Défavorisation

La défavorisation est souvent utilisée comme critère de différenciation sociale et sert, entre autres, à l’examen des inégalités sociales de santé1. Elle réfère à un désavantage face à la communauté locale ou à l’ensemble de la société à laquelle appartient l’individu2.

La défavorisation peut être décelée dans les conditions de vie des individus, dans leur milieu de vie immédiat ainsi que dans leur milieu de vie élargi et ce, à l’échelle du quartier, de la ville, de la région et du pays. Les conditions de vie et les milieux de vie sont en interaction constante.


Composantes de la défavorisation

La défavorisation peut être différenciée selon trois grandes dimensions (matérielle, sociale et environnementale)2 qui regroupent des domaines représentant différents aspects de la vie (Figure 1)3.

Les domaines associés à la dimension matérielle sont la scolarité, l’emploi et le revenu.

Les domaines associés à la dimension sociale sont les caractéristiques personnelles, la santé physique et mentale et les connexions sociales.

La dimension environnementale est divisée en deux sous-dimensions : l’environnement de vie immédiat et l’environnement élargi. L’environnement de vie immédiat est constitué du domaine du logement et l’environnement élargi est composé des domaines de l’environnement économique, institutionnel, communautaire, social, culturel, politique, physique bâti et naturel.4

 

Il peut y avoir présence de défavorisation dans un domaine, mais pas dans les autres. Quand plusieurs domaines présentent des désavantages, on parle de défavorisation multiple2. On s’intéresse alors au nombre de domaines défavorisés. Quand l’emphase porte sur la défavorisation simultanée dans des domaines spécifiques, on parle de défavorisation multidimensionnelle (Figure 2).

 

Défavorisation des individus et des milieux de vie

Certaines caractéristiques biologiques et personnelles des individus telles que l’âge, le sexe, l’aspect physique, la santé physique et mentale, la religion ou le statut d’immigration sont susceptibles de créer des groupes de population vulnérables à la défavorisation des conditions de vie. De ce fait, certaines populations peuvent être marginalisées même si elles possèdent les ressources matérielles et sociales nécessaires pour vivre dans de bonnes conditions. Le contrôle de l’accès aux ressources et leur valorisation par les groupes au pouvoir dans une société est à l’origine de ce phénomène. Par exemple, certaines personnes immigrantes hautement diplômées sont contraintes à conduire des taxis même avec une formation de médecin. Dans certaines professions, les femmes gagnent encore des salaires plus bas que les hommes. Il y a donc une association étroite entre les caractéristiques biologiques et personnelles, la vulnérabilité voire la marginalisation de certains groupes de population et les conditions de vie2.

Au-delà des conditions de vie, les milieux de vie des individus peuvent également être défavorisés ou exposer les résidentes et les résidents à davantage de risques. La défavorisation des milieux de vie immédiats et élargis renvoie à la qualité du logement et des environnements économiques, sociaux, culturel, à l’accès aux services institutionnels et communautaires, à la vie politique et aux caractéristiques écologiques du milieu de vie. Ces déterminants affectent autant les personnes que certaines de leurs caractéristiques individuelles. De plus, il existe des interactions dynamiques entre les conditions et les milieux de vie lesquelles peuvent renforcer la défavorisation3.


Mesure de la défavorisation

La défavorisation est souvent mesurée par des indicateurs quantitatifs. Son estimation se fait généralement sous forme d’indices qui les intègrent et les synthétisent. L’Institut propose depuis plusieurs années l’Indice de défavorisation matérielle et sociale construit à partir des données des recensements canadiens de 1991 à 2016. Sa validité et son utilité ont été démontrées maintes fois à l’échelle canadienne, québécoise et locale. Toutefois, les changements sociétaux et les nouvelles connaissances en matière de conceptualisation de la défavorisation ont fait naître le besoin d’évoluer vers des mesures capables de déceler la défavorisation dans différents domaines.

Références

  1. Pampalon R, Hamel D, Alix C, Landry M. Une stratégie et des indicateurs pour la surveillance des inégalités sociales de santé au Québec. 2013. Québec : INSPQ.
  2. Townsend, P. Deprivation. Journal of Social Policy. 1987; 16(2):125-146.
  3. Noble S, McLennan D, Noble M, Plunkett E, Gutacker N, Silk M, Wright G. The English Indices of Deprivation (IMD) 2019 – Research Report. 2019. London: Ministry of Housing, Communities and Local Government.
  4. Centre Léa-Roback. Le point sur … l’effet de quartier. Mieux comprendre le lien entre le quartier et la santé, 2007(1).
  5. Macintyre S, Ellaway A, Cummins S. Place effects on health: how can we conceptualise, operationalise and measure them? Soc Sci Med. 2002; 55(1):125-39.

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