Veille analytique en santé cognitive, avril 2022

Pour ce numéro, l’équipe Vieillissement en santé a repéré six études abordant l’activité physique et la participation sociale. La première étude aborde certaines caractéristiques de programmes d’exercices physiques en milieu communautaires ayant été démontrés efficaces pour améliorer la santé physique et cognitive des personnes âgées vivant dans les zones rurales. L’étude suivante présente une évaluation de la rentabilité économique de différentes modalités d’interventions favorisant l’activité physique chez les personnes de plus de 60 ans. La troisième étude vise à mieux comprendre comment optimiser les effets bénéfiques de l’exercice physique (relativement à la dose et au type d’exercice) sur la santé cognitive chez les personnes âgées de 50 ans. La quatrième décrit une étude longitudinale visant à évaluer la mobilité fonctionnelle chez des adultes âgés de 50 ans ou plus n’ayant pas été hospitalisés à la suite d’un diagnostic positif à la COVID-19. La cinquième porte sur une intervention permettant de réduire l’isolement social chez les adultes de 65 ans et plus. La dernière rapporte les résultats d’une étude montréalaise ayant analysé les expériences d’isolement social chez les personnes âgées vivant seules.

Mode de vie physiquement actif

Caractéristiques des programmes d’exercices physiques offerts en milieu communautaire pour les personnes âgées vivant dans les zones rurales

Contexte

Le vieillissement est associé à un risque accru de maladies chroniques qui peuvent grandement affecter la mobilité et la qualité de vie des personnes âgées. Les programmes d’exercices physiques en groupe permettent aux personnes âgées de prendre part à des séances régulières d’exercices appropriés et favorables à leur santé physique et cognitive. Ces programmes ont également le potentiel de stimuler l’engagement social, un facteur connu pour améliorer la santé physique et mentale des personnes âgées. Cependant, on connaît mal les caractéristiques des programmes d’exercices physiques offerts en milieu communautaire, en particulier lorsque ces programmes sont implantés en dehors des zones métropolitaines. En effet, les milieux ruraux sont confrontés à des défis uniques, tels que l’accès limité à l’équipement et aux ressources, ainsi que les coûts importants lors de la mise en œuvre des programmes.

Objectif de l’étude

La présente recension des écrits vise à mieux connaître les caractéristiques des programmes d’exercices physiques offerts en milieu communautaire ayant été démontrés comme efficaces pour favoriser la santé physique et cognitive des personnes âgées vivant dans les zones rurales.

Qu’est-ce qu’on y apprend?

Au total, douze programmes d’exercices physiques offerts en milieu communautaire destinés aux personnes âgées vivant dans les zones rurales ont été recensés. Ces programmes ont été menés dans différents pays soit les États-Unis (n = 4), le Japon (n = 3), la Taiwan (n = 2), l’Italie (n = 1), l’Espagne (n = 1) et la Corée du Sud (n = 1). L’étude fait ressortir la grande variété de ces programmes eu égard au type et à la durée. En cohérence avec les lignes directrices de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) publiées en 2020, les résultats soutiennent néanmoins l’importance d’inclure une variété d’exercices — qui comprennent à la fois un entraînement aérobique et un entraînement de l’équilibre et de la force — d’intensité modérée. Ainsi, tous les programmes comprenaient des exercices d’intensité modérée pratiqués au moins deux fois par semaine pendant une période variant de 60 à 90 minutes. Les auteurs notent finalement que l’offre de programme d’exercices physiques par le biais de modalités à distance (télésanté) peut être considérée comme une avenue prometteuse afin de rejoindre les personnes âgées vivant dans les zones rurales puisque l’accès aux services professionnels de proximité est plus difficile.

Limites

La recension ne prétend pas offrir une liste exhaustive des programmes d’exercices physiques offerts en milieu communautaire pour les personnes âgées vivant dans les zones rurales. De plus, certains facteurs connus pour influencer la santé physique et cognitive — notamment le degré de solitude et les habitudes alimentaires — n’ont pas été pris en compte lors de l’évaluation de l’efficacité des programmes recensés. Par conséquent, il est impossible de savoir exactement quelles « composantes » de ces programmes contribuent aux effets, c’est-à-dire quel est l’apport des programmes d’exercices physiques (en comparaison à d’autres facteurs) afin d’expliquer l’amélioration chez les participants eu égard à leur santé physique et cognitive.

