Homicide conjugal

Faits saillants

  • L’homicide conjugal est la forme la plus fréquente d’homicide familial au Québec et au Canada.
  • La très grande majorité des homicides conjugaux sont commis par un homme à l’endroit d’une femme dans le cadre d’une relation hétérosexuelle.
  • Au Québec, en 2021, il y a eu 14 personnes victimes d'homicide conjugal (14 femmes) et 35 personnes victimes de tentative de meurtre ou de complot en vue de commettre un meurtre en contexte conjugal (26 femmes et 9 hommes).
  • Au Canada, plus du quart des personnes victimes d’homicide conjugal sont Autochtones. En 2022, parmi les 101 Autochtones victimes d’homicide commis par un ou une partenaire intime, quatre sur cinq était une femme.
  • La présence d’antécédents de violence conjugale dans la relation et la séparation sont les facteurs qui augmenteraient le plus les risques d’homicide conjugal.
  • L’homicide conjugal peut engendrer des conséquences importantes chez les enfants des personnes victimes. Les conséquences peuvent être d’ordre psychologique, social, physique et scolaire.

Dans ce texte, l’homicide conjugal réfère à tout homicide commis par un ou une partenaire intime ou ex-partenaire intime.

Un féminicide (aussi appelé fémicide) est le meurtre d’une femme au simple motif qu’elle est une femme, quel que soit son âge et quel que soit le contexte(1). Ainsi, un féminicide peut être commis au sein de la famille, comme envers une partenaire ou ex-partenaire intime, mais peut également être commis dans un autre contexte (p. ex. violence envers les travailleuses du sexe, traite des personnes, crime organisé, féminicide basé sur l’honneur)(2).

L’homicide conjugal est la forme la plus fréquente d’homicide familial au Québec et au Canada(3,4). Dans les données policières publiées par le ministère de la Sécurité publique et Statistique Canada, les homicides commis par un ou une partenaire intime réfèrent aux homicides dont la personne auteure présumée est le conjoint ou la conjointe (mariée ou en union de fait), l'ex-conjoint ou l'ex-conjointe, l'ami ou l’amie intime ou l'ex-ami ou l’ex-amie intime. L’homicide conjugal réfère à trois infractions au Code criminel, soit le meurtre au premier degré, le meurtre au deuxième degré et l’homicide involontaire coupable.

Contrairement aux situations de violence conjugale n’impliquant pas le décès d’une ou d’un partenaire intime, la presque totalité des homicides sont signalés à la police. Ainsi, les données policières permettent de mieux documenter le nombre réel d'homicides conjugaux et leurs caractéristiques (p. ex. la nature de la relation entre la personne victime et la personne auteure, l’arme utilisée, le lieu de l’affaire, et la catégorie d’infraction) que les autres situations de violence conjugale.

Données québécoises déclarées par la police

Dans ce texte, le terme « personne auteure présumée » provient de la nomenclature utilisée par le Programme de déclaration uniforme de la criminalité (DUC). Il est employé afin de bien refléter les données rapportées par les corps policiers.

Au Québec, les données policières sont publiées annuellement par le ministère de la Sécurité publique à partir du Programme de déclaration uniforme de la criminalité (DUC). Les données de 2021 présentées dans ce texte sont provisoires, c’est-à-dire qu’elles sont sujettes à changement, selon la progression des enquêtes, et qu’elles seront finales l’année suivante à la fin du processus de validation.

Au Québec, en 2021, il y a eu 14 personnes victimes d'homicide conjugal (14 femmes) et 35 personnes victimes de tentative de meurtre ou de complot en vue de commettre un meurtre en contexte conjugal (26 femmes et 9 hommes)(3).

