Effets sur la santé liés à la fumée secondaire de cannabis en milieu intérieur
L’INSPQ a procédé à une revue de la littérature pour documenter les risques sanitaires associés à l’exposition à la fumée secondaire et tertiaire issue de la combustion de produits du cannabis en milieu intérieur. Elle s’adresse aux professionnels et aux intervenants de la santé concernés qui doivent notamment répondre aux questions et aux préoccupations de leurs partenaires et de la population en général.
Qu’est-ce que la fumée secondaire?
La fumée secondaire est constituée d’un mélange de fumée expirée par les fumeurs et de fumée qui émane directement de la combustion du produit. Elle est généralement associée à la fumée ambiante qui est inhalée, de façon involontaire, par les personnes qui y sont exposées.
Qu’est-ce que la fumée tertiaire?
La fumée tertiaire est constituée d’une variété de composés chimiques qui se déposent sur différentes surfaces du milieu intérieur telles que le mobilier, les tapis, les rideaux, les murs et les planchers, ou encore sur les individus qui s’y trouvent, par exemple sur les cheveux ou les mains.
Faits saillants
À l’heure actuelle, les données entourant les effets sur la santé liés à la fumée secondaire de cannabis demeurent limitées, et celles concernant la fumée tertiaire semblent pratiquement inexistantes.
Les études consultées ont permis de relever les éléments suivants :
- Des concentrations de cannabinoïdes et de leurs métabolites dans le sang, l’urine ou la salive (appelés matrices) ont été observées après une exposition à la fumée secondaire de cannabis, mais principalement dans les scénarios impliquant des expositions plus importantes : nombre plus élevé de fumeurs, plusieurs cigarettes fumées en même temps, usage de cannabis dont la teneur en THC (delta-9-tétrahydrocannnabinol) est plus élevée. De plus, les scénarios impliquant la présence de ventilation présentaient un nombre inférieur de résultats positifs dans les différentes matrices investiguées.
- Des effets subjectifs (p. ex., euphorie ou « high », fatigue, appétit ou « munchies ») ont été observés chez des individus exposés à la fumée secondaire de cannabis en contexte expérimental, particulièrement lorsque la fumée était visible et détectable par les occupants. Les effets étaient surtout présents dans la première heure après l’exposition. Ces effets pourraient être observés dans certains contextes, par exemple à l’intérieur dans des endroits fermés, mal ventilés ou en présence de quantité importante de fumée. Les effets s’atténuaient et disparaissaient dans les heures suivant l’exposition.
- La présence d’une importante quantité de fumée peut conduire à des effets irritatifs chez les personnes exposées, tels que l’irritation des yeux et de la gorge, bien que cet aspect n’ait pas été évalué de manière spécifique.
- Une seule étude a évalué les effets cognitifs associés à l’exposition à la fumée secondaire de cannabis, les résultats indiquant un impact mineur, mais observable, de la performance à certains tests mesurant la performance cognitive et psychomotrice.
- Peu d’études ont documenté les effets physiologiques (p. ex., augmentation du rythme cardiaque) tributaires de l’exposition à la fumée secondaire de cannabis, celles-ci suggérant la manifestation d’effets limités qui s’atténuent rapidement en présence de ventilation.
Les effets documentés et les concentrations mesurées chez les sujets étudiés varient en fonction de plusieurs facteurs :
- la fréquence et l’intensité de l’exposition, influencées notamment par le nombre de fumeurs, leur mode de consommation et la concentration en THC des produits consommés;
- les susceptibilités individuelles;
- le volume de la pièce occupée;
- la présence de moyens d’extraction et de dilution de la fumée, comme la ventilation mécanique ou naturelle.
Principaux constats
L’application d’une ventilation adéquate dans les espaces utilisés par les consommateurs de cannabis est une mesure de gestion environnementale importante à considérer pour réduire les risques d’exposition à la fumée secondaire de cannabis.
Les individus devant démontrer, à des fins de contrôle, une absence complète de métabolites de cannabis, en raison d’activités ou d’occupations nécessitant une vigilance accrue, devraient réduire au maximum leur exposition à la fumée secondaire de cannabis. Les contextes où il y a une importante présence de fumée de cannabis en milieu intérieur devraient donc être évités.
Les concentrations seuils et les limites légales actuelles au Canada et au Québec permettent généralement de limiter la possible confusion entre une consommation active de cannabis et une exposition passive par l’entremise de la fumée secondaire.
Davantage d’études solides sur le plan méthodologique devraient être réalisées afin de mieux évaluer les effets sur la santé de l’exposition à la fumée secondaire de cannabis. Les effets associés à la fumée tertiaire de cannabis et les effets de l’exposition à plus long terme aux deux types de fumée devraient également faire l’objet d’études additionnelles.