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Les vagues de chaleur ont des conséquences importantes sur la santé de la population. Elles peuvent entraîner des hospitalisations supplémentaires, divers effets physiques et psychologiques, voire plus de décès qu’à l’habitude. Selon les projections climatiques, la fréquence et la durée des vagues de chaleur continueront d’augmenter dans toutes les régions. Se préparer et s’adapter aux périodes de chaleur intense revêt donc une grande importance.
Qu’est-ce qu’une vague de chaleur extrême?
Au Québec, lorsque la température atteint un certain seuil le jour et la nuit susceptible d'augmenter les décès, et ce, pendant trois jours consécutifs, on peut parler de vague de chaleur extrême. Le réseau de la santé et des services sociaux au Québec emploie des seuils de température variant selon les régions. Le jour, les seuils sont de 31 ou de 33 °C, alors qu’ils fluctuent de 16 à 20 °C la nuit. Les régions plus au sud affichent des seuils plus élevés que les régions du nord et de l’est du Québec.
Tendances et projections
Les conséquences sociales et environnementales des changements climatiques découlent majoritairement d’une augmentation des températures moyennes à l’échelle planétaire. Jusqu’à ce jour, le Québec n’y fait pas exception, ayant subi une hausse des températures moyennes estivales de 1,5 ºC de 1948 à 2016.
Les températures moyennes devraient grimper encore de 2 à 6 °C d’ici la fin du 21e siècle au Canada, selon le Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC). Le Nord devrait connaître des hausses des températures annuelles moyennes plus substantielles.
- Des villes comme Alma, Québec et Rimouski pourraient ainsi voir leurs températures moyennes estivales s’élever de 3 à 6 °C d'ici la fin du 21e siècle.
Pour connaître les températures moyennes annuelles projetées dans votre région, consultez les portraits climatiques d’Ouranos. Voir aussi ces pages pour les changements des températures observés et projetés.
Impacts sur la santé
Les effets des vagues de chaleur sur la santé humaine se font sentir partout dans le monde. Les recherches scientifiques démontrent sans équivoque les liens entre la chaleur extrême et la santé. La majorité de ces effets résultent de mécanismes complexes pouvant toucher presque tous les organes et systèmes du corps humain.
Maladies et traumatismes
La chaleur accroît l’effort du cœur, accélère la déshydratation et entraîne une élévation de la température corporelle. Pour ces raisons notamment, les chaleurs intenses peuvent causer des problèmes de santé divers, dont l’épuisement par la chaleur, le coup de chaleur ou l’aggravation de problèmes de santé préexistants (p. ex. cardiaques ou rénaux).
Les périodes de chaleurs importantes peuvent intensifier également certaines complications associées au diabète comme la déshydratation ou l’accumulation de toxines chez les patients diabétiques ou avec insuffisance rénale. Les effets délétères de la chaleur surviennent lorsque les mécanismes de régulation de la température corporelle sont dépassés, ce qui augmente les risques de déshydratation et d’hyperthermie. Par ailleurs, lors des vagues de chaleur, les personnes diabétiques, les personnes âgées, celles considérées comme étant obèses ou aux prises avec des maladies rénales, pulmonaires ou cardiaques sont plus susceptibles d’être hospitalisées ou de décéder. Finalement, les chaleurs extrêmes augmentent le risque de chute ou d’accident du travail en raison notamment de la perte de concentration provoquée par la chaleur.
Décès
La chaleur excessive engendre davantage de décès au sein des populations exposées qu’en présence d’une température confortable ou neutre.
- En 2010, on a répertorié 291 décès liés aux vagues de chaleur au Québec.
- En 2018, une vague de chaleur ayant frappé neuf régions aurait causé 210 décès supplémentaires.
- En 2020, ce nombre s’élève à 149 décès pour les vagues de chaleur qui ont touché huit régions.
Consultez notre page Surveillance pour accéder à nos bilans à ce sujet depuis 2010. La mortalité associée à la chaleur croît avec l’augmentation des températures. Fait encourageant : l'implantation de mesures d'adaptation au sein de la population peut diminuer l’occurrence de décès avec l’avancement de la saison chaude.
- Sans mesures d'adaptation, la mortalité au Canada pourrait augmenter de 2,5 à 5,5 fois d’ici la fin du siècle, selon divers scénarios climatiques et démographiques.
Un dôme de chaleur mortel en Colombie-Britannique
En juin 2021, la Colombie-Britannique a subi une vague de chaleur sans précédent. La température dans la ville de Lytton a atteint 49,6 °C, la plus chaude enregistrée au Canada. 619 personnes sont décédées, ce qui en a fait l’événement climatique le plus mortel au pays.
Visionnez la conférence des 25es JASP à ce sujet Comment s’adapter aux changements climatiques? L’expérience vécue par la Colombie-Britannique.
