Statistiques sur les agressions sexuelles

Mise à jour de la section Statistiques : 12 mai 2022

Faits saillants

  • Dans près de 9 cas sur 10, la victime d’une agression sexuelle est une fille ou une femme.
  • Les jeunes de 15 à 24 ans représentent le groupe d’âge avec la plus grande proportion de victimes d’agression sexuelle.
  • Plus de 8 victimes sur 10 connaissent leur agresseur sexuel.
  • Dans plus de 9 cas sur 10, l’auteur présumé de l’agression sexuelle est un garçon ou un homme.
  • Les jeunes de 12 à 17 ans sont le groupe d’âge le plus souvent indiqué comme étant les auteurs présumés d’agression sexuelle.
  • Plus de la moitié des agressions sexuelles commises sur des adultes sont perpétrées dans une résidence ou une propriété privée.
  • Une minorité des agressions sexuelles rapportées par la police sont commises avec une arme ou causent des blessures physiques.
  • Les statistiques disponibles représentent une sous-estimation de la réalité, puisque les agressions sexuelles ne sont pas toutes dévoilées ni rapportées dans les enquêtes et aux services de police.
  • Au Canada, une faible proportion (5 à 6 %) des agressions sexuelles est signalée à la police chaque année.  

Pour en savoir plus sur les statistiques concernant les agressions sexuelles :


Portrait général

En 2018, au Québec, selon les données de l’Enquête sur la sécurité dans les espaces publics et privés (ESEPP), 11 % des femmes et 4 % des hommes ont déclaré avoir été victime d’agression sexuelle commise par une personne adulte pendant l’enfance (avant l’âge de 15 ans). Cela représente 7,5 % de la population québécoise1.

En 2018, au Canada, selon des données de la même enquête, 33 % des femmes et 9 % des hommes ont déclaré avoir été victime d’agression sexuelle à l’âge adulte (depuis l’âge de 15 ans), lorsque l’on considère les agressions sexuelles commises par un ou une partenaire intime ou par une autre personne2.

Au Québec, en 2019, selon les données rapportées par les services de police, le taux d’infractions sexuelles était de 109,4 par 100 000 personnes, totalisant 9 116 infractions sexuelles (voir tableau 1).

Les agressions sexuelles représentaient la majorité des infractions sexuelles (61,6 %), alors que les autres infractions d’ordre sexuel représentaient une minorité de l’ensemble des infractions sexuelles3.

Tableau 1 - Victimes d’infractions sexuelles déclarées par la police au Québec selon l’âge, le sexe et le type d’infraction, 2019
Infractions sexuelles* Jeunes (17 ans et moins) Adultes (18 ans et plus) Total** Femmes Hommes Total
N % N % N N % N % N

Total agressions sexuelles (niveaux 1 à 3)

2 589

45,7

3 073

54,3

5 662

5 050

88,3

672

11,7

5 722

Total autres infractions d’ordre sexuel*

3 047

90,2

309

9,2

3 356

2 784

82,0

610

18,0

3 394

Contacts sexuels

1 855

98,7

0

0

1 855

1 532

81,5

347

18,5

1 879

Incitation à des contacts sexuels

231

99,1

0

0

231

170

73,0

63

27,0

233

Exploitation sexuelle

27

100,0

0

0

27

20

74,1

7

25,9

27

Inceste

33

86,8

3

7,9

36

31

81,6

7

18,4

38

Corruption d’enfants

21

100,0

0

0

21

16

76,2

5

23,8

21

Leurre

544

99,3

0

0

544

469

85,6

79

14,4

548

Publication non consensuelle d’images intimes

186

47,9

198

51,0

384

344

88,7

44

11,3

388

Rendre accessible à un enfant du matériel sexuellement explicite

73

100,0

0

0

73

57

78,1

16

21,9

73

Voyeurisme

51

34,2

97

65,1

148

118

79,2

31

20,8

149

* Sélection non exhaustive des infractions sexuelles
** Certaines données sont manquantes, en raison de l’âge inconnu de certaines victimes.
Les données présentées sont des données provisoires.
Source : Ministère de la Sécurité publique (2021). Criminalité au Québec - Infractions sexuelles en 2019, [en ligne], Québec, Ministère de la Sécurité publique (consulté le 13 janvier 2022).

