Acremonium spp.
Introduction
Taxonomie
Règne | Fungi | Famille | Hypocreaceae |
Phylum | Ascomycota | Genre | Acremonium |
Classe | Euascomycetes | Espèce | spp. |
Ordre | Hypocreales |
Le genre Acremonium était autrefois connu comme Cephalosporium. Selon les auteurs, le genre Acremonium contient actuellement entre 20 et 200 espèces nommées {814, 813, 3971}. La banque de données taxonomiques fongiques de l’International Mycological Association (Association internationale de mycologie) contient 205 souches dont 197 sont des espèces nommées {3971}.
Ce genre comporte des moisissures sans phase sexuée reconnue; il appartient donc au groupe des Fungi Imperfecti ou Deuteromycetes. Cependant, parce que ce genre possède des caractéristiques structurales semblables à celles du groupe des Ascomycetes, il est souvent inclus dans les Ascomycota. Par contre, certains auteurs ont proposé que quelques mycètes de divers genres puissent représenter des stades télémorphes de différentes espèces d’Acremonium; selon ces auteurs, ces stades sexués pourraient être contenus dans les genres Acanthonitschkea, Albertiniella, Allantonectria, Allescheria, Atkinsonella, Bulbithecium et Byssostilbe {3842}.
Écologie
L’Acremonium a une distribution mondiale; dans la nature, il est présent dans le sol et sur la matière végétale en décomposition, entre autres le foin et les champignons morts; quelques espèces peuvent également être présentes dans les produits alimentaires {813}. Les nombreuses espèces d’Acremonium sont surtout saprophytes et non pathogènes {814, 813}. Quelques espèces sont pathogènes pour les plantes et les humains {2114, 1056}.
La dissémination des spores humides des espèces appartenant à ce genre se fait par les insectes, les gouttelettes d’eau ou le vent {2204, 813}. Dans des décomptes aérobiologiques, l’Acremonium est habituellement présent dans l’air extérieur, mais sa concentration est souvent faible {1973}. Il fait partie des genres les moins répandus dans les échantillons d’air. Quelques espèces sont fréquemment rencontrées en milieu intérieur {813}, notamment l’A. strictum, l’A. carticola {1056, 468}, l’A. kiliense et l’A. rutilum {4320}.
Plus de détails
Les spores de l’Acremonium sont souvent contenues dans de petites gouttelettes de mucilage et sont donc aérosolisées en faibles concentrations {1202}. Dans les zones climatiques nordiques, les concentrations de spores d’Acremonium se trouvant dans l’air extérieur subissent des variations saisonnières et constituent une petite proportion de la flore fongique normale aéroportée. Une étude d’un an, portant sur les bioaérosols d’une ville brésilienne, a montré une faible prévalence de l’Acremonium (0,2 %), et ce mycète occupait le dix-neuvième rang parmi les vingt-cinq genres identifiés {1973}.
Les concentrations de spores d’Acremonium semblent être plus élevées en milieu rural qu’en milieu urbain {2203}. Dans les environnements ruraux, ce mycète se trouve dans des étables, des maisons de ferme ainsi que dans l’air extérieur, mais il est rarement décelé dans des domiciles urbains. Une étude a identifié de l’A. murorum et de l’A. strictum dans des porcheries et des moulins à grains, mais leur concentration était faible et représentait moins de 1,7 % des isolats totaux {854}.
Par contre, lors d’une étude relative à l’eau du robinet, l’Acremonium se trouvait parmi les mycètes les plus nombreux {1733}. Cependant, aucune des espèces croissant à la température de l’eau du robinet n’a pu être associée à une pathogénicité humaine. La contamination de l’eau par ces mycètes semble néanmoins être à l’origine de goûts et d’odeurs indésirables.
Exigences de croissance
L’Acremonium exige des conditions de croissance très humides; il demande donc des substrats possédant un niveau élevé d’activité en eau (Aw) pour se développer. En conséquence, il est souvent observé, croissant en présence du Stachybotrys,un colonisateur tertiaire. Il faut noter que la plupart des espèces d’Acremonium ne se développent pas à 37 °C {813}.
Activité de l’eau : Aw = 0,90-0,98
Croissance sur matériaux de construction et en environnement intérieur
L’Acremonium se développe bien à l’intérieur dans des conditions très humides {813}. Quand l’Acremonium est présent dans l’air intérieur, il provient habituellement de l’air extérieur ou des vides sanitaires contaminés {2104}, ou bien de matériaux de construction contaminés à la suite de dégâts d’eau. Cependant, les spores de ce mycète sont souvent retenues dans une masse mucilagineuse; ceci limite donc l’aérosolisation des spores. L’Acremonium peut donc être présent en faible concentration dans les échantillons d’air, même si la contamination en surface des matériaux est importante {1973}.
L’Acremonium croît en milieu intérieur sur des matériaux de construction, comme les isolants acoustiques et thermiques contenant de la fibre de verre, utilisés dans les systèmes de ventilation et de chauffage ainsi que dans les dispositifs de climatisation. En raison de ses exigences en eau, il est souvent trouvé sur les serpentins de refroidissement, sur les bacs de drainage et dans l’eau des humidificateurs ainsi que sur les joints de fenestration.
Plus de détails
La présence d’Acremonium a souvent été rapportée simultanément à une contamination par l’espèce Stachybotrys chartarum, car la croissance de ces deux mycètes est également favorisée par des conditions très humides. La présence d’odeurs désagréables caractériserait les pièces (d’un domicile) contaminées par de l’Acremonium {431}.
Lors d’études en milieu intérieur menées en Argentine, l’Acremonium occupait, en hiver comme en été, un rang inférieur au cinquantième centile des genres dominants {1584}.
Les mêmes observations ont été faites dans des maisons en Californie méridionale où l’Acremonium, tout en n’étant pas parmi les moisissures les plus fréquemment isolées, était cependant trouvé dans 35 % des prélèvements, avec une concentration viable moyenne de 30,6 ufc/m³ {1824}. Étudiant la présence des mycètes dans l’air intérieur de huit maisons en Finlande, Airaksinen et al. ont décelé de l’Acremonium dans la plupart d’entre elles, avec une concentration moyenne de 160 ufc/m³ {2104}; ils ont identifié des concentrations plus élevées dans les vides sanitaires (2 240 ufc/m³) et ont pu établir un lien indiscutable entre la présence de ces spores fongiques dans l’air intérieur des maisons et la contamination des vides sanitaires. Au cours d’une autre étude, l’Acremonium strictum a été décelé, avec 53 autres mycètes, dans 25 % des prélèvements d’air (mais pas dans l’eau) de cabinets d’aisance et a été considéré comme une des espèces les plus répandues {2193}.
Patovirta et al. {199} ont effectué un suivi mycologique de travaux importants réalisés dans des bâtiments scolaires. L’Acremonium sp. a été trouvé dans l’air et sur les matériaux de construction avant et peu de temps après les travaux; par contre, il n’était plus décelé trois ans après les travaux. L’Acremonium a été identifié dans 14 échantillons provenant de 72 prélèvements de matériaux se trouvant dans 23 bâtiments contaminés par les moisissures; ce mycète occupait le septième rang parmi les genres les plus fréquemment isolés lors de cette étude {725, 605}. Les chercheurs ont observé de l’Acremonium, comme d’autres mycètes, le plus souvent sur du bois {605}.
Une étude menée dans des résidences en Belgique a permis d’identifier de l’Acremonium strictum et une autre espèce d’Acremonium dans des échantillons de poussière de tapis, à des concentrations moyennes de 104 ufc/g de poussière {3972}.
Lors d’une étude expérimentale portant sur la croissance des moisissures sur des panneaux de gypse humides en milieu intérieur, l’Acremonium était parmi les premiers colonisateurs, en même temps que le Cladosporium et lePenicillium; il a été détecté trois semaines après que les matériaux ont été mouillés {4080, 587}.
Laboratoire
La manipulation des cultures de ce genre doit se faire en respectant
les précautions de laboratoire de base (niveau de biosécurité 2).
Morphologie macroscopique des colonies
L’Acremonium se développe bien sur des milieux mycologiques standards et il arrive à maturité en dedans de cinq jours. La croissance des colonies peut être de lente à modérée lorsqu’elles sont incubées à 25 °C; les colonies sont souvent compactes et atteignent un diamètre de moins de 2,5 cm en cinq à dix jours {3283, 1056, 415}.
Au début, les colonies paraissent glabres, compactes et parfois moites, plates ou plissées; ensuite, à maturité, elles sont recouvertes par des hyphes lâches qui leur donnent une apparence poudreuse, suédée ou floconneuse. Les colonies peuvent être, selon l’espèce, blanches, gris pâle, roses, vieux rose ou orangées {814, 813, 412, 1056}.
Le revers de la colonie est soit incolore, soit teinté d’un pigment diffusible variant de rose à vieux rose {4080, 3283, 415}.
Morphologie microscopique
Les hyphes septés d’Acremonium sont hyalins et très délicats. Les hyphes végétatifs forment souvent des cordons.
Les cellules conidiogènes sont des phialides. Les phialides sont échinulées, solitaires, la plupart du temps en forme d’enclume, simples et droites; ces phialides naissent soit du mycélium végétatif, soit d’amas d’hyphes aériens (fasciculés). Les phialides non ramifiées sont séparées des hyphes par un septum et rapetissent à l’apex. Lorsque les conidiophores sont présents, leurs ramifications sont seulement limitées à leurs bases.
Les conidies sont oblongues (1-3 x 4-8 µm), généralement unicellulaires, hyalines ou pigmentées. Elles sont habituellement formées en faisceaux, en boules ou rarement en chaînes fragiles; les conidies peuvent être agrégées dans des têtes mucilagineuses, à l’apex de chacune des phialides, et sont retenues par un matériel gélatineux {814, 412, 1056}.
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Les conidies sont simples ou rarement multicellulaires (deux ou trois cellules), fusiformes, légèrement courbées, ou bien peuvent ressembler à un mince croissant. Leurs propriétés structurales changent selon les espèces; par exemple, l’Acremonium falciforme produit habituellement des conidies non septées en forme de croissant.
Métabolites spécifiques
Les espèces d’Acremonium, comme la plupart des mycètes, produisent divers hydrocarbures, des alcools, des cétones, des esters et des terpènes, aussi bien dans la nature que sur des matériaux de construction {594, 2076}.
La production de composés organiques volatils microbiens (MCOV) est influencée autant par le substrat que par les différentes espèces de moisissures. Une étude expérimentale, réalisée sur de la fibre de verre colonisée par de l’Acremonium, a permis d’identifier plusieurs métabolites de ce mycète dont le cyclotrisiloxane, le limonène, le pentane, l’acide arsénieux et le benzène {2051}.
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Un certain nombre de composés organiques, y compris les composés organiques volatils (COV), ont été identifiés dans l’air intérieur de bâtiments humides. Ces métabolites contribueraient à différents problèmes de santé associés à la qualité de l’air intérieur. La plupart des métabolites identifiés sont toutefois non réactifs et sont trouvés en faibles concentrations dans l’air intérieur {594}. Quelques espèces ont un profil défini de MCOV. Ce profil peut être modifié considérablement en réponse à des facteurs externes tels que la nature des différents substrats. De fait, la culture sur différents substrats modifie le nombre et la concentration des MCOV {2968, 2809, 1148}. Quelques métabolites volatils sont propres à une seule espèce {2809}.
Mycotoxines
Quelques espèces d’Acremonium produisent des mycotoxines. Parmi les mycotoxines produites par les espèces les mieux étudiées, il faut noter : la citrinine, la céphalosporine, l’ergovaline {2109} et les lolitrems A et B. Les lolitrems produits par l’Acremonium lolii sont des trémorgènes efficaces trouvés dans les hautes herbes de pâturages contaminés {4305, 2192}. Les espèces d’Acremonium peuvent produire des mycotoxines qui sont de puissantes trichothécènes dans certaines conditions {4305, 431}; pour l’instant, cette production de toxines a été décrite seulement dans des cas de contamination de nourriture, de fourrage et de pâturage. La plupart des toxines d’Acremonium sont associées aux milieux ruraux.
