Prévention
La majorité des initiatives de prévention de la VRA, qu’elles constituent des politiques sociales ou des programmes, sont construites de manière à promouvoir des normes sociales (ex. : d’équité de genre), des attitudes (ex. : la désapprobation de la VRA) ou des habiletés (ex. : la recherche d’aide), et à transmettre des connaissances sur la VRA et ses différentes formes. Lavoie, Hébert et Beaulieu-Denault ont répertorié dix types d’initiatives de prévention primaire (ou universelle) de la VRA qui s’adressent soit aux individus (les conférences brèves, les programmes d’autodéfense et les programmes de 2 à 5 rencontres), soit à la communauté (animation pour toute l’école, organisation communautaire, développement des compétences des personnes intervenant auprès des jeunes, utilisation des médias pour véhiculer certaines attitudes, lignes d’écoute téléphonique ou via Internet, politiques institutionnelles). Ces initiatives peuvent comporter une ou plusieurs composantes. Il en ressort que les initiatives de prévention intégrant plusieurs composantes, par exemple des volets s’adressant aux individus et d’autres à la communauté, sont peu nombreuses [106]. La plupart des programmes visent la modification des attitudes et des connaissances des adolescents à l’égard de la VRA. Certains visent, en plus de ces modifications, des changements de comportement de victimisation ou d’agression, alors que d’autres programmes ont quant à eux pour objectif de développer les compétences relationnelles des jeunes. Les programmes courts (1 à 5 séances) sont très populaires et visent habituellement à modifier les attitudes et les connaissances des adolescents au sujet de la VRA [106]. Les programmes plus longs, allant jusqu’à 21 séances, ajoutent comme objectifs l’acquisition d’habiletés ou le développement personnel, ou encore abordent des facteurs de risque associés à la VRA comme la surconsommation d’alcool. La majorité des initiatives dont les retombées ont été évaluées sont des programmes de 2 à 15 séances, la plupart du temps en milieu scolaire.
Programmes destinés à la population générale (universels) : La majorité des programmes de prévention de la VRA mis de l’avant aux États-Unis et au Canada anglais (tableau 6) et au Québec (tableau 7) sont destinés à l’ensemble des jeunes. De Koker et ses collaborateurs ont réalisé une revue systématique des études évaluatives ayant fait appel à des devis expérimentaux, c’est-à-dire des devis qui évaluent l’effet des programmes en mesurant certaines informations avant et après qu’ils soient offerts, qui comprennent des groupes de comparaison, et dont l’assignation des participants est aléatoire. Ils ont identifié six programmes qui ont été développés pour la population des jeunes en général et qui ne ciblent ainsi pas de populations particulières (ex. : les minorités sexuelles ou les victimes d’agression sexuelle, les victimes de VRA ou leurs agresseurs). Ces programmes sont offerts en milieu scