En raison de leur vaste utilisation depuis de nombreuses années et de leur persistance dans l’environnement, les PFAS sont présentes partout dans l’environnement. Les populations y sont toutes exposées à divers degrés par de multiples sources, dont les aliments et l’eau.
Les sources environnementales
Les PFAS peuvent aboutir dans l’environnement de diverses manières. Par exemple, selon le gouvernement du Canada, les mousses extinctrices pour les incendies peuvent constituer une des sources importantes de PFAS dans l’environnement au Canada. Les émissions de certaines industries et les déversements accidentels figurent parmi d’autres sources potentielles de contamination environnementale. Enfin, puisqu’ils sont utilisés dans de nombreux produits de consommation, les PFAS peuvent aussi se retrouver dans les matières résiduelles destinées à l’incinération, à l’enfouissement ou à la valorisation.
Les plantes et les animaux peuvent absorber les PFAS introduites dans l’environnement, qui peuvent ainsi s’accumuler dans les chaînes alimentaires. Ils peuvent aussi se retrouver dans les poussières et les particules fines relâchées dans l’air lors de la dégradation des matériaux et des produits de consommation contenant des PFAS. Les PFAS présentes dans les sols peuvent contaminer les sources d’eau potable. La persistance de ces composés leur permet d’être transportés sur de longues distances et de se répandre dans la plupart des milieux, même loin de leurs sources d’émission.
L’exposition de la population
Puisque les PFAS sont omniprésentes dans l’environnement et dans plusieurs produits d’usage courant, les populations y sont exposées par de multiples sources. Selon l’Agency for Toxic Substances and Disease Registry (ATSDR) des États-Unis et l’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA), l’alimentation est généralement la principale source d’exposition de la population à plusieurs PFAS. L’ingestion d’eau potable ou de poussières ou encore l’inhalation de particules en suspension dans l’air intérieur peuvent également constituer d’importantes sources d’exposition dans certaines situations particulières.
Le lait maternel peut aussi contenir des PFAS. Les risques liés à cette exposition chez les bébés allaités sont incertains. En revanche, les nombreux bienfaits de l’allaitement pour la santé du bébé et de la mère sont connus et démontrés. Conséquemment, il demeure recommandé pour les mères qui allaitent et celles qui prévoient de le faire de poursuivre dans cette voie.
Selon les données de l’Enquête canadienne sur les mesures de la santé (ECMS), entre les années 2007-2011 et 2018-2019, on remarque une tendance à la baisse des concentrations de cinq PFAS dans le sang, soit le PFOA, le PFNA le PFDA, le PFHxS et le PFOS. L’Institut national de santé publique du Québec a extrait et publié les données sur le PFOA, le PFOS et le PFHxS associés aux participant(e)s québécois des deux premiers cycles de cette enquête (2007-2011). Aucune différence significative n’a été observée entre ces données québécoises et celles mesurées chez les participant(e)s de l’ECMS des autres provinces canadiennes. Ceci suggère donc que l’exposition moyenne de la population québécoise ne se distingue pas de celle du reste de la population canadienne. L’ensemble de ces données ainsi que les tendances se comparent aux concentrations mesurées au sein de la population américaine. Selon l’ATSDR et l’EFSA, la diminution des concentrations sanguines de PFOS et de PFOA chez les humains s’observe largement depuis les années 2000, notamment à la suite de l’ajout de l’interdiction de ces deux substances à la convention de Stockholm. Cependant, certaines études semblent montrer que les concentrations sanguines d’autres PFAS, comme le PFNA, le PFDA et le PFUnDA, ont augmenté dans certaines populations.
Exemples de mesures susceptibles de limiter l’exposition
Le choix des actions devant être entreprises doit considérer que les effets toxiques appréhendés des PFAS ont été associés à des expositions à long terme. Par exemple, les gouvernements peuvent décréter des interdictions ou des restrictions d’usage des PFAS et de produits en contenant. Ils ont d’ailleurs déjà adopté de telles mesures. Le PFOS (et ses dérivés), le PFOA (et ses dérivés) et le PFHxS (et ses dérivés) ont respectivement été inscrits à la convention de Stockholm en 2009, 2019 et 2022 afin de bannir leur production et leur utilisation. Le gouvernement du Canada a également mis en place certaines mesures de gestion. Notamment, le Règlement sur certaines substances toxiques interdit depuis 2016 de fabriquer, de vendre ou d’importer des PFOS, des PFOA et des LC-PFCA (sauf exception pour certains produits). Les mesures de gestion du risque imposées par les gouvernements à l’échelle internationale ont cependant conduit les industries à substituer les composés interdits (notamment le PFOS et le PFOA et leurs dérivés) par d’autres PFAS. Ces derniers ont souvent une persistance environnementale appréhendée plus faible, toutefois leur toxicité est moins bien documentée.
Pour en savoir plus
Agency for Toxic Substances and Disease Registry (ATSDR). 2021. Toxicological profile for perfluoroalkyls.
European Food Safety Authority (EFSA). 2020. Risk to human health related to the presence of perfluoroalkyl substances in food.
Gouvernement du Canada. 2021. La Gazette du Canada, Partie I, volume 155, numéro 17 : Avis du Gouvernement.
Ministère de l’Environnement, de la Lutte contre les changements climatiques, de la Faune et des Parcs (MELCCFP). 2022. Composés perfluorés dans l’eau potable au Québec — Suivis réalisés de 2016 à 2021.
Organisation mondiale de la santé (OMS). 2023. PFOS and PFOA in drinking water: background document for development of WHO guidelines for drinking-water quality.
Santé Canada. 2021. Les substances perfluoroalkylées et polyfluoroalkylées (PFAS) dans la population canadienne. Ottawa (Ontario).
Stockholm Convention. PFAS listed under the Stockholm Convention.
Valcke M. 2018. Extraction des données québécoises de biosurveillance des substances chimiques de l’environnement issues de l’Enquête canadienne sur les mesures de santé. Rapport d’étude. Institut national de santé publique du Québec.