  • Les femmes représentaient 100 % des victimes d’homicide conjugal et 74 % des personnes victimes de tentative de meurtre et de complot en vue de commettre un meurtre en contexte conjugal.
  • La majorité des personnes victimes d’homicide conjugal étaient âgées de 30 à 49 ans (71 %). Concernant les tentatives de meurtre, près de la moitié (46 %) des personnes victimes étaient âgées de 25 à 39 ans.
  • Dans 86 % des cas d’homicide conjugal, l’auteur présumé était le partenaire intime actuel de la personne victime. Dans les autres cas, il s’agissait d’un ex-partenaire intime. La totalité des auteurs présumés était des hommes (100 %). Pour les tentatives de meurtre, la personne auteure présumée était le ou la partenaire intime actuelle dans 51 % des cas et, dans les autres cas, il s’agissait d’un ou d’une ex-partenaire intime (49 %). Les hommes composaient la majorité des auteurs présumés (74 %).
  • De 2020 à 2021, il y a eu une augmentation du nombre d’homicides (+26,7 %, +3 crimes) et des tentatives de meurtre et de complots en vue de commettre un meurtre (+45,2 %, +11 crimes).
  • De 2010 à 2021, des fluctuations ont aussi été observées dans le nombre d’homicides, de tentatives de meurtre et de complots en vue de commettre un meurtre et de négligence criminelle en contexte conjugal (voir le graphique 1). Cependant, il n’est pas possible de dégager de tendance à partir des fluctuations observées pour cette période en raison du nombre de cas limité(3,5).

Graphique 1. Évolution du nombre d’infractions liées aux homicides et aux tentatives de meurtre commises en contexte conjugal selon la catégorie d’infractions et l’année, Québec, 2010 à 2021p

 

p : données provisoires

Sources :
Ministère de la Sécurité publique (2022). Criminalité au Québec – Infractions contre la personne commises dans un contexte conjugal en 2019. https://cdn-contenu.quebec.ca/cdn-contenu/adm/min/securite-publique/publications-adm/publications-secteurs/police/statistiques-criminalite/violence-conjugale/stats_violence_conjugale_2019.pdf

Ministère de la Sécurité publique (2023). Criminalité au Québec – Infractions contre la personne commises dans un contexte conjugal en 2021. https://cdn-contenu.quebec.ca/cdn-contenu/adm/min/securite-publique/publications-adm/publications-secteurs/police/statistiques-criminalite/violence-conjugale/stats_violence_conjugale_2021.pdf

Données québécoises provenant du Bureau du coroner

Dans le cadre de cette étude, un cas réfère à une situation de violence conjugale, laquelle peut avoir entraîné plusieurs décès. Pour chaque personne décédée, un dossier d’investigation du coroner a été complété. Ainsi, pour les homicides multiples et les homicides suivis d’un suicide, le cas comprend plusieurs décès et donc plusieurs dossiers de personnes décédées, ce qui explique pourquoi le nombre de dossiers et de décès (165) est supérieur au nombre de cas de violence conjugale (113)(6).

Une analyse des données du Bureau du coroner de 2008 à 2018 a permis de recenser 165 décès survenus en contexte conjugal et d’en dresser un portrait(6). Parmi les personnes décédées, 82 étaient des personnes victimes de violence conjugale, 56 étaient des personnes auteures de violence conjugale et 27 étaient des victimes collatérales (principalement les enfants de la personne victime). En ce qui concerne les circonstances et les caractéristiques entourant les décès des personnes victimes de violence conjugale, 75 sont décédées par homicide commis par leur partenaire ou ex-partenaire et 7 sont décédées par suicide.

Parmi les 113 cas de violence conjugale ayant mené à un décès :

  • Les femmes représentaient la très grande majorité des personnes victimes (96 %).
  • Concernant l’âge des personnes victimes, 12 % étaient âgées de moins de 24 ans, 42 % étaient âgées de 25 à 44 ans, 25 % étaient âgées de 45 à 64 ans et 9 % de 65 ans et plus. Dans 12 % des cas, les données sur l’âge étaient manquantes.
  • La presque totalité des personnes auteures d’homicides conjugaux était des hommes (98 %).
  • La presque totalité des cas se sont produits au sein d’une relation hétérosexuelle (111 sur 113). Les deux autres cas se sont produits dans le cadre d’une relation entre conjoints de même sexe (partenaires masculins).
  • La durée moyenne de la relation précédant l’homicide était de moins d’un an (8 %), de 1 à 5 ans (19 %), de 5 à 10 ans (15 %), de 10 ans et plus (30 %) et inconnue dans 28 % des cas. Dans plus de la moitié des cas (55 %), les partenaires cohabitaient au moment du décès. Le graphique 2 présente la répartition des personnes victimes selon leur lien avec la personne auteure au moment du décès(6).
  • Parmi les circonstances de décès les plus fréquents, 39 % des cas étaient l’homicide de la personne victime de violence conjugale et 22  % étaient l’homicide de la personne victime de violence conjugale suivi du suicide du partenaire (homicide-suicide).

