En 2018-2019, le taux d’incidence des infections nosocomiales à BGNPC (cat. 1a et 1b) est de 0,02 / 10 000 jours-présence pour l’ensemble des installations participantes (tableau 2). Les taux d’incidence des infections nosocomiales à BGNPC dans les installations non universitaires sont comparables à ceux des installations universitaires (tableau 2).

Tableau 2 – Percentiles des taux d’incidence des infections nosocomiales à BGNPC (cat. 1a et 1b) selon la mission de l’installation, ensemble du Québec, 2018-2019 (taux d’incidence par 10 000 jours-présence [I.C. à 95 %])

[I.C. 95 %] : Intervalle de confiance à 95 % 

Parmi les 57 installations qui ont participé aux cinq années de surveillance, le taux d’incidence des infections nosocomiales à BGNPC de 2018-2019 est de 0,02 / 10 000 jours-présence et est non différent de celui observé en 2017-2018 (tableau 3).

Tableau 3 – Évolution du nombre de cas et des taux d’incidence des infections nosocomiales à BGNPC (cat. 1a et 1b) dans les installations ayant participé antérieurement à la surveillance (N = 57) selon la mission de l’installation, ensemble du Québec, 2014-2015 à 2018-2019 (taux d’incidence par 10 000 jours-présence [I.C. à 95 %])

Note : Les données analysées sont celles des installations ayant participé à la surveillance de chaque année entre 2014-2015 et 2018-2019

Au total, 22 infections (dont 15 infections chez de nouveaux porteurs) et 452 colonisations à BGNPC ont été déclarées (tableau 4). Parmi les infections, 13 (59,1 %) sont acquises dans les milieux de soins participants, soit en cours d’hospitalisation (5 infections dont 1 chez un nouveau porteur), lors d’une hospitalisation antérieure (5 infections dont 4 chez de nouveaux porteurs) ou liées aux soins ambulatoires (3 infections chez de nouveaux porteurs) (cat. 1a, 1b et 1c). Un total de 9 infections (dont 7 chez de nouveaux porteurs) sont reliées à un séjour dans une installation non déclarante ou sont d’origine communautaire ou inconnue (cat. 2, 3 et 4).

Parmi les colonisations, 357 (79,0 %) sont acquises dans les milieux de soins participants, soit en cours d’hospitalisation (295 colonisations et 1 infection chez un nouveau porteur), lors d’une hospitalisation antérieure (41 colonisations et 4 infections chez un nouveau porteur), aux soins ambulatoires (11 colonisations et 3 infections chez un nouveau porteur) et en soins de longue durée (2 colonisations) (cat. 1a, 1b,1c, et 1e). Un total de 95 colonisations (dont 7 infections chez de nouveaux porteurs) sont soit reliées à un séjour dans une installation non déclarante, soit d’origine communautaire ou inconnue (cat. 2, 3 et 4).

Tableau 4 – Répartition des infections et des colonisations à BGNPC selon la catégorie d’attribution, ensemble du Québec, 2018-2019 (N, %)

Note : Les colonisations incluent les infections chez les nouveaux porteurs.

En 2018-2019, 1 bactériémie primaire et 2 bactériémies secondaires à une infection ont été rapportées parmi les 22 infections (tableau 5).

Tableau 5 – Nombre de cas d’infection selon le type d’infection, et nombre de bactériémies secondaires à BGNPC de toute catégorie d’attribution, ensemble du Québec, 2018-2019 (N = 22)

BBM-BAC : bactériémie primaire associée à un cathéter avec bris de barrière muqueuse.
BAC : bactériémie primaire associée à un cathéter.
Non-BAC : bactériémie primaire non associée à un cathéter.
HD : hémodialyse.

Un total de 3 décès est observé dans les 30 jours suivant le début de l’infection en 2018-2019, avec une létalité de 13,6 % (tableau 6).

Tableau 6 – Nombre de décès et létalité à 30 jours parmi les infections à BGNPC de toute catégorie d’attribution, ensemble du Québec, 2014-2015 à 2018-2019

Pour presque la moitié des cas d’infections et de colonisations (199/459 = 43,3 %), il n’y a pas eu de contact identifié avec un autre cas de BGNPC (tableau 7). La majorité des colonisations et la totalité des infections surviennent suite à un contact élargi avec un patient connu porteur du même gène au cours des trois dernières semaines ou lors d’une éclosion. Les colonisations nosocomiales sont davantage en lien avec la présence de contact alors que les colonisations non nosocomiales sont plutôt en lien avec les facteurs de risque géographique.

