Données et mesures en santé mentale

Pourquoi mesurer la santé mentale, en plus des troubles mentaux? 

Pour dresser un portrait des états de santé mentale de la population, autant les aspects de la santé mentale que des troubles mentaux devraient être mesurés, puisque : 

• La mesure des troubles mentaux est insuffisante pour décrire l’ensemble des états de santé mentale d’une population; 
• La mesure de la santé mentale et celle des troubles mentaux sont complémentaires : 
  • La première permet de décrire le bien-être émotionnel, psychologique et social en informant sur la proportion de la population qui présente une santé mentale florissante ou languissante; 
  • La seconde permet d’établir la prévalence et l’incidence de différents troubles mentaux dans divers groupes de la population. 
• Des études longitudinales ont montré que le portrait de la santé mentale est une bonne indication des risques futurs de troubles mentaux courants (p. ex. : dépression et anxiété)¹. 

Comment mesurer la santé mentale? 

Des instruments de mesure existent pour mesurer la santé mentale. Ils incluent des indicateurs associés à une ou plusieurs des dimensions de la santé mentale^2–6. 

Ces instruments sont utilisés dans les enquêtes pour suivre les états de santé mentale dans la population. Ils ne constituent pas des outils cliniques pour poser un diagnostic. La santé mentale peut être mesurée de trois façons  : 

• À l’aide d’un item unique associé à une dimension de la santé mentale. Par exemple, une question qui porte sur la satisfaction de la vie est souvent utilisée comme mesure du bien-être émotionnel. Une question portant sur le sentiment d’appartenance peut être utilisée comme mesure du bien-être social. De même, des questions qui portent sur le niveau d’autonomie ou de compétence servent à mesurer le bien-être psychologique. 
• Dans sa globalité, sans égard aux dimensions de la santé mentale. Des échelles proposent un score global qui couvrent l’ensemble des dimensions de la santé mentale (p. ex. : Warwick-Edinburgh Mental Well-Being Scale (WEMWBS). Il peut également s’agir d’une question unique qui tente de capter le niveau de santé mentale autoévaluée (p. ex. : En général, diriez-vous que votre santé mentale est excellente, très bonne, bonne passable ou mauvaise?). 
• Dans sa globalité et selon chaque dimension : ce sont des échelles qui permettent l’examen le plus nuancé de la santé mentale. Par exemple, le questionnaire abrégé du Continuum de santé mentale (CSM) permet d’obtenir un indice de santé mentale qui va de florissante à languissante et d’obtenir un résultat distinct pour chaque dimension : bien-être émotionnel, bien-être psychologique et bien-être social.

Pour aller plus loin :

• La santé mentale positive : étude du concept et de sa mesure, Institut de la statistique du Québec - ISQ
• Santé mentale : concepts, mesures et déterminants, Doré, I., et J. Caron (2017)
• Boîte à outils pour la surveillance post-sinistre des impacts sur la santé mentale, Institut national de santé publique du Québec - INSPQ

Données pour le Québec et le Canada 

Les données montrent que la majorité de la population présente une bonne santé mentale, et que celle-ci fluctue selon certaines caractéristiques des populations. Les données issues des vagues d’enquête plus récentes sont en cours de traitement. 

Santé mentale florissante 

• En 2012, au Québec, comme dans le reste du Canada, 77 % de la population de 15 ans et plus présentait une santé mentale florissante. Les personnes vivant seules, comparativement à celles vivant avec d’autres, étaient moins susceptibles d’afficher une santé mentale florissante⁷. Source : Enquête sur la santé dans les collectivités canadiennes – Santé mentale - ESCC-SM 2012 
• En 2016-2017, la prévalence de la santé mentale florissante était de 47 % chez les élèves du secondaire au Québec. Les garçons étaient plus nombreux, en proportion, que les filles à afficher une santé mentale florissante. La proportion des élèves du secondaire ayant une santé mentale florissante tend à décroître avec les niveaux scolaires⁸. Source : Enquête québécoise sur la santé des jeunes du secondaire - EQSJS 2016-2017 

Santé mentale autoévaluée 

• En 2021, au Québec, 64 % de la population de 18 ans et plus considère sa santé mentale comme excellente ou très bonne. Cette proportion est de 51 % pour l’ensemble de la population canadienne⁹. Source : Enquête sur la COVID-19 et la santé mentale - ECSM-2021 
• En 2019, l’ESCC montrait que ces proportions étaient de 72 % au Québec et de 60 % au Canada¹⁰. Source : ESCC-2019 

