Mesures d’adaptation populationnelles aux pollens allergènes
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Les mesures répertoriées dans cette page peuvent s’appliquer à une région, une ville et aux habitants d’un quartier ou d’un édifice. Diverses organisations peuvent les mettre en place dont les autorités de santé publique, les établissements de santé et les municipalités.
Ces mesures ciblent différentes composantes de la vulnérabilité aux pollens. Par exemple, les mesures de contrôle et de sélection de plantes diminuent à la source les pollens. Elles permettent donc de réduire l’exposition au sein de la population. Quant à la capacité d’adaptation des personnes allergiques, elle repose principalement sur l’adoption de comportements de protection. Toutefois, une amélioration des prévisions polliniques (réseau de surveillance des pollens) aiderait aussi à la capacité d’adaptation, tout comme des campagnes promotionnelles menées par diverses organisations. Celles-ci pourraient éclairer les personnes allergiques sur l’ensemble des ressources disponibles pour atténuer leurs symptômes. Ces campagnes devraient cibler en priorité les personnes sensibles aux pollens, asthmatiques et allergiques, afin d’influencer positivement leur exposition et leur capacité d’adaptation.
Surveillance environnementale
Les objectifs de la surveillance des pollens allergènes peuvent être diversifiés :
- Quantifier l’exposition des populations aux pollens;
- Planifier des programmes de réduction d’exposition;
- Créer des prévisions et des alertes à la population lorsque les concentrations de certains types de pollens dans l’air sont élevées;
- Étudier les retombées de certaines actions de réduction du pollen sur le terrain.
Au Québec, le suivi des pollens est réalisé grâce à une compagnie privée dont les prévisions sont ensuite diffusées par MétéoMédia. Au total, trois stations d’échantillonnage procurent les données de concentration journalière pour tout le Québec ainsi qu’une liste des pollens présents dans l’air. Ces stations sont localisées à Montréal, à Québec et à Sherbrooke. Il en existe 32 au Canada. En plus des conditions polliniques pour la journée, des prévisions sont aussi accessibles pour la journée suivante.
La surveillance des pollens allergènes s’effectue à l’aide de capteurs qui utilisent des bandes adhésives pour retenir le pollen, lequel est ensuite analysé. De nouveaux capteurs permettent maintenant de suivre les pollens en temps réel, mais la technologie est encore nouvelle et n’est pas utilisée dans le réseau actuel. Le plus grand défi avec les capteurs concerne le choix d’emplacement et de répartition des capteurs. Puisque les concentrations de pollens varient de façon substantielle au sein d’une même ville, elles devraient être mesurées à plusieurs endroits. Cependant, la répartition idéale et le nombre de capteurs à utiliser sont encore mal connus. Plusieurs études à ce propos sont en cours, dont une à l’Université du Québec à Montréal (UQAM).
De plus, la méconnaissance de l’allergénicité des pollens de certaines espèces de plantes – surtout pour les arbres – ainsi que la variabilité des pollens dans l’espace urbain rendent difficile la prédiction des symptômes pour la population. D’autres facteurs environnementaux comme le vent, la pluie et l’humidité peuvent aussi influencer l’exposition aux pollens de la population. Ainsi, les prévisions polliniques rapportées à l’heure actuelle au Québec peuvent ne pas être prédictives des symptômes réellement ressentis par les individus allergiques.
Méthodes de contrôle des plantes allergènes
Les méthodes de contrôle des plantes allergènes sont surtout utilisées pour les herbes indésirables, comme l’herbe à poux. Certaines ont pour but de prévenir l’implantation des plantes allergènes. Elles incluent la plantation d’espèces compétitives – puisque l’herbe à poux est un mauvais compétiteur – ou l’utilisation de matériaux qui empêchent la croissance de plantes.
Si l’herbe à poux est déjà présente, la tonte des plantes ainsi que l’arrachage représentent les méthodes les plus couramment utilisées. Attention! Il est important que la tonte soit faite au bon moment, à la bonne hauteur et avec le bon matériel. Une tonte efficace réduit le plus possible le nombre de grains de pollen relâchés par la plante.
La Stratégie québécoise de réduction de l’herbe à poux et des autres pollens allergènes (SQRPA) fournit de l’aide financière aux municipalités ainsi que des formations sur les plantes allergènes. Elle inclut un guide de gestion et de contrôle, notamment de l’herbe à poux, avec des étapes à suivre de la localisation des sites prioritaires aux prévisions budgétaires, en passant par la réalisation et l’évaluation du plan.
