Choléra
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Agent causal
Le choléra est une infection diarrhéique aiguë provoquée par l’ingestion d’eau ou d’aliments contaminés par le bacille Vibrio cholerae, une bactérie (vibrion) productrice de toxines.
Les sérogroupes O1 et O139 sont les principales causes des épidémies de choléra. De nombreux autres sérogroupes, avec ou sans le gène producteur de la toxine cholérique, peuvent provoquer une maladie semblable au choléra, mais ne causent généralement pas d’épidémie.
Transmission
Le choléra est étroitement associé au mauvais assainissement des eaux et à l’absence d’eau potable. Il se transmet le plus souvent par la consommation d’eau ou d’aliments contaminés au Vibrio cholerae par des matières fécales infectées. Les aliments crus ou insuffisamment cuits (en particulier les poissons et les crustacés) constituent des véhicules courants. La contamination peut également avoir lieu lorsqu’une personne infectée prépare de la nourriture sans s’être d’abord lavé les mains.
Tableau clinique
La période d’incubation varie entre quelques heures et cinq jours après l’exposition.
La plupart des personnes infectées ne manifestent aucun symptôme ou présentent des symptômes bénins. Les personnes symptomatiques présentent le plus souvent une diarrhée aqueuse aiguë.
Lorsqu’elles ont des manifestations cliniques, les personnes infectées peuvent excréter des vibrions avant l’apparition des symptômes et jusqu’à deux semaines après leur disparition.
La forme sévère survient dans 10 % des cas et se caractérise par une diarrhée très abondante (aspect en « eau de riz »), souvent accompagnée de nausées et de vomissements. En l’absence de traitement, une déshydratation sévère et un choc hypovolémique pouvant entraîner la mort en quelques heures peuvent survenir.
Le taux de létalité pour le choléra non traité atteint >50 %, mais il est de <1 % avec une réhydratation adéquate et rapide.
Traitement
La réhydratation est la pierre angulaire du traitement. On peut traiter la majorité des personnes atteintes en leur administrant rapidement une solution orale préparée avec des sels de réhydratation.
Pour les cas sévères présentant une déshydratation et des pertes liquidiennes continues, une réhydratation par voie intraveineuse accompagnée d’une antibiothérapie est indiquée.
Épidémiologie
Historiquement et jusqu’à présent, le choléra sévit surtout en Afrique, en Asie du Sud et du Sud-Est. Après un recul de l’incidence de la maladie dans la dernière décennie, on observe depuis 2021 une recrudescence importante des cas à l’échelle mondiale. Certains facteurs tels que les évènements climatiques extrêmes, les conflits armés et les migrations de population contribuent à cette transmission accrue. Selon l’OMS, en 2023, 535 321 cas ont été déclarés dans le monde. La majorité des cas ont été déclarés en Afrique et en Asie soit 225 857 et 254 368 cas, respectivement. Pour l’Afrique, cela représente une augmentation de 125 % du nombre de cas signalés par rapport à l’année 2022. Des cas autochtones et importés ont été rapportés dans 21 pays d’Afrique, 16 pays d’Asie, 3 pays d’Europe, 3 pays d’Amérique et 2 pays d’Océanie. Cependant, ces données sous-estiment le fardeau de la maladie en raison de la sous-déclaration. Le fardeau réel est plutôt estimé entre 1 à 4 millions de cas par année.
Risques en voyage
Le risque de contracter le choléra pour les personnes qui voyagent en suivant les précautions de base concernant l’eau et les aliments est très faible. Les personnes qui pourraient être à risque, les groupes particuliers, sont définies dans la section suivante.
Définition du niveau de risque par pays
Dans la section Recommandations par pays, le terme :
- « Présence » signale la transmission active ou récente du choléra. Le niveau de risque indiqué est basé sur les données de l’OMS (ex. : bulletin hebdomadaire de l’OMS, rapport annuel), de ProMed-mail, du Global Public Health Intelligence Network et des Centers for Disease Control and Prevention des États-Unis.
- « Présence indéterminée » signifie l’absence de données fiables et qu’une transmission ne peut être exclue.
Prévention et immunisation
Consulter la section Eau et aliments pour savoir comment prévenir le choléra.
Recommandations d’immunisation :
- Présence ou présence indéterminée : Envisager la vaccination des personnes âgées de 2 ans et plus séjournant en zone où le choléra est présent (endémique ou épidémique) et qui font partie des groupes particuliers.
Se référer au Protocole d’immunisation du Québec (PIQ) pour les indications et les informations sur l’administration du vaccin contre le choléra.
Groupes particuliers
Personnes qui séjournent dans des conditions sanitaires inadéquates (manque d’accès à l’eau potable, des systèmes d’assainissements inefficaces et des installations sanitaires impropres ou inexistantes) :
- qui n’auront pas accès à de l’eau potable et qui seront en contact étroit avec une population indigente isolée des ressources médicales (ex. : coopérants, personnel de la santé, personnel humanitaire dans les zones sinistrées et les camps de réfugiés, etc.);
OU
- qui sont susceptibles de faire des infections entériques en raison de mécanismes de défense gastrique amoindris par une achlorhydrie, une gastrectomie, une vagotomie ou une thérapie continue aux inhibiteurs de la pompe à protons (ex. : oméprazole, lansoprazole), ou aux antagonistes des récepteurs H2 (ex. : cimétidine, famotidine, ranitidine).
Références
- Agence de la santé publique du Canada. Fiche Technique Santé-Sécurité : Agents Pathogènes – Vibrio cholerae. 2011.
- Agence de la santé publique du Canada. Réseau mondial d’information en santé publique. 2023.
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- Centers for Disease Control and Prevention. Cholera. 2024. Treating Cholera.
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- Organisation mondiale de la Santé. Bulletins d’information sur les flambées épidémiques. 2023. Choléra – situation mondiale.
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- Organisation panaméricaine de la Santé. Choléra. 2024.
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Auteurs
Comité consultatif québécois sur la santé des voyageurs
Collaborateur
Karl Forest-Bérard, Affaires publiques, communications et transfert des connaissances