Au Québec, en 2019, les victimes d’infractions sexuelles déclarées par la police étaient majoritairement d’âge mineur (62,5 %). Les victimes d’agression sexuelle étaient quant à elles majoritairement des adultes (54,4 %), tandis que les victimes des autres infractions d’ordre sexuel étaient presque exclusivement d’âge mineur (90,8 %, voir graphique 1). Les femmes représentaient la grande majorité des victimes d’agression sexuelle (88,3 %) et des autres infractions d’ordre sexuel (82,0 %)3.

Graphique 1 - Répartition du nombre de victimes d’infractions sexuelles selon l’âge, Québec, 2019

 

Source : Ministère de la Sécurité publique (2021). Criminalité au Québec - Infractions sexuelles en 2019, [en ligne], Québec, Ministère de la Sécurité publique (consulté le 13 janvier 2022).

Depuis 2017, les services de police ont rapporté une hausse importante des déclarations d’agressions sexuelles au Québec, notamment en raison du mouvement médiatique #MoiAussi (#MeToo) ayant pris naissance à l’automne 2017. Ce mot-clic a été utilisé par des milliers de personnes sur les réseaux sociaux afin d’indiquer qu’elles avaient été victimes de violence sexuelle au cours de leur vie4.

Au Québec, depuis 2010, les taux d’infractions sexuelles ont connu une importante tendance à la hausse, passant de 68,4 pour 100 000 personnes en 2010 à 109,4 pour 100 000 personnes en 2019, selon les données rapportées par les services de police. Depuis 2014, les taux d’agressions sexuelles sont passés de 43,1 à 67,4 pour 100 000 personnes en 2019 (voir tableau 2). L’écart s’est aussi accru dans les taux d’agressions sexuelles entre les femmes et les hommes qui ont, entre 2014 et 2019, progressé respectivement de 61 % et de 34 %3,5. Par ailleurs, parmi l’ensemble des infractions contre la personne, la catégorie des autres infractions d’ordre sexuel est celle ayant connu l’augmentation la plus marquée en 10 ans, passant de 15,2 en 2010 à 42,0 pour 100 000 personnes en 2019. Plus spécifiquement, les infractions de contacts sexuels et de leurre d’enfant au moyen d’un ordinateur sont les deux catégories ayant connu la plus forte croissance5.

Tableau 2 - Évolution des taux d’infractions sexuelles, d’agressions sexuelles (niveaux 1 à 3) et des autres infractions d’ordre sexuel, Québec, 2010, 2014 et 2019
  2010 2014 2019p
Taux1 N Taux N Taux N

Total des infractions sexuelles

68,4

5 324

64,0

5 142

109,4

9 283

Agressions sexuelles (niveaux 1 à 3)

53,2

4 204

43,1

3 732

67,4

5 722

Autres infractions d’ordre sexuel

15,2

1 120

20,9*

1 855

42,0

3 561

1Taux par 100 000 personnes
p Les données de 2019 sont des données provisoires.
*En 2014, avec l’entrée en vigueur de la Loi sur la protection des collectivités et des personnes victimes d’exploitation (L.C. 2014, chapitre 25), plusieurs infractions se sont ajoutées aux autres infractions d’ordre sexuel, ce qui a entraîné une augmentation du nombre d’infractions comptabilisées dans cette catégorie.
Source : Ministère de la Sécurité publique (2021). Criminalité au Québec - Infractions sexuelles en 2019, [en ligne], Québec, Ministère de la Sécurité publique (consulté le 13 janvier 2022).