Et l’efficacité?
Les campagnes de tonte de l’herbe à poux réalisées au moment de sa pollinisation démontrent qu’elles peuvent réduire jusqu’à cinq fois les quantités de graines produites et jusqu’à neuf fois les quantités de pollen. D’autres techniques de contrôle existent : la méthode thermique (eau bouillante ou vapeur d’eau) ainsi que l’utilisation d’herbicide. Toutefois, leur efficacité n’est pas nécessairement supérieure à la tonte. Pour connaître les avantages et les désavantages des différentes méthodes, consultez le guide de gestion et de contrôle de l’herbe à poux de la SQRPA.
Sélection et emplacement des espèces végétales
Le verdissement procure des bienfaits importants pour la santé de la population. Toutefois, les pollens d’arbres peuvent se trouver en grande quantité dans les milieux urbains. Il est donc important de bien sélectionner les espèces d’arbres lors de la plantation, mais aussi leur sexe. En effet, les espèces mâles produisent généralement plus de pollens.
Plusieurs villes au Canada font preuve de sexisme botanique, puisque la majorité des arbres (74-94 %) plantés à Vancouver, à Montréal, à Halifax, à Toronto et à Edmonton sont de type mâle. Les administrations municipales privilégient les plantes mâles pour éviter d’avoir à nettoyer les graines et les fruits produits par les plantes femelles. Cependant, ces arbres mâles génèrent des pollens dont certains déclenchent des symptômes d’allergie dans la population.
Comme il n’est pas recommandé de couper ces arbres mâles, il existe des stratégies pour diminuer leurs concentrations de pollen dans l’air : un arbre femelle planté à proximité d’un arbre mâle permettrait de capter une partie des pollens relâchés par l’arbre mâle.
Les arbres monoïques peuvent aussi représenter une solution, puisqu’ils ont un potentiel allergène moins élevé que les plantes mâles des arbres dioïques. Les conifères, les cerisiers, les pommetiers et les mélèzes font tous partie de cette catégorie d’arbres à plus faible potentiel allergène.
Composées de graminées, les pelouses sont également allergènes. Les municipalités ont la capacité d’encourager le remplacement des pelouses d’herbe par des couvre-sols non allergènes, des plates-bandes fleuries, des jardins potagers ou d’autres espèces végétales indigènes non allergènes. Certaines graminées, utilisées parfois comme plantes décoratives, peuvent aussi produire des pollens allergènes.
Prendre en compte le potentiel allergène des végétaux plantés et cultivés dans les milieux urbains, s’assurer d’une diversité d’espèces et rééquilibrer le ratio de plantes mâles et femelles s’avèrent donc des moyens d’intervenir intelligemment.
Campagnes de sensibilisation
Les campagnes de sensibilisation sur les pollens allergènes permettent à la population de mieux comprendre leurs allergies et de diminuer leurs symptômes. Les messages devraient inclure des mesures d’adaptation sur lesquelles les individus ont un contrôle, comme l’évitement des sorties extérieures lorsque les concentrations de pollens sont élevées. Consultez notre page sur les mesures individuelles pour plus d’exemples.
Les campagnes de sensibilisation peuvent aussi cibler des plantes allergènes spécifiques. Au Québec, il existe plusieurs campagnes d’arrachage d’herbe à poux. Initiées par les municipalités ou les arrondissements, ces campagnes mobilisent la population pour lutter contre les plantes envahissantes allergènes. Par exemple, l’Association pulmonaire du Québec de concert avec le ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS) organise une campagne annuelle d’arrachage d’herbe à poux. Une trousse média est disponible, de même que du matériel promotionnel à l’intention des citoyennes et des citoyens.
La sensibilisation auprès des propriétaires fonciers s’avère aussi pertinente, puisque les terrains vacants ou sans couverts végétaux sont parmi les plus propices à la prolifération de l’herbe à poux. Les campagnes peuvent inclure des affiches, des dépliants, des formations, etc.
Pour en savoir plus
Consultez nos publications pour accéder aux références de ce texte :
- Les aléas affectés par les changements climatiques : effets sur la santé, vulnérabilités et mesures d’adaptation (2021)
- Stratégie québécoise de réduction de l’herbe à poux et des autres pollens allergènes : évaluation de la mise en œuvre et des effets (2023)
- État des connaissances sur le pollen et les allergies – Les assises pour une gestion efficace (2013)
Visionnez notre webinaire :