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Le phénomène des îlots de chaleur urbains peut aggraver les effets des grandes chaleurs. Il représente un risque pour la santé des populations. Les stratégies durables pour l’atténuer et s’y adapter nécessitent une collaboration intersectorielle. Les autorités de santé publique, les municipalités, les gestionnaires immobiliers, les organismes à but non lucratif – notamment ceux œuvrant en environnement – et autres concepteurs de projets sont tous encouragés à créer ensemble des milieux de vie sains et confortables, particulièrement auprès des populations les plus vulnérables à la chaleur.
Diverses mesures peuvent être déployées pour réduire les îlots de chaleur urbains. Une combinaison de celles-ci est plus efficace que l’implantation de mesures uniques. La sélection de ces mesures doit répondre aux besoins et aux contraintes du milieu et prendre en compte les aspects économiques, sociaux et environnementaux. L’implication de la communauté favorise également leur succès et leur pérennisation. En plus de rafraîchir les villes et d’améliorer le confort thermique, elles engendrent de nombreux cobénéfices environnementaux et sociosanitaires.
Qu’est-ce qu’un îlot de chaleur urbain?
L’expression « îlots de chaleur urbains » signifie la différence de température observée entre les milieux urbains et les zones rurales environnantes ou encore entre des zones d’un périmètre intra-urbain. En ce qui concerne la température de l’air, cette différence peut atteindre jusqu’à 12 °C.
Quelles en sont les causes?
En plus du climat local, cette différence de température s’explique par divers éléments de nature anthropique reliés au cadre bâti urbain : matériaux imperméables (sols minéralisés comme l’asphalte) et à faible albédo, quartiers densément bâtis, étalement urbain, perte de couvert forestier et végétal. L’émission de chaleur et de gaz à effet de serre découlant des activités humaines y contribuent également.
Une différence de température marquée
Source : inspiré de Ressources naturelles Canada (2004).
Îlots de chaleur et quartiers défavorisés
En général, le surcroît de morbidité-mortalité lié aux îlots de chaleur urbains est estimé à 20-25 %. Souvent situés dans les quartiers défavorisés, ces îlots contribuent aux inégalités sociales de santé.
Verdissement
Les plantes, de même que l’ombrage généré par les arbres, particulièrement ceux à grand déploiement, permettent de tempérer le milieu environnant. La protection et la restauration d’espaces verts s’avèrent incontournables afin de conserver les îlots de fraîcheur urbains existants. Consulter notre page Verdissement pour des stratégies d’intervention.
Emprises routières
Les rues et les voies de transport asphaltées contribuent aux îlots de chaleur urbains. Le verdissement des platebandes de rues permet de diminuer la température, la pollution de l’air et de rendre l’environnement plus attrayant. Consultez le Guide pour des plantations résilientes dans les emprises autoroutières du Conseil régional de l’environnement de Montréal.
Les ruelles offrent aussi de belles opportunités de verdissement tout en permettant une grande participation de la population à la réappropriation de ces espaces. Consultez des exemples à Montréal, à Trois-Rivières et dans la ville de Québec.
Stationnements
Une approche visant à réduire l’utilisation de l’automobile en ville et le besoin d’aires de stationnement est à privilégier. Toutefois, pour les aires de stationnement existantes et lorsque de nouveaux stationnements sont construits, des éléments peuvent être pris en compte pour contrer la formation d’îlots de chaleur urbains. Les arbres et la végétation, autant au pourtour qu’en îlot dans les stationnements, créent de l’ombre qui réduit la chaleur emmagasinée par ces grandes surfaces minéralisées.
Îlots végétalisés – Projet « Place fraîcheur à l’école Calixa-Lavallée » à Montréal
La réduction du nombre de cases de stationnement de surface ou de leur taille contribue aussi limiter le réchauffement. La déminéralisation permet un meilleur taux d’infiltration de l’eau et favorise ainsi le rafraichissement par le processus d’évaporation des sols. L’aménagement d’aires de stationnement souterraines plutôt qu’en surface minimise également le phénomène d’îlots de chaleur urbains. À cet égard, le Guide de mise en œuvre d’un stationnement écoresponsable et la norme BNQ proposent des moyens concrets pour verdir les stationnements.
Infrastructures urbaines
L’augmentation de l’albédo des villes, par l’utilisation de matériaux pâles dans les infrastructures et les bâtiments, favorise le rafraîchissement. Les surfaces réfléchissantes ont une température inférieure à celle des revêtements traditionnels comme l’asphalte et le goudron. De plus, elles relâchent moins de chaleur nocturne. Les pratiques d’aménagement ont aussi un effet direct sur la présence d’îlots de chaleur urbains.
Gazon artificiel à éviter
Les matériaux des terrains synthétiques absorbent et stockent la chaleur. Ils augmentent les températures de surface et de l’air. Plusieurs études ont démontré qu’un gazon artificiel pouvait atteindre 10 °C de plus par rapport aux températures environnantes.
