Encéphalite japonaise
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Agent causal et transmission
L’encéphalite japonaise est une arbovirose causée par un virus appartenant au genre Flavivirus (comme le virus de la dengue et le virus du Nil occidental) et qui se transmet à l’humain par une piqûre de moustique infecté, principalement par les moustiques de genre Culex (surtout Culex tritaeniorhynchus).
Le réservoir animal inclut les oiseaux aquatiques et les porcs. Généralement, les humains infectés ne développent pas de virémie suffisante pour transmettre le virus, ils sont plutôt des hôtes accidentels.
On retrouve la maladie principalement en milieu rural ou périurbain, dans les endroits où l’humain vit près des animaux réservoirs.
Tableau clinique
La période d’incubation varie de 5 à 15 jours.
La majorité des cas sont soit asymptomatiques ou bénins, avec de la fièvre et des céphalées. Dans les cas graves (environ 1 cas sur 250), il y a apparition brutale d’une forte fièvre, de céphalée, d’une raideur de nuque, de désorientation, d’un coma, de convulsions et d’une paralysie spastique.
La létalité des cas graves peut atteindre 30 %.
Les séquelles surviennent chez 30 à 50 % des survivants : problèmes intellectuels, comportementaux ou neurologiques (ex. : paralysie, convulsions récurrentes ou incapacité de parler).
Les jeunes enfants (moins de 10 ans) sont plus à risque de maladie grave et de décéder de la maladie.
Il n’existe aucun traitement spécifique. Seules des mesures de soutien sont possibles.
Épidémiologie
On retrouve cette maladie dans de nombreux pays d’Asie, principalement en Asie du Sud-Est et dans la région du Pacifique occidental. Il s’agit de l’encéphalite virale la plus fréquente en Asie. L’OMS estime que plus de 50 000 cas sont déclarés annuellement (incluant 15 000-20 000 décès et 15 000 cas avec séquelles neurologiques). Des éclosions surviennent de façon erratique et sont difficiles à prévoir.
Le risque est surtout présent en région rurale, autour des rizières ou des élevages porcins. Parfois, des cas peuvent être signalés autour des régions urbaines.
Dans les régions tempérées de la Chine, du Japon, de la péninsule coréenne et des régions orientales de la Russie, la transmission est saisonnière avec des pics en été et à l’automne.
Dans les régions tropicales d’Asie du Sud-Est, la transmission peut varier avec la saison des moussons, peut être prolongée et même être présente toute l’année.
En lien notamment avec les changements climatiques, des éclosions peuvent se produire dans de nouveaux territoires qui n’étaient pas connus pour être endémiques auparavant. Par exemple, en 2022, l’Australie est aux prises avec une éclosion d’encéphalite japonaise dans de nouveaux États.
Répartition géographique
Risques en voyage
Le risque pour le voyageur se rendant en Asie est très faible. Entre 1973 et 2017, 84 cas d’encéphalite japonaise acquis par des voyageurs ou des expatriés des pays non endémiques ont été publiés ou signalés aux Centers for Disease Control and Prevention (CDC) des États-Unis. Seulement 2 cas étaient chez des voyageurs canadiens. L’incidence globale estimée est de moins de 1 cas par million de voyageurs.
Le risque peut être plus élevé pour les expatriés et les personnes qui font de longs séjours en région rurale durant la période de transmission. Leur risque serait similaire à celui de la population pédiatrique locale soit 6 à 11 cas par 100 000 enfants par année.
Le risque est également augmenté pour les voyageurs s’adonnant à des activités extérieures comme le camping, la randonnée pédestre, le vélo et le travail dans les champs, particulièrement près des fermes de porcs et des rizières, et particulièrement en soirée ou la nuit.
Plusieurs pays ont introduit le vaccin contre l’encéphalite japonaise dans le calendrier de vaccination des enfants, menant à une baisse des cas humains rapportés. Par contre, comme un réservoir animal existe, le risque pour les voyageurs n’est pas éliminé.
Définition du niveau de risque
Dans la section Recommandations par pays, le terme :
- « Présence » indique qu’il existe un risque de transmission de l’encéphalite japonaise dans le pays. Lorsque les informations sont disponibles, la situation épidémiologique et la saison de transmission sont précisées.
- « Présence probable » signifie qu’il n’y a pas de données fiables pour ce pays, mais qu’on présume que le virus y est présent parce que les conditions climatiques et environnementales sont favorables et que le virus circule dans les pays limitrophes.
Prévention et immunisation
Mesures de protection personnelle
Il est très important de se protéger contre les piqûres de moustiques pendant un voyage dans une zone où le virus circule, notamment pendant la période d’activité des moustiques de genre Culex, soit entre le crépuscule et l'aube (activité nocturne).
En plus de porter des vêtements longs de couleur pâle et d’appliquer de l’insectifuge, le voyageur devrait porter une attention particulière aux mesures de protection contre les piqûres de moustiques nocturnes :
- S’assurer d’avoir de bonnes moustiquaires aux fenêtres;
- Garder les portes fermées;
- Dormir à l’air climatisé, si possible.
Sinon, dormir sous une moustiquaire imprégnée d’insecticide, installée sur le lit.
Pour plus d’informations sur les mesures de protection personnelles contre les moustiques, veuillez consulter la section Arthropodes.
Immunisation
Un vaccin est disponible au Canada pour la prévention de l’encéphalite japonaise.
L’immunisation peut être recommandée pour des groupes particuliers de voyageurs :
- Elle est recommandée pour les voyageurs qui séjourneront plus de 1 mois au total, durant la période de transmission, en milieu rural dans une région où la maladie est endémique;
- Elle peut être envisagée pour les voyageurs qui séjourneront pendant moins de 1 mois durant la période de transmission, en milieu rural dans une région où la maladie est endémique, et qui sont à risque accru d’exposition au virus à cause de leurs activités ou de leurs conditions de séjour :
- Séjour dans une région où sévit une éclosion d’encéphalite japonaise;
- Séjour dans une région endémique, mais incertitude sur la destination, le type d’activités ou sur la durée du séjour.
L’immunisation n’est pas indiquée lors d’un court séjour limité aux villes ou réalisé en dehors de la période de transmission.
Pour plus de détails : vaccination contre l’encéphalite japonaise (MSSS).
Références
- Agence de la santé publique du Canada. Pour les professionnels de la santé : encéphalite japonaise. 2016.
- Agence de la santé publique du Canada. Statement on prevention of Japanese encephalitis. 2021.
- European Centre for Disease Prevention and Control. Factsheet for health professionals about Japanese encephalitis. 2012.
- Hills S, Lindsey N, Fischer M. Japanese Encephalitis. Dans: CDC Yellow Book 2020. Oxford University Press; 2019.
- Ministère de la Santé et des Services sociaux. Protocole d’immunisation du Québec (PIQ).
- Organisation mondiale de la Santé. Encéphalite japonaise.
- Organisation mondiale de la Santé. Note de synthèse : position de l’OMS à propos des vaccins contre l’encéphalite japonaise — février 2015. Weekly Epidemiological Record = Relevé épidémiologique hebdomadaire. 27 févr 2015;90(09):69‑88.
Auteurs
Comité consultatif québécois sur la santé des voyageurs
Collaborateur
Karl Forest-Bérard, Affaires publiques, communications et transfert des connaissances