Le virus de la dengue et sa transmission

Le virus de la dengue fait partie de la famille des Flaviviridae qui englobe entre autre les virus responsables d’autres infections potentiellement rencontrées chez les voyageurs internationaux, soit la fièvre jaune, l’encéphalite japonaise et l’encéphalite du Nil Occidental.

Il existe 4 sérotypes désignés DEN-1, DEN-2, DEN-3 et DEN-4 respectivement. L’infection avec un sérotype donné chez l’humain confère une immunité spécifique à vie ainsi qu’une séroprotection croisée brève de 6 à 8 semaines, mais ne protège pas contre une réinfection ultérieure avec un autre sérotype. Du point de vue phylogénétique, le virus de la dengue partage plusieurs caractéristiques avec les autres membres de la famille des Flaviviridae, ce qui peut être à l’origine de réactions sérologiques croisées.

Transmission

La dengue est une arbovirose (de l’anglais arthropod-borne virus), c’est-à-dire qu’elle est transmise par une piqûre de moustique. L’humain est l’hôte principal, bien qu’un cycle sylvatique impliquant les singes ait été décrit dans certaines régions du monde.

Le principal vecteur impliqué est Aedes aegypti que l’on peut retrouver dans toutes les régions du globe situées entre 35°N et 35°S de latitude, régions où la température hivernale se maintient au-delà de 10°C. A. albopictus, A. polynesiensis et plusieurs espèces du complexe A. scutellaris ont également été impliquées dans des circonstances particulières. Le moustique se retrouve rarement à des altitudes supérieures à 1 000 m et possède une portée d’environ 100 m.
Ce moustique anthropophilique vit en zone urbaine, à proximité des habitations, et peut même vivre à l’intérieur dans les endroits sombres. Il se reproduit habituellement dans les habitats artificiels domestiques contenant de l’eau stagnante. La transmission peut être plus importante par température chaude et lors de la saison des pluies, conditions environnementales lui étant favorables.

L’Aedes s’infecte lors d’un repas chez un hôte en phase virémique et, après une période de 8-10 jours, peut transmettre l’infection à d’autres hôtes. Il s’agit d’un insecte diurne pouvant piquer plusieurs fois dans la même journée et qui, une fois infecté, demeure infectieux pour la durée de sa vie qui varie de 1 à 4 semaines. Chez la femelle, une transmission transovarienne est possible, mais ne contribuerait pas de façon significative à la transmission chez l’humain.

Incubation

La période d’incubation peut s’étendre de 3 à 14 jours, mais se situe généralement autour de 5 à 8 jours.

Tableau clinique

L’infection est souvent asymptomatique et les deux modes de présentation sont la fièvre de dengue classique et la fièvre hémorragique, avec ou sans syndrome de choc associé.

Fièvre de dengue classique

La fièvre de dengue classique se caractérise par un début soudain de forte fièvre, pouvant atteindre 41°C, accompagnée de myalgies et d’arthralgies intenses (breakbone fever), de céphalées frontales, de douleurs rétro-orbitaires, et d’un flushing dans les premiers 24 a 48 heures. Par la suite, une lassitude, une hyperesthésie cutanée, de la toux ainsi que des malaises gastro-intestinaux peuvent apparaitre.

Après 6 à 8 jours, on assiste généralement à une défervescence, puis l’apparition d’une éruption maculopapulaire scarlatiniforme au niveau du tronc et des extrémités, souvent associé à une reprise de la fièvre (saddle-back fever). Des manifestations hémorragiques généralement bénignes, comme une épistaxis, un saignement gingival, de l’hématurie, des ménorragies, des saignements gastro­intestinaux ou des pétéchies peuvent parfois survenir à ce stade.

Une leucopénie ainsi qu’une thrombocytopénie apparaissent souvent lors de la présentation initiale. La convalescence est souvent marquée par une fatigue intense pouvant, dans certains cas, persister jusqu’à un an. La létalité est très faible, soit moins de 1 %.

Dengue hémorragique

La dengue hémorragique est une manifestation plus rare et plus sévère de l’infection. Les facteurs de risques pour développer une dengue hémorragique sont l’âge, le sérotype infectant, le statut immunitaire, ainsi qu’une prédisposition génétique.

Bien que cette forme puisse survenir lors d’une primo-infection, elle survient classiquement lors d’une seconde infection avec un autre sérotype. L’hôte serait sensibilisé lors de la primo-infection et, lors de la seconde infection, une réaction immunologique amplifiée due à la présence d’anticorps hétérotypiques non neutralisants serait responsable des deux changements physiopathologiques principaux observés, soit une fuite plasmatique ainsi que des anomalies de l’hémostase.

Cette forme se rencontre surtout chez les nouveaux-nés de mères immunes ainsi que chez les enfants de moins de 15 ans en zone endémique. Les manifestations cliniques initiales sont les mêmes que pour la fièvre de dengue, auxquelles d’autres éléments viennent s’ajouter, dont les phénomènes hémorragiques (test du tourniquet positif), une thrombocytopénie sévère et une hémoconcentration. Une hépatomégalie ainsi que des épanchements pleuraux et de l’ascite sont souvent présents.

La phase critique survient lorsque la fièvre s’amende, entre le 2e et le 7e jour. À ce moment, le patient peut évoluer vers une récupération ou présenter une détérioration rapide avec choc hypovolémique. Le taux de mortalité associé peut atteindre 20 % en l’absence de traitement approprié, mais serait autour de 5 % avec des soins intensifs adéquats. Les survivants vont habituellement récupérer rapidement après quelques jours.