Prévention du paludisme (malaria)

Généralités

Le paludisme est une maladie grave, potentiellement mortelle. Il existe maintenant 5 espèces de parasites responsables du paludisme chez l’humain :

  • P. falciparum
  • P. vivax
  • P. ovale
  • P. malariae et
  • P. knowlesi.

Plasmodium falciparum est l’espèce la plus dangereuse, car elle est responsable des formes mortelles. C’est prioritairement contre cette espèce que sont dirigées les mesures préventives. Leur objectif est de prévenir les formes pernicieuses de paludisme et d’éviter la survenue de complications graves et les décès.

L’intervenant en santé voyage doit bien évaluer ce risque afin d’offrir la meilleure protection possible pour le voyageur. Cette évaluation doit être individualisée et dépend de plusieurs facteurs : la destination, le type de voyage et les conditions dans lesquelles il se déroulera, les activités pratiquées, sa durée, etc.

L’évaluation tiendra compte  également du voyageur lui-même, de sa tolérance aux médicaments, de sa perception des risques encourus ainsi que de sa propension à adhérer ou non aux différentes mesures proposées. Une partie importante du travail de l’intervenant en santé-voyage consiste à bien informer le voyageur et de prendre le temps de répondre à ses questions, et au besoin, de démystifier certaines fausses croyances.

Recommandations individualisées

L’estimation du risque de contracter la malaria résulte de l’interprétation de plusieurs données, dont les principales sources sont l’OMS, le CDC, l’ASPC, l'OPAS et la littérature internationale récente. Les données québécoises de surveillance sur les cas de malaria signalés chez les voyageurs entre 2004 et 2007 présentées dans le tableau ci-dessous ont aussi été utilisées. C’est à partir de ces données que les recommandations du guide sont élaborées.

Une étude québécoise a rapporté les incidences suivantes chez les voyageurs québécois. Ce risque pourra influencer l’approche face aux recommandations à faire aux voyageurs québécois.

Tableau 10 - Région d'acquisition des cas de paludisme chez les voyageurs. Étude d'incidence liée aux voyages internationaux. Québec. Période 2004-2007
  Nombre de cas (%) 2004-2007 Nombre (%) de voyages estimés par les Québécois 2004-2007 Ratio Nombre de cas : nombre de voyages
Sous continent Indien 2 (1,1 %) 44 500 (0,7 %) 1 : 22 250
Afrique subsaharienne 157 (87,2 %) 108 600 (1,7 %) 1 : 692
Afrique du Nord + Moyen Orient 0 (0,0 %) 112 400 (1,7 %)  
Amérique du Sud (0,6 %) 142 400 (2,2 %) 1 : 142 400
Asie (excluant le Sous-continent Indien) 4 (2,2 %) 335 600 (5,1 %) 1 : 83 900
Amérique Centrale, Mexique et les Caraïbes 16 (8,9 %) 2 652 300 (40,4 %) 1 : 165 769
Europe 0 (0,0 %) 3 161 500 (48,2 %)  
Total 180 (100 %) 6 557 300 (100 %) 1 : 36 429

Ces recommandations visent à soutenir l’intervenant pour mieux évaluer le risque de contracter une malaria grave au cours du voyage. Utilisées avec les autres facteurs d’exposition et les caractéristiques du voyageur, elles permettent de faire des recommandations individualisées.

Selon cette évaluation il pourra être approprié soit de n’utiliser que la protection contre les moustiques ou, encore, de prendre une chimioprophylaxie en plus de la protection contre les moustiques.

Quelques exemples

Dans des régions à haut risque telles que l’Afrique subsaharienne, même une exposition de courte durée pourrait résulter en un épisode de paludisme grave. Des mesures de protection personnelles ainsi qu’une chimioprophylaxie seraient alors recommandées.

Tandis que pour quelqu’un se rendant au Mexique ou dans certaines régions d’Amérique centrale où le risque est faible, cette personne pourrait se voir recommander d’utiliser une protection contre les moustiques sans chimioprophylaxie.

Dans tous les cas, un voyageur qui se rend dans une région impaludée, même si le risque est faible, devrait être avisé de consulter à l’Urgence en cas de fièvre au retour afin d’éliminer un diagnostic de paludisme.

Évaluation du risque

Le risque est non seulement en lien avec le lieu géographique et la prévalence de la malaria dans le pays, mais aussi avec les conditions et la durée du séjour, les activités pratiquées, etc. Par exemple, un touriste dormant dans une chambre climatisée d’une station balnéaire d’Amérique centrale pendant une semaine est à moindre risque de contracter la malaria qu’un voyageur plus aventureux qui parcourt le même pays pendant plusieurs semaines.

Il faut aussi porter une attention particulière aux voyageurs qui visitent de la famille ou des amis (les VFA), notamment les immigrants qui retournent dans leur pays d’origine ou en zone impaludée, car ils représentent plus de la moitié des cas de paludisme signalés au Québec. Ces voyageurs se considèrent souvent comme protégés (immuns) puisqu’ils ont grandi dans un pays endémique pour le paludisme. En fait, l’immunité acquise se perd très rapidement et ils doivent donc être considérés comme étant à risque égal, voire plus élevé que les autres voyageurs, surtout les enfants qui n’ont aucune protection naturelle.

On pourrait résumer l’approche de la prévention contre la malaria aux 4 C :

  1. Connaissance du risque de contracter le paludisme
  2. Contre les moustiques, se protéger
  3. Chimioprophylaxie
  4. Consulter de façon urgente en cas de fièvre et demander à passer un frottis sanguin pour le paludisme

Aussi, les recommandations aux voyageurs doivent être individualisées. Elles représentent un jugement clinique basé sur l’interprétation de nombreuses données. De plus, l’épidémiologie du paludisme change rapidement et il incombe aux intervenants en santé-voyage de maintenir à jour leurs connaissances à ce sujet.

Mesures de protection personnelle

L’application de mesures de protection personnelle contre les piqûres de moustiques est essentielle car, quelle que soit la médication utilisée en prophylaxie, il demeure possible de contracter la maladie au moment d’un séjour en zone impaludée. Ces mesures sont simples et doivent être expliquées au voyageur en priorité. En plus de limiter l’exposition à l’extérieur en soirée et pendant la nuit, il est important de porter des vêtements appropriés et d’utiliser un insectifuge sur les zones exposées de la peau.

Pour plus d’informations sur les mesures de protection personnelles contre les moustiques, veuillez consulter la section Arthropodes.