Faits saillants sur l'intimidation
De quoi parle-t-on?
- Le terme intimidation est souvent utilisé à tort pour nommer différents gestes d’agression posés en personne ou en ligne. Cette mauvaise utilisation du terme a une influence sur la compréhension du problème et sur la manière de le mesurer. Elle peut mener à une surestimation de son ampleur.
- L’intimidation est un type de violence interpersonnelle qui se caractérise par une inégalité des rapports de force entre la personne auteure et la victime, une répétition des gestes posés et par le fait que les gestes qui sont généralement délibérés ont pour effet de nuire ou de faire du mal. Ces caractéristiques sont semblables pour l’intimidation et la cyberintimidation, mais peuvent s’exprimer différemment.
- Les gestes d’intimidation peuvent être directs en visant directement la victime ou être indirects lorsqu’ils sont posés en son absence. Ils sont généralement posés en présence de témoins.
- Puisqu’une différence perçue chez l’autre ou le fait de ne pas correspondre aux normes attendues est souvent à la base des gestes d’intimidation, il faut tenir compte du contexte dans lequel les personnes évoluent et des normes sociales qui y prévalent afin de mieux comprendre le problème et de pouvoir le prévenir.
- L’intimidation peut entraîner différentes conséquences pour les personnes auteures et les victimes. Ces conséquences peuvent perdurer dans le temps et aller même parfois jusqu’aux idéations suicidaires. Il faut cependant garder à l’esprit que l’impact de l’intimidation sur les idéations ou les comportements suicidaires seraient modulés par certains facteurs tels que la dépression et l’anxiété. Il faut également éviter de considérer l’intimidation comme étant la seule et unique cause d’un suicide.
L'intimidation vécue par les jeunes
- Au Québec, environ une ou un jeune sur quatre serait victime d’intimidation.
- Pour mieux comprendre l’intimidation et pouvoir la prévenir, il faut s’intéresser au contexte dans lequel les jeunes évoluent (p. ex. communauté, famille, école).
- L’intimidation peut entraîner différentes conséquences pour les personnes auteures et les personnes victimes qui peuvent perdurer dans le temps, telles que l’anxiété, des symptômes dépressifs ou des effets néfastes à long terme sur la santé physique. Néanmoins, certains facteurs de protection, notamment une réaction adéquate des témoins lors de situations d’intimidation, peuvent parfois les atténuer.
- La prévention de l’intimidation chez les jeunes passe par la mise en place de différentes stratégies visant à prévenir la violence, telles que la modification des normes sociales et le développement des compétences personnelles et sociales des enfants et des adolescentes et adolescents, ainsi que par la mise en place de programmes qui visent spécifiquement à prévenir l’intimidation.
La cyberintimidation vécue par les jeunes
- La cyberintimidation est un phénomène relativement récent et peu documenté.
- Au Québec, près d’une ou un jeune sur sept est victime de cyberintimidation.
- En raison du caractère anonyme et potentiellement viral de certains gestes posés, les conséquences pourraient être encore plus importantes pour les jeunes qui en sont victimes.
- La cyberintimidation est intimement associée à une utilisation fréquente d’Internet et plus spécifiquement des réseaux sociaux.
- La prévention de la cyberintimidation repose sur un ensemble d’actions qui peut inclure la modification des normes sociales qui cautionnent l’intimidation, l’enseignement de stratégies pour développer des relations sociales respectueuses dans tous les contextes de vie et des programmes ciblant la cyberintimidation ou l’intimidation.
L'intimidation entre jeunes athlètes en contexte sportif
- Environ 10 % à 15 % des jeunes évoluant dans un contexte sportif seraient victimes d’intimidation lors des entraînements, des compétitions ou de tout autre événement en lien avec la pratique du sport.
- Pour mieux comprendre et prévenir l’intimidation en contexte sportif, il faut s’intéresser au contexte dans lequel les jeunes évoluent.
- L’intimidation peut entraîner des conséquences importantes sur la santé psychologique des jeunes athlètes (ex. : anxiété, colère, dépression, tristesse, faible confiance en soi). De plus, les personnes victimes ont souvent moins d’amies ou d’amis et rapportent davantage de sentiments d’isolement.
- L’intimidation en contexte sportif peut avoir des conséquences sur l’implication sportive des jeunes athlètes qui en sont victimes, telles que l’abandon ou le changement de sport ou une distance dans les relations avec leur entraîneuse ou entraîneur et leurs coéquipières et coéquipiers.
