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En raison du grand nombre de personnes affectées et de l’augmentation de leur incidence, les allergies aux pollens sont une préoccupation de santé publique depuis les dernières décennies. Leurs symptômes dérangeants peuvent miner la qualité de vie et la santé mentale de certains individus. L’influence humaine sur l’environnement, notamment au regard des changements climatiques et de la pollution de l’air, explique en partie la hausse de la présence, du potentiel allergénique et de la concentration des pollens allergènes.
Dans la lutte contre les changements climatiques, il devient important de bien comprendre la dynamique des pollens allergènes afin d’en minimiser les impacts sanitaires.
Sources
Les espèces allergènes libèrent des grains de pollen lors de leur cycle de reproduction. Les pollens sont dispersés de plusieurs façons par les insectes ou par le vent, l’eau, etc. Les pollens ne déclenchent pas tous des allergies ; les espèces problématiques sont celles qui libèrent leurs pollens dans l’air. Ce sont ces pollens qui peuvent déclencher des symptômes d’allergie chez les personnes exposées.
Leur présence et leur concentration dépendent des espèces végétales dans l’environnement, de la saison et des conditions météorologiques. La dispersion des pollens est influencée entre autres par :
- L’humidité
- Le vent
- Les précipitations
- La durée de l’ensoleillement journalier
- La température
Différents types de pollens allergènes sont susceptibles d’affecter la population à différents temps de la saison pollinique. Par exemple, les pollens provenant des arbres, tels que les bouleaux, les ormes et les aulnes, sont produits d’avril à juin. Celui de l’érable commence plus tôt, à la fin mars. Les pollens de graminées se manifestent de la mi-mai à la fin juillet, tandis que les pollens d’herbacées, notamment l’herbe à poux, sont présents dans l’air d’août à la mi-octobre. Toutefois, le début et la fin de la saison pollinique peuvent varier selon l’année et la localisation géographique, et ce, pour chaque type de pollens.
Les arbres mâles en cause
Les pollens allergènes d’arbres sont produits par ceux de type mâle. Malgré ceci, plusieurs municipalités ont privilégié la plantation d’arbres mâles, car leurs homologues femelles portent des fruits qui tombent au sol et requièrent donc plus d’entretien des voies publiques.
Une mauvaise herbe indésirable
La présence de l’herbe à poux (aussi appelée ambroisie) s’avère problématique au Québec, en raison de sa forte allergénicité. Les études estiment qu’elle est responsable de 50 à 90 % des allergies saisonnières au pollen. Très répandue et assujettie à des mesures de contrôle, cette plante pousse principalement sur des terrains abandonnés et sur le bord de route ou de trottoir. Alors que sa distribution est en expansion, l’herbe à poux se trouve surtout dans le sud-ouest de la province. Elle est peu présente dans le nord du Québec, de même qu’en Gaspésie et en Abitibi.
Influence des changements climatiques
L’accroissement des concentrations de CO2 et les changements climatiques ont également une influence importante sur la production de pollens et le potentiel allergène.
L’augmentation de la température causée par les changements climatiques :
- Allonge la saison de croissance des plantes allergènes et donc la saison des pollens;
- Étend la distribution des espèces végétales vers le nord, puisque l’environnement devient propice à leur croissance.
L’accroissement des concentrations de CO2 dans l’air :
- Augmente la biomasse des plantes ainsi que la production de pollens par les plantes allergènes, ce qui hausse la concentration de pollens dans l’air;
- Accroît le potentiel allergène des grains de pollen en raison de l’augmentation de protéines allergènes.
D’autres facteurs comme l’augmentation des précipitations ou de l’humidité pourraient aussi influencer la concentration et la distribution des pollens allergènes. Enfin, les changements climatiques engendrent dans la population certains changements de comportement qui pourraient modifier son exposition aux pollens : certaines personnes pourraient passer plus de temps à l’extérieur ou ouvrir davantage leurs fenêtres, d’autres personnes pourraient demeurer à l’intérieur grâce à la climatisation.
Les effets des changements climatiques sur le pollen sont déjà présents. De 1994 à 2002, la durée de la saison du pollen de l’herbe à poux à Montréal est passée de 42 à 68 jours. Il est probable que celle-ci se soit davantage allongée depuis. Une étude publiée en 2019 a aussi constaté une tendance d’allongement des saisons de pollen dans l’hémisphère nord sur une période de 20 ans.
Impacts sur la santé
Rhinite allergique
La rhinite allergique est caractérisée par la présence de symptômes au niveau du nez et des yeux. Lorsqu’elle est déclenchée par le pollen, on l’appelle la rhinite allergique saisonnière ou le rhume des foins. Selon l’Enquête québécoise sur la santé des populations (EQSP), environ 20 % des adultes éprouvent des symptômes d’allergie aux pollens et cette prévalence est restée sensiblement la même entre 2008 et 2020-2021. Davantage de données sont nécessaires pour mieux comprendre les tendances observées.
