Hépatite B

L’hépatite B est une infection causée par le virus de l’hépatite B (VHB) de la famille des hépadnavirus (Hepadnaviridae). Le VHB s’attaque au foie et peut provoquer une maladie aiguë ou chronique.

Transmission

Le VHB se transmet lorsque les liquides biologiques (sang, sperme et sécrétions vaginales) d'une personne infectée par le virus pénètrent dans le corps d'une personne non infectée. Le virus peut être transmis par :

  • Contact percutané avec du sang contaminé (ex. : partage de matériel d'injection de drogue, utilisation de matériel médical ou dentaire non stérilisé, équipement de tatouage ou de perçage corporel non stérilisé, partage de rasoir, etc.);
  • Contact d’une muqueuse avec les liquides biologiques d’une personne infectée, principalement lors d’un rapport sexuel sans condom et plus rarement par morsure, éclaboussure de sang sur les muqueuses (ex. : bouche, yeux), partage de brosse à dents, etc.;
  • Transmission verticale de la mère à l’enfant au cours de la grossesse ou de l’accouchement.

L’hépatite B est une infection transmissible sexuellement et par le sang (ITSS) puisqu’elle peut être transmise par contact sexuel ou sanguin. L’hépatite B est évitable par la vaccination.

Le VHB pouvant survivre pendant plusieurs semaines en dehors du corps, il peut provoquer une infection par contact indirect durant cette période. Par exemple, une seringue souillée, à la traine depuis quelques heures, pourrait transmettre le VHB à une personne si elle transperce sa peau.

Tableau clinique

La période d’incubation du VHB varie de 30 à 180 jours, mais elle est en moyenne de 90 jours.

La plupart des personnes n’ont aucun symptôme lorsqu'elles viennent d'être infectées. Les symptômes peuvent être observés chez 20 à 50 % des adultes, mais ils sont rares chez les nourrissons et les enfants.

Certaines personnes développeront une maladie aiguë avec des symptômes qui peuvent persister plusieurs semaines. Parmi les symptômes figurent :

  • Fièvre
  • Fatigue
  • Douleurs articulaires
  • Douleurs abdominales
  • Perte d'appétit
  • Nausées et vomissements
  • Urine foncée
  • Selles pâles
  • Ictère

Bien que la plupart des personnes guérissent d’une hépatite aiguë, habituellement à l’intérieur d’une période de six mois, d’autres resteront infectées et porteuses chroniques du VHB. Pour ces personnes, l’infection est dans la majorité des cas asymptomatique, mais lorsqu’elle est symptomatique, la fatigue est le symptôme le plus souvent observé. Toujours parmi ces personnes, 15 à 40 % développeront des maladies hépatiques graves (cirrhose et carcinome hépatocellulaire) qui seront fatales dans 25 % des cas.

Le risque d'évolution de l'hépatite B aiguë vers une infection chronique dépend de l'âge au moment de l'infection initiale et est estimé à plus de 90 % chez les nouveau-nés et les nourrissons, à 25 %-50 % chez les enfants de 1 à 5 ans et à moins de 5 % chez les personnes de 5 ans et plus.

Diagnostic

Des marqueurs sérologiques spécifiques sont nécessaires pour diagnostiquer une infection au VHB.

L’antigène de surface de l'hépatite B (AgHBs) est une protéine à la surface du VHB qui peut être détectée dans le sérum au cours d'une infection aiguë ou chronique.

La présence d'anti-HBs est généralement interprétée comme le signe d'une guérison ou d'une immunité post infection ou post vaccination.

Les marqueurs (AgHBs, anti-HBs IgG et anti-HBc IgM et IgG) permettent également de différencier les phases de l’infection et sont essentiels pour une prise en charge appropriée

Tableau 1 - Interprétation des résultats des tests sérologiques

AgHBsAnti-HBsAnti-HBcInterprétation
PositifNégatifPositifInfection chronique
PositifNégatifPositif (IgM)Infection aiguë
NégatifPositifPositifImmunité à la suite d’une infection résolue
NégatifPositif 1NégatifImmunité par vaccination
NégatifNégatifNégatifSusceptible à l’infection (vérifier si indication d’immunisation)
NégatifNégatifPositifVarie selon la situation

1. Consulter l’Aide à la décision pour l’interprétation de la sérologie post vaccinale contre l’HB pour connaître la conduite à tenir selon le résultat.

Traitement

Il n'existe pas de traitement spécifique pour l'hépatite B aiguë, mais dans certains cas, notamment lorsque le système immunitaire ne parvient pas à neutraliser le virus, l’hépatite B chronique peut être traitée par des antiviraux. L’objectif de ce traitement est de freiner la réplication du virus, mais n’offre pas une guérison complète.

Lors d'une exposition à des liquides biologiques potentiellement infectés par le VHB, la personne exposée pourrait bénéficier d'une prophylaxie postexposition (immunoglobulines et/ou vaccins). Consulter l’Aide à la décision pour la postexposition à l'hépatite B, au Guide pour la prophylaxie et le suivi après une exposition au VIH, au VHB et au VHC , à la section Exposition aux liquides biologiques et au ProtocoIe d’immunisation du Québec (PIQ) pour plus d’informations. 