Tableau 7 – Caractéristiques liées aux colonisations et aux infections à BGNPC, ensemble du Québec, 2018-2019

* Aucun des trois types de contact (rapproché, élargi ou éclosion) n’a été indiqué.
Note : Afin de détailler les caractéristiques des colonisations, ces dernières n’incluent pas les infections chez les nouveaux porteurs.
Note : Les types de contact sont mutuellement exclusifs. Dans la situation où plusieurs contacts sont spécifiés, le type le plus étroit est sélectionné.

Au niveau provincial, le taux d’acquisition des colonisations nosocomiales à BGNPC (cat. 1a et 1b) est de 0,72 / 10 000 jours-présence pour l’ensemble des installations participantes en 2018-2019 (tableau 13). En 2018-2019, le taux d’acquisition des colonisations nosocomiales à BGNPC (cat. 1a et 1b) est de 0,77 / 10 000 jours-présence parmi les 57 installations qui ont participé aux cinq années de surveillance et a augmenté significativement par rapport à 2017-2018 (tableau 8). Cette hausse est observée aussi bien pour les installations non universitaires que les installations universitaires.

Tableau 8 – Évolution du nombre et du taux d’acquisition des colonisations nosocomiales à BGNPC (cat. 1a et 1b) dans les installations ayant participé antérieurement à la surveillance selon la mission de l’installation, ensemble du Québec, 2014-2015 à 2018-2019 (taux d’acquisition par 10 000 jours-présence [I.C. à 95 %])

¥ Différence significative (p < 0,05) entre les taux d’acquisition de 2017-2018 et 2018-2019.

Le tableau 9 présente l’évolution du nombre d’installations ayant indiqué le nombre de dépistages qui a été réalisé dans la totalité des installations participantes.

Tableau 9 – Évolution du nombre d’installations ayant indiqué le dépistage total, selon la mission de l’installation, ensemble du Québec, 2014-2015 à 2018-2019

Les tableaux 10 et 11 présentent l’évolution du nombre total de tests de dépistage ainsi que la moyenne des tests de dépistage pour les BGNPC. En 2018-2019, le nombre total de tests de dépistage est de 329 858, pour une moyenne de test de dépistages par admission de 0,47. Cela représente une augmentation de 49 619 tests (17,7 %) comparativement à 2017-2018.

Tableau 10 – Évolution du nombre total de tests de dépistage, selon la mission de l’installation, ensemble du Québec, 2014-2015 à 2018-2019

Tableau 11 – Moyenne des tests de dépistage pour les BGNPC, selon la mission de l’installation, ensemble du Québec, 2014-2015 à 2018-2019 (moyenne des tests de dépistage pour les BGNPC par admission)

La figure 1 présente la répartition des microorganismes isolés pour tous les cas. Un total de 475 microorganismes ont été isolés parmi les 459 cas de colonisations et d’infections. Ces microorganismes sont majoritairement des Citrobacter freundii (29,1 %), des Escherichia coli (20,4 %), des Enterobacter cloacae (18,9 %), ou des Klebsiella pneumoniae (14,9 %). Pour 18 cas de colonisations, 16 avaient 2 microorganismes différents avec un même gène alors que 2 colonisations avaient 2 microorganismes différents avec deux gènes différents.

Figure 1 – Répartition des catégories de microorganismes isolés, pour tous les cas (N = 475), ensemble du Québec, 2018-2019

Le tableau 12 présente le gène codant pour une carbapénémase, identifié chez les différents microorganismes isolés. La grande majorité des gènes de résistance reliés aux différents microorganismes est de type KPC. Chez un même patient, une souche de Serratia marcescens porteuse du gène SME et une souche d’Enterobacter cloacae porteuse du gène IMI-NMC ont été observés, alors que chez un autre patient, c’est une souche de Klebsiella pneumoniae porteuse de deux gènes OXA-48 et NDM et une souche d’Escherichia coli porteuse du gène OXA-48 qui ont été observés.

Tableau 12 – Proportion des gènes codant pour une carbapénémase pour les microorganismes isolés, ensemble du Québec, 2018-2019

KPC : Klebsiella pneumoniae carbapenemase (Classe A)
OXA-48 : Gène de la famille Oxacillinase-48 (Classe D)
IMI/NMC : Imipenem-hydrolysing b-lactamase / Not metalloenzyme carbapenemase
NDM : New Dehli metallo-ß-lactamase (Classe B)
SME : Serratia marcescens enzyme
IMP : Imipenemase  metallo-β-lactamase
GES : Guiana extended-spectrum ß-lactamase
FRI : French Imipenemase

Les taux d’incidence des infections nosocomiales à BGNPC et les percentiles des taux d’incidence selon la mission sont représentés aux figures 2 et 3. Les taux d’acquisition des colonisations nosocomiales à BGNPC selon la mission sont représentés aux figures 4 et 5.