Fien, S., Linton, C., Mitchell, J. S., Wadsworth, D. P., Szabo, H., Askew, C. D., & Schaumberg, M. A. (2022). Characteristics of community-based exercise programs for community-dwelling older adults in rural/regional areas: a scoping review. Aging clinical and experimental research, 1-18.

Évaluation du rapport coût-efficacité de différentes modalités d’interventions favorisant l’activité physique chez les personnes de plus de 60 ans

Contexte

La pratique de l’activité physique est associée à une réduction des risques d’obésité, de plusieurs maladies chroniques, ainsi qu’à l’amélioration de la santé cognitive. Les stratégies visant à augmenter l’activité physique peuvent éviter des problèmes de santé et des décès précoces, et ainsi avoir un effet sur les coûts associés aux soins de santé. En ce sens, la prise en compte du rapport coût-efficacité de différentes modalités d’interventions favorisant l’activité physique peut être utilisée comme un moyen objectif de disposer de données pertinentes pour prendre des décisions en matière de santé publique. De façon plus générale, les études coût-efficacité sont utiles pour comparer les interventions et sélectionner les plus efficaces en fonction des ressources disponibles. Il apparait donc important de prendre en considération le rapport coût-efficacité lorsque l’on veut connaître les modalités d’interventions les plus prometteuses à mettre en place afin de favoriser l’activité physique chez les personnes âgées.

Objectif de l’étude

Une revue systématique de la littérature a été effectuée pour examiner le rapport coût-efficacité de différentes modalités d’interventions favorisant l’activité physique chez les personnes de plus de 60 ans. Afin d’être retenue dans l’analyse finale, l’intervention devait préciser la composition du programme d’exercice (exercices aérobiques, de force, d’équilibre ou de flexibilité), la durée, la fréquence ainsi que l’intensité des séances d’exercices offertes.

Qu’est-ce qu’on y apprend?

Au total, quinze modalités d’interventions ont été examinées par rapport à leur rapport coût-efficacité. Afin de maximiser le rapport coût-efficacité, l’intervention doit avoir les caractéristiques suivantes :

  • L’intervention doit comprendre à la fois des séances d’exercices aérobiques, de renforcement musculaire, ainsi que des exercices d’étirement et de maintien de stabilité;
  • Les séances d’exercices aérobiques et de renforcement musculaire doivent être d’une intensité modérée ou vigoureuse. De plus, ces séances doivent être réalisées au moins deux fois par semaine pendant une durée d’au moins 60 minutes chacune;
  • Le renforcement musculaire doit impliquer tous les principaux groupes musculaires;
  • Les exercices d’étirement et de maintien de stabilité devraient être réalisés trois fois ou plus par semaine;
  • L’intervention doit avoir une durée d’au moins six mois;
  • Le programme d’exercice doit être dispensé sous forme d’intervention en groupe, tout en comprenant des exercices supplémentaires à effectuer de façon individuelle au domicile.

Notons finalement que certaines caractéristiques individuelles (notamment le sexe, l’âge, l’état cognitif et la fragilité) doivent être prises en compte puisqu’elles modifient le rapport coût-efficacité des interventions mises en œuvre. Par exemple, les auteurs mentionnent que les programmes d’exercice semblent avoir un meilleur rapport coût-efficacité chez les personnes avec de plus grandes fragilités ou encore pour celles ayant une meilleure santé cognitive.

Limites

L’hétérogénéité des interventions recensées (en regard au type d’exercice évalué, aux différences individuelles des participants, etc.) rend difficile la comparaison entre celles-ci. De plus, la façon de mesurer « l’intensité des séances d’exercices » n’a pas été décrite dans plusieurs des interventions recensées. Cette dernière limite fait en sorte qu’il est beaucoup plus difficile de comprendre exactement la façon dont l’intensité peut affecter le rapport coût-efficacité d’une intervention donnée.

Jorge, S. P., David, N. V., Alba, G. C., Germán, V. R., & Antonio, C. J. (2022). Health economic evaluation of exercise interventions in people over 60 years old: A systematic review. Experimental Gerontology, 111713.

Optimiser les bienfaits de l’activité physique pour la santé cognitive chez les personnes âgées de 50 ans ou plus : quelle dose et quel type d’exercice doit-on privilégier?