Épidémiologie

On utilise la proportion de positivité de l’AgHBs dans la population générale pour estimer la prévalence de l’hépatite B dans un pays donné.

Dans le monde, en 2019, on estimait que 316 millions de personnes étaient atteintes d'une infection chronique par le VHB, et que 555 000 personnes sont décédées en raison de maladies liées au VHB. La prévalence du VHB chronique pour tous les âges a diminué dans toutes les régions de l'OMS de 1990 à 2019.

Aucun pays n’est exempt d’hépatite B. En 2019, la prévalence la plus élevée a été observée dans la région du Pacifique occidental (7,1 %), suivie de la région africaine (6,5 %). La prévalence la plus faible était dans la région européenne (1,1 %). Les infections par le VHB sont probablement sous-estimées dans de nombreux pays en raison de l'absence de système de surveillance et de données précises. 

Risques en voyage

Le risque d’être exposé au VHB pour les personnes qui voyagent varie selon le pays visité, la durée de séjour et les activités prévues à destination. 

Définition des niveaux de risque

Les niveaux de risque indiqués dans la section du guide Recommandations par pays sont basés sur les données de l’Observatoire Polaris des États-Unis , ou en l’absence de données Polaris, sur celles de Global, regional, and national burden of hepatitis B, 1990–2019: a systematic analysis for the Global Burden of Disease Study 2019 (Sheena et al., 2022).

D’autres sources ont été consultées pour les pays non répertoriés dans ces deux études, mais leur prévalence n’a pu être déterminée pour diverses raisons (ex. : différences de méthodologie ou de population à l’étude). Ces pays sont classés comme ayant une prévalence indéterminée et leur recommandation d’immunisation se base sur les données disponibles et/ou leur emplacement géographique.

Les niveaux de risque par pays :

  • Prévalence faible : prévalence de l’AgHBs dans la population générale de 1,9 % et moins;
  • Prévalence modérée : prévalence de l’AgHBs dans la population générale entre 2 et 4,9 %;
  • Prévalence élevée : prévalence de l’AgHBs dans la population générale de 5 % et plus;
  • Prévalence indéterminée : absence de données fiables sur la prévalence de l’AgHBs dans la population générale (voir ci-haut). 

Répartition géographique

 

Immunisation

Recommandations d’immunisation :

  • Pays à prévalence faible : immunisation pour des groupes particuliers.
  • Pays à prévalence modérée et élevée : immunisation pour tous.
  • Pays à prévalence indéterminée : l’indication d’immunisation varie selon le pays (voir section Définition des niveaux de risque). 

Définition des groupes particuliers :

  • Personnes à risque selon les critères de gratuité (G) du PIQ;
  • Longs séjours (ex. : expatrié, visites à la famille et aux amis) ;
  • Travail à l’étranger (ex. : voyageur humanitaire, missionnaire, travailleur de la santé, etc.);
  • Tourisme médical;
  • Adoption.

Se référer au Protocole d’Immunisation du Québec (PIQ) pour plus d’informations et pour l’administration des vaccins contre l’hépatite B. 

Références

  1. ARNS Maladies infectieuses émergentes, Association française pour l’étude du foie (AFEF). Prise en charge des personnes infectées par les virus de l’hépatite B ou de l’hépatite C - Rapport de recommandations 2014. 2014.
  2. Brouard C, Parenton F, Youssouf H, Chevaliez S, Gordien E, Jean M, et al. Hepatitis B, C, and delta in the general population in Mayotte: hepatitis B as a major public health concern. BMC Infectious Diseases. 2022;22(1):716.
  3. CDA Foundation. Polaris Global Distribution.
  4. CGHE. Coalition for Global Hepatitis Elimination.
  5. CGHE. Coalition for Global Hepatitis Elimination. 2011. Puerto Rico.
  6. CGHE. Coalition for Global Hepatitis Elimination. 2017. Andorra.
  7. CGHE. Coalition for Global Hepatitis Elimination. 2020. Equatorial Guinea.
  8. Health Protection Surveillance Centre. Hepatitis B surface antigen prevalence data by country of birth. 2017.
  9. Kowdley KV, Wang CC, Welch S, Roberts H, Brosgart CL. Prevalence of chronic hepatitis B among foreign-born persons living in the United States by country of origin. Hepatology. 2012;56(2):422‑33.
  10. Sheena BS, Hiebert L, Han H, Ippolito H, Abbasi-Kangevari M, Abbasi-Kangevari Z, et al. Global, regional, and national burden of hepatitis B, 1990–2019: a systematic analysis for the Global Burden of Disease Study 2019. The Lancet Gastroenterology & Hepatology. 2022;7(9):796‑829.
  11. Trickey A, Bivegete S, Duffell E, McNaughton AL, Nerlander L, Walker JG, et al. Estimating hepatitis B virus prevalence among key population groups for European Union and European Economic Area countries and the United Kingdom: a modelling study. BMC Infect Dis. 2023;23:457.

Auteurs
Comité consultatif québécois sur la santé des voyageurs

Collaborateurs
Karl Forest-Bérard, Secrétariat général
Florence Maheux-Dubuc, Direction des risques biologiques

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