Graphique 2. Répartition (en %) des personnes victimes de violence conjugale décédées, selon le lien avec la personne auteure, Québec, 2008-2018

 

* La catégorie « Autres partenaires intimes » inclut les partenaires qui ne sont ni mariés ou unis civilement, ni conjoints de fait. Il s’agit, pour la plupart, de partenaires qui ne cohabitent pas.

Source : Laforest, J. et Poitras, D. (2020). Rapport d’analyse des décès liés à la violence conjugale au Québec entre 2008-2018. Institut national de santé publique du Québec. https://www.inspq.qc.ca/sites/default/files/publications/2766_deces_violence-conjugale.pdf

Données canadiennes déclarées par la police

Au Canada, selon les données déclarées par la police issues de l’Enquête sur les homicides (EH), il y a eu 1 125 homicides de femmes et de filles liés au genre de 2011 à 2021. Parmi ces homicides, les deux tiers (66 %) ont été perpétrés par une ou un partenaire intime(7). En 2021, la police a déclaré 90 personnes victimes d’homicide conjugal, dont les trois quarts étaient des femmes (76 %) et un quart était des hommes (24 %). Le nombre de personnes victimes d’homicide conjugal en 2021 était plus élevé qu’en 2020 (84 personnes victimes) et qu’en 2019 (77 personnes victimes)(8).

Les Autochtones sont surreprésentés parmi les personnes victimes de violence, dont les homicides conjugaux. La violence vécue par cette population est indissociable de causes structurelles liées au colonialisme, aux conséquences de traumatismes historiques et à la discrimination(9). La population autochtone représente 5 % de la population totale au Canada, mais plus du quart (26 %) des personnes victimes d’homicides conjugaux de 2014 à 2019 étaient Autochtones(10). En 2022, parmi les 101 Autochtones victimes d’homicide commis par un ou une partenaire intime, 82 % étaient des femmes et 18 % étaient des hommes(11).

Bien que moins fréquents, les homicides peuvent également survenir en contexte de relations intimes à l’adolescence. Selon une étude américaine analysant les données de surveillance de 32 États de 2003 à 2016, 6,9 % (n = 150) de tous les homicides commis à l’endroit des adolescentes et des adolescents de 11 à 18 ans auraient été commis dans le cadre d’une relation intime (sur un total de 2 188 homicides tous âges confondus). La majorité des personnes auteures de ces homicides étaient âgées de 18 ans et plus (77,9 %) et avaient une différence d’âge moyenne de 4,7 ans avec la personne victime. Tout comme pour la population adulte, les filles sont surreprésentées en tant que personnes victimes (90 %). Les homicides impliquaient souvent une rupture ou de la jalousie et l'utilisation d'une arme à feu(12).

Mise en garde – Un facteur associé à l’homicide conjugal est une caractéristique individuelle, relationnelle ou environnementale pour laquelle une association statistiquement significative avec l’homicide conjugal est démontrée. Il ne s’agit pas d’une relation de cause à effet.

Des facteurs ont été associés à un plus grand risque de commettre un homicide conjugal ou d’en être victime (tableau 1). Dans la très grande majorité des cas d’homicides conjugaux examinés par le Bureau du coroner du Québec de 2008 à 2018, un ou plusieurs facteurs étaient présents, alors que seulement 8 % des cas examinés ne documentaient aucun facteur(6).

La présence d’antécédents de violence conjugale dans la relation et la séparation sont les facteurs qui augmenteraient le plus les risques d’homicide conjugal(13–15).

Les personnes victimes d’homicides ne sont jamais responsables de ce qu’elles ont subi. Néanmoins, certaines caractéristiques personnelles peuvent rendre une personne plus vulnérable à ce type de violence.

