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Les effets des changements climatiques sur la fréquence, la distribution et l’évolution des zoonoses sont de plus en plus documentés. Les variables climatiques ont cependant des effets différents selon les zoonoses, puisqu’elles ne sont pas transmises et n’évoluent pas de la même façon.
Par exemple, les hausses de température et de précipitations peuvent influencer l’émergence, la propagation et la distribution géographique de certaines zoonoses. Avec des saisons plus douces favorisant les activités en plein air, les changements climatiques peuvent aussi allonger les périodes d’exposition potentielle des humains aux zoonoses. Par ailleurs, les phénomènes météorologiques extrêmes de plus en plus fréquents, comme les vagues de chaleur, les tempêtes et les inondations, peuvent également alourdir le fardeau des zoonoses et des toxi-infections alimentaires.
Que sont les zoonoses?
Les zoonoses sont des maladies ou des infections causées par des virus, des bactéries, des parasites, des champignons et des prions qui se transmettent naturellement entre les animaux, incluant les insectes, et les humains. Les zoonoses se propagent par voie orale (aliments), par contacts directs, par piqûres ou morsures et par gouttelettes ou aérosols provenant des animaux porteurs de maladies.
Impacts sur la santé
Tiques
La maladie de Lyme est la zoonose transmise par les tiques la plus commune au Québec. L’étendue du territoire de la tique Ixodes scapularis (tique à pattes noires), principal vecteur de la maladie de Lyme au Québec, est en progression. Il en va de même pour l’étendue du territoire des rongeurs et des chevreuils qui jouent un rôle dans le cycle de transmission de la maladie de Lyme. Les études ont démontré que ces deux phénomènes sont principalement associés aux changements climatiques.
Des étés plus longs et plus chauds ainsi que des hivers plus doux facilitent la survie, la reproduction et la croissance des tiques. Celles-ci deviennent donc de plus en plus abondantes et se propagent vers le nord. De même, les changements climatiques pourront créer des environnements propices à la progression d’autres espèces de tiques et à l’émergence de nouveaux agents pathogènes que ces espèces peuvent transmettre.
Les températures plus chaudes peuvent également inciter les gens à pratiquer leurs activités de plein air plus tôt au printemps et à les poursuivre plus tard en automne. Ce changement augmente donc la période d’exposition aux tiques. Dès que la température atteint de 4 à 10 °C, les tiques se mettent en quête d’un humain ou d’un animal à piquer (hôte).
Moustiques
La zoonose transmise par les moustiques la plus commune au Québec est le virus du Nil occidental (VNO) dont le vecteur principal est le moustique du genre Culex pipiens/restuans.
Les hausses de température et les fluctuations des précipitations peuvent faire augmenter le nombre de moustiques et la transmission des maladies dont ces moustiques sont porteurs. Toutefois, ces augmentations sont différentes d’un endroit à l’autre, puisque le cycle de transmission, les hôtes (animaux) et les vecteurs (moustiques) sont uniques à chaque zoonose. Par exemple, des précipitations plus abondantes peuvent accroître l’étendue potentielle des sites de reproduction des moustiques, alors que des températures élevées peuvent accélérer leur développement.
L’évolution du climat québécois pourrait contribuer à l’établissement d’autres espèces de moustiques porteurs de zoonoses qui progressent vers le nord des États-Unis.
Zoonoses entériques
Les zoonoses entériques sont des maladies causées par l’ingestion de virus, de bactéries ou de parasites qui se transmettent entre les animaux et les humains. La campylobactériose, la salmonellose et la giardiase figurent parmi les plus fréquentes au Québec.
br Complexe, l’influence des changements climatiques sur les zoonoses entériques a été peu étudiée dans la province. Toutefois, certaines zoonoses entériques transmises par l’eau ou les aliments, comme la campylobactériose ou la salmonellose, pourraient se multiplier davantage en raison d’une hausse de la température et de l’humidité attribuable au climat changeant. Des événements météorologiques extrêmes pourraient aussi favoriser les ruissellements menant à la contamination de l’eau et des terres agricoles.
Animaux sauvages et domestiques
Certaines zoonoses transmises par la faune, comme la rage, pourraient émerger avec les changements climatiques. Par exemple, l’accroissement des températures pourrait contribuer à la modification de l’habitat et du mode de vie des réservoirs fauniques de la rage (chauves-souris, ratons laveurs, mouffettes, renards) et ainsi influencer la propagation de la rage sur le territoire du Québec.
Personnes à risque
Toute personne est susceptible de contracter une zoonose. Toutefois, certaines activités peuvent augmenter les risques d’exposition à ce type de maladie. Par exemple :
- le travail où il y a contact avec la faune et la flore;
- les activités de plein air;
- le contact régulier avec des animaux domestiques (ex. : chiens et chats).
Pour en savoir plus
Consultez nos publications pour accéder aux références de cette page :
- Plan d’analyse de la surveillance intégrée de la maladie de Lyme (2017)
- Portrait des zoonoses entériques au Québec, 2000-2017 (2020)
- L’état des connaissances sur la rage du renard arctique et les stratégies d’intervention pour protéger la population humaine (2017)
- Les aléas affectés par les changements climatiques : effets sur la santé, vulnérabilités et mesures d’adaptation (2021)
Visionnez nos webinaires :
Prenez connaissance des documents suivants pour d’autres informations sur les zoonoses :
- Cartes de répartition actuelle et future des zoonoses au Québec (INSPQ)
- L’Observatoire multipartite québécois sur les zoonoses et l’adaptation aux changements climatiques (INSPQ)
- Changements climatique et maladies infectieuses : Les défis (Relevé des maladies transmissibles au Canada – RMTC, Agence de la santé publique du Canada)