Santé périnatale
Plusieurs complications à la naissance sont associées à la chaleur. Même si ces effets sont observables, ils demeurent plutôt rares. Au Québec et ailleurs, on a démontré que l’exposition à la chaleur de la femme enceinte, surtout en fin de grossesse, pouvait contribuer à un accouchement prématuré, à un décollement placentaire, à l’avortement spontané ou aux complications congénitales chez l’enfant comme les malformations du cœur ou du tube neural.
Santé psychosociale
Les températures chaudes ont également des effets sur la santé psychologique et sociale. Elles augmentent entre autres le stress et la propension aux comportements agressifs.
Les chaleurs intenses peuvent pousser à l’isolement chez soi et décourager la pratique d’activités sportives et récréatives extérieures. Cet isolement peut aussi mettre en danger la santé des individus qui dépendent de leur réseau social pour faire face aux aléas, en particulier les personnes âgées, avec des incapacités ou à faible revenu.
Les périodes de chaleur pourraient également favoriser l'’éclosion ou l’aggravation de problèmes psychologiques et comportementaux.
- De 2002 à 2010 à Toronto, les admissions à l’urgence en lien avec la schizophrénie, les troubles de l’humeur et les troubles anxieux ont augmenté de 29 % lors des vagues de chaleur.
- Une tendance similaire a été observée dans le sud du Québec pour les problèmes psychosociaux et de santé mentale.
- L’augmentation du risque de suicide grimperait de 1 à 37 % pour chaque augmentation d’un degré au-delà d’une température confortable.
- Le risque de suicide au Canada est 1,46 fois plus élevé à 24 °C qu’à -15 °C.
Système de santé
La demande pour les soins de santé et de services sociaux s’exacerbe lors de vagues de chaleur. Cette hausse peut accroître le fardeau déjà important sur les établissements de santé. Dans un tel contexte, ceux-ci pourraient devoir délester certains services, c’est-à-dire reporter des rendez-vous. Par ailleurs, le volume d’appels à Info-Santé (811) est aussi à la hausse.
Quelques chiffres :
- Lors de la vague de chaleur au Québec en 2018, le transport en ambulance a augmenté entre 11 et 23 % dans toutes les régions touchées. Certaines ont aussi connu une hausse du nombre d’admissions à l’urgence et d’hospitalisations.
- En Ontario, les journées les plus chaudes de 1986 à 2013 ont accru le nombre d’hospitalisations pour maladies cardiovasculaires de 6 %.
Finalement, la chaleur de plus de 24 °C peut augmenter le risque de surdose, surtout de cocaïne.
Facture salée à prévoir
Les coûts attribuables au réchauffement des températures ont été évalués à 33 milliards (en dollars canadiens de 2012) pour la période 2015-2065 au Québec. La part la plus importante de ces coûts est associée à la mortalité due à la chaleur. Plusieurs coûts s'y ajoutent, tels que les frais liés aux plans d’urgence, aux interventions, à la sollicitation accrue du système de santé et aux pertes de productivité. Consultez cette étude de 2015 et l'article Les canicules engendrent des coûts. Voici pourquoi il est important de les quantifier.
Populations à risque
D’une part, les impacts sur la santé des vagues de chaleur varient en fonction de caractéristiques individuelles comme l’âge et les maladies chroniques. D’autre part, ils diffèrent en fonction du milieu de vie ou de travail, comme vivre dans un îlot de chaleur urbain ou travailler à l’extérieur. Les impacts à la chaleur sont donc modulés par divers facteurs tels que ceux influençant la sensibilité à la chaleur, ceux liés à l’exposition à la chaleur et les conditions météorologiques qui prévalent.
- Personnes âgées
- Bébés et enfants de moins de 5 ans
- Personnes à faible revenu ou vivant seules
- Personnes consommant de façon excessive de l’alcool ou des drogues
- Travailleuses et travailleurs à l’extérieur
- Personnes vivant avec des maladies chroniques
- Personnes prenant certains types de médicaments
- Personnes en mauvaise condition physique ou celles considérées comme étant obèses
- Personnes sportives ou adeptes de plein air
- Personnes en situation d’itinérance
- Personnes vivant dans un îlot de chaleur urbain ou un logement inadapté
- Femmes enceintes
Pour en savoir plus
Consultez nos publications pour accéder aux références dans ce texte :
- Les aléas affectés par les changements climatiques : effets sur la santé, vulnérabilités et mesures d’adaptation (2021)
- Mesures d’adaptation à la chaleur (2021)
- Médicaments et effets indésirables : recommandations cliniques en périodes de canicule (2015)
Visitez la section Web du ministère de la Santé et des Services sociaux sur la chaleur extrême à l’intention des équipes professionnelles en santé publique.
Consultez le rapport de l’Agence de santé publique du Canada La santé dans un climat en changement (2022) :
- La section 3.4 « Réchauffement moyen et événements de chaleur extrême »