Tableau 1. Exemples de facteurs associés à un plus grand risque d’homicide conjugal§

Facteurs individuels(9,10,13–22)

Personne auteure

  • Être un homme
  • Avoir vécu de mauvais traitements durant l’enfance
  • Avoir des antécédents criminels de violence conjugale ou d’agression sexuelle
  • Avoir été détenu en prison
  • Avoir une consommation abusive d’alcool ou de drogues
  • Avoir des antécédents de menaces ou de tentatives de suicide
  • Avoir vécu une perte de statut ou d’emploi, ou être sans emploi
  • Avoir eu une perte financière significative ou éprouver des difficultés financières
  • Avoir des symptômes dépressifs
  • Avoir des problèmes de santé mentale
  • Avoir une scolarité de niveau primaire (plus haut niveau atteint)
  • Avoir un statut socioéconomique faible à moyen
  • Être issue de l’immigration ou avoir vécu un trauma préimmigration
  • Avoir accès à une arme à feu
  • Avoir des comportements ainsi que des propos stéréotypés et justifiant la violence (jalousie extrême, possessivité et contrôle)

Personne victime

  • Être une femme
  • Être Autochtone
  • Être une personne immigrante
  • Être sans emploi, à la retraite ou mère au foyer
  • Avoir complété une scolarité de niveau secondaire ou inférieur
  • Avoir des enfants issus d’une relation antérieure
Facteurs relationnels(13–23)
  • Relation actuelle (être marié, vivre en union de fait ou être en fréquentation intime)
  • Cohabitation des partenaires
  • Importante différence d’âge entre les partenaires (homme âgé de neuf ans ou plus que la personne victime)
  • Contexte de séparation (récente ou imminente), avec un risque accru durant la grossesse et dans les trois mois à un an suivant la séparation
  • Blessures subies à la suite d’un épisode de violence conjugale nécessitant une attention médicale, particulièrement celles liées aux étranglements
  • Violence conjugale dans la relation
    • Occurrence de multiples formes de violence (psychologique, physique ou sexuelle) et historique de victimisation conjugale dans la relation courante ou dans des relations antérieures
    • Comportements contrôlants ou obsessifs (p. ex. harcèlement, traque ou isolement)
    • Apparition de la violence conjugale tôt dans la relation
    • Escalade et intensification de la violence conjugale infligée envers la personne victime (p. ex. en fréquence, en gravité ou en variété)
    • Antécédents de menaces de mort envers la personne victime
    • Antécédents de menaces ou de mauvais traitements envers les enfants, menaces ou violence conjugale en présence des enfants
  • Conflits entourant la garde des enfants
  • Perte d’emprise sur la personne victime
  • Craintes de la personne victime ou de ses proches envers la personne auteure
Facteurs sociétaux(24,25)
  • Socialisation masculine valorisant la violence (p. ex. modèles masculins véhiculés dans les médias)
  • Sexisme et normes sociales rigides et stéréotypées dans les conceptions des rôles exercés par les hommes et les femmes (p. ex. l’homme en tant que pourvoyeur et protecteur de la famille)
  • Pays ayant une plus faible égalité raciale ou acceptabilité des personnes issues de la diversité sexuelle et de la pluralité des genres
  • Absence ou faible nombre de politiques publiques concernant le contrôle des armes à feu
Facteurs environnementaux(14,26,27)
  • Habiter en milieu rural
  • Éloignement géographique de la personne victime avec ses proches (famille, amies et amis)

§ Les facteurs associés ne sont pas présentés par ordre d’importance.

En plus de ces facteurs, certaines études ont examiné les raisons ou motivations apparentes données par la personne auteure pour avoir commis un homicide à l’endroit d’une conjointe ou d’une partenaire intime (victimes féminines). Les principales raisons évoquées étaient la possessivité, la jalousie, la frustration, le soupçon d’infidélité, le refus de la séparation, l’anticipation du rejet, le sentiment d’abandon et le désespoir(23,28).

Conséquences de l’homicide conjugal sur les enfants

L’homicide conjugal peut engendrer d’importantes répercussions sur le développement, la santé mentale et le bien-être des enfants des personnes victimes. Pour ces enfants, cela implique souvent la perte des deux parents, c’est-à-dire le parent victime de l’homicide et le parent auteur de l’homicide, décédé par suicide ou qui purge une peine de prison. Dans ces cas, les enfants doivent quitter le domicile familial et s'adapter à un nouvel environnement (p. ex. milieu d’accueil, quartier, école, amies et amis). Différents facteurs de risque survenant avant, durant et après l’homicide peuvent influencer les difficultés vécues par les enfants, incluant les antécédents de violence conjugale ou de mauvais traitement envers les enfants, le fait d’avoir été témoin de l’homicide et un accès limité à des services en santé mentale. Les répercussions qui en découlent sont variées et peuvent être d’ordre psychologique, social, physique et scolaire (p. ex. symptômes de stress post-traumatique, deuil traumatique, difficultés d'attachement, changements de poids et d'appétit, asthme et baisse des notes scolaires)(29).

