Contexte

Un sinistre, peu importe sa nature (tremblement de terre, inondation, accident de transport, accident nucléaire ou attentat), peut mener à un grand éventail d’impacts sur la santé et le bien-être des personnes, sur l’économie et sur l’environnement. Selon la Loi sur la sécurité civile, un sinistre est « un événement dû à un phénomène naturel, une défaillance technologique ou un accident découlant ou non de l’intervention humaine ». Il cause de graves préjudices aux personnes ou d'importants dommages aux biens, et il excède les capacités institutionnelles et organisationnelles permettant de répondre adéquatement en temps opportun (Gouvernement du Québec, 2018).

Dans un contexte de changements climatiques, des scénarios climatiques prévoient une fréquence plus élevée et une intensité plus forte d’événements météorologiques extrêmes, qui sont parfois caractérisés comme des sinistres. Au Québec, les projections prévoient notamment une augmentation de la durée des vagues de chaleur et de la quantité de précipitations menant à une augmentation des inondations alors que d’autres événements, comme les ondes de tempêtes, pourraient être plus fréquents ou plus marqués (Ouranos, 2015).

Il existe différentes phases d’intervention suivant un sinistre. La phase d’impact, c’est-à-dire pendant le sinistre, permet de faire principalement de la prévention immédiate. La phase immédiatement après un sinistre devrait permettre, entre autres, de réduire l’exposition et d’assurer des interventions médicales et psychologiques, tandis que la phase post-impact, soit quelques jours ou semaines après un sinistre, devrait permettre de continuer les interventions auprès de la clientèle vulnérable, mais aussi de préparer un retour à la normale. La phase de rétablissement permettrait quant à elle de restaurer les conditions sociales, économiques, physiques et environnementales de la collectivité et de réduire les risques de sinistre (Ministère de la Sécurité publique, 2008; Séguin et al., 2010).

Les effets survenus immédiatement après un sinistre sont généralement bien documentés par les autorités, notamment sur la santé physique et les aspects économiques. Les impacts sur la santé mentale, cependant, peuvent être perçus comme plus difficiles à documenter. Pourtant, les personnes ayant vécu un sinistre peuvent développer des problèmes de santé mentale ou les voir exacerber. Certains impacts peuvent se faire sentir des mois, et même parfois des années après l’événement. La présence de ressources et de services en santé mentale est alors nécessaire et cruciale pour aider une communauté à se remettre d’un sinistre.

Toutefois, lors de la phase de rétablissement, les services d’urgence se sont retirés et il devient nécessaire d’évaluer, sur le plus long terme, les besoins en services de la population affectée. Pour s’assurer de continuer à soutenir la communauté en offrant les services appropriés et en nombre suffisant, la surveillance des impacts sur la santé mentale de la population affectée devient importante; elle devrait se poursuivre plusieurs années après un événement dans certaines situations.

Aucune définition claire ne détermine le moment auquel la surveillance épidémiologique peut ou devrait commencer. Certains auteurs précisent qu’elle commence lorsque les secours se retirent; d’autres indiquent parfois de deux à quatre mois suivant le sinistre.

Au Québec, la surveillance épidémiologique existe depuis longtemps, mais seulement quelques études épidémiologiques et de surveillance ont eu lieu après des sinistres d’importance, notamment suivant les inondations au Saguenay en 1996 et la crise du verglas en 1998 (Maltais et al., 2000; Bellerose, C. et al., 2000). Ces études ont estimé les effets de ces événements sur les symptômes de dépression, d’anxiété, de trouble de stress post-traumatique et de détresse. Depuis, avec l’augmentation de certains sinistres liés au climat, un intérêt accru à effectuer la surveillance des impacts en santé mentale pour des sinistres de toute envergure est remarqué. Toutefois, les moyens utilisés pour effectuer cette surveillance diffèrent considérablement entre les études, et rend les comparaisons difficiles.

Il existe aussi certaines publications québécoises, en lien avec la surveillance post-sinistre, les impacts de santé mentale ou leurs outils pour les estimer (un résumé de ces publications est disponible à l'Annexe Autres publications pertinentes) (Bélanger et al., 2010; Boyer et Villa, 2011a; Boyer et Villa, 2011b; Bustinza et al., 2010a; Bustinza et al., 2010b; Tairou et al., 2011; Tairou et al., 2010b; Tairou, Bélanger et Gosselin, 2010a). Ces publications représentent les premières réflexions en lien avec la surveillance post-sinistre au Québec et elles ne proposaient pas une démarche complète pour orienter la surveillance post-sinistre. Ainsi, la boîte à outils vise à clarifier les différentes options actuellement disponibles pour effectuer la surveillance post-sinistre au Québec.

Citation suggérée : Canuel, M., Gosselin, P., Duhoux, A., Brunet, A., et Lesage, A. (2019). Boîte à outils pour la surveillance post-sinistre des impacts sur la santé mentale. Institut national de santé publique du Québec. Repéré à https://www.inspq.qc.ca/publications/2523.