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Une nouvelle mycotoxine appelée acrébol, composée de deux peptaibols très semblables, a été isolée à partir d’une souche d’Acremonium exuviarum provenant d’un milieu intérieur {4336}. En laboratoire, l’acrébol induit une nécrose des lignées cellulaires d’un insulinome MIN-6 de souris.
Les cultures d’une souche d’Acremonium nouvellement identifiée, soit l’A. neocaledoniae qui a été trouvé sur du bois de grève provenant du sud-ouest de la Nouvelle-Calédonie, ont permis de découvrir un nouveau sesquiterpène cytotoxique de type trichothécène nommé acétate de verrol-4; ces cultures contenaient aussi d’autres mycotoxines déjà connues, soit des trichothécènes macrocycliques et des styrylpyrones médicinaux {2133}.
L’Acremonium coenophialum peut produire des alcaloïdes rendant la fétuque toxique {4305}; il est difficile de déterminer si le principe toxique est produit directement par le mycète seul ou bien si ce principe est le produit de l’association mycète-plante. La mycotoxicose résultante est connue en tant que toxicose estivale de la fétuque {4305} (voir la sectionEffets toxiques de l’onglet Problèmes de santé).
Un nouveau métabolite de l’Acremonium, appelé FR235222, possède des propriétés immunosuppressives puissantes sur diverses lignées cellulaires de souris. L’utilisation clinique de cette molécule est actuellement à l’étude {2111}.
Problèmes de santé
Irritation et inflammation
Aucun symptôme spécifique d’irritation ou d’inflammation n’a été attribué aux espèces d’Acremonium.
Par contre, plusieurs substances fongiques communes à la plupart ou à toutes les moisissures, tels les glucanes, peuvent causer de l’irritation et de l’inflammation. Toutefois, aucune substance irritante n’est rapportée spécifiquement en lien avec l’Acremonium.
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D’une manière générale, toutes les moisissures contiennent des substances qui sont des irritants et favorisent l’inflammation à un certain degré. Certains composés organiques volatils (COV), produits par des moisissures sur des matériaux de construction humides en milieu intérieur, peuvent contribuer à divers problèmes de santé tels que l’irritation des yeux, l’irritation du nez et de la gorge, la léthargie et les maux de tête {594}.
Le (1-->3)-ß-D-glucane est une composante structurale des parois cellulaires de la plupart des mycètes; plusieurs études suggèrent que cette substance non allergène joue un rôle important dans le développement des symptômes respiratoires reliés à l’exposition fongique en milieu intérieur {1346}.
Réactions allergiques
Quelques espèces d’Acremonium sont des allergènes et sont associées aux allergies de Type I, tels la rhinite allergique et l’asthme {2342, 3095, 4286, 3883}. Toutefois, les quelques recensements aérobiologiques ayant permis de détecter de l’Acremonium à l’intérieur rapportent une faible prévalence moyenne variant de 4,6 % {4321} à légèrement au-dessus de 10 % {4274}, et ce mycète semble rarement présent en grande quantité. La contribution de l’Acremonium aux allergies fongiques serait donc faible.
Composés et mécanismes allergènes
Aucune fraction allergène spécifique d’Acremonium n’est inscrite dans le registre de produits biologiques de la Federal Drug Administration (FDA) des États-Unis {3285} ou n’est enregistrée par l’Union internationale des sociétés d’immunologie.
Pneumonite d'hypersensibilité
La pneumonite d’hypersensibilité de Type III (HP), due aux espèces d’Acremonium, a été rapportée dans quelques articles; la plupart du temps, cette entité était liée aux humidificateurs domestiques contaminés {2261, 4322, 1407}.
Plus de détails
Une étude portant sur la HP, associée aux humidificateurs ultrasoniques domestiques contaminés, a permis de diagnostiquer cette maladie chez cinq patients. Les tests de laboratoire ont mis en évidence, chez tous les patients examinés, des taux élevés de précipitines dirigées contre un extrait d’eau du réservoir d’un humidificateur; les tests de précipitines anti-Cephalosporium acremonium (syn. Acremonium chrysogenum) étaient positifs {1407}.
Deux autres cas de HP, HP apparemment provoquée par une contamination environnementale résidentielle àCephalosporium (syn. Acremonium), ont été diagnostiqués {4322}; le premier cas était probablement relié à la contamination d’une maison inondée par de l’eau d’égout et l’autre était attribué à une exposition à de l’eau provenant d’un humidificateur contaminé.
Effets toxiques (mycotoxicoses)
Plusieurs souches d’Acremonium sont des productrices actives de toxines lorsque les conditions favorables de croissance sont réunies. L’ingestion des toxines d’Acremonium entraîne notamment des effets cytotoxiques, néphrotoxiques et trémorgènes. Ces pathologies sont bien connues pour survenir chez le bétail et d’autres animaux {3182, 3184, 3185, 4305}, mais aucun cas de mycotoxicose humaine n’a encore été rapporté. L’association entre des cas de mycotoxicoses neurotoxiques animales et la contamination des pâturages et du fourrage par l’Acremonium a souvent été faite {2192}.
En particulier, la fétuque élevée, infectée par l’Acremonium, peut causer de nombreuses toxicoses observées chez les moutons et le bétail, tels un syndrome neuromoteur appelé « titubement de l’ivraie » (staggers en anglais) et une toxicose ayant comme effet de diminuer la productivité animale {4327}. Parmi les autres syndromes associés à la fétuque contaminée, figurent le pied de fétuque, l’intoxication estivale à la fétuque et la nécrose adipeuse {4323}. Ces mycotoxicoses engendrent une forte morbidité dans les troupeaux exposés {4326}.
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Le signe clinique principal du « titubement de l’ivraie » (maladie dite de staggers en anglais) est une ataxie passagère aggravée par la stimulation; les sujets se rétablissent presque complètement dès que l’alimentation primaire est modifiée. Ce syndrome a été associé surtout à la présence d’Acremonium lolii {4324}.
L’Acremonium coenophialum, un mycète endophyte généralement trouvé dans la fétuque élevée, a été identifié comme étant la cause du ralentissement de la croissance des cheptels bovins et équins alimentés principalement avec de la fétuque élevée {4324}.
Pendant très longtemps, les intoxications par les mycotoxines produites par des endophytes ont été l’apanage des États-Unis et de la Nouvelle-Zélande. Depuis les années 2000, elles ont aussi été décrites en Europe de l’Ouest {4325}.
Une autre mycotoxicose reliée à la fétuque semble en émergence sur le territoire français; c’est une affection gangréneuse sèche aussi nommée pied de fétuque. Cette intoxication entraîne la gangrène et la nécrose des extrémités {2189} et ressemble aux lésions observées lors d’empoisonnements par l’ergot de seigle {4305}.
Expérimentalement, des injections d’extraits d’ivraie contenant du lolitrem B, une mycotoxine trémorgène, induisent des signes de toxicose chez les souris {2185, 4326; 2192, 4327}.
Infection et colonisation
Les espèces d’Acremonium sont des mycètes pathogènes peu fréquents chez l’homme {2152, 2102, 2131}. Cependant, elles peuvent causer un éventail d’infections, allant de la kératite fongique au mycétome chez le sujet immunocompétent et des infections cutanées aux infections disséminées chez le sujet immunocompromis {366, 2105}.
La littérature médicale rapporte la survenue d’infections opportunistes menant à des infections respiratoires et à des infections de la cornée et des ongles {2134} chez des individus dont le système immunitaire est affaibli. Deux rares mycoses pulmonaires à A. strictum, parfois fatales, ont été rapportées chez des patients aux prises avec des maladies hématologiques {2139}.
Des mycétomes à Acremonium et d’autres infections rares ayant l’apparence d’hyalohyphomycoses ont été rapportés chez des patients immunodéprimés ou chez des sujets immunocompétents ayant subi des blessures. L’Acremonium a été identifié comme agent étiologique de quelques cas d’ostéomyélite vertébrale {2085}.