 

Le terme « homicide familial » englobe plusieurs types d’homicides commis au sein de la famille : l’homicide conjugal, le familicide, le filicide (homicide d’un enfant de 17 ans et moins commis par un parent, un tuteur légal ou une tutrice légale ou un beau-parent), le parricide (homicide du père, de la mère ou des deux parents), le fratricide (homicide d’un frère par un autre membre de la fratrie) ou le sorroricide (homicide d’une sœur par un autre membre de la fratrie)(25).

  • Les homicides familiaux sont des crimes impliquant principalement des hommes auteurs et des femmes victimes(20,21).
  • Les homicides commis par un parent à l’endroit d’un ou d’une enfant surviennent souvent en contexte de séparation ou de litiges autour de la garde des enfants(6,19).
  • Les enfants décédés dans un contexte d’homicide familial ont souvent subi de mauvais traitements ou ont été exposés à la violence conjugale(6,19).

Pour l’année 2021, le Comité d’examen des décès liés à la violence conjugale du Bureau du coroner du Québec a examiné 11 événements de violence conjugale ayant causé un total de 30 décès, dont celui de plusieurs enfants(19).

  • Parmi ces décès, 16 des personnes victimes étaient des enfants (7 filles et 9 garçons). L’âge de ces enfants s’étalait de 1 an à 15 ans.
  • Pour tous les événements analysés, la personne auteure était un homme. La majorité des enfants (14 enfants sur 16) ont été tués par leur père biologique.
  • Dans plus du tiers des événements (4 événements sur 11), l’auteur a également tué sa conjointe ou ex-conjointe.
  • Dans presque tous les événements analysés, il y avait présence d’au moins un facteur associé aux homicides conjugaux en lien avec les enfants, soit les menaces ou les mauvais traitements envers les enfants, la menace ou la violence conjugale en présence des enfants ou les mésententes ou les différends sur la garde des enfants.
  • Tous les événements documentés se sont déroulés pendant ou après une rupture entre l’auteur et la conjointe victime.

Pour plus d’information, consulter la section sur les homicides familiaux.

L’homicide-suicide est l’homicide d’une personne suivi du décès par suicide de la personne auteure du crime. Les données policières ne rapportent toutefois pas de données spécifiques concernant les homicides-suicides. Elles rapportent tout de même des données sur le nombre d’affaires classées sans recommandation d’accusation, qui peuvent référer à des affaires dont la personne auteure présumée est décédée par suicide. Dans ces situations, il n’est donc pas possible d’avoir de mise en accusation de la personne auteure. Au Québec, en 2021, environ le tiers des homicides conjugaux (36 %) considérés comme des affaires classées l’ont été sans recommandation d’accusation(3). Au Canada, l’homicide de la conjointe suivi du décès par suicide de son conjoint constitue la forme la plus fréquente d’homicide-suicide(30).

Selon l’analyse des homicides conjugaux au Québec en 2018-2019 par le Comité d’examen des décès liés à la violence conjugale, trois événements comportant un homicide sur un total de huit ont été suivis du décès par suicide de la personne auteure(31). Une analyse des décès liés à la violence conjugale de 2008 à 2018 dans la province indique que, parmi les 56 personnes auteures décédées, 86 % sont décédées par suicide. Dans la majorité des cas, le suicide a été précédé d’un homicide(6).

Une autre analyse d’envergure de 718 cas d’homicides conjugaux survenus au Canada de 2010 à 2019 relève que, parmi les personnes auteures présumées (n = 760), 21 % sont décédées par suicide et 8 % ont tenté de se suicider suivant l’homicide. Cette analyse a été effectuée à partir d’informations rapportées dans les médias et les documents des tribunaux(32). Les données policières canadiennes de l’Enquête sur les homicides de 2011 à 2021 indiquent la même prévalence.

