Agent causal
Le syndrome respiratoire du Moyen-Orient est une maladie infectieuse causée par un virus à simple brin d’ARN de la famille des Coronaviridae, le virus du MERS-CoV.
La famille des Coronaviridae est divisée en 4 genres : alphacoronavirus, betacoronavirus, gammacoronavirus et deltacoronavirus. Le virus du syndrome respiratoire du Moyen-Orient (MERS-CoV) est un betacoronavirus, tout comme le SRAS-CoV-2 causant la COVID-19.
Le virus du MERS-CoV a été isolé la première fois en 2012 dans les expectorations d’un homme souffrant d’une pneumonie sévère en Arabie saoudite.
Transmission
Le MERS-CoV est un virus principalement zoonotique c’est-à-dire qu’il se transmet entre les animaux et les humains. La transmission interhumaine a également été démontrée.
Transmission dromadaire-humain
Le virus est endémique chez les dromadaires (Camelus dromedarius) de la péninsule arabique et de certaines régions d’Afrique du Nord, de l’Ouest et de l’Est. Les chauves-souris constituent les hôtes réservoirs et les dromadaires sont considérés comme des hôtes intermédiaires.
Le virus est transmis par contact direct avec les dromadaires infectés (par exemple en caressant le pelage ou pendant les soins). La transmission pourrait aussi possiblement survenir par contact indirect avec des produits provenant de dromadaires, par exemple les liquides organiques (sang, selles, etc.). Il n’est pas exclu que la transmission par ingestion de produits animaux contaminés puisse survenir.
Transmission interhumaine
La transmission de personne à personne est possible et est habituellement peu soutenue en dehors des milieux de soins.
La majorité des cas de transmission interhumaine sont survenus dans les milieux hospitaliers. Les éclosions nosocomiales peuvent être de grande ampleur, notamment lorsque des patients agissent comme des super-propagateurs du virus ou lorsque les mesures de prévention et de contrôle des infections sont déficientes (exemple : isolement tardif des cas). Des cas de transmission interhumaine surviennent également dans les milieux familiaux, mais le nombre de cas est en général limité.
La transmission interhumaine surviendrait comme les autres virus respiratoires, soit par contact direct ou indirect, via les gouttelettes respiratoires et occasionnellement par voie aérienne, notamment lors des actes médicaux générant des aérosols.
Tableau clinique
La présentation clinique est variable d’une personne à l’autre. Certaines personnes infectées peuvent être asymptomatiques ou présenter des symptômes respiratoires légers, tandis que d’autres présenteront des symptômes graves pouvant provoquer éventuellement le décès.
Les symptômes habituels de l’infection par le MERS-CoV sont de la fièvre, de la toux et des difficultés respiratoires. Des symptômes gastro-intestinaux sont également assez fréquemment rapportés tels que de la douleur abdominale, des vomissements et de la diarrhée. D’autres symptômes peuvent aussi être présents tels que de la fatigue, des étourdissements, des céphalées, des myalgies et des arthralgies. Les symptômes apparaissent habituellement 5 jours après l’exposition, mais cette période d’incubation peut varier de 2 à 14 jours.
Plusieurs cas hospitalisés présentent une pneumonie, mais elle n’est pas toujours présente. Des complications peuvent survenir telles que de la détresse respiratoire (nécessitant une ventilation mécanique aux soins intensifs), de l’insuffisance rénale, une coagulopathie intravasculaire disséminée (CIVD), des arythmies cardiaques, un choc septique et une défaillance multiviscérale. Selon l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), la létalité parmi les cas déclarés est d’environ 35 %. Pour les cas létaux, le délai médian entre le début des symptômes et le décès est de 12 jours. La létalité est plus faible chez les femmes et chez les cas transmis par voie interhumaine (non zoonotique); ceux-ci sont en général plus jeunes et présentent moins de comorbidités. Ces cas surviennent principalement chez les travailleurs de la santé.
Les facteurs de risque d’avoir une maladie grave ou des complications sont l’immunosuppression, l’âge avancé, le diabète, l’obésité ainsi que les maladies pulmonaires, rénales ou cardiaques chroniques. Les personnes ayant plus d’un facteur de risque ont un moins bon pronostic.