Environ dix espèces d’Acremonium sont rapportées en tant qu’agents infectieux chez les vertébrés. Parmi ces espèces, l’A. kiliense est la plus fréquente {2159, 2085}. Les agents des hyalohyphomycoses à Acremonium incluent l’A. falciforme,l’A. kiliense, l’A. recifei, l’A. alabamensis, l’A. potroni, l’A. roseo-griseum et l’A. strictum {2121, 2092, 2091}. Cependant, plusieurs rapports de cas d’infections n’identifient les Acremonium qu’au niveau du genre et mentionnent donc seulement les Acremonium sp. comme agents de ces rares mycoses.
Les manifestations cliniques des hyalohyphomycoses provoquées par l’Acremonium incluent l’arthrite, l’ostéomyélite, la péritonite, l’endocardite, la pneumonie, la cérébrite et l’infection sous-cutanée {814}. Ce microbe pathogène a été mis en cause dans les cas d’infections envahissantes limitées telles que les mycétomes, les infections des sinus paranasaux et les infections aux sites de greffes et aux sites d’accès d’hémodialyse ainsi que les kératites post-traumatiques {2199}.
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L’Acremonium est habituellement faiblement pathogène {2102}, mais ce mycète est de plus en plus souvent identifié en tant qu’agent infectieux opportuniste causant une variété d’infections chez des patients immunocompromis dont les receveurs de greffes d’organes, les sujets atteints de myélome ou de leucémie ainsi que les patients recevant un traitement aux corticoïdes {2139, 2085, 2126}. De fait, les infections envahissantes ou disséminées sont observées presque exclusivement chez des patients immunocompromis {2114, 2089}; le taux de mortalité chez les patients neutropéniques présentant une infection disséminée s’élève à près de 50 % {2159}.
Les poumons et l’appareil gastro-intestinal sont les portes d’entrée de l’infection chez plusieurs patients {366}; par contre, les infections envahissantes touchent de nombreux sites. Des manifestations cliniques peuvent mener à l’invasion vasculaire de structures; cette invasion cause une thrombose mycotique (thrombomycose) qui est suivie d’un infarctus et de la nécrose des tissus {2114}.
Les sujets immunocompétents peuvent aussi développer une infection à Acremonium lorsqu’il y a pénétration de la moisissure à la suite d’un traumatisme {2102}; de fait, la forte prévalence des espèces d’Acremonium dans le sol peut conduire à des infections superficielles à la suite d’une inoculation traumatique {2159}. Dans ces cas, le portrait clinique est plus généralement celui d’un mycétome au pied, ou celui d’une infection cornéenne suivant une blessure à l’œil {2085, 2091} ou suivant une greffe de cornée dont la culture tissulaire était contaminée {2097}. La kératite fongique peut également se développer chez des personnes qui portent des lentilles cornéennes {2114} ou qui ont souffert antérieurement d’une autre infection à l’œil {2131}, puisque la kératite fongique peut se produire comme infection secondaire suivant une endophtalmie bactérienne {2153}. Les infections oculaires représentent la deuxième maladie la plus fréquente causée par l’Acremonium {2105}.
Le mycétome à Acremonium survient seulement dans quelques pays tropicaux ou subtropicaux; c’est une infection chronique des extrémités, qui cause habituellement peu de douleur, mais une infection prolongée peut mener à la destruction des structures osseuses du membre atteint.
Facteur de virulence
Aucun facteur de virulence propre à l’Acremonium n’a été rapporté. La plupart des espèces d’Acremonium ne se développent pas à 37 °C.
Milieux particuliers
Infections nosocomiales
Des infections à Acremonium sp. ont été parfois relevées en milieu hospitalier {4329, 3257, 2199, 2167, 2197}. Toutefois, la transmission nosocomiale environnementale au sens strict ou la transmission iatrogénique des espèces d’Acremoniumont été rarement rapportées. Néanmoins, les Acremonium représentent des problèmes émergents importants en milieu de soins, car ils pourraient causer des infections envahissantes pendant le traitement des sujets immunocompromis et pourraient représenter un danger pour la vie des patients : les mycètes de ce genre sont pour le moment considérés au moins en tant que pathogènes émergents, peut-être même comme nouveau risque nosocomial {366, 2172, 2123}.