Figure 2 – Taux d’incidence des infections nosocomiales à BGNPC (cat. 1a et 1b) et percentiles des taux d’incidence dans les installations non universitaires, ensemble du Québec, 2018-2019 (taux d’incidence par 10 000 jours-présence) 

Note : les installations 10, 14, 19, 23, 26, 32, 34, 35, 37, 38, 39, 40, 41, 42, 44, 45, 46, 47, 49, 51, 52, 53, 56, 58, 59, 61, 63, 64, 65, 67, 70, 72, 74, 75, 77, 80, 81, 82, 83, 84, 85, 86, 88, 89, 91, 95, 96, 97, 99, 100, 101, 103, 107, 109, 111, 112, 113 et 130 n’ont déclaré aucune infection en 2018-2019.

Figure 3 – Taux d’incidence des infections nosocomiales à BGNPC (cat. 1a et 1b) et percentiles des taux d’incidence dans les installations universitaires, ensemble du Québec, 2018-2019 (taux d’incidence par 10 000 jours-présence)

Note : les installations 3, 5, 6, 7, 12, 13, 15, 20, 24, 25, 27, 28, 29, 30, 31, 33, 48, 76 et 118 n’ont déclaré aucune infection en 2018-2019.

Figure 4 – Taux d’acquisition des colonisations nosocomiales à BGNPC (cat. 1a et 1b) et percentiles des taux d’acquisition dans les installations non universitaires, ensemble du Québec, 2018-2019 (taux d’acquisition des colonisations nosocomiales à BGNPC par 10 000 jours-présence)

Note : les installations 10, 14, 23, 26, 32, 35, 37, 39, 41, 44, 46, 47, 49, 51, 52, 53, 56, 59, 61, 65, 67, 70, 72, 74, 75, 77, 81, 82, 83, 84, 85, 86, 88, 91, 95, 96, 97, 99, 100, 107, 109, 111, 112, 113 et 130 n’ont déclaré aucune colonisation en 2018-2019.

Figure 5 – Taux d’acquisition des colonisations nosocomiales à BGNPC (cat. 1a et 1b) et percentiles des taux d’acquisition dans les installations universitaires, ensemble du Québec, 2018-2019 (taux d’acquisition des colonisations nosocomiales à BGNPC par 10 000 jours-présence)

Note : les installations 6, 12, 13, 15, 20, 30, 31, 76 et 118 n’ont déclaré aucune colonisation en 2018-2019.

Sur le plan local, en 2018-2019, le taux d’incidence des infections nosocomiales à BGNPC a varié de 0 à 0,26 / 10 000 jours-présence, alors que le taux d’acquisition des colonisations nosocomiales à BGNPC a varié de 0 à 6,26 / 10 000 jours-présence. Un total de 54 installations (64,3 %) n’ont déclaré aucune infection ni colonisation d’origine nosocomiale (cat. 1a et 1b) en 2018-2019. Un sommaire détaillé des données de surveillance des infections nosocomiales à BGNPC par installation est présenté au tableau 13.

Figure 6 – Répartition du nombre de cas d’infection nosocomiales (cat. 1 a et 1b) à BGNPC (N = 10) par région socio sanitaire, ensemble du Québec, 2018-2019 (région socio sanitaire ; %)

Figure 7 – Répartition du nombre de cas de colonisation nosocomiale (cat. 1 a et 1b) à BGNPC (N = 339) par région socio sanitaire, ensemble du Québec, 2018-2019 (région socio sanitaire ; %)

Tableau 13 – Taux d’incidence des infections nosocomiales à BGNPC (cat. 1a et 1b), taux d’acquisition des colonisations nosocomiales à BGNPC et moyenne des tests de dépistage des BGNPC par admission et par installation, ensemble du Québec, 2018-2019 (taux d’incidence par 10 000 jours-présence [I.C. à 95 %]; taux d’acquisition des colonisations par 10 000 jours-présence [I.C. à 95 %]) 

* Nombre de tests de dépistage réalisés, divisé par le nombre d’admissions.

Comité de surveillance provinciale des infections nosocomiales (SPIN)

Rédacteurs 

Christophe Garenc, Direction des risques biologiques et de la santé au travail, Institut national de santé publique du Québec

Christian Lavallée, CIUSSS de l’Est-de-l’Île-de-Montréal, Hôpital Maisonneuve-Rosemont

Danielle Moisan, CISSS du Bas-Saint-Laurent, Centre hospitalier régional du Grand-Portage

Natasha Parisien, Direction des risques biologiques et de la santé au travail, Institut national de santé publique du Québec

Jasmin Villeneuve, Direction des risques biologiques et de la santé au travail, Institut national de santé publique du Québec