- Différentes stratégies ciblant les personnes impliquées dans le sport (p. ex. athlètes, parents, entraîneuses ou entraîneurs) et les organisations peuvent être mises en place pour prévenir l’intimidation et les comportements violents en contexte sportif
L'intimidation vécue par les adultes
- Au Québec, près d’une personne sur six âgée de 18 à 24 ans serait victime d’intimidation, et près d’une sur quatorze serait victime de cyberintimidation. L’ampleur de l’intimidation et de la cyberintimidation semble diminuer avec l’âge.
- Différentes manifestations d’intimidation peuvent faire partie de phénomènes plus larges comme la violence conjugale ou la maltraitance envers des adultes en situation de vulnérabilité.
- L’intimidation chez les adultes est une problématique peu documentée. L'information disponible concerne principalement la cyberintimidation et les conséquences qui peuvent en découler.
- Certaines stratégies, telles que le changement des normes sociales, peuvent contribuer à prévenir l’intimidation à l’âge adulte.
L'intimidation vécue par les populations autochtones
- L’intimidation au sein des populations autochtones s’inscrit bien souvent dans un contexte de violence plus large résultant de traumatismes collectifs passés et contemporains, et du cumul des difficultés sociales, économiques et de santé vécues par ces populations.
- L’intimidation commise par des non-Autochtones envers des Autochtones peut s’exprimer par des préjugés et des stéréotypes liés à l’exclusion sociale, économique, politique et culturelle, et se remarque davantage à l’extérieur des communautés autochtones.
- L’intimidation entre personnes autochtones renvoie à différents comportements tels les ragots, les querelles ou la violence physique. Elle est davantage présente dans les communautés autochtones qu’à l’extérieur de celles-ci.
- L’intimidation peut avoir d’importantes conséquences sur la santé et le mieux-être des personnes, des familles et des communautés. Elle compromet également la confiance à l’égard des institutions publiques.
- La prévention de l’intimidation requiert d’agir en amont sur différents déterminants sociaux de la santé, de favoriser le renforcement du capital social, d’agir précocement sur les plans individuel et familial et de soutenir les initiatives scolaires et parascolaires.
L'intimidation vécue par les personnes de la diversité sexuelle et de genre
- Les personnes de la diversité sexuelle et de genre sont plus à risque d’être victimes d’intimidation que les personnes hétérosexuelles et cisgenres en raison des préjugés qui les ciblent. Néanmoins, elles ne forment pas un groupe homogène et certains sous-groupes sont davantage à risque.
- Les personnes de la diversité sexuelle et de genre peuvent vivre de l’intimidation à différents stades de leur vie. Cette intimidation peut prendre encrage dans différents préjugés qui peuvent découler de l’hétérocisnormativité, un système hiérarchique ancré dans la binarité des genres et des orientations sexuelles.
- Si plusieurs décennies de recherche ont permis de documenter l’intimidation vécue par les personnes lesbiennes, gaies ou bisexuelles, ce n’est que plus récemment que des recherches permettent de documenter l’intimidation vécue par les personnes trans, non binaires ou en questionnement.
L'intimidation envers les personnes aînées
- Au Québec, près de 2 % des personnes âgées de 65 ans et plus auraient subi de l’intimidation ou de la cyberintimidation.
- Quoique l’intimidation et la maltraitance soient des problèmes qui peuvent survenir de façon distincte, elles ne sont pas mutuellement exclusives. Selon la compréhension actuelle de la maltraitance et de l’intimidation, seuls les gestes ou les absences d’actions appropriées posés en dehors d’une relation de confiance seraient des gestes d’intimidation.
- Les programmes de prévention ou d’intervention les plus diffusés sont des activités de sensibilisation qui visent notamment à informer la population et à proposer des pistes d’action, particulièrement en milieux de vie collectifs.
La prévention de l'intimidation
- Deux approches préventives complémentaires peuvent être déployées pour prévenir l’intimidation, soit des stratégies habituelles reconnues dans le domaine de la prévention de la violence et des programmes de prévention visant plus spécifiquement l’intimidation.
- Différentes stratégies appropriées pour prévenir la violence peuvent contribuer à prévenir l’intimidation avant qu’elle ne se manifeste. Le changement des normes sociales qui favorisaient jusqu’alors la violence, le développement des compétences personnelles et sociales des jeunes, et le développement et le maintien de relations sûres, stables et épanouissantes entre les enfants et leurs parents en sont des exemples.
- Plusieurs dimensions peuvent contribuer à la réussite d’un programme de prévention de l’intimidation ou de la cyberintimidation chez les jeunes. La formation du personnel scolaire, le monitorage du programme de prévention une fois celui-ci mis en œuvre, l’implication des parents et l’adoption d’une approche de prévention universelle en sont des exemples.
- Puisque le fait d’être une personne auteure ou victime d’intimidation est un facteur associé à la cyberintimidation, les programmes visant la prévention de l’intimidation pourraient contribuer à prévenir la cyberintimidation.
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