Conjoints ayant des comportements violents

Qui sont les conjoints ayant des comportements violents?

  • Il n'existe pas un portrait type de conjoints ayant des comportements violents envers leur partenaire, notamment en raison de la grande diversité de violence conjugale qui peut être exercée et des facteurs qui y sont sous-jacents.
  • Les études ayant tenté de brosser un portrait de ces conjoints violents ont surtout porté sur les hommes et la majorité ont étudié des conjoints recevant des services ou ayant fait l’objet d’arrestation en lien avec la violence conjugale. Plus récemment, des études ont aussi été réalisées auprès d’hommes violents issus de la population générale1.

Nature de la violence

  • Les individus violents envers leur conjointe utiliseraient diverses formes de violence et y auraient recours régulièrement. Une étude effectuée auprès d’hommes fréquentant des centres québécois de traitement pour personnes ayant des comportements violents dans un contexte conjugal montre que :
    • 90 % d’entre eux rapportaient avoir fait usage de violence psychologique au cours de la dernière année (en moyenne à 41 reprises);
    • 66 % avait eu recours à la violence physique (moyenne de 12 épisodes dans la dernière année);
    • 33 % des hommes avaient utilisé la violence sexuelle (12 incidents en moyenne)2.

Au Canada, les personnes dont le partenaire est un grand buveur (i.e. prend au moins cinq consommations, à cinq occasions ou plus au cours d’un même mois) sont six fois plus susceptibles d'être victimes de violence conjugale que les personnes dont le partenaire ne prend jamais plus de cinq consommations4. Source: ESG 2004

Caractéristiques des conjoints violents

  • Les facteurs sociaux, tels les rapports d’inégalité et de domination entre les sexes, ont été largement associés à la violence commise dans un contexte conjugal, mais apparaissent insuffisants pour comprendre la complexité du développement de comportements violents1.
  • Les caractéristiques psychologiques et sociales que l’on retrouve davantage auprès des conjoints violents comparativement aux hommes non violents dans leur couple concernent :
  • Les expériences négatives de l’enfance, dont le fait d’avoir été témoin de violence dans l’enfance, d’avoir été victime de mauvais traitements et d’avoir grandi avec des modèles parentaux violents physiquement sont aussi des facteurs caractérisant davantage l’enfance des hommes violents en contexte conjugal1,2.

Profil des conjoints ayant des comportements violents

Malgré l’identification de certaines caractéristiques plus présentes chez les hommes violents, les résultats obtenus dans les études plus récentes ont renversé l’idée d’un portrait unique de l’homme violent envers sa conjointe, puisque ces caractéristiques ne permettent pas de décrire tous les hommes ayant des comportements violents envers leur partenaire3.

Ainsi, les connaissances scientifiques actuelles font ressortir trois typologies de conjoints violents physiquement. Ces distinctions se basent surtout sur la nature et l’intensité de la violence commise par ces hommes et sur les caractéristiques psychologiques qu’ils présentent1,3.

Même si la violence exercée par les conjoints violents dans la famille seulement est surtout mineure et épisodique, elle ne doit pas être banalisée et acceptée pour autant, car elle n'est pas inoffensive3. De plus, ces hommes présenteraient davantage de difficultés personnelles, psychologiques et conjugales que les hommes non violents. Ce groupe d’hommes représente au moins la moitié de ceux exerçant de la violence envers leur conjointe3.

  • Un premier groupe concerne les hommes exerçant la violence dans la famille seulement et correspondrait surtout aux hommes identifiés comme faiblement violents dans les enquêtes populationnelles3. Ces derniers auraient recours à des comportements violents moins fréquemment et de moindre gravité que les hommes des deux autres groupes et cette violence serait confinée à la famille1,3. Les hommes de ce groupe présenteraient des profils psychosociaux moins lourds (faible occurrence de problèmes de santé mentale, peu de mauvais traitements vécus dans l’enfance, faible implication dans des activités criminelles1,3), mais leurs principales difficultés résideraient dans leur manque d’habiletés sociales, leur gestion du stress déficiente et leurs faibles habiletés de gestion des conflits, qui seraient à la base de leurs comportements violents1,3.
  • Les hommes avec état-limite (aussi appelé groupe d’hommes dysphoriques) constituent le deuxième groupe de conjoints violents. Ces hommes présenteraient un niveau de violence élevé envers leur partenaire avec une plus grande fréquence d’agression physique. Ils seraient notamment reconnus pour leur humeur imprévisible1. Ils auraient des attitudes hostiles envers les femmes et une tolérance modérée à la violence3. Les hommes de ce groupe présenteraient des patrons d’attachement insécurisant, résultant en des comportements de dépendance à leur partenaire et des préoccupations de rejet et d’abandon1. Ils consommeraient davantage d’alcool et de drogue et seraient plus susceptibles d’adopter des comportements déviants ou criminels1,3. Finalement, dans leur enfance, ces hommes seraient plus nombreux à avoir vécu des mauvais traitements, dont l’agression sexuelle, et à avoir été témoins de violence conjugale1,3.
  • Le troisième groupe réfère aux hommes antisociaux (ou appelés hommes généralement violents) où ceux-ci présenteraient les niveaux les plus élevés de violence physique, sexuelle et psychologique envers la partenaire1. Pour ces hommes, la violence constitue un mode de fonctionnement dans toutes les sphères de leur vie, ce qui expliquerait qu’ils soient davantage impliqués dans des crimes violents et qu’ils fassent l’objet de plus d’arrestations1. Ces hommes présentent habituellement peu d’empathie et ont tendance à attribuer leurs émotions négatives et leurs réactions aux autres1. Ils présenteraient aussi des patrons d’attachement insécurisant qui se manifesteraient entre autres par des difficultés à faire confiance et des préoccupations importantes de contrôle de leur environnement1. Enfin, les hommes de ce groupe présenteraient des attitudes d’approbation de la violence et sont plus nombreux à avoir vécu des niveaux élevés de violence dans leur famille d’origine3.

Dernière mise à jour : Octobre 2016

Références

  1. Hamberger, K.H. (2009). Risk factors for intimate partner violence perpetration: Typologies and characteristics of batterers. Dans C. Mitchell et D. Anglin (Eds.), Intimate partner violence : A health-based perspective (pp. 133-145). Oxford: Oxford University Press.
  2. Lussier, Y. et Lemelin, C. (2002). Profil des hommes à comportements violents ayant fait une demande d’aide à un organisme de traitement en violence masculine. Rapport de recherche soumis aux Centres de traitement pour hommes à comportements violents. Laboratoire de psychologie du couple: Université du Québec à Trois-Rivières, 65p.
  3. Lussier, Y., Wright, J., Lafontaine, M., Brassard, A. et Epstein, N.B. (2008). L’évaluation et le traitement de la violence conjugale. Dans J. Wright, Y. Lussier et S. Sabourin (Eds.), Manuel clinique des psychothérapies de couple (pp. 445-505). Québec: Presses de l’Université du Québec.
  4. Statistique Canada (2005). La violence familiale au Canada: un profil statistique. Le Quotidien. Ottawa, ON: Statistique Canada.