Au Québec, en 2019, la majorité des victimes d’infractions sexuelles déclarées par la police connaissait l’auteur présumé (81,4 %). Il s’agissait d’une connaissance dans 21,5 % des cas, suivie d’un ou d’une partenaire intime actuelle ou ancienne (18,5 %), d’un ou d’une membre de la famille immédiate (13,8 %), d’un étranger ou d’une étrangère (10,9 %), et d’un ami ou d’une amie (9,9 %). Par ailleurs, les hommes représentaient les principaux auteurs présumés d’infractions sexuelles (94,9 %). Les 12 à 17 ans étaient le groupe d’âge présentant le plus haut taux d’auteurs présumés d’infractions sexuelles (251,4 pour 100 000 personnes). Les agressions sexuelles étaient aussi plus souvent commises par des personnes mineures de 12 à 17 ans (114,7 pour 100 000 personnes) que par des adultes (31,8 pour 100 000 personnes)3.

Toutefois, il importe de noter que les taux réels d’agressions sexuelles restent largement sous-estimés par les données provenant des services de police. Effectivement, seulement 5 à 6 % des agressions sexuelles sont rapportées à la police selon les données de l’Enquête sur la sécurité dans les espaces publics et privés de 2018 et de l’Enquête sociale générale sur la victimisation de 20191,6.

Signalement à la police

Plusieurs facteurs peuvent expliquer, du moins en partie, pourquoi l’agression sexuelle est l’un des crimes les moins signalés à la police. Tout d’abord, il est possible que le faible taux de signalement soit influencé par le fait que les agressions sexuelles engendrent rarement des blessures physiques et qu’elles soient rarement commises avec une arme, alors que ces deux éléments se trouvent à être les prédicteurs les plus probables du signalement d’un crime à la police6.

Les raisons évoquées par les victimes d’agression sexuelle pour ne pas émettre de signalement sont notamment la perception que l’incident est anodin ou pas assez important, qu’il s’agit d’une affaire privée ou personnelle, le fait d’être embêtée par la communication avec la police et par le processus judiciaire, les craintes selon lesquelles l’agresseur ne sera pas tenu responsable, la crainte de ne pas être crue et la perception d’être responsable de sa propre victimisation6.

Une victime d’agression sexuelle sur cinq déclare qu'une autre personne (agresseur, amis ou amies, membres de la famille) lui a fait sentir qu'elle était responsable de sa propre victimisation1.


Sources des statistiques

Les statistiques qui permettent de documenter l’ampleur, l’évolution et les caractéristiques des agressions sexuelles proviennent de trois sources principales :

  1. Les services de protection de la jeunesse;
  2. Les services de police;
  3. Les enquêtes populationnelles.

1. Les données des services de protection de la jeunesse se basent sur les cas d’agression sexuelle sur des personnes mineures rapportés aux services de protection de la jeunesse, sur une période donnée (habituellement une année). Bien que ces données permettent de connaître le nombre de cas d’agression sexuelle traités par ces services, elles ne représentent qu’une faible proportion de toutes les agressions sexuelles subies par les enfants, les adolescentes et les adolescents parce que celles-ci ne sont pas toutes dévoilées ni rapportées aux services de protection de la jeunesse et que les cas signalés ne sont pas tous jugés fondés. Ces données proviennent principalement de l’Étude canadienne sur l’incidence des cas de violence et de négligence envers les enfants (ÉCI) et de l’Étude d’incidence québécoise sur les signalements évalués en protection de la jeunesse (ÉIQ).

2. Les données des services de police se basent sur les infractions sexuelles enregistrées annuellement lorsqu’une victime ou une autre personne entre en contact avec la police. Même si ces données permettent de connaître le nombre d’infractions sexuelles inscrites au Code criminel qui sont traitées par ces services, elles ne représentent qu’une faible proportion de toutes les agressions sexuelles subies par la population, car celles-ci ne sont pas toutes déclarées aux services de police. Dans l’Enquête sociale générale (ESG) sur la victimisation de 2019, seulement 6 % de la population canadienne ayant été victime d’agression sexuelle ont déclaré avoir rapporté l’incident à la police6. Les données policières proviennent principalement du Programme de déclaration uniforme de la criminalité fondé sur l’affaire (DUC 2.2) et sont rapportées par Statistique Canada et par le ministère de la Sécurité publique du Québec.

