L'intimidation vécue par les adultes

Faits saillants

  • Au Québec, près d’une personne sur six âgée de 18 à 24 ans serait victime d’intimidation, et près d’une sur quatorze serait victime de cyberintimidation. L’ampleur de l’intimidation et de la cyberintimidation semble diminuer avec l’âge.
  • Différentes manifestations d’intimidation peuvent faire partie de phénomènes plus larges comme la violence conjugale ou la maltraitance envers des adultes en situation de vulnérabilité.
  • L’intimidation chez les adultes est une problématique peu documentée. L’information disponible concerne principalement la cyberintimidation et les conséquences qui peuvent en découler.
  • Certaines stratégies, telles que le changement des normes sociales, peuvent contribuer à prévenir l’intimidation à l’âge adulte.

Chez les adultes, le terme intimidation est souvent utilisé à tort pour nommer différents gestes d’agression posés en personne ou en ligne. Plusieurs éléments doivent être présents pour conclure qu’il s’agit bel et bien d’une situation d’intimidation : caractère répétitif, inégalité des rapports de force, geste généralement délibéré ayant pour effet de nuire ou de faire du mal. Il faut donc faire preuve de prudence avant de qualifier un geste d’intimidation. Il importe néanmoins de prendre au sérieux tout geste d’agression, même lorsqu’ils ne constituent pas en soi de l’intimidation, puisqu’il s’agit de gestes de violence. Pour en savoir davantage à propos de l’intimidation (définition et considérations méthodologiques), consultez la section De quoi parle-t-on?

L’intimidation peut être vécue à différents stades de la vie, notamment à l’âge adulte. Différentes manifestations d’intimidation vécue à l’âge adulte peuvent faire partie d’autres types de violence ou de phénomènes plus larges et passibles de sanctions. À titre d’exemple, l’intimidation peut faire partie du cycle de la violence conjugale et peut être une composante de la maltraitance vécue par des adultes en situation de vulnérabilité. Les phénomènes connexes à l’intimidation incluent notamment la discrimination, le racisme et les violences sexuelles1. Au Québec, la notion de harcèlement psychologique au travail est utilisée pour qualifier des gestes d’agression posés de manière répétitive en contexte de travail. Cette notion est clairement définie légalement et comporte des obligations légales pour l’employeur. Pour en savoir plus, consultez Harcèlement psychologique au travail.

Portrait de l’intimidation et de la cyberintimidation chez les adultes

Selon les données de l’Étude québécoise sur les rapports sociaux dans un contexte scolaire, de travail et dans la communauté (EQRS), 18 % des personnes âgées de 18 à 24 ans ont déclaré avoir été victimes d’intimidation en 2022 au moins deux à trois fois par mois au cours des 12 mois précédant l’étude dans au moins un des contextes à l’étude (contexte scolaire, de travail ou dans la communauté). Les jeunes adultes de 18 à 24 ans ont rapporté davantage d’intimidation que les personnes âgées de 25 à 44 ans (9 %) et que celles âgées de 45 à 64 ans (6 %)2.

Une plus faible proportion de personnes auraient subi des gestes de cyberintimidation dans au moins un des contextes à l’étude, soit 7 % des personnes âgées de 18 à 24 ans, 7 % de celles âgées de 25 à 44 ans, et 4 % de celles âgées de 45 à 64 ans2.

L’intimidation et la cyberintimidation chez les adultes demeurent toutefois peu documentées.


Exemples de raisons pour lesquelles des gestes de cyberintimidation sont commis envers des étudiantes et étudiants universitaires

Selon une enquête sur la cyberintimidation menée dans quatre universités canadiennes (2012-2014) , les étudiantes et étudiants ont mentionné avoir été victimes de cyberintimidation en raison de leurs problèmes interpersonnels, leur apparence physique, leurs opinions et leurs croyances. Les femmes ont également indiqué avoir subi des gestes de cyberintimidation en raison de leur genre, et les hommes en raison de leur appartenance ethnique3.


Conséquences potentielles de la cyberintimidation

Les études ne permettent pas d’établir un lien de causalité ni de temporalité entre la cyberintimidation et les conséquences vécues. De plus, certaines de ces conséquences pourraient être modulées par des facteurs génétiques ou environnementaux et la cooccurrence d’intimidation4.

Les conséquences qui peuvent découler de la cyberintimidation sur les victimes sont multiples.

