholérique et plus rarement le Vibrio cholerae.

Une diarrhée associée au Clostridium difficile devra être envisagée chez les personnes ayant récemment pris des antibiotiques.

Les virus (Norovirus et Rotavirus) habituellement responsables de gastro-entérites, de même que l’hépatite A peuvent représenter jusqu’à environ 3-25 % des cas. Le Norovirus a été impliqué dans de nombreuses éclosions gastro-intestinales à bord de navires de croisière.

Les parasites (Giardia lamblia, Entamoeba histolytica, Cyclospora cayetanensis, Cryptosporidium sp, etc.) causent moins de 10 % des cas de diarrhée au retour de voyage et sont rarement associés à de la fièvre. Par contre, les parasites sont relativement plus souvent impliqués lorsque la diarrhée est persistante ou chronique.

Transmission

La transmission s’effectue par l’intermédiaire d’aliments ou d'eau contaminés. Les infections gastro-intestinales sont généralement transmissibles par mode fécal-oral et se transmettent exceptionnellement de personne à personne.