Pourtant, des espèces d’Acremonium ont été très rarement rapportées dans des cas confirmés d’infections nosocomiales. Aucune étude moléculaire comparative associant l’exposition environnementale aux cas d’infections n’a été publiée; par contre, des isolats environnementaux et cliniques ont été comparés pour vérifier leurs similitudes phénotypiques et biochimiques. Ce type d’étude a permis d’associer un groupe de cas d’endophtalmites à Acremonium kiliense,endophtalmites survenues à la suite de chirurgiesambulatoires de la cataracte, à une source environnementale {2174}. Les chercheurs ont déterminé que le réservoir contaminé du système CVC, situé directement au-dessus de la salle d’opération, constituait la source de ces infections {2174}. Cette situation était plutôt singulière, puisque, jusqu’à ce moment-là, seules des espèces d’Aspergillus et de Zygomycetes s’étaient révélées être des mycètes pathogènes environnementaux se transmettant à des patients immunocompromis en milieu de soins, et ce, surtout lors de travaux de construction ou de rénovation dans l’hôpital {4330}.
Plus de détails
Une autre étude a permis de déceler de l’Acremonium dans les systèmes de ventilation d’hôpitaux américains {386}. Au cours de cette étude, onze filtres à air de sept hôpitaux de l’ouest des États-Unis ont été analysés; ces filtres avaient été choisis parce qu’ils semblaient sales en surface. L’Acremonium obclavarum était présent sur les filtres à air d’un seul hôpital. Ce résultat indique que ce mycète n’était pas, dans ce cas, un contaminant fongique important, contrairement à d’autres genres de moisissures (Aspergillus, Cladosporium ou Alternaria) présents dans la majorité des échantillons {386}.
Les infections iatrogéniques à Acremonium ont été peu étudiées; cependant, l’Acremonium sp. a été associé à un cas confirmé d’endocardite au site de suture d’une valve mécanique {2099} et à un cas de péritonite fongique chez un patient soumis à une dialyse péritonéale {2116}. De plus, la contamination extrinsèque de fioles à doses multiples, contenant une solution radioactive injectable utilisée en médecine nucléaire, a été rapportée; mais cette contamination n’a été associée à aucune maladie clinique {4328}.
De même, des espèces d’Acremonium ont été isolées sur des instruments chirurgicaux tels que des endoscopes; il a été démontré dans ce cas que l’eau de rinçage utilisée lors du retraitement des dispositifs chirurgicaux engendrait la contamination {2124}.
Plusieurs cas d’infections à Acremonium, survenues à la suite de transplantations, soulignent la menace nosocomiale que constitue ce mycète, même si la transmission hospitalière ne peut être que très rarement mise en cause. En effet, il semble que l’Acremonium ait engendré des infections suivant la transplantation de cellules souches hématopoïétiques {2089}, de la moelle {2091}, ou du rein {2112, 2139}. Des cas d’infections mortelles à A. strictum ont également été rapportés chez de jeunes patients leucémiques {2092, 2171, 2126}. Un cas d’arthrite septique aiguë, suivant une transplantation de rein, a été attribué à Acremonium sp. {2112}. En outre, des cas très rares d’infections disséminées àAcremonium se sont produits chez des nouveau-nés {2108}.
Maladies professionnelles
Aucune infection professionnelle due aux espèces d’Acremonium, associée à des métiers particuliers, n’a été rapportée.
Aucune maladie particulière attribuable à l’exposition aux espèces d’Acremonium n’a été rapportée en milieu de travail.
Plus de détails
Des cas de pneumonite d’hypersensibilité de Type III (HP) due aux Acremonium ont, la plupart du temps, été rapportés dans l’environnement familial, et cette affection n’est pas particulièrement connue en milieu de travail.
En raison de la forte prévalence de l’Acremonium dans les pâturages, autant par temps froid que par temps chaud, ce mycète peut représenter théoriquement un risque d’exposition professionnelle en milieu rural. Il en va de même pour les risques de sensibilisation allergique à l’Acremonium, car ce mycète est présent dans les bâtiments de ferme, et il a été démontré que ses spores aéroportées peuvent être transportées des étables jusqu’aux maisons des fermiers {2203}.