Contexte

De nombreuses études scientifiques ont démontré les avantages de l’exercice physique pour améliorer la santé cognitive chez les personnes âgées de 50 ans ou plus. Il n’est donc pas surprenant que les directives de santé publique fassent de l’activité physique une pierre angulaire pour la prévention et le traitement de la démence. En ce sens, l’OMS recommande aux personnes âgées de pratiquer de 150 à 300 minutes d’activité physique d’intensité modérée par semaine. De façon complémentaire, des activités de renforcement musculaire (musculation en utilisant des poids et haltères, exercices d’équilibre statique, utilisation des bandes de résistance, etc.) impliquant les principaux groupes musculaires devraient également être effectuées, et ce, au moins trois fois par semaine. Malgré la pertinence de ces recommandations, il existe un besoin de mieux comprendre comment optimiser les effets de l’exercice physique sur l’amélioration de la santé cognitive chez les personnes âgées de 50 ans ou plus.

Objectifs

L’étude vise deux objectifs, soit de (1) déterminer la dose d’exercice physique optimale associée à des changements cliniquement significatifs pour ce qui est du fonctionnement cognitif; (2) comparer l’efficacité relative de différents types d’exercice (exercices de renforcement musculaire vs exercices aérobiques) pour améliorer le fonctionnement cognitif. Pour ce faire, les données de 44 études (pour un total de 4793 participants) ont été analysées.

Qu’est-ce qu’on y apprend?

  • Il n’existe pas de seuil minimal pour observer un effet bénéfique de l’exercice physique et prédire une amélioration sur le plan du fonctionnement cognitif. Ce résultat fait écho à l’adage « faire un peu d’activité physique est mieux que de ne pas en faire du tout ».
  • La dose minimale d’exercice physique associée à des changements cliniquement significatifs en ce qui concerne le fonctionnement cognitif est de 724 METs-min par semaine. Cette dose est légèrement au-delà de la limite inférieure du niveau d’activité physique recommandé par l’OMS (c’est-à-dire 600 METs-min par semaine; équivalent à 150 minutes par semaine d’activité physique d’intensité modérée ou encore à 75 minutes par semaine d’activité physique d’intensité vigoureuse).
  • Les effets bénéfiques sur le fonctionnement cognitif sont mitigés pour des doses d’exercice physique au-delà de la limite supérieure recommandée par l’OMS (c’est-à-dire l’exercice au-delà de 1200 METs-min par semaine; équivalent à 300 minutes par semaine d’activité physique d’intensité modérée ouF encore à 150 minutes par semaine d’activité physique d’intensité vigoureuse). Autrement dit, ces doses supplémentaires d’exercice physique ne semblent pas apporter une valeur ajoutée significative en termes d’effets positifs sur le fonctionnement cognitif.
  • À dose équivalente, les personnes âgées en surpoids retirent davantage de bénéfices de l’activité physique en termes d’effets positifs sur leur fonctionnement cognitif que les personnes âgées qui ne sont pas en surpoids.
  • Des doses inférieures d’exercices de renforcement musculaire (musculation en utilisant des poids et haltères, exercices d’équilibre statique, utilisation des bandes de résistance, etc.) sont suffisantes afin de provoquer des changements cliniquement significatifs en ce qui concerne le fonctionnement cognitif en comparaison aux doses associées aux exercices aérobiques (danse, nage, course à pied, etc.). Ces résultats soutiennent l’importance de miser sur des exercices de résistance afin d’améliorer la santé cognitive chez les personnes âgées de plus de 50 ans.

Limites

Les données disponibles dans cette étude n’ont pas permis de déterminer la dose d’exercice optimale associée à des changements cliniquement significatifs en regard à des fonctions cognitives spécifiques (par exemple la mémoire). De même, les données n’ont pas permis de comparer l’efficacité relative de différents types d’exercice (exercices de résistance vs exercices aérobiques) en fonction de certaines caractéristiques individuelles (comme le poids ou le genre). Enfin, seulement les études qui évaluaient la fonction cognitive par le biais du questionnaire standardisé Mini-Mental State Evaluation (MMSE) ont été retenues dans l’analyse, ce qui peut diminuer la généralisation des résultats.

Gallardo-Gómez, D., del Pozo-Cruz, J., Noetel, M., Álvarez-Barbosa, F., Alfonso-Rosa, R. M., & del Pozo Cruz, B. (2022). Optimal Dose and Type of Exercise to Improve Cognitive Function in Older Adults: A Systematic Review and Bayesian Model-Based Network Meta-Analysis of RCTs. Ageing Research Reviews, 101591.