Problèmes internalisés§

  • Anxiété4-6 ou stress6
  • Dépression4-6
  • Automutilation*4,5
  • Troubles alimentaires4
  • Sentiment d’embarras, de tristesse, de colère, de peur ou de honte5
  • Isolement5
  • Faible estime de soi5
  • Crises de panique5
  • Trouble de stress post-traumatique5
  • Symptômes psychotiques (hallucinations4, paranoïa4,5)

Problèmes externalisés§

  • Inattention, hyperactivité ou impulsivité4
  • Problèmes de comportements4
  • Comportements antisociaux4
  • Consommation d’alcool ou de cannabis4

Conséquences potentielles sur la santé physique§

  • Maux de ventre5
  • Palpitations cardiaques4

Autres conséquences§

  • Perte de confiance envers la technologie et changement dans sa fréquence d’utilisation (diminution ou arrêt)5
  • Parcours scolaire affecté (lorsque la cyberintimidation se déroule en contexte d’études collégiales et universitaires)5

§Les conséquences potentielles ne sont pas présentées par ordre d’importance ni de fréquence.
* Cette conséquence potentielle a également été documentée chez les jeunes adultes qui posent des gestes de cyberintimidation7

Le lien entre la cyberintimidation et le suicide chez les adultes

Les études qui ont examiné le lien entre la cyberintimidation et le suicide chez les adultes et les jeunes adultes indiquent que les personnes qui sont victimes de cyberintimidation seraient plus à risque d’avoir des idéations suicidaires4-8, des comportements suicidaires7 ou de commettre une tentative de suicide5,7,8, comparativement à celles qui ne sont pas victimes.

Dans une moindre mesure, les jeunes adultes qui posent des gestes de cyberintimidation seraient plus à risque d’avoir des idéations ou des comportements suicidaires que ceux qui n’en posent pas7.

Les études ne permettent cependant pas d’établir un lien de causalité entre la cyberintimidation et les idéations et comportements suicidaires. L’effet de la cyberintimidation sur les idéations suicidaires pourrait être modulé par certains facteurs comme une détresse psychologique8.


La prévention de l’intimidation vécue à l’âge adulte

La prévention de l’intimidation à l’âge adulte est peu documentée. Certaines manifestations d’intimidation peuvent cependant faire partie d’autres types de violence ou de phénomènes plus larges et passibles de sanctions. Ainsi, différentes stratégies ou mesures de prévention visant les types de violence ou phénomènes dans lesquels se manifeste l’intimidation peuvent contribuer à la prévenir. Par exemple, des initiatives de prévention de la violence conjugale peuvent aider à diminuer la prévalence des gestes d’intimidation posés ou subis dans un contexte de violence conjugale.

Certaines stratégies reconnues efficaces en prévention de la violence, comme le changement des normes sociales qui favorisaient jusqu’alors la violence, peuvent également contribuer à la prévention de l’intimidation à l’âge adulte à travers la création et le maintien de milieux de vie (p. ex. milieu scolaire, milieu sportif, voisinage, milieu de travail) bienveillants et respectueux, de rapports égalitaires et de comportements empreints de civisme.

Références

  1. Ministère de la Famille (2021). Plan d’action concerté pour prévenir et contrer l’intimidation et la cyberintimidation 2020-2025, Montréal (Québec), Ministère de la famille.
  2. Aranibar Zeballos, D. et J. Paquette (2024). L’intimidation et la cyberintimidation au Québec - Portrait à partir de l’Étude québécoise sur les rapports sociaux dans un contexte scolaire, de travail et dans la communauté 2022, Institut de la statistique du Québec.
  3. Faucher, C., M. Jackson et W. Cassidy (2014). « Cyberbullying among university students: gendered experiences, impacts, and perspectives », Education Research International, vol. 2014, p. e698545.
  4. Baldwin, J. R., Z. Ayorech, F. V. Rijsdijk, T. Schoeler et J. B. Pingault (2021). « Cyber-victimisation and mental health in young people: A co-twin control study », Psychological Medicine, vol. 51, n° 15, p. 2620‑2630.
  5. Stevens, F., J. R. C. Nurse et B. Arief (2021). « Cyber stalking, cyber harassment, and adult mental health: A systematic review », Cyberpsychology, Behavior and Social Networking, vol. 24, n° 6, p. 367‑376.
  6. Martinez-Monteagudo, M. C., B. Delgado, A. Diaz-Herrero et J. M. Garcia-Fernandez (2020). « Relationship between suicidal thinking, anxiety, depression and stress in university students who are victims of cyberbullying », Psychiatry Research, vol. 286, p. 112856.
  7. John, A., A. C. Glendenning, A. Marchant, P. Montgomery, A. Stewart, S. Wood, K. Lloyd et K. Hawton (2018). « Self-harm, suicidal behaviours, and cyberbullying in children and young people: Systematic review », Journal of Medical Internet Research, vol. 20, n° 4, p. e129.
  8. Cenat, J. M., K. Smith, M. Hebert et D. Derivois (2019). « Cybervictimization and suicidality among French undergraduate students: A mediation model », Journal of Affective Disorders, vol. 249, p. 90‑95.
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