Résultats annuels de surveillance intégrée du VNO et des autres arbovirus : année 2019

Virus du Nil occidental

Surveillance humaine

Au Québec, la surveillance humaine du virus du Nil occidental (VNO) a débuté en 2002, bien que le premier cas humain ait été observé en 2003. Depuis, le nombre de cas déclarés chez les Québécois fluctue annuellement, démontrant deux pics importants, soit en 2012 et en 2018 (Figure 3). À comparer à ces années, la saison 2019 est une année de faible circulation virale au Québec.

Le premier cas de la saison 2019 a été rapporté dans les Laurentides, avec des symptômes ayant débutés au cours de la semaine du 29 juin au 06 juillet (semaine CDC 261). Au total, 14 cas d’infection par le VNO ont été déclarés au Québec en 2019, dont un cas a vu ses symptômes débuter en 2018. Les cas ont été acquis à Montréal (n=6), en Montérégie (n=5), à Laval (n=2) et dans les Laurentides (n=1).

L’âge des cas variait de 37 à 89 ans, avec plus de la moitié des cas qui avaient 60 ans et plus, 9 des 14 cas étant des femmes. La majorité des cas (12/14) se sont présentés avec des atteintes neurologiques et 11 ont dû être hospitalisés. Aucun décès lié au VNO n’a été rapporté


1 Les Centers for Disease Control and Prevention (CDC) aux États-Unis attribuent un numéro à chaque semaine en partant du début de chaque année et qui commence le dimanche et se termine le samedi.

Figure 1 - Nombre de cas humain d’infection par le VNO et taux incidence selon la présentation clinique, Québec, 2003 – 2019

Figure 1 -	Nombre de cas humain d’infection par le VNO et taux incidence selon la présentation clinique, Québec, 2003 – 2019

Sources : Direction de la vigie sanitaire, MSSS. Extraction MADO en date du 27 avril 2020; MSSS, estimations et projections démographiques basées sur le recensement de 2011.

Surveillance animale passive

Le premier cas animal déclaré positif pour le VNO a été découvert en date du 23 juillet (CDC 30) et il s’agissait d’un oiseau sauvage (Figure 4).

Pour les animaux sauvages, 12 oiseaux ont été déclarés positifs pour le VNO par le Centre québécois sur la santé des animaux sauvages. Puisque les oiseaux se déplacent sur de longues distances, ils donnent peu d’information sur l’activité virale locale, mais constituent un bon indicateur de début de saison.

Un cheval non vacciné et n’ayant pas voyagé hors de sa RSS a également été déclaré positif par le ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec (MAPAQ). Il est à noter que bien que les chevaux constituent un bon indicateur de l’activité virale locale, une grande proportion est aujourd’hui vaccinée contre le VNO au Québec.

Le nombre d’animaux infectés rapportés en 2019 a diminué de 84 % à comparer à 2018, alors que 83 animaux infectés avaient été rapportés en 2018.

Surveillance entomologique

La surveillance entomologique s’effectue depuis 2003, mais a été interrompue de 2007 à 2012 à cause du faible nombre de cas humain, puis reprise à partir de 2013. Le nombre de stations et de pièges entomologiques ainsi que leurs emplacements géographiques a varié dans le temps. Cependant, depuis 2017, la surveillance entomologique s’effectue dans les mêmes 49 stations afin d’assurer un suivi longitudinal de la situation. En 2019, les activités de surveillance entomologique ont débuté le 1er juin et se sont poursuivies jusqu’à la fin septembre, ce qui a permis de mieux documenter l’activité virale chez les moustiques.

Durant la saison 2019, des lots de moustiques positifs ont été détectés seulement dans trois RSS, soit celles de la Montérégie, de Montréal et de la Capitale-Nationale (Tableau 1). Le LSPQ a analysé 1 820 lots de moustiques dont 1 % contenait le VNO comparativement à 2,6 % en 2018. La Montérégie affichait le pourcentage le plus élevé (5,5 %) (Tableau 1).

Tableau 1 - Distribution des stations entomologiques et des lots de moustiques collectés et analysés pour le VNO par région sociosanitaire (RSS) du Québec – 2019

RSS

Nombre de stations déployées

Nombre de lots positifs / Nombre de lots analysés* (%)

Capitale-Nationale

14

2/453 (0.4 %)

Mauricie et du Centre-du-Québec

7

0/224

Montréal

5

4/226 (1.8 %)

Outaouais

7

0/302

Laval

4

0/117

Lanaudière

7

0/262

Montérégie

5

13/236 (5.5 %)

TOTAL

49

19/1 820 (1 %)

Détection du VNO par la méthode de transcription inverse et réaction en chaîne de la polymérase en temps réel (RT-PCR) réalisée par le Laboratoire de santé publique du Québec (LSPQ). Source : SIDVS-VNO, INSPQ, données extraites le 27 avril 2020.