Bien-être émotionnel, psychologique et social 

• En 2021, selon l’ECSM, la satisfaction moyenne face à la vie était de 7,5 (sur une échelle de 1 à 10) pour la population québécoise de 18 ans et plus, et de 6,9 pour la population canadienne (12). En comparaison, la satisfaction face à la vie était de 7,2 en 2020 et de 8,08 en 2019 dans la population canadienne (13). Sources : ECSM 2021 2020; ESCC-2019 
• En 2021, la prévalence d’un fort sentiment d’appartenance à sa communauté était de 61 % pour la population québécoise de 18 ans et plus, alors qu’elle est de 57 % au Canada⁹. Source : ECSM-2021 
• Au Québec, en 2016-2017, 59 % des élèves du secondaire ont un niveau élevé de sentiment d'appartenance à l’école. Aucune différence n’est observée selon le genre, mais le sentiment d’appartenance tend à diminuer entre la 1re et la 5e secondaire⁸. Source : EQSJS 2016-2017 
• L’enquête québécoise sur la santé de la population (EQSP) 2020-2021 révèle que 85 % de la population québécoise de 15 ans et plus, comparativement à 93% en 2014-2015, se dit très satisfaite ou plutôt de sa vie sociale. Aucune différence n’est observée selon le genre, mais les personnes de 65 ans et plus sont proportionnellement plus nombreuses à se considérer comme très satisfaites face à leur vie sociale. En 2020-2021, 77 % de la population québécoise estimait que sa satisfaction face à sa vie sociale avait diminué depuis le début de la pandémie¹¹. Source : EQSP 2020-2021

La surveillance et les enquêtes 

Les systèmes de surveillance recueillent des données, autant sur les troubles mentaux, la santé mentale que sur leurs déterminants. 

Des cadres de surveillance aux niveaux québécois et canadien rendent compte des dimensions de la santé mentale, comme ces publications : 

• Proposition d’un modèle conceptuel concernant la surveillance de la santé mentale, des troubles mentaux courants et de leurs déterminants au Québec¹² : il se concentre sur les états de santé mentale positive, les symptômes précliniques, les troubles mentaux courants et leurs déterminants communs. 
• Cadre d’indicateurs de surveillance de la santé mentale positive [au Canada]¹³ : il ne se concentre que sur le bien-être émotionnel, psychologique et social ainsi que ses déterminants, et ne comprend pas d’indicateurs de surveillance des troubles mentaux. 

Les données de surveillance des troubles mentaux proviennent d’enquêtes populationnelles ou de fichiers médico-administratifs (p. ex. : le Système intégré de surveillance des maladies chroniques du Québec - SISMACQ), alors que les données de surveillance de la santé mentale proviennent principalement d’enquêtes populationnelles, comme : 

• L’enquête sur la santé dans les collectivités canadiennes (ESCC) est réalisée chaque année pour recueillir des renseignements sur l'état de santé, l'utilisation des services de santé et les déterminants de la santé de la population canadienne de 15 ans et plus. Elle inclut des informations sur la santé mentale et les troubles mentaux. 
• L’enquête sur la santé dans les collectivités canadiennes - Santé mentale (ESCC-SM) de 2012 et l'enquête sur la santé mentale et l'accès aux soins (ESMAS) de 2022 sont des enquêtes périodiques qui recueillent des informations détaillées et complètes sur la santé mentale, les troubles mentaux ainsi que l'accès et les besoins en matière de services et de soutien de la population canadienne de 15 ans et plus. L’enquête menée en 2022 vise aussi à évaluer les répercussions de la pandémie de COVID-19 sur la santé de la population et à déterminer s'il y a des changements dans les tendances en matière de santé mentale, d'utilisation des services et de fonctionnement au cours des dix dernières années. 
• L’enquête sur la COVID-19 et la santé mentale (ECSM) recueille des données pour évaluer les effets de la COVID-19 sur la santé mentale et le bien-être de la population canadienne de 18 ans et plus. On y mesure la santé mentale générale ainsi que les symptômes associés à la dépression, à l’anxiété et au trouble de stress post traumatique. 
• L’enquête québécoise sur la santé des jeunes du secondaire (EQSJS) est réalisée tous les six ans depuis 2010-2011 et a une représentativité provinciale, régionale et locale pour certaines régions. Elle cible les élèves de la 1re à la 5e année du secondaire. Elle traite de plusieurs aspects liés à la santé mentale et physique, à l’environnement et l’adaptation sociale, ainsi qu’aux habitudes de vie des jeunes du secondaire. 
• L’enquête québécoise sur la santé de la population (EQSP) est à portée provinciale, régionale et locale. Elle est réalisée tous les six ans et vise à recueillir des renseignements sur les habitudes de vie, l’état de santé mentale et physique et certains déterminants de la santé de la population québécoise de 15 ans et plus.