3. Les données des enquêtes populationnelles se basent habituellement sur de larges échantillons représentatifs d’une population qui permettent d’obtenir une estimation plus juste de la prévalence des agressions sexuelles, comparativement aux cas signalés à la police ou à d’autres instances7. Ces enquêtes interrogent généralement les personnes répondantes sur leurs expériences de victimisation de façon anonyme. Toutefois, il demeure qu’une partie des agressions sexuelles ne seront pas rapportées dans les enquêtes et que certaines populations vulnérables y sont parfois sous-représentées, entraînant ainsi une sous-estimation de la problématique réelle7. Ces données réfèrent aux enquêtes nationales, telles que l’Enquête sociale générale (ESG) sur la victimisation et l’Enquête sur la sécurité dans les espaces publics et privés (ESEPP), et à certaines études scientifiques.

Figure 1 - Ampleur de l’agression sexuelle selon les différentes sources de données

 

*Au Québec, dans le cadre de l’Entente multisectorielle relative aux enfants victimes d’abus sexuels, de mauvais traitements physiques ou d’une absence de soins menaçant leur santé physique, si la situation d’agression sexuelle d’une personne mineure est rapportée à la police, celle-ci en fait part à la Direction de la protection de la jeunesse, et inversement.
Source : Baril, K., et J. Laforest (2018). « Chapitre 3 : Les agressions sexuelles », dans Rapport québécois sur la violence et la santé, Montréal, p. 56‑95. Institut national de santé publique du Québec. (Inspiré de : Jewkes, R., P. Sen et C. Garcia-Moreno (2002). La violence sexuelle. Dans E. G. Krug, L. L. Dalhberg, A. Z. Mercy et R. Lozano-Ascencio [dir.], Rapport mondial sur la violence et la santé. P.147-181, Genève : Organisation mondiale de la Santé (consulté le 19 avril 2022)).

 

Références

  1. Cotter, A., et L. Savage (2019). La violence fondée sur le sexe et les comportements sexuels non désirés au Canada, 2018 : Premiers résultats découlant de l’Enquête sur la sécurité dans les espaces publics et privés, [en ligne], Statistique Canada, « Juristat » (consulté le 10 décembre 2021).
  2. Cotter, A. (2021). Violence entre partenaires intimes au Canada, 2018 : Un aperçu, [en ligne], Statistique Canada, « Juristat » (consulté le 13 janvier 2022).
  3. Ministère de la Sécurité publique (2021). Criminalité au Québec - Infractions sexuelles en 2019, [en ligne], Québec, Ministère de la Sécurité publique (consulté le 13 janvier 2022).
  4. Ministère de la Sécurité publique (2017). Criminalité au Québec - Infractions sexuelles en 2017, [en ligne], Québec, Ministère de la Sécurité publique (consulté le 13 janvier 2022).
  5. Ministère de la Sécurité publique (2021). Criminalité au Québec - Principales tendances 2019, [en ligne], Québec, Ministère de la Sécurité publique (consulté le 13 janvier 2022).
  6. Cotter, A. (2021). La victimisation criminelle au Canada, 2019, [en ligne], Statistique Canada, « Juristat » (consulté le 10 décembre 2021).
  7. Organisation mondiale de la Santé, et London School of Hygiene and Tropical Medicine (2012). Prévenir la violence exercée par des partenaires intimes et la violence sexuelle contre les femmes : Intervenir et produire des données, [en ligne], Genève, Organisation mondiale de la Santé (consulté le 13 janvier 2022).

Auteures : Maude Lachapelle et Dominique Gagné, conseillères scientifiques, INSPQ
Collaboration : Dave Poitras, conseiller scientifique spécialisé, INSPQ

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