Informations sur les comparaisons

Pour un bon usage des comparaisons 

Il y a une longue pratique de comparaison des données temporelles et territoriales en santé. Certaines organisations, comme l’Organisation de coopération et de développement économique, sont notamment reconnues pour leurs comparaisons internationales. Au Québec, L’Indicateur de santé publique se veut une ressource fiable et accessible dépeignant un portrait de la santé des Québécois, le plus actuel possible, à ceux qui en ont besoin au moment où ils en ont besoin.  

Ce texte s’adresse à toute personne qui exploite les résultats présentés dans L’Indicateur de santé publique. Il vise à sensibiliser sur l’importance de connaître les contextes et la provenance des données que l’on compare pour favoriser des interprétations justes et éviter les conclusions hâtives. 

Pourquoi se compare-t-on? 

La comparaison est une occasion de porter un regard extérieur, une opportunité d’apprendre par rapport à ce qui est observé ailleurs ou dans le passé. En se comparant, on bénéficie d’une perspective complémentaire nécessaire pour faire sens de l’information dont on dispose et faire évoluer les réflexions i,ii,iii. Existe-t-il des différences? Des similarités? Ce qui est observé au Québec l’est-il ailleurs? Quelles sont les zones d’amélioration possibles?  

Que peut-on dire à partir des comparaisons? 

Pour une interprétation adéquate des résultats, il est important de connaître l’objectif visé par la communication des données. Dans le cas de L’Indicateur de santé publique, les données sont utilisées pour dresser un portrait descriptif de l’état de santé de la population québécoise, son évolution temporelle et spatiale, à partir d’indicateurs choisis. L’objectif n’est pas de proposer ou de vérifier la pertinence d’une explication. On ne peut donc prétendre, à partir de ces données, que la façon de faire est meilleure ou pire au Québec ou qu’un déploiement de ce qui a été fait ailleurs donnera des résultats similaires au Québec. D’autres analyses, basées sur le portrait descriptif présenté dans l’Indicateur de santé publique, pourront chercher à expliquer ce qui est observé au Québec. Mais alors que peut-on dire? 

Pour bien interpréter une donnée, on doit d’abord savoir à quoi elle réfère et comment elle a été construite. Pensons notamment aux caractéristiques (évolutives) des sources de données, la définition des indicateurs, les sous-groupes de population concernés, les années pour lesquelles l’information est disponible, etc.1 Précisons que les données de L’Indicateur de santé publique sont ajustées de façon à diminuer les limites de comparabilité des données entre les territoires2 ou dans le temps, en considérant la diversité des tailles et des caractéristiques des populations comparées.  

Mais ce n’est pas tout. Une bonne connaissance du contexte et de la culture des territoires est nécessaire pour interpréter adéquatement des résultats obtenus par la comparaison.iv Les enjeux politiques, sociétaux et économiques, les investissements publics dans les services sociaux et de santé de même que l’organisation, le financement et la dispensation (qui, à qui et comment) des soins de santé (incluant les efforts de prévention et l’orientation en soins primaires) contribuent tous à façonner la santé des populations.ii,iv,v,vi,vii,viii L’évolution historique et future de ces facteurs a affecté et continuera d’affecter les résultats de santé des différents territoires, incluant le Québec.i,vi 

À l’évidence, le nombre et la diversité des territoires comparés affectent le degré de difficulté de l’exercice; plus ils seront importants, plus il y aura de paramètres à considérer et plus l’analyse sera complexe.iii Bien que les systèmes de santé aient beaucoup de choses en commun à l’échelle mondialev, le choix des territoires constitue une étape importante de l’analyse. Pour L’Indicateur de santé publique, les pays ont été sélectionnés selon des critères spécifiques permettant notamment de réduire les divergences au niveau des systèmes de santé.3 Au vu de la complexité des sociétés et des systèmes, aucune approche de comparaison aussi fiable soit-elle, ne peut toutefois tenir compte de tous les éléments requis lors de la description ou de l’analyse des données.iv,vii,ix Ainsi, malgré tous les efforts méthodologiques, on doit se méfier, entre autres, des « petites différences », surtout entre systèmes dissemblables; par exemple, une différence de 2 % entre deux régions sociosanitaires ne s’interprète pas de la même manière qu’une différence de 2 % entre deux pays. 