Bâtiments
Divers moyens sont à la disposition des concepteurs afin d’adapter les bâtiments existants et les nouvelles constructions aux changements climatiques. Le recours à la climatisation ne doit pas être l’unique moyen pour rafraîchir les milieux de vie. Les enjeux liés à la chaleur urbaine peuvent être pris en compte dès les premières étapes de conception des bâtiments (p. ex. choix de matériaux réfléchissants, architecture bioclimatique, étanchéité des bâtiments, etc.).
Morphologie urbaine
La répartition des structures et des bâtiments influe sur la formation des îlots de chaleur urbains, puisqu’elle peut déterminer l’absorption de l’énergie solaire et la formation des courants de vent. Une répartition plus dispersée des bâtiments de grande hauteur, qui procurent de l’ombre lors de chaleurs accablantes, réduit l’effet d’îlots de chaleur. La prise en compte du vent dans le processus d’aménagement favoriserait un rafraîchissement efficace des bâtiments et des zones urbaines, en plus de diluer des polluants atmosphériques. La ventilation des canyons urbains est favorisée lorsque la rue est orientée dans une direction parallèle à celle du vent. Un compromis entre la saison chaude et froide doit être envisagé lors de conception de la morphologie urbaine pour le confort thermique extérieur.
Visualiser les îlots de chaleur
Il est possible de repérer les îlots de chaleur et de fraîcheur urbains grâce à un outil cartographique, basé sur des données satellitaires de 2020-2022.
Espaces bleus
Les espaces bleus peuvent jouer un rôle dans le rafraîchissement des villes en générant une baisse de 1 à 3 °C dans un périmètre d’environ 30 mètres. Ceux ayant une grande surface se révèlent en général plus efficaces en matière de fraîcheur, tout comme ceux où l’eau circule (p. ex. rivière) ou lorsque des technologies basées sur l’évaporation de l’eau sont utilisées (p. ex. fontaine). Les caractéristiques d’écoulement des plans d’eau s’avèrent aussi importantes, puisque la chaleur peut être transférée vers les milieux en aval des milieux bâtis par les rivières ou inversement, dépendamment de la direction du courant.
Ils peuvent agir à la fois comme une source de rafraîchissement (par l’évaporation) ou de chaleur (par la vapeur d’eau). L’effet rafraîchissant des espaces bleus varie en fonction de l’heure de la journée et de la saison. Leur surface peut atteindre des températures plus élevées que leur environnement urbain la nuit ou tôt le matin, ou encore à la fin de l’été.
Gestion des eaux pluviales
Une bonne gestion des eaux de pluie est un autre moyen de lutter contre les îlots de chaleur. En diminuant le ruissellement, l’eau infiltrée dans les sols peut rafraîchir l’air ambiant par évaporation. Limiter l’imperméabilisation des sols améliore ainsi la gestion des eaux pluviales tant sur le plan qualitatif que quantitatif. Consultez notre page Gestion durable des eaux pluviales.
Réduction de la chaleur anthropique
Les sources de chaleur découlant des activités humaines sont nombreuses (appareils électroménagers, ordinateurs, climatiseurs, voitures, etc.). Ces émissions de chaleur pourraient être responsables d’une augmentation de 2 à 3 °C dans les centres urbains. Une meilleure gestion de l’énergie, la proximité et la mixité des usages, de même que l’abandon de l’utilisation de la voiture au profit des transports actif et collectif, réduiraient ces émissions de chaleur.
Efficacité énergétique
Plusieurs astuces simples permettent de réduire la consommation d’énergie et ainsi l’émission de chaleur. À titre d’exemple, les ampoules à diodes électroluminescentes (DEL) utilisent l’énergie de façon efficace, avec des économies d’énergie de 70 à 90 % par rapport aux produits d’éclairage à incandescence. Ces derniers utilisent seulement 5 % de l’électricité qu’ils consomment pour produire de la lumière et dissipent le reste sous forme de chaleur. De même, les appareils électroniques certifiés ENERGY STAR consomment moins d’énergie en mode veille, soit une réduction de 40 à 50 % pour un téléviseur et de 70 % pour un ordinateur, comparativement à des appareils conventionnels.
En 2017, plus de la moitié des ménages québécois (56 %) ont déclaré posséder un climatiseur (tous types confondus). Il existe cependant des solutions de remplacement moins énergivores et plus durables pour rafraîchir l’air intérieur des bâtiments, comme la climatisation passive.
Transport actif et collectif
Le concept de l’aménagement axé sur les transports actif et collectif peut servir de guide pour un développement urbain limitant la chaleur issue de l’activité humaine.
Pour en savoir plus
Consultez notre publication pour approfondir les solutions, découvrir une série d’études de cas et des références sur le sujet :
Consultez les outils et les ressources de Santé Canada et d’ailleurs afin de promouvoir des mesures de réduction des îlots de chaleur urbains :