Résultats annuels de surveillance intégrée du VNO et des autres arbovirus : année 2020

Virus du Nil occidental

Surveillance humaine

Au Québec, la surveillance humaine du virus du Nil occidental (VNO) a débuté en 2002, et le premier cas humain a été observé en 2003. Depuis, le nombre de cas déclarés chez les Québécois fluctue annuellement, démontrant deux pics importants, soit en 2012 et en 2018 (Figure 1).

En 2020, 63 cas d’infection par le VNO ont été rapportés au Québec, représentant la 3ème année d’importance en termes de nombre de cas, bien que ce nombre demeure relativement faible par comparaison aux deux années de pic (133 cas en 2012 et 200 en 2018) :

  • Le premier cas de la saison 2020 a été rapporté à Montréal en date du 20 juillet 2020 (semaine CDC 301). À noter qu’un premier cas a été déclaré en janvier 2020, mais dont les symptômes ont débuté en 2019.
  • Les cas d’infection par le VNO ont été rapportés dans huit régions sociosanitaires (RSS), avec près de 64 % des cas rapportés à Montréal et en Montérégie, bien que le taux d’incidence le plus élevé demeure à Laval avec 2,40 cas d’infection par 100 000 personnes-années (p.a) (Tableau 1).
  • L’âge des cas variait de 31 à 91 ans, avec plus de 70 % des cas âgés de 60 ans et plus (pic chez les 60-69 ans) et 54 % des cas étant des hommes. Cinq décès ont été rapportés chez des personnes de 75 ans et plus.

1 Les Centers for Disease Control and Prevention (CDC) aux États-Unis attribuent un numéro à chaque semaine en partant du début de chaque année et qui commence le dimanche et se termine le samedi.

Figure 1 - Nombre de cas humain d’infection par le VNO et taux incidence, Québec, 2003 – 2020

 

Sources : Direction de la vigie sanitaire, MSSS. Extraction MADO en date du 15 décembre 2020; MSSS, estimations et projections démographiques basées sur le recensement de 2011.

Tableau 1 - Nombre de cas humains d'infection par le VNO et taux brut d'incidence selon la RSS de résidence, Québec, 2020

RSS de résidence1

Nombre de cas déclaré

Taux d'incidence/100 000 p. a.

Bas-Saint-Laurent

1

0,50

Capitale-Nationale

1

0,13

Montréal

20

1,00

Outaouais

3

0,73

Laval

11

2,40

Lanaudière

3

0,56

Laurentides

4

0,63

Montérégie

20

1,39

TOTAL

63

0,73

1 En 2020, l'information sur la RSS d'acquisition était non disponible pour la quasi-totalité des cas.
Sources : Direction de la vigie sanitaire, MSSS. Extraction MADO en date du 15 décembre 2020; MSSS, estimations et projections démographiques basées sur le recensement de 2011.

Surveillance animale passive

Entre le 16 juin et le 5 octobre 2020, 19 oiseaux sauvages, appartenant à 7 espèces différentes et deux petits mammifères sauvages (deux écureuils gris), ont été déclarés positifs pour le VNO par le Centre québécois sur la santé des animaux sauvages – Réseau canadien pour la santé de la faune. L’ensemble de ces animaux ont été trouvés dans les RSS du Bas-Saint-Laurent, Mauricie-et-Centre-du-Québec, Montréal, Laval, Lanaudière, Laurentides et Montérégie. Le premier oiseau positif pour le VNO étant un Corneille d'Amérique découvert aux Laurentides.

Un cheval provenant des Laurentides a également été déclaré positif par le ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec. Il est à noter que bien que les chevaux constituent un bon indicateur de l’activité virale locale, une grande proportion est aujourd’hui vaccinée contre le VNO au Québec.

Surveillance entomologique

La surveillance entomologique s’effectue depuis 2003, mais a été interrompue de 2007 à 2012 à cause du faible nombre de cas humains, puis reprise à partir de 2013. Le nombre de stations et de pièges entomologiques ainsi que leurs emplacements géographiques a largement varié dans le temps. Cependant, depuis 2017, la surveillance entomologique s’effectue dans les mêmes 49 stations afin d’assurer un suivi longitudinal de la situation.

En 2020, les activités de surveillance entomologique ont débuté le 1er juin et se sont poursuivies jusqu’à la fin septembre. Des lots de moustiques positifs ont été détectés dans 6/7 RSS échantillonnées (Tableau 2). Le LSPQ a analysé 2 013 lots de moustiques dont 1,4 % étaient positifs pour le VNO comparativement à 1,0 % en 2019. Laval, suivie par Montréal affichaient les pourcentages les plus élevés. Il faut toutefois rester prudent dans l’interprétation de ces pourcentages, compte tenu du faible nombre de lots de moustiques positifs par RSS. Le premier lot de moustiques positif a été collecté le 16 juillet 2020 en Montérégie.

Tableau 2 - Distribution des stations entomologiques et des lots de moustiques collectés et analysés pour le VNO par région sociosanitaire (RSS) du Québec, 2020

RSS Nombre de stations déployées Nombre de lots positifs / nombre de lots analysés* (%)
Capitale-Nationale 14 1/429 (0,2 %)
Mauricie-et-Centre-du-Québec 7 0/306 (0 %)
Montréal 5 9/217 (4,1 %)
Outaouais 7 1/307 (0,3 %)
Laval 4 9/167 (5,4 %)
Lanaudière 7 2/332 (0,6 %)
Montérégie 5 7/255 (2,7%)
TOTAL 49 29/2 013 (1,4%)

* Détection du VNO par la méthode de transcription inverse et réaction en chaîne de la polymérase en temps réel (RT-PCR) réalisée par le Laboratoire de santé publique du Québec (LSPQ). Source : Direction de la vigie sanitaire, MSSS. Extraction SIDVS_VNO en date du 27 mai 2021.

Autres arbovirus

Virus du sérogroupe Californie

Le Québec surveille les cas d’infection humaine associés aux virus du sérogroupe de Californie (VSC) depuis plusieurs décennies par l’entremise des « encéphalites transmises par arthropodes ». Depuis la mise en vigueur du nouveau Règlement d’application de la Loi de la santé publique le 17 octobre 2019, toutes les infections par les virus du sérogroupe de Californie sont à déclaration obligatoire par les laboratoires. De plus, les arboviroses neuroinvasives sont à déclaration obligatoire par les médecins et ne se limitent plus seulement aux atteintes du système nerveux central (anciennement appelées Encéphalites transmises par arthropodes). Les virus de Jamestown Canyon (VJC) et du Snowshoe Hare (VSSH) sont parmi les plus fréquemment observés au Québec.

En 2020, 11 cas d’infection aux VSC ont été déclarés au Québec, dont 7 cas confirmés et 4 probables. Parmi ces cas, 3 étaient associés au VJC, 3 au VSSH et 3 au VSSH ou au VJC. L’information quant au microorganisme responsable n’était pas disponible pour 2 épisodes déclarés en 20202. Ces cas sont survenus chez 4 femmes et 7 hommes âgés de 24 à 86 ans (âge médian de 58 ans). L’ensemble des cas résidaient dans les RSS de Bas-St-Laurent (n = 2), Saguenay-Lac-Saint-Jean (n = 1), Capitale-Nationale (n = 1), Mauricie et Centre-du-Québec (n = 2), Estrie (n = 1), Lanaudière (n = 2) et Montérégie (n = 2).

Pour plus de détails sur l’épidémiologie des virus du sérogroupe Californie, consulter le Flash vigie 2019 - Volume 14, no. 5.

Pour les VSC, aucune surveillance animale n’a jamais été établie et en 2020, aucune surveillance entomologique associée au VSC n’a eu lieu.

2 Sources : Direction de la vigie sanitaire, MSSS. Extraction SI-GMI en date du 1er juin 2020; MSSS.

Virus de l’encéphalite équine de l’Est

Les infections associées avec le virus de l’encéphalite équine de l’Est (VEEE) sont des maladies à déclaration obligatoire autant chez l’humain que chez les animaux. Le principal vecteur (Culiseta melanura) est présent au Québec, surtout autour des marécages. Puisqu’il se nourrit presqu’exclusivement chez les oiseaux, l’infection chez l’humain est généralement très rare. Au Québec, aucun cas d’infection humaine n’a été rapporté, à ce jour, bien qu’environ une cinquantaine de demandes soient acheminées au LSPQ annuellement.

Du côté de la surveillance animale, aucune infection chez les animaux n’a été déclarée par le MAPAQ et aucune surveillance entomologique associée au VEEE n’a eu lieu, en 2020.


AUTEUR
Comité scientifique sur les zoonoses et l’adaptation aux changements climatiques

Najwa Ouhoummane, Ph. D., INSPQ
Julie Ducrocq, D.M.V., M.Sc., INSPQ
Stéphanie Jodoin, M. Sc., MSSS

AVEC LA COLLABORATION DE
Anne Kimpton, M. Sc., chef d’unité, INSPQ
Colette Gaulin, MD, M. Sc., MSSS
Eveline Toth, M.Sc., MSSS
Marie-Andrée Leblanc, B. Sc. Inf., MSSS
Christian Therrien, Ph. D., LSPQ, INSPQ

REMERCIEMENTS
Sincères remerciements à Geneviève Germain et au Groupe d'experts sur les maladies transmises par les moustiques de l’INSPQ.

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