Outils de diagnostic
Cultures
Il est intéressant de mentionner que les espèces d’Acremonium sont omniprésentes et sont donc souvent considérées comme de simples contaminants de laboratoire. Cependant, parce que la présentation clinique d’un mycétome àAcremonium n’est pas particulière {2159} et parce que les hyalohyphomycoses à Acremonium sont très rarement soupçonnées lors des prélèvements de tissus profonds, il demeure important de vérifier la plausibilité de cette étiologie lorsque les cultures s’avèrent positives.
Histopathologie
La présentation histologique d’une infection profonde à Acremonium est typiquement celle d’une infection opportuniste mycélienne. Par exemple, des espèces de Fusarium et d’Acremonium ne peuvent pas être distinguées par le seul examen histopathologique {2092}. Les pathologistes peuvent toutefois réaliser une identification préliminaire de ce mycète, dans les cas d’hyalohyphomycoses envahissantes {2156} et de kératites fongiques {4331}, en observant une combinaison de critères histologiques tels que la présence d’hyphes hyalins septés et de structures reproductrices caractéristiques, soit les phialides ou les phialoconidies visibles dans les coupes de tissus colorées à l’hématoxyline-éosine, à l’imprégnation argentique de Gomori-Grocott ou à l’acide périodique Schiff {2156}; subséquemment, les cultures doivent toujours compléter le diagnostic histologique afin de confirmer l’identification de l’agent étiologique {2156, 4331}.
Dans un cas, l’A. strictum a causé une infection cutanée engendrant des nodules denses avec infiltration lymphohistiocytaire{2121}.
Les mycétomes à Acremonium produisent des eumycétomes à grains pâles; la morphologie de ces grains et la réaction inflammatoire les entourant ressemblent à celles des grains engendrés par différents microorganismes. Les grains des mycétomes à Fusarium et à Acremonium possèdent habituellement une frange étroite et contiennent une masse dense d’hyphes entrelacés. Cependant, les critères morphologiques distinguant les grains de P. boydii des grains de Fusarium et d’Acremonium ne sont pas constants et peuvent seulement être employés à titre indicatif de l’identité présumée du microorganisme {4332}.
Immunodiagnostic
Les réactifs destinés à l’immunodiagnostic de la sensibilisation à l’Acremonium sont presque toujours répertoriés sous le nom de Cephalosporium sp., ce qui peut causer de la confusion. Les allergènes de l’Acremonium kiliense(syn. Cephalosporium acremonium) sont disponibles commercialement et sont toujours recommandés pour réaliser les épreuves sériques d’IgE {3730, 3839} et les épreuves cutanées {4334, 3284}.
Les épreuves immunodiagnostiques peuvent, dans certains cas, compléter un diagnostic clinique. Lors d’une étude épidémiologique, la prévalence de la sensibilisation à l’Acremonium était de 16 % chez un groupe de 101 patients présentant de l’asthme allergique bronchique {4335}. Des anticorps précipitants dirigés contre l’Acremonium ont été décelés chez des patients aux prises avec une alvéolite allergique {2954} ou une pneumonite d’hypersensibilité (HP) {4322, 4333, 1407}.
Plus de détails
Le seul extrait allergène courant d’Acremonium disponible commercialement pour les tests in vitro et in vivo est répertorié sous le nom de Cephalosporium acremonium {3284, 3730}; il ne semble pas exister de réactifs commerciaux destinés aux épreuves d’IgG ou d’anticorps précipitants.
Un seul extrait allergène d’Acremonium, le GJ30 - Cephalosporium acremonium, fait partie du programme américain de surveillance de la Federal Drug Administration (FDA) des États-Unis et du Biological Products Deviation Reporting. Non-Blood Product Codes (registre des substances biologiques fongiques recevant les rapports concernant la non-conformité de produits [traduction libre]) {3285}.
Épreuves immunodiagnostiques disponibles
Épreuve | IgE | IgG | Antigènes | Autre |
---|---|---|---|---|
Cuti-réactions | X | |||
RAST-IgE | X | |||
RAST-IgG | Expérimental | |||
ELISA-ELIFA | N/D | |||
Immunodiffusion | Expérimental | N/D | ||
Immunofluorescence | N/D | |||
Fixation du complément | N/D | |||
PCR | N/D | |||
Autre |
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