Évaluation de la mobilité fonctionnelle chez des personnes âgées de 50 ans ou plus n’ayant pas été hospitalisées à la suite d’un diagnostic positif à la COVID-19

Contexte

Les études sur les séquelles cliniques de la COVID-19 dans les cohortes hospitalisées ont révélé un risque accru de ressentir une détérioration persistante de la santé physique et mentale. De plus en plus d’études montrent également que les patients souffrant de COVID-19 sévère qui ont survécu à une hospitalisation rapportent des limitations physiques persistantes jusqu’à plusieurs mois après leur sortie de l’hôpital. Cependant, peu d’études se sont penchées sur les effets au long terme de la COVID-19 chez des personnes non hospitalisées.

Objectifs

La présente étude a été menée auprès de 51 338 personnes âgées de plus de 50 ans vivant au Canada. Elle vise à évaluer la présence de séquelles en ce qui concerne la mobilité fonctionnelle chez des personnes déclarées positives à la COVID-19, mais n’ayant pas été hospitalisées.

Qu’est-ce qu’on y apprend?

Un diagnostic positif à la COVID-19 est associé à une diminution de la mobilité fonctionnelle — soit la capacité à effectuer des tâches ménagères, à faire de l’activité physique et à se lever après s’être assis sur une chaise —, et ce, même en l’absence d’hospitalisation. Les personnes ayant reçu un diagnostic de COVID-19 (confirmé ou probable) ont plus de risques de voir leur capacité à effectuer des activités quotidiennes diminuer par rapport aux personnes n’ayant pas reçu un diagnostic de COVID-19. De plus, le fait de souffrir de trois maladies chroniques ou plus est associé à un déclin plus marqué de la mobilité fonctionnelle. Les résultats de l’étude soutiennent la nécessité de mettre en œuvre des interventions afin de restaurer la mobilité fonctionnelle aux niveaux antérieurs à la maladie à la suite d’un diagnostic positif à la COVID-19.

Limites

Le statut « positif à la COVID-19 » a été déterminé à l’aide de données autorapportées et tous les cas n’ont pas été confirmés par des tests. De la même façon, la mobilité fonctionnelle n’a pas été évaluée à l’aide de tests cliniques, mais plutôt à l’aide de données autorapportées. Finalement, cette étude n’incluait pas de personnes âgées résidant dans des établissements de soins de longue durée. Or, les changements chez ces personnes sur le plan de la mobilité fonctionnelle à la suite d’un diagnostic positif de COVID-19 peuvent être différents de ceux vécus par les personnes âgées vivant dans la communauté.

Beauchamp, M. K., Joshi, D., McMillan, J., Oz, U. E., Griffith, L. E., Basta, N. E.,… & Cosco, T. (2022). Assessment of Functional Mobility After COVID-19 in Adults Aged 50 Years or Older in the Canadian Longitudinal Study on Aging. JAMA Network Open, 5(1), e2146168-e2146168.

Participation sociale

Les connecteurs communautaires : un service permettant de réduire l’isolement social chez les adultes de 50 ans et plus

Contexte

Un grand nombre de personnes âgées vivent seules et peuvent connaître des niveaux élevés de solitude. Cependant, l’accès aux activités qui permettent de s’engager dans la communauté peut être difficile. Les connecteurs communautaires (community connectors) sont les personnes qui soutiennent les personnes âgées en les mettant en contact avec les ressources locales nécessaires (activités sociales, services médicaux et psychosociaux, services de transports adaptés, programmes de soutien financier, etc.) dont elles ont besoin.

Objectifs

L’objectif de cette étude est d’évaluer l’appréciation du service de connecteurs communautaires (community connectors) existant dans le nord-ouest de l’Angleterre. Plus spécifiquement, une cinquantaine de connecteurs communautaires (community connectors) travaillent directement avec les personnes aînées pour répondre à leurs besoins individuels et leur donner la confiance et l’opportunité de s’engager dans des activités communautaires. Au total, treize entretiens semi-structurés ont été réalisés auprès de personnes âgées de 50 ans et plus ayant pu bénéficier de ce service.

Qu’est-ce qu’on y apprend?

Cette étude suggère que ce service atteint son objectif principal de permettre aux personnes âgées de participer à des activités au sein de leur communauté et ainsi de réduire leur solitude et leur sentiment d’isolement social. Les participants ont expliqué comment les connecteurs communautaires les ont aidés à accéder à des activités sociales qu’ils n’auraient peut-être pas été à l’aise de faire par eux-mêmes. En plus de se sentir plus proches de leur communauté, les participants ont également déclaré avoir davantage confiance en eux.

Limites

Le service des connecteurs communautaires (community connectors) évalué dans cette étude a été implanté dans l’une des régions les plus défavorisées du pays. Par conséquent, les besoins de cette clientèle peuvent différer de celle issue de milieux plus favorisés. De plus, les participants à l’étude étaient tous caucasiens. Il apparait important que des évaluations futures soient menées dans des régions avec une population plus diversifiée sur le plan des caractéristiques socioéconomiques et culturelles.