Le développement d’une allergie implique qu’une personne soit d’abord sensibilisée à un allergène lors d’un premier contact. Une fois sensibilisés aux pollens présents dans l’air, les contacts subséquents pourraient déclencher une réaction allergique. Les symptômes incluent des éternuements, de la congestion nasale, de l’écoulement nasal, des maux de tête ainsi que dans certains cas, des symptômes de conjonctivite et de sinusite. La rhinite allergique peut aussi être liée à la fatigue et aux perturbations du sommeil.
Les changements climatiques influent sur la sévérité et l’incidence de la rhinite allergique à l’échelle populationnelle. Ils apportent deux types de conséquences :
- L’augmentation de l’incidence des allergies en raison d’une exposition prolongée à de plus grandes concentrations lors de la phase de sensibilisation et du potentiel allergène accru;
- L’augmentation de la sévérité des symptômes d’allergie chez les personnes présentant déjà une allergie aux pollens en raison d’une plus grande concentration de ceux-ci dans l’air ainsi qu’une augmentation du potentiel allergène.
Les individus sensibilisés à un type d’allergène sont aussi plus susceptibles de devenir sensibilisés à d’autres types d’allergènes. D’ailleurs, selon une étude québécoise, ce sont plus de 60 % des personnes aux prises avec des allergies aux pollens qui éprouvent des symptômes déclenchés par au moins deux des grandes familles de pollens.
Asthme
L’asthme est une maladie pulmonaire chronique causée par une inflammation des parois respiratoires. Elle se manifeste par de la toux, de l’essoufflement, des difficultés respiratoires et une respiration sifflante. Une exposition à un allergène (ex. : pollen) chez une personne allergique et asthmatique peut déclencher des symptômes d’asthme ou les aggraver.
En 2016-2017, il est estimé que 11 % de la population québécoise avait reçu un diagnostic d’asthme. Parmi ce groupe, deux tiers des personnes seraient aussi allergiques aux pollens et souffriraient donc d’asthme allergique. Il est aussi démontré que la hausse des concentrations de pollens allergènes dans l’air peut être liée à une augmentation d’hospitalisations pour des symptômes liés à l’asthme.
Qualité de vie
Les symptômes d’allergie aux pollens peuvent être très dérangeants. Ils peuvent limiter la capacité de faire certaines activités quotidiennes comme aller au travail, à l’école ou encore pratiquer des activités de loisir. Par ailleurs, la productivité et la capacité de se concentrer peuvent être réduites. Les symptômes peuvent aussi causer des problèmes de sommeil et d’irritabilité.
Selon une enquête de l’Observatoire québécois de l’adaptation aux changements climatiques (OQACC) auprès de 1 659 personnes allergique aux pollens, 53 % d’entre elles ont des symptômes sévères d’allergie aux pollens qui dérangent leur vie de tous les jours.
Santé psychologique
Les allergies aux pollens sont aussi liées à des atteintes à la santé mentale. Par exemple, des études démontrent une augmentation du risque de dépression, d’anxiété, de comportements agressifs ainsi que de suicide en lien avec la rhinite allergique. De plus, l’asthme peut aussi être associé à un risque accru de problèmes de santé mentale qui incluent la dépression majeure, les troubles bipolaires et les troubles d’anxiété sociale.
Coûts globaux des allergies aux pollens
Les allergies aux pollens engendrent des coûts directs au système de santé, tels que les hospitalisations pour l’asthme. Quant aux coûts indirects, ils incluent la perte de productivité liée à l’absentéisme au travail ainsi que l’achat de médicaments.
En 2005, les estimations des coûts sociaux et gouvernementaux de l’herbe à poux s’élevaient à 150 millions de dollars annuellement. De plus, selon une évaluation des impacts des changements climatiques et de leurs coûts effectuée par Ouranos, il est estimé que les coûts associés aux pollens seront de 3,5 milliards au Québec pour la période de 2015-2065. Lorsqu’on prend en compte les différents scénarios climatiques, ce total pourrait atteindre 4,3 milliards de dollars.
Facteurs de risque
Certains facteurs environnementaux, les caractéristiques biologiques et les comportements individuels peuvent faire augmenter le risque de développer des allergies aux pollens et de ressentir des symptômes d’une plus grande sévérité.
Populations à risque
- Enfants
- Femmes
- Personnes qui fument ou qui sont exposées à la fumée de cigarette
- Personnes qui travaillent à l’extérieur
- Personnes qui pratiquent des sports extérieurs
- Personnes vivant en milieu urbain
Pour en savoir plus
Consultez nos publications pour accéder aux références de ce texte :
- Les aléas affectés par les changements climatiques : effets sur la santé, vulnérabilités et mesures d’adaptation (2021)
- État des connaissances sur le pollen et les allergies – Les assises pour une gestion efficace (2013)
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