Les écrans dans la famille

L'accès à Internet et l'utilisation d'outils numériques sont désormais la norme plutôt que l'exception au sein des familles québécoises. Les enfants, les adolescentes et les adolescents sont exposés aux écrans et les utilisent à la maison au quotidien.

Risques accrus chez les jeunes

Une exposition prolongée aux écrans, quel que soit le contenu, est plus risquée pour la santé des jeunes enfants que pour celle des adultes, notamment au regard du développement (langage, motricité, attention), de la sédentarité ou de la santé visuelle et oculaire. Le développement global des jeunes se poursuit jusqu’au début de l’âge adulte, ce qui les rend plus vulnérables à leur environnement que les adultes.

À l’instar d’autres pays, des organisations médicales et de santé au Canada ont émis des recommandations en matière d’utilisation des écrans pour protéger la santé des jeunes. Cependant, les données québécoises issues d'enquêtes et de sondages récents indiquent qu'à mesure que les enfants vieillissent, leur temps d'écran augmente, s'éloignant ainsi des recommandations en vigueur.

Expositions et temps d'écran à la hausse

Quasiment tous les enfants ont été exposés à des écrans avant l’âge de deux ans, selon la Société canadienne de pédiatrie. Seulement 15 % des enfants de trois à quatre ans passent moins d’une heure par jour devant un écran.

En 2022, l’enquête québécoise sur le parcours préscolaire des enfants en maternelle révèle que 16 % des enfants de 5 ou 6 ans consacrent plus de deux heures par jour à l'utilisation d'écrans.

Un sondage réalisé par l’INSPQ, juste avant la pandémie de COVID-19 (février-mars 2020), révèle que la grande majorité des jeunes québécois de 6 à 17 ans excèdent la recommandation sur le temps d'écran les jours de semaine. Ce constat s'applique à pratiquement l’ensemble des jeunes la fin de semaine.

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Source: Les jeunes québécois et les écrans : perceptions parentales (INSPQ, 2021)

Ce sondage démontre aussi que :

  • Le temps d’écran quotidien s’accroît avec l’âge des jeunes.
  • L’utilisation intensive (plus de 4 h par jour) est trois fois plus élevée les jours de fin de semaine que les jours de semaine.
  • L’utilisation intensive des écrans est davantage observée chez les jeunes tenus d’utiliser un appareil personnel à l’école.
  • Le nombre d’appareils numériques personnels croît avec l’âge. La majorité des jeunes en possèdent au moins un personnellement. Le téléphone intelligent est l’appareil le plus populaire.

Temps d'écran en semaine selon l'âge en février-mars 2020

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Source: Les jeunes québécois et les écrans : perceptions parentales (INSPQ, 2021)

Par ailleurs, le temps passé sur Internet des jeunes québécois de 6 à 17 ans aurait connu une augmentation constante au fil des années. En 2022, 42 % d'entre eux auraient passé en moyenne plus de 10 heures par semaine devant un écran, comparé à 25 % en 2019. Dans ce groupe, la moitié est âgée de 13 à 17 ans, et les 6 à 12 ans représentent un peu plus du tiers, selon l’enquête NETendances.

Recommandations de temps d'écran de loisir

Selon les Directives canadiennes en matière de mouvement sur 24 heures, pour favoriser une croissance et un développement sain, les enfants devraient atteindre un équilibre quotidien entre l’activité physique, les comportements sédentaires et le sommeil.

Recommandations pour le temps de loisir sédentaire devant un écran :

  • 2 ans et moins : éviter les écrans
  • 3 à 4 ans : limiter à moins de 1 h ⁄ jour
  • 5 à 17 ans : limiter à moins de 2 h ⁄ jour
  • Au-delà de 18 ans : limiter à moins de 8 heures les activités sédentaires, dont un maximum de 3 heures de loisir devant un écran.

Pour en savoir plus, consultez notre page sur les recommandations pour le temps d’écran de loisir.