La prudence, la réserve et les nuances sont de mise lorsqu’on interprète des données, particulièrement lorsqu’il s’agit de comparaisons. Les enseignements à tirer de celles-ci seront d’autant plus justes si nous sommes conscients et reconnaissons que la santé de la population résulte d’un ensemble de facteurs interdépendants et que nos propos reflètent cette compréhension. 

Que retenir? 

L’Indicateur de santé publique présente des analyses descriptives de l’état de santé de la population québécoise, à partir de données probantes, afin de situer le Québec par rapport à ce qui est observé dans le temps ou l’espace. Les résultats présentés ne permettent pas d’expliquer ce qui est observé.  

Les comparaisons offrent une perspective complémentaire pour interpréter les données dont on dispose et porter un regard extérieur. 

La diversité des contextes et des cultures des territoires comparés doit être pris en considération pour interpréter adéquatement les résultats de santé et éviter les conclusions hâtives. 

Références 

i Imbeau, L., Landry, R., Milner, H., Petry, F., Crête, J., Forest, P.-G., Lemieux, V., 2000. Comparative Provincial Policy Analysis: A Research Agenda. Canadian Journal of Political Science 33, 779-804. https://www.researchgate.net/publication/231782463_Comparative_Provinci…

ii Forest, P.-G., 2023. Les perspectives comparatives sur le système de santé québécois. Dans F. Gagnon, E. Martin, M.-H. Morin (dir.), Le système de santé et de services sociaux au Québec – Territorialité et santé des populations, Presses de l’Université du Québec, 312 p. 

iii Tellier, G., 2011. L’étude comparée des politiques publiques provinciales : un laboratoire à explorer. ps 30, 95–115. https://doi.org/10.7202/1006061ar

iv Healy, J., Tang, S., Patcharanarumol, W., Annear, P., 2018. A framework for comparative analysis of health systems: experiences from the Asia Pacific Observatory on Health Systems and Policies. WHO South-East Asia J Public Health 7, 5. https://doi.org/10.4103/2224-3151.228421

v Okma, K.G., Marmor, T.R., 2013. Comparative studies and healthcare policy: learning and mislearning across borders. Clinical Medicine 13, 487–491. https://doi.org/10.7861/clinmedicine.13-5-487

vi Reibling, N., Ariaans, M., Wendt, C., 2019. Worlds of Healthcare: A Healthcare System Typology of OECD Countries. Health Policy 123, 611–620. https://doi.org/10.1016/j.healthpol.2019.05.001

vii Schneider, E.C., Shah, A., Doty, M.M., Tikkanen, R., Fields, K., Williams II, R.D., 2021. MIRROR, MIRROR 2021 - Reflecting Poorly: Health Care in the U.S. Compared to Other High-Income Countries, The Commonwealth Fund, August, 39 p. 

viii Minery, S., Zeynep, O., 2024. Comparaison des dépenses de santé en France et en Allemagne. Les rapports de l’IRDES no 590, mars, 111 p. https://www.irdes.fr/recherche/rapports/590-comparaison-des-depenses-de…;

ix Last, J.M., 2004. Dictionnaire d’épidémiologie, « Comparaisons internationales », p. 38, Edisem inc. (pour la version française), 306 p. 

Références complémentaires 

1 Australian Institute of Health and Welfare, 2012. A working guide to international comparisons of health. Cat. no. PHE 159. Canberra: AIHW. 27 p. 

2 Cacace, M., Ettelt, S., Mays, N., Nolte, E., 2013. Assessing quality in cross-country comparisons of health systems and policies: Towards a set of generic quality criteria. Health Policy 112, 156–162. https://doi.org/10.1016/j.healthpol.2013.03.020

3 Tolonen, H., Reinikainen, J., Koponen, P., Elonheimo, H., Palmieri, L., Tijhuis, M.J., for the Joint Action on Health Information (InfAct), 2021. Cross-national comparisons of health indicators require standardized definitions and common data sources. Arch Public Health 79, 208. https://doi.org/10.1186/s13690-021-00734-w


Les premiers graphiques des indicateurs illustrent généralement l’évolution temporelle pour l’ensemble du Québec.