Il n’y a pas de traitement spécifique. Pour les cas hospitalisés, le traitement sera de supporter les fonctions vitales. Des traitements antiviraux et des anticorps monoclonaux sont en cours de développement.
La contagiosité serait plus grande chez les cas graves tandis que la transmission par les cas asymptomatiques n’a pas été démontrée.
Épidémiologie
Entre la découverte du virus en avril 2012 et juillet 2023, plus de 2 600 cas ont été déclarés à l’OMS. La très grande majorité des cas humains ont été acquis localement en Arabie saoudite, soit plus de 80 % des cas. Plusieurs cas ont aussi été déclarés par les Émirats arabes unis, la Jordanie, le Qatar et Oman. Les pays suivants ont également déclaré quelques cas : le Bahreïn, l’Iran, le Koweït, le Liban et le Yémen. Par ailleurs, une éclosion d’importance (186 cas, 38 décès) est survenue dans les milieux de soins en Corée du Sud en 2015 à la suite de l’importation du virus par un voyageur infecté de retour d’un voyage dans 4 pays du Moyen-Orient. Le nombre de cas humains a atteint un sommet en 2014 et est en nette diminution depuis.
Mondialement, la majorité des cas sont survenus chez des adultes dont l’âge médian était de 50 ans. La maladie affecte en majorité les hommes dans un ratio d’environ 2 : 1. Une faible proportion de cas sont survenus chez des enfants.
Le virus a par ailleurs été détecté chez les dromadaires dans plusieurs pays d’Afrique du Nord, de l’Ouest et de l’Est. Des études ont démontré des infections récentes (détection de l’ARN viral) ou anciennes (par sérologie) chez des éleveurs de dromadaires. Aucune transmission interhumaine n’a été rapportée en Afrique.
Il est possible de suivre l’éclosion sous forme de cartes sur le site Web de l’European Centers for Disease Prevention and Control (ECDC).
Répartition géographique du MERS-CoV
Le terme « Cas récents » réfère à la déclaration de cas humains de MERS-CoV acquis localement depuis 2022.
Le terme « Cas anciens » réfère à la déclaration de cas humains de MERS-CoV acquis localement avant 2022.
Risques en voyage
Le risque est présent mais faible pour les voyageurs qui séjournent dans la péninsule arabique. Entre 2013 et 2018, 17 pays ont déclaré des cas acquis par des voyageurs de retour de la péninsule arabique, dont les États-Unis, la France et la Grande-Bretagne. Ces cas chez des voyageurs ont parfois généré des cas secondaires dans leur pays au retour, soit dans le milieu familial, soit en milieu de soins. Aucun cas n’a encore été déclaré au Canada.
Certaines activités en voyage peuvent augmenter le risque de contracter la maladie. Les voyageurs se rendant dans la péninsule arabique ou les environs et prévoyant avoir des contacts directs avec des dromadaires ou consommer des produits non cuits provenant des dromadaires présentent un risque accru. Les personnes qui y vont pour donner ou recevoir des soins de santé courent également un risque plus grand de s’infecter.
Selon les CDC des États-Unis, le risque d’attraper le MERS-CoV est jugé minimal dans les pays d’Afrique du Nord, de l’Est et de l’Ouest, où le virus a été détecté chez les dromadaires, mais où aucun cas humain n’a encore été détecté cliniquement. Le risque pourrait tout de même y être présent pour les voyageurs en contact direct avec les dromadaires.
Le ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS) tient à jour une liste des pays :
- qui ont rapporté un cas récent de MERS-CoV;
- qui ont une circulation du virus documentée chez les dromadaires du pays.
Prévention
Il n’existe aucun vaccin pour prévenir la maladie, mais des vaccins expérimentaux sont en cours d’élaboration pour les humains. Étant donné la gravité de la maladie et l’absence de traitement, la prévention des expositions est la clé. Les personnes avec maladies chroniques (voir la section ci-dessus Tableau clinique) doivent être encore plus vigilantes en voyage, car elles sont plus à risque de développer une forme grave de la maladie.