Le premier lot de moustiques positif a été collecté entre le 20 et 26 juillet (semaine CDC 29) et le dernier durant la dernière semaine de septembre (CDC 39) (Figure 4). Le pic de lots de moustiques positifs pour le VNO a été noté durant la première semaine de septembre (CDC 35). Pour l’ensemble de la saison 2019, le taux d’infection des Culex pipiens-restuans a été de 2,7 pour 1000 moustiques testés, par comparaison à 12,27 pour 1000 moustiques en 2018.

Surveillance intégrée du VNO

L’intégration de l’ensemble des données de surveillance du VNO provenant des volets humain, animal et entomologique de la saison est présentée à la Figure 2. Elle permet d’obtenir un portrait global de la saison et d’observer que les premiers cas humain (semaine CDC 26) sont survenus avant la collecte du premier lot de moustiques positifs (Semaine CDC 29). Les résultats de l’analyse longitudinale seront publiés en cours d’année et l’ensemble des données issues de la surveillance intégrée 2003 – 2018 seront disponibles sur le site Web de l’INSPQ.

Figure 2 - Surveillance intégrée du VNO (cas humains, animaux et le nombre positifs de lots de Culex pipiens-restuans) par semaine CDC* au Québec – 2019

Figure 2 - Surveillance intégrée du VNO (cas humains, animaux et le nombre positifs de lots de Culex pipiens-restuans) par semaine CDC au Québec – 2019

* Selon la date de début de symptômes des cas humains et de collecte des animaux et des moustiques.

Autres arbovirus

Virus du sérogroupe Californie

Le Québec surveille les cas d’infection humaine associés aux virus du sérogroupe de Californie (VSC) depuis plusieurs décennies par l’entremise des « encéphalites transmises par arthropodes ». Depuis la mise en vigueur du nouveau Règlement d’application de la Loi de la santé publique le 17 octobre 2019, toutes les infections par les virus du sérogroupe de Californie sont à déclaration obligatoire par les laboratoires. De plus, les arboviroses neuroinvasives sont à déclaration obligatoire par les médecins et ne se limitent plus seulement aux atteintes du système nerveux central (anciennement appelées Encéphalites transmises par arthropodes). Les virus de Jamestown Canyon (VJC) et du Snowshoe Hare (VSSH) sont parmi les plus fréquemment observés au Québec.

En 2019, 16 cas d’infection aux VSC ont été déclarés au Québec, dont 13 infections neuro-invasives, 1 non-neurologique et une infection asymptomatique. Le statut d’un de ces cas est inconnu. Parmi ces cas, quinze associés au VJC et un seul au VSSH. Ces cas ont été déclarés dans 10 RSS soit : l’Estrie, Lanaudière, Mauricie et Centre-du-Québec, Saguenay – Lac St-Jean, Capitale-Nationale, Laurentides, Bas-St-Laurent, Montérégie, Chaudières- Appalaches et Côte-Nord. L’âge des cas déclarés variait entre 4 ans et 83 ans et trois décès ont été associés au VJC.

Pour plus de détails sur l’épidémiologie des virus du sérogroupe Californie, consulter le Flash vigie 2019 - Volume 14, no. 5.

Pour les VSC, aucune surveillance animale n’a jamais été établie et en 2019, aucune surveillance entomologique associée au VSC n’a eu lieu.

Virus de l’encéphalite équine de l’Est

Les infections associées avec le virus de l’encéphalite équine de l’Est (VEEE) sont des maladies à déclaration obligatoire autant chez l’humain que chez les animaux. Le principal vecteur (Culiseta melanura) est présent au Québec, surtout autour des marécages. Puisqu’il se nourrit presqu’exclusivement chez les oiseaux, l’infection chez l’humain est généralement très rare bien qu’il y a eu une éclosion importante de cas humains aux États-Unis en 2019, avec 38 cas déclarés. Au Québec, aucun cas d’infection humaine n’a été rapporté, à ce jour, bien qu’environ une cinquantaine de demandes soient acheminées au LSPQ annuellement.

Du côté de la surveillance animale, aucune infection chez les animaux n’a été déclarée par le MAPAQ et aucune surveillance entomologique associée au VEEE n’a eu lieu, en 2019.


AUTEUR
Comité scientifique sur les zoonoses et l’adaptation aux changements climatiques

Julie Ducrocq, D.M.V., M.Sc., INSPQ
Najwa Ouhoummane, Ph. D., INSPQ
Stéphanie Jodoin, M. Sc., MSSS
Marie-Andrée Leblanc, B. Sc. Inf., MSSS

AVEC LA COLLABORATION DE
Colette Gaulin, MD, M.Sc., MSSS
Anne Kimpton, M. Sc., chef d’unité, INSPQ
Nadine Magali-Ufitinema, M. Sc., MSSS
Christian Therrien, Ph. D., LSPQ, INSPQ

SOUS LA COORDINATION DE
Geneviève Germain, M. Sc., INSPQ

REMERCIEMENTS
Sincères remerciements au Groupe d'experts sur les maladies transmises par les moustiques de l’INSPQ.