Les données issues des fichiers médico-administratifs (ex : décès, naissances, hospitalisations) et du Système intégré de surveillance des maladies chroniques du Québec (SISMACQ) sont généralement comparables sur de longues périodes lorsque standardisées selon une population de référence.

Une brisure méthodologique de la tendance temporelle est néanmoins observée pour quelques indicateurs du SISMACQ qui ont été affectés par le changement du système de facturation en 2016. La rupture est identifiée dans les graphiques d’évolution par une ligne pointillée.

La comparabilité temporelle des données d’enquêtes varie. Des précisions sur la comparabilité temporelle sont disponibles dans la section "Notes méthodologiques” pour chaque indicateur issu d’enquêtes.

Les résultats des régions du Nunavik et des Terres-Cries-de-la-Baie-James ne sont pas présentées en raison d'enjeux liés à la disponibilité et la fiabilité des données.

Pour les indicateurs provenant du SISMACQ, les données de l’Outaouais ne sont pas diffusées, car une partie non négligeable des consultations et des hospitalisations ont lieu en Ontario, ce qui a pour conséquence de sous-estimer les mesures de prévalence de cette région. Seule exception : les troubles du spectre de l’autisme.

Pour les indicateurs provenant du SISMACQ, les données du Nord-du-Québec ne peuvent être diffusées car une proportion importante de leurs médecins est rémunérée à salaire ou à honoraires forfaitaires et non à l’acte.

La population de référence utilisée pour la standardisation des données régionales est celle du Québec en 2016 pour les indicateurs du Registre d’événements démographiques (RED) et celle du Québec en 2011 pour les indicateurs du SISMACQ.

Les données du Québec sont comparées aux neuf autres provinces canadiennes et au Canada. Le rang affiché classe le Québec parmi les provinces et exclut le Canada dans son ensemble. Cela correspond donc à un classement sur 10.

Les données des territoires (Nunavut, Territoires du Nord-Ouest, Yukon) ne sont pas présentées mais sont généralement disponibles dans les sources de données référencées.

Pour les indicateurs présentant des données ajustées selon l’âge et le sexe, la population de référence utilisée pour la standardisation est celle du Canada en 2011 pour les comparaisons canadiennes.

Les données du Québec sont comparées aux 50 états américains, en plus du district de Columbia (Washington D.C.) et de l’ensemble des États-Unis. Le rang affiché classe le Québec parmi les états et le district de Columbia et exclut les États-Unis dans son ensemble. En règle générale, cela correspond à un classement sur 52. 

Afin que les données du Québec soient comparables avec les données américaines, nous standardisons les données spécifiques selon l’âge par la population de référence utilisée par la source de données américaines, le plus souvent par la population US standard de 2000.

Afin que les données du Québec soient comparables avec les données internationales, nous standardisons les données spécifiques selon l’âge par la population de référence utilisée par la source de données internationales, le plus souvent la population de l’OCDE en 2015.

Le choix des pays

En plus du Canada, 15 pays considérés à revenu élevé par la Banque Mondiale ont été retenus pour les comparaisons internationales : l'Allemagne, l'Australie, l'Autriche, la Belgique, le Danemark, les États-Unis, la Finlande, la France, l'Irlande, le Japon, la Norvège, les Pays-Bas, le Royaume-Uni, la Suède et la Suisse.

Ce choix a été inspiré du Conference Board du Canada qui a sélectionné ces pays selon 3 critères : la population (minimum 1 million d’habitants), la superficie (minimum 10 000 km2) et le produit intérieur brut par habitant. On sélectionne seulement les pays ayant un PIB qui se situe au-dessus de la moyenne des pays restants. Treize pays sont ainsi éliminés, dont l’Espagne et la Nouvelle-Zélande, par exemple.

Le nombre de pays comparés au Québec varie généralement de 10 à 16, dépendamment de la disponibilité des données.