Dans une zone où la circulation du virus est reconnue, le voyageur devrait :
- Éviter tout contact direct avec des animaux, particulièrement des dromadaires;
- Si un contact avec les animaux est inévitable, le lavage des mains avant et après tout contact est recommandé.
- Éviter de consommer des produits qui pourraient être contaminés :
- La viande de dromadaire crue ou insuffisamment cuite;
- Les produits laitiers faits à partir du lait de dromadaire cru (fromage au lait cru, etc.);
- L’urine de dromadaire (pratique médicinale locale dans certaines régions).
- Pratiquer les mesures d’hygiène de base :
- Éviter d’être en contact avec des personnes malades;
- Se laver les mains régulièrement avec de l’eau et du savon ou avec du désinfectant à base d’alcool;
- Éviter de se toucher les yeux, la bouche et le nez.
En cas de symptômes d’allure grippale, le voyageur devrait respecter l’étiquette respiratoire (tousser dans le pli du coude, porter un masque, etc.) et consulter un médecin.
En cas de symptômes d’allure grippale survenant dans les 14 jours après le retour au Canada en provenance d’un pays où circule le MERS-CoV, le voyageur devrait :
Consulter un professionnel de la santé en avisant à l’avance qu’il revient d’un pays où circule le MERS-CoV.
Références
- Agence de la santé publique du Canada. Résumé de l’évaluation du risque associé au coronavirus du syndrome respiratoire du Moyen-Orient (MERS-CoV) pour la santé publique au Canada. 2013.
- Agence de la santé publique du Canada. Risques du syndrome respiratoire du Moyen-Orient (SRMO). 2015.
- Agence de la santé publique du Canada. Bulletin des agents pathogènes des voies respiratoires émergents: Numéro 69, septembre 2022. 2022.
- Al-Tawfiq JA, Memish ZA. Middle East respiratory syndrome coronavirus in the last two years: Health care workers still at risk. American Journal of Infection Control. 1 oct 2019;47(10):1167‑70.
- Centers for Disease Control and Prevention. Middle East Respiratory Syndrome (MERS). 2024.
- Judd L, LeGuerrier P, Martineau C, St-Amour M, Sicard N, Villeneuve J. Fiche technique sur le coronavirus du syndrome respiratoire du Moyen-Orient (MERS-CoV). Direction des communications du ministère de la Santé et des Services sociaux; 2015.
- Midgley C, Killerby M, Hall A. Middle East Respiratory Syndrome / MERS. Dans: CDC Yellow Book 2024. Oxford University Press; 2023.
- Ministère de la Santé et des Services sociaux. Liste des pays faisant l’objet d’une surveillance accrue pour les MRSI et les fièvres hémorragiques virales incluant Ébola. 2024.
- Organisation mondiale de la Santé. Clinical management of severe acute respiratory infection when Middle East respiratory syndrome coronavirus (MERS-CoV) infection is suspected: interim guidance. 2019.
- Organisation mondiale de la Santé. Coronavirus du syndrome respiratoire du Moyen-Orient (MERS-CoV). 2022.
- Organisation mondiale de la Santé. Disease Outbreak News. Middle East Respiratory Syndrome Coronavirus –Saudi Arabia. 2022.
- Rabaan AA, Al-Ahmed SH, Haque S, Sah R, Tiwari R, Malik YS, et al. SARS-CoV-2, SARS-CoV, and MERS-COV: A comparative overview. InfezMed. 2020;28(2):174‑84.
- Zhang AR, Shi WQ, Liu K, Li XL, Liu MJ, Zhang WH, et al. Epidemiology and evolution of Middle East respiratory syndrome coronavirus, 2012–2020. Infectious Diseases of Poverty. 8 mai 2021;10(1):66.
Auteurs
Comité consultatif québécois sur la santé des voyageurs
Collaboration
Karl Forest-Bérard, Affaires publiques, communications et transfert des connaissances
Alejandra Irace-Cima, Direction des risques biologiques