Temps d'écran et état de santé

Une enquête représentative des élèves de 6e année du primaire à Montréal montre que les élèves qui respectent la recommandation de temps d’écran de loisir sont globalement ceux qui possèdent le meilleur état de santé. À l’opposé, les élèves qui utilisent plus de quatre heures par jour des écrans pour le loisir présenteraient un risque plus élevé de décrochage scolaire. Ils disposeraient de ressources personnelles et sociales moins élevées et auraient une moins bonne santé mentale et physique. C'est ce que conclut une étude auprès des 6e année de la direction de santé publique de Montréal.

Défis et préoccupations des parents

Ces nouvelles habitudes numériques adoptées par les jeunes suscitent des inquiétudes et posent de nouveaux défis pour les parents. Dans un sondage réalisé par l’INSPQ en février-mars 2020, les parents ont rapporté une variété d’impacts qu’ils observaient chez leur enfant, notamment sur la santé psychologique (39 %), physique (37 %), cognitive (21 %), le fonctionnement social (37 %), et des comportements d'utilisation problématiques (29 %).

Ces dernières années, la transition vers le numérique de plusieurs services publics, des milieux scolaires, des milieux de travail et de services de santé a pu renforcer certaines inégalités sociales de santé. Par exemple, l’accès à une connexion Internet et à des appareils numériques de qualité constitue parfois une exigence pour les devoirs des enfants. Ainsi, des parents défavorisés d’un point de vue socioéconomique ou ne disposant pas d’une littératie numérique suffisante peuvent éprouver des difficultés à soutenir leur enfant dans ses apprentissages.

De plus, l'utilisation des écrans peut perturber la relation parent-enfant, entraîner des difficultés de gestion de ces appareils et influer sur divers aspects du rôle parental, selon l'enquête québécoise sur la parentalité 2022. Ces données montrent par exemple que :

  • Près de la moitié (47 %) des parents mentionnent que les écrans ne facilitent pas leur rôle parental;
  • Plus du tiers (36 %) des parents vivent des conflits et des tensions avec leurs enfants en raison de l’utilisation des écrans;
  • Environ 16 % des parents se sentent dépassés par les écrans ou les applications qu’utilisent leurs enfants.
  • 39 % des parents trouvent que la gestion des écrans est l’un des défis les plus difficiles à relever. Les parents ayant des adolescentes et adolescents sont les plus nombreux à rapporter ces difficultés (50 %).

Usages numériques des parents

Les usages numériques des parents ne sont pas sans conséquence sur les pratiques parentales, ce qui laisse envisager de potentiels effets négatifs sur le développement de l’enfant. Par exemple :

  • L’usage des technologies mobiles par les parents les rendrait moins disponibles pour leurs jeunes enfants ou affecterait leur façon de s’engager avec eux.
  • Ceci pourrait entraîner une diminution de la vigilance du parent dans des lieux publics comme les terrains de jeu et éventuellement augmenter les risques de blessures chez les enfants.
  • Les parents qui utilisent des technologies mobiles en présence de leur enfant seraient moins sensibles et réactifs à leurs signaux, comparativement à ceux qui n’en utilisent pas. La sensibilité et la réactivité sont deux éléments importants dans l’établissement d’un lien d’attachement avec l’enfant.
  • Enfin, l’usage des technologies mobiles pourrait diminuer chez les parents certaines pratiques de soutien à l’apprentissage, comme les verbalisations pendant le jeu ou les encouragements à manger de nouveaux aliments durant les repas.

Pour en savoir plus, consultez la publication Usage des écrans par les parents en présence de leur enfant de 0 à 6 ans : les effets sur les pratiques parentales.

L'écran n'est pas toujours une bonne solution

La Société canadienne de pédiatrie souligne qu’utiliser un écran pour calmer les colères d’un jeune enfant, l’aider à s’endormir ou le récompenser est une pratique contre-productive. Elle peut nuire au développement d’aptitudes d’autorégulation chez l’enfant, réduire la qualité de son sommeil, renforcer des comportements non souhaités et occasionner une dépendance aux écrans pour réguler ses émotions.

Prévention et ressources

Pour des conseils sur l’utilisation des écrans, visitez la page du ministère de la Santé et des Services sociaux Utilisation équilibrée des écrans chez les jeunes qui résume les recommandations des organisations canadiennes.

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