Giebel, C., Hassan, S., Harvey, G., Devitt, C., Harper, L., & Simmill‐Binning, C. (2022). Enabling middle‐aged and older adults accessing community services to reduce social isolation: Community Connectors. Health & Social Care in the Community, 30(2), e461-e468.

Les expériences d’isolement social chez les personnes âgées vivant seules : une étude qualitative

Contexte

Le recensement de 2016 du Québec a montré qu’un tiers des personnes âgées de plus de 65 ans vivaient seules. Chez les personnes âgées de 85 ans et plus, ces chiffres s’élèveraient à 56 % des femmes et à 29 % des hommes. Or, l’état actuel des connaissances scientifiques suggère que ces personnes présentent un risque plus élevé d’isolement social qui, à son tour, peut compromettre leur santé et leur bien-être à des degrés divers. Pourtant, peu d’études qualitatives ont tenté de comprendre l’expérience subjective de la vie en solitaire et la façon dont elle peut avoir un impact sur les relations des personnes âgées.

Objectif

Cet article présente les résultats d’une recherche-action explorant la manière dont les personnes âgées vivant seules perçoivent leur vie quotidienne. Plus spécifiquement, les questions suivantes sont analysées : jusqu’à quel point les personnes âgées vivant seules se considèrent-elles comme isolées? Quelles stratégies utilisent-elles pour faire face à la vie en solo et bénéficier d’un réseau social satisfaisant? Les données présentées sont basées sur 43 entretiens individuels avec des hommes et des femmes âgés de 65 à 93 ans vivant seuls dans la région de Montréal (Québec, Canada). Des groupes de discussion avec des acteurs impliqués dans l’intervention auprès de ces personnes ont également été effectués.

Qu’est-ce qu’on y apprend?

Même si la majorité des personnes âgées participantes sont confrontées à des difficultés pouvant limiter leur capacité à entretenir des relations sociales satisfaisantes (pertes importantes d’autonomie fonctionnelle, conditions socioéconomiques précaires et restrictives, etc.), le fait de vivre seul n’est pas nécessairement synonyme d’isolement social. Leurs récits ont révélé l’étendue de leur résilience et leur capacité à maintenir des relations sociales satisfaisantes avec leur famille et leurs pairs. Cependant, pour une minorité, principalement des hommes de plus de 80 ans vivant dans une situation financière précaire, la vie en solitaire se traduit par un sentiment de solitude pouvant devenir problématique.

En bref, les résultats de l’étude révèlent l’importance de reconnaître le rôle central que les pairs peuvent jouer dans la vie sociale des personnes âgées vivant seules, que ces pairs soient des frères et sœurs, leurs enfants, des amis ou des amants. Ainsi, les interventions devraient promouvoir des relations sociales qui permettent aux personnes âgées vivant seules de se sentir intégrées et d’avoir le sentiment de participer activement à la communauté. De plus, lorsque la perte d’autonomie complique les rencontres « en personne », les interventions devraient privilégier les contacts « à distance », que ce soit par téléphone ou par l’utilisation de technologies numériques.

Limites

La généralisation des données de l’étude est limitée par le fait que l’échantillon n’est pas représentatif de la diversité retrouvée au sein de la population âgée (en termes d’ethnicité, d’orientation sexuelle, du lieu d’habitation, etc.).

Soulières, M., & Charpentier, M. (2022). Are Older People Living Alone Socially Isolated? A Qualitative Study of Their Experiences. Journal of Gerontological Social Work, 1-14.


Équipe Vieillissement en santé

Maryse Caron, conseillère scientifique spécialisée
Annie Gauthier, conseillère scientifique spécialisée
Mathieu-Joël Gervais, conseiller scientifique spécialisé
André Tourigny, médecin-conseil, spécialiste en santé publique et médecine préventive

Avec la collaboration de :
Patrick Morency, médecin spécialiste
Éric Robitaille, conseiller scientifique spécialisé

Sous la coordination de :
Caroline Delisle, cheffe d’unité scientifique
Direction du développement des individus et des communautés

L’inclusion des articles présentés dans ce bulletin de veille ne signifie pas leur endossement par l’Institut. Le jugement professionnel demeure essentiel pour évaluer la valeur de ces articles pour votre pratique. Vous pouvez également consulter la méthodologie de la veille scientifique en santé cognitive.