Certaines caractéristiques des personnes auteures (p. ex. consommation d'alcool ou problèmes de santé mentale), ainsi que le statut relationnel (p. ex. relation conjugale, pourvoyeur ou pourvoyeuse de soin) sont des facteurs qui contribueraient à augmenter les risques d'homicide-suicide. Le fait d’avoir accès à une arme à feu serait aussi un facteur déterminant. De plus, l’intériorisation du sentiment de culpabilité vécu par les personnes auteures pourrait exercer un rôle dans le passage au suicide après l’homicide(33).

Références

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  2. Dawson, M., D. Sutton, A. Zecha, C. Boyd, A. Johnson et A. Mitchell (2020). #Cestunfémicide : Comprendre les meurtres de femmes et de filles liés au sexe et au genre au Canada en 2020, [en ligne], Observatoire canadien du féminicide pour la justice et la responsabilisation (OCFJR), https://femicideincanada.ca/cestunf%C3%A9micide2020.pdf (consulté le 16 février 2022).
  3. Ministère de la Sécurité publique (2023). Criminalité au Québec - Infractions contre la personne commises dans un contexte conjugal en 2021, [en ligne], Ministère de la Sécurité publique, https://cdn-contenu.quebec.ca/cdn-contenu/adm/min/securite-publique/pub… (consulté le 1 mai 2023).
  4. David, J.-D. et B. Jaffray (2022). L’homicide au Canada, 2021, [en ligne], Statistique Canada, https://www150.statcan.gc.ca/n1/fr/pub/85-002-x/2022001/article/00015-f… (consulté le 16 février 2023).
  5. Ministère de la Sécurité publique (2022). Criminalité au Québec - Infractions contre la personne commises dans un contexte conjugal en 2019, [en ligne], Ministère de la Sécurité publique, https://cdn-contenu.quebec.ca/cdn-contenu/adm/min/securite-publique/pub… (consulté le 23 mars 2023).
  6. Laforest, J. et D. Poitras (2020). Rapport d’analyse des décès liés à la violence conjugale au Québec entre 2008-2018, [en ligne], Institut national de santé publique du Québec, https://www.inspq.qc.ca/publications/2766 (consulté le 6 mars 2023).
  7. Sutton, D. (2023). Les homicides de femmes et de filles liés au genre au Canada, [en ligne], Statistique Canada, « Juristat », https://www150.statcan.gc.ca/n1/fr/pub/85-002-x/2023001/article/00003-f… (consulté le 3 mai 2023).
  8. Statistique Canada (2022). « Les victimes de violence familiale et de violence entre partenaires intimes, affaires déclarées par la police au Canada, 2021 », Le Quotidien, [en ligne], n° 11, https://www150.statcan.gc.ca/n1/daily-quotidien/221019/dq221019c-fra.pdf (consulté le 16 février 2023).
  9. Statistique Canada (2023). Statistiques sur les crimes déclarés par la police au Canada, 2022, [en ligne], Statistique Canada, https://www150.statcan.gc.ca/n1/daily-quotidien/230727/dq230727b-fra.htm (consulté le 1 août 2023).
  10. Conroy, S. (2021). La violence familiale au Canada : un profil statistique, 2019, [en ligne], Statistique Canada, « Juristat », https://www150.statcan.gc.ca/n1/pub/85-002-x/2021001/article/00001-fra… (consulté le 16 février 2023).
  11. Statistique Canada (2023). « Nombre et taux de victimes d’homicide, selon le genre, l’identité autochtone et le type de relation entre la personne accusée d’homicide et la victime », dans Statistique Canada, [en ligne], https://www150.statcan.gc.ca/t1/tbl1/fr/cv.action?pid=3510011901 (consulté le 1 août 2023).
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Rédaction : Maude Lachapelle, conseillère scientifique, INSPQ | Catherine Moreau, conseillère scientifique, INSPQ

Collaboration : Dominique Gagné, conseillère scientifique, INSPQ

Révision externe : Geneviève Aylwin, analyste-conseil en statistiques policières, ministère de la Sécurité publique | Dave Poitras, conseiller scientifique spécialisé, INSPQ

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