Autotraitement et autodiagnostic du paludisme (malaria)

Autotraitement de réserve d’urgence (« Stand-by emergency treatment »)

L’auto-traitement d’urgence est une mesure temporaire qui permet de se traiter de façon présomptive lorsqu’il n’y a pas d’accès rapide (moins de 24 heures) à des soins médicaux adéquats.

Les indications d’un autotraitement se limitent au voyageur qui ne disposera pas d’un accès rapide aux soins médicaux et qui ne prend pas de chimioprophylaxie efficace dans une zone à risque de malaria.

Selon cette approche, un voyageur qui développe des symptômes ou des signes qui peuvent être attribués au paludisme (survenant après un séjour d’au moins 7 jours en région impaludée) aura recours à un auto-traitement s’il est dans l’impossibilité d’obtenir une consultation médicale fiable dans les 24 heures.

L’auto-traitement est une mesure d’urgence. Le voyageur doit consulter dans les plus brefs délais après l’avoir débuté.

Les raisons principales pour recommander un auto-traitement seraient :

  • un séjour en zone de risque élevé de malaria, avec prophylaxie, mais où l’accès rapide à des soins adéquats est incertain;
  • un séjour en régions isolées où l’accès à des soins de santé adéquat est un problème (quel que soit le risque de malaria);
  • un séjour dans une zone à risque faible mais non nul de malaria, et où l’auto-traitement est préférable à la prophylaxie à long terme;

Informations importantes

Si la décision est de prescrire un autotraitement, le voyageur devrait être informé des points suivants :

  • Ne jamais se fier exclusivement à un auto-traitement (consulter idéalement dans les 24 heures suivant la prise de l’auto-traitement);
  • Le voyageur qui se retrouvera dans une zone à risque élevé de paludisme et qui n’aura pas accès à un traitement adéquat contre le paludisme en-dedans de 24 heures devrait recevoir un auto-traitement;
  • Les signes et symptômes du paludisme sont non spécifiques et peuvent mimer d’autres maladies telles la dengue, l’influenza, la typhoïde, la méningite et même une entérite (d’où l’importance de consulter malgré la prise d’auto-traitement);
  • Ni le voyageur, ni même un intervenant de la santé ne pourrait diagnostiquer une crise de paludisme sans un test de laboratoire;
  • L’utilisation d’une même médication en prévention et en traitement n’est pas recommandée. Par exemple, si l’atovaquone-proguanil est utilisée en prévention, on ne l’utilisera pas en traitement.
  • Il est également opportun d’aviser le voyageur que les médicaments contrefaits ont envahi de nombreux pays fréquentés par les touristes. Il est donc préférable d’acheter la médication d’auto-traitement, soit au Canada, soit dans un pays où la qualité est assurée par un contrôle strict;

Se référer au tableau 12 pour connaître les médicaments et leur posologie en auto-traitement.

Autodiagnostic

Il existe actuellement des tests que le voyageur peut utiliser afin de diagnostiquer une malaria à P. falciparum.

Cependant, certaines études ont démontré qu’il était difficile pour une grande proportion de voyageurs de bien interpréter les résultats de ces tests. Étant donné que des résultats faussement négatifs pourraient entraîner des conséquences graves, l’utilisation de ces tests n’est habituellement pas recommandée chez les voyageurs.

Prophylaxie terminale

Certains experts considèrent que les voyageurs qui reviennent d’un long séjour dans une région où P. vivax ou P. ovale circulent pourraient bénéficier d’une prophylaxie terminale avec la primaquine, mais les données sur l’efficacité d’une telle stratégie sont limitées, particulièrement dans la population civile.

Le risque de rechute après une infection par P. vivax est généralement > 20 % (il varie de 5 à 80 %).

La plupart des régions impaludées du monde (à l’exception d’Haïti et de la République dominicaine) peuvent comporter un risque d’infection par P. vivax ou P. ovale, mais le risque individuel (et donc le bénéfice potentiel d’une prophylaxie terminale) est pratiquement impossible à déterminer.

De très longs séjours, une adhésion moins bonne envers les mesures de protection personnelle, ainsi que le séjour dans des régions de forte endémicité peuvent être des facteurs incitant l’intervenant à proposer une prophylaxie terminale, après dosage de G-6-PD car il y a risque d’hémolyse lors de déficience en G-6-PD. Elle est administrée pendant 14 jours, soit après la fin du traitement utilisé en prophylaxie, soit pendant les deux dernières semaines, la dose totale est de 6 mg/kg à raison de 30 mg/jour (ou 0,5 mg/kg chez les enfants).