Mythes et réalités

Mythe : La violence conjugale est un problème qui touche uniquement certains groupes et certaines couches de la société.

Réalité : La violence conjugale se retrouve dans tous les groupes sociaux, économiques et culturels. Des études semblent toutefois indiquer que certaines personnes sont plus à risque1.

Mythe : Les femmes sont aussi violentes que les hommes dans le contexte conjugal.

Plus de femmes que d'hommes sont victimes d’infractions commises dans un contexte conjugal au Québec (Statistiques– Ampleur- Données policières).

Dans les enquêtes populationnelles canadiennes, la proportion de femmes et d’hommes rapportant avoir été agressés physiquement ou sexuellement par un conjoint est similaire. Par contre, la nature et les conséquences des incidents violents sont plus graves pour les victimes féminines que pour les victimes masculines.

Voir aussi la section Théorie de la symétrie de la violence

Mythe : La violence conjugale est un problème d'ordre privé.

La violence conjugale est un problème d'ordre social. Plusieurs actes violents commis dans un contexte conjugal sont des infractions inscrites au Code criminel.

Mythe : L'homicide conjugal est un acte de désespoir, un geste d'amour. C'est un acte isolé et désespéré.

L'homicide conjugal est un meurtre, souvent prémédité. Il constitue habituellement l'aboutissement d'une longue relation de violence et de domination.

Mythe : La violence conjugale est une chicane de couple.

Certaines caractéristiques présentes dans la relation de couple sont des indices de violence conjugale. Un rapport de force inégal, la peur, l’isolement, l’emprise de l’un et la soumission de l’autre dans le couple reflètent un contexte de violence conjugale2. La chicane de couple est quant à elle l'expression d'une mésentente entre deux personnes dans un rapport égalitaire qui peut se manifester par la colère et l'agressivité.

Voir aussi l’encadré - Violence conjugale ou chicane de couple?

Mythe : Il peut arriver que les victimes poussent l’agresseur à avoir recours à la violence.

Il n'y a pas de provocation, sinon des événements déclencheurs qui deviennent des « prétextes » à la violence. La personne qui agresse est responsable de ses actes. Aucune situation ou événement ne justifie le recours à la violence.

Mythe : L'usage d'alcool est la principale cause de la violence conjugale.

La consommation abusive d’alcool constitue un facteur de risque parmi d’autres dans le fait de commettre de la violence à l’endroit d’un partenaire3,4. La consommation d’alcool n’est toutefois pas une condition suffisante pour expliquer la violence conjugale et ne peut pas constituer une excuse à l’agressivité et à la violence.

Mythe : Le conjoint violent a des troubles mentaux.

Bien que les taux de troubles mentaux soient plus élevés chez les hommes qui commettent de la violence à l’endroit de leur partenaire, tous les hommes violents ne présentent pas de troubles mentaux3.

Mythe : La violence conjugale est une « perte de contrôle ».

Selon la Politique d’intervention en matière de violence conjugale, la violence conjugale « (…) ne résulte pas d'une perte de contrôle, mais constitue, au contraire, un moyen choisi pour dominer l'autre personne et affirmer son pouvoir sur elle »5.

Mythe : Les victimes qui restent avec un conjoint violent ne veulent pas s’en sortir.

Plusieurs raisons complexes expliquent pourquoi les victimes restent avec l'agresseur.

Mythe : Le conjoint violent manifeste de l’agressivité dans toutes les sphères de sa vie et cherche à dominer toutes les personnes qui l'entourent.

Le conjoint ayant des comportements violents n’est pas nécessairement violent dans toutes les sphères de sa vie (au travail ou envers des étrangers par exemple) et peut ne pas avoir d’antécédents criminels.

Mythe : Les enfants sont rarement présents lors des épisodes de violence conjugale.

Dans l’Enquête sociale générale de 2004, 40 % de toutes les femmes victimes de violence conjugale ont affirmé que des enfants avaient vu ou entendu cette violence6. Les experts s’entendent toutefois pour dire que ce taux sous-estime l’exposition réelle7 des enfants à la violence conjugale.

Mythe : Les enfants ne sont pas affectés par la violence conjugale lorsqu’ils n’en sont pas directement la cible.

Selon l’article 38c de la Loi sur la protection de la jeunesse, l’exposition d’un enfant à la violence conjugale, même s’il n’en est pas la cible, constitue une forme de mauvais traitements psychologiques à l’endroit de l’enfant et peut compromettre la sécurité et le développement de l’enfant.

Les enfants exposés à la violence conjugale sont plus susceptibles de présenter un ensemble de séquelles affectant leur fonctionnement, dont les symptômes de stress post-traumatique. Ces séquelles peuvent persister à l’âge adulte.

Dernière mise à jour : Octobre 2016

Références

  1. Hotton Mahony, T. (2011). Les femmes et le système de justice pénale. Femmes au Canada: rapport statistique fondé sur le sexe, 6e édition, Ottawa: Statistique Canada.
  2. Prud’homme, D. et Riendeau, L. (2004). Contexte de violence conjugale ou chicane de ménage: bien faire la distinction afin de mieux intervenir. Extrait des Actes du 4ième colloque de l’Association québécoise Plaidoyer-Victimes. 
  3. Heise, L. et Garcia-Moreno, C. (2002). La violence exercée par des partenaires intimes. Dans E.G. Krug, L.L. Dahlberg, J.A. Mercy, A. Zwi et R. Lozano-Ascencio (Eds.), Rapport mondial sur la violence et la santé (pp. 97-135). Genève: Organisation mondiale de la Santé.
  4. Organisation mondiale de la Santé (2006). L’alcool et la violence à l’égard du partenaire intime. Genève: Organisation mondiale de la Santé.
  5. Gouvernement du Québec (1995). Politique d'intervention en matière de violence conjugale. Prévenir, dépister, contrer. Québec: Gouvernement du Québec.
  6. Statistique Canada (2006). Mesure de la violence faite aux femmes: Tendances statistiques. Ottawa: Statistique Canada.
  7. Holt, S., Buckley, H. et Whelan, S. (2008). The impact of exposure to domestic violence on children and young people: A review of the literature, Child Abuse & Neglect, 32, 797-810.