Mesures d’adaptation populationnelles aux inondations
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Les mesures répertoriées dans cette page peuvent s’appliquer à une région, une municipalité régionale de comté (MRC), une ville, ainsi qu’aux habitants d’un quartier ou d’un édifice. Diverses organisations peuvent les mettre en place dont les autorités de santé publique, les établissements de santé et les municipalités.
Planification et réglementation
Pour que les individus et les communautés se préparent aux inondations, le gouvernement du Québec publie des recommandations générales ainsi que des cartes de surveillance des crues.
La cartographie des zones à risque constitue un premier pas essentiel afin de limiter le développement dans des secteurs jusque-là non considérés à risque. Elle forme aussi un prérequis pour déterminer les zones prioritaires d’intervention et les marges de sécurité.
Un sondage réalisé en 2016 auprès de 84 municipalités a souligné que 64 % d’entre elles avaient modifié ou refusé des projets de construction en zone inondable, ou obligé l’application de mesures de protection à de telles constructions dans ses règlements.
Même si la réglementation interdit la construction dans les zones inondables de récurrence de 20 ans, une progression de la construction a longtemps été observée à l’intérieur ou près des zones à risque, entre autres dans les plaines inondables présentant une récurrence de 100 ans et dans les zones affichant un risque d’érosion côtière ou de submersions côtières. L’incompréhension ou la non-application des règlements, un excès de confiance dans les mesures physiques pour contrer l’érosion et une prise de risque excessive de la part des propriétaires auraient contribué à cette situation.
Environnement bâti et verdissement
L’environnement bâti peut diminuer les risques d’inondations et de refoulement de conduites ou d’égouts. La végétalisation des berges, la restauration des milieux naturels, la préservation des milieux humides et la reforestation des bassins versants s’avèrent d’excellents moyens pour atténuer l’effet des inondations et de l’érosion côtière. Consultez notre page Verdissement.
Concernant les bâtiments, l’étanchéification et l’implantation de barrières physiques demeurent efficaces. L’étanchéification comprend le renforcement des murs contre la pression de l’eau, l’utilisation de matériaux à l’épreuve de l’eau, l’installation de valves ou de pompes à sens unique et l’entreposage d’éléments vulnérables à l’eau au premier ou au deuxième étage.
Quant aux barrières physiques, elles incluent les sacs de sable autour de la maison, le placardage des portes et des fenêtres et un batardeau (c.-à-d. un barrage temporaire). Elles cherchent à diminuer l’infiltration d’eau, alors que l’imperméabilisation vise à diminuer les dégâts si l’eau s’infiltre dans le bâtiment. Généralement, les mesures visant à limiter l’infiltration obtiennent de meilleurs résultats pour réduire le risque d’inondations. La réduction du risque varierait de 10 à 30 % pour les mesures d’étanchéification contre 15 à 60 % pour les barrières physiques.
Le niveau d’infiltration et de captage d’eau des égouts sanitaires est aussi à surveiller dans les municipalités. Les eaux pluviales et les égouts sanitaires sont souvent gérés séparément au Canada, alors qu’une intégration des deux systèmes optimiserait leur efficacité pour limiter ce type d’événement. Consultez notre page Gestion des eaux pluviales.
Les problèmes d’infiltration et de captage d’eau émergent souvent des terrains privés. Des inspections régulières de ces terrains devraient être effectuées pour mesurer et minimiser le problème. Les municipalités peuvent imposer aux propriétaires privés l’obligation d’entretenir les raccordements aux égouts et la participation financière aux travaux de réparation. Enfin, elles peuvent formuler des exigences en lien avec le bon état du réseau d’égout et de la gestion de l’eau.
Interventions psychosociales
Plusieurs études ont démontré que le fait de recevoir un soutien social pendant et après les inondations diminuait durablement les effets psychologiques et même physiques liés à ces événements.
- Selon un sondage effectué auprès de 1 576 personnes sinistrées lors des inondations de 2019 au Québec , 32 % ont déclaré que le soutien psychosocial offert ne suffisait pas à leurs besoins. De celles ayant reçu moins de soutien social, 55 % déclaraient des problèmes de santé mentale, comparativement à 40 % chez les personnes estimant avoir reçu un soutien social plus que suffisant.
Les résultats de ce sondage soulignent l’importance de mettre en place des interventions psychosociales correspondant aux attentes de la population affectée. De plus, au sujet des aléas côtiers ou riverains, le développement des capacités d’adaptation (p. ex. octroi de matériel comme des sacs de sable, sensibilisation aux mesures d’adaptation du domicile, aide pour les réclamations d’assurance) chez les personnes résidant dans des zones à risque diminuerait leurs effets psychologiques postinondation.
Mesures financières et assurances
Les mesures incitatives financières sont primordiales pour encourager l’adaptation à l’échelle individuelle, étant donné que les individus exposés peuvent être conscients du risque sans avoir les moyens de s’y adapter.
- Par exemple, au Québec, une majorité de personnes habitant en zones inondables croyaient en 2016 que des mesures physiques (p. ex. imperméabilisation, élévation, etc.) les aideraient à se protéger contre de futurs dommages, mais que les contraintes financières et le stress liés aux travaux les empêchaient de les mettre en œuvre.
Le gouvernement du Québec a mis en place le Programme de résilience et d’adaptation face aux inondations (PRAFI). Les organismes municipaux peuvent faire des demandes d’aide financière pour soutenir la réalisation d’aménagements résilients ou des projets de relocalisation de bâtiments.
Certains experts suggèrent que ces programmes d’aide devraient être modulés de façon à alléger le fardeau financier des ménages plus défavorisés et plus exposés.
- En 2019, le sondage effectué auprès de 1 576 personnes sinistrées a révélé que seulement environ 41 % des victimes de sinistres au Québec estimaient avoir reçu une aide financière couvrant plus de la moitié des pertes matérielles subies. 56 % des personnes dont le soutien financier couvrait moins de la moitié des frais présentaient un trouble de santé mentale comparativement à 34 % chez les personnes dont l’aide financière couvrait la totalité ou la majorité des frais.
L’assurance contre les dommages causés par des inondations pourrait venir appuyer des mesures gouvernementales plus structurelles. La modulation des primes en fonction des mesures de protection mises en œuvre ou l’intégration à d’autres assurances (p. ex. incendies et vols) inciteraient les propriétaires à se protéger davantage. En revanche, ce type d’assurance peut mener les personnes assurées à adopter des comportements plus à risque ou à moins se protéger. Il s’agit également d’une option inabordable pour certains ménages à faible revenu.
Relocalisation préventive et expropriation
Afin de réduire l’exposition des populations aux inondations, il peut être envisagé de recourir à la relocalisation préventive des personnes occupantes ou à l’expropriation domiciliaire. Or, ces pratiques ne sont pas sans conséquence d’un point de vue de la santé sociale. Elles sont susceptibles de perturber la vie quotidienne et le milieu de vie des personnes affectées et des collectivités. Elles ne devraient pas être une intervention de premier recours. Toutefois, lorsque ces interventions sont nécessaires afin de préserver la santé et la sécurité des habitants, il existe de bonnes pratiques qui peuvent contribuer à atténuer ou à éviter certains effets négatifs. Visionnez notre webinaire et consultez notre publication sur le sujet.
Repères de crues
Véritables outils pour garder vivantes la mémoire du risque et la culture du risque, les repères de crues contribuent à l’adaptation aux inondations. Facilitant l’anticipation de la montée des eaux, ils prennent diverses formes :
- Lignes tracées sur la chaussée;
- Pastilles métalliques;
- Mâts érigés et stratifiés pour illustrer le plus haut niveau de l’eau atteint, etc.
À l’instar de la France, le gouvernement du Québec, en collaboration avec les municipalités concernées, procède au déploiement de repères de crues dans certains cœurs villageois. C’est notamment le cas à Saint-Raymond dans la région de Portneuf. Pour transiter de la mémoire du risque à la culture du risque et ainsi favoriser l’adaptation aux inondations récurrentes, les risques de crues et d’inondations doivent demeurer actifs et valorisés sur le terrain. Consultez un article du Climatoscope sur le sujet.
Pour en savoir plus
Consultez nos publications pour accéder aux références de ce texte :
- Les aléas affectés par les changements climatiques : effets sur la santé, vulnérabilités et mesures d’adaptation (2021)
- Les pratiques de relocalisation préventive et d’expropriations domiciliaires : comment atténuer les effets (2022)
Consultez la boîte à outils du Centre Intact d’adaptation au climat, de l’Université de Waterloo et du Conseil canadien des normes pour les meilleures pratiques :
- Sous un même parapluie : stratégies concrètes pour réduire les risques d’inondations au Canada (2020)
Consultez cette recherche du Groupe CSA et du Centre Intact d’adaptation au climat :