Arthropodes : situation et définition
Plusieurs maladies, tropicales ou non, sont causées ou transmises par des arthropodes.
La grande famille des arthropodes inclut les insectes, et certains animaux invertébrés tels que les arachnides (araignées, scorpions, tiques, sarcoptes et mites), les crustacés et les myriapodes (mille-pattes).
Plus spécifiquement, la classe des insectes regroupe l’ordre des diptères (comprenant les mouches, les moustiques et les moucherons), les hyménoptères (englobant les guêpes, les abeilles et les bourdons), les poux et les puces, les tabanidés (taons) et les réduves ou triatomes.
L’arthropode ou l’agent vecteur est souvent un insecte hématophage qui disperse l’infection en transportant l’agent pathogène d’un hôte à l’autre. C’est habituellement la femelle qui pique, aussi bien l’homme que les animaux afin de de se procurer du sang pour le développement de ses œufs. La probabilité d’acquisition des maladies est fonction de l’exposition aux arthropodes vecteurs et du taux d’infestation de ces derniers.
Au tableau 13, on retrouve les principales maladies tropicales qui sont transmises par des arthropodes.
Arthropode vecteur | Maladie | Période de pointe d'activité et localisation |
---|---|---|
Moustiques |
|
|
Anophèles |
Paludisme, filariose lymphatique |
Piquent habituellement entre le crépuscule et l'aube (activité nocturne) |
Aedes |
Fièvre jaune, chikungunya, dengue, filariose, Zika |
Peuvent piquer à toute heure de la journée, surtout en zone d'ombre (activité diurne) |
Culex |
Encéphalite japonaise, filariose, virus du Nil occidental |
Piquent habituellement entre le crépuscule et l'aube (activité nocturne) |
Mansonia |
Filariose |
Piquent habituellement la nuit, surtout à l'extérieur |
Glossines (mouche tsé-tsé) |
Trypanosomiase africaine |
Actives habituellement durant le jour (certaines espèces sont actives au crépuscule ou à l'aube) et piquent habituellement à l'extérieur |
Simulies |
Onchocercose |
Piquent habituellement le jour, à l'extérieur, près des rivières ou des ruisseaux |
Poux |
Bartonellose, fièvre récurrente, typhus exanthématique |
Présents habituellement dans les vêtements, sauf lorsqu'ils se nourrissent sur l'hôte humain |
Puces |
Peste, typhus murin |
Présentes à l'intérieur et à l'extérieur, souvent associées à un type d'hôte précis, mais se nourriront sur divers mammifères, y compris les humains. |
Phlébotomes |
Leishmaniose viscérale, Leishmaniose muco-cutanée, fièvre à phlébotome |
Piquent habituellement la nuit et à l'extérieur, mais certains s'alimentent également à l'intérieur |
Réduves (triatomes) |
Trypanosomiase américaine |
Actifs la nuit et se nourrissent de sang humain, habituellement à l'intérieur |
Tiques |
Fièvre récurrente à tiques, babésiose, rickettsioses, maladie de Lyme, fièvre Q, fièvre hémorragique de Congo-Crimée, encéphalite européenne, tularémie, fièvre pourprée des montagnes Rocheuses |
Très dispersées dans les forêts, les prés et les zones herbeuses; attendent sur un brin d'herbe ou la branche d'un buisson bas, le passage d'un hôte (animal ou humain) |
Tabanidés (taons ou mouches à chevreuils) | Filariose à Loa loa, tularémie | Actives durant le jour à l'extérieur, souvent durant les heures ensoleillées |
Mouches |
Maladies entériques |
À l'intérieur ou à l'extérieur |
Arthropodes vecteurs
Alors que les moustiques du genre anophèles et culex ont une activité nocturne, les aedes ont, pour leur part, une activité diurne. Les piqûres de moustiques ne causent en général qu’une papule érythémateuse localisée en réponse à l’action irritante des sécrétions salivaires de l’insecte.
Certains diptères (moustiques, mouches) piquent les animaux et l’humain pour se nourrir alors que les hyménoptères (guêpes, abeilles, etc.) ne piquent en général que s’ils se sentent menacés. Les piqûres d’hyménoptères provoquent une sensation immédiate de brûlure, rapidement suivi de réaction inflammatoire localisée mais ne transmettent pas de pathologies tropicales. Rarement, la réaction cause un œdème et un érythème local étendu ou une réaction systémique de type anaphylactique pouvant cependant être d’une importance majeure chez certains voyageurs.
La glossine (mouche tsé-tsé), petite mouche aux ailes croisées, pond dans les sols humides; elle est active surtout le jour.
Les simulies sont de petites mouches noires dont les larves se développent dans les rapides des rivières. Les simulies sont des insectes hématophages dont la morsure laisse une petite tache rouge entraînant quelquefois des démangeaisons et de l’inflammation.
Les phlébotomes sont de petits moucherons velus de 2 à 3 mm aux mœurs nocturnes; leurs larves se développent dans les anfractuosités du sol et leur piqûre est douloureuse.
Les réduvidés (triatomes) sont de gros insectes semblables aux punaises; on les retrouve également dans les crevasses du sol, des murs ou des toits de chaume. Ils sont actifs la nuit et leur piqûre est indolore.
Les tiques vivent habituellement sur les animaux et se nourrissent de leur sang. L'homme peut se voir infecter par des bactéries à la suite d'une piqûre par une tique ou plus rarement par un taon. Le passage de tiques à l’humain s’effectue au contact d’animaux (sauvages ou domestiques) infestés ou au contact d’herbes hautes et de buissons auxquels des tiques sont agrippées.
D’autres pathologies tropicales sont également transmises par un contact direct avec un arthropode et non véritablement par la transmission vectorielle d’un agent pathogène. Le tableau 14 présente des pathologies dites tropicales causées par un contact direct avec des arthropodes.
Arthropode | Maladie |
---|---|
Mouches |
Myiase (ponte sous-cutanée) |
Puces chique |
Tungose (ponte sous-cutanée) |
La myiase survient suite à l’invasion des tissus vivants des animaux et des humains par la larve de certaines mouches. Dans certaines zones tropicales les mouches pondent leurs œufs directement sur une peau saine ou lésée et envahissent graduellement le tissu sous-cutané, permettant à la larve de se développer alors que dans d’autres régions, il y aura transmission après que la mouche ait pondu ses larves sur ou à l’intérieur de vêtements puis pénétration secondaire de larve. De son côté, la puce chique pénètre sous la peau, s’y développe et pond. Cela provoque de petits nodules de la taille d’un pois, souvent centré d’un point noir correspondant à l’orifice de la ponte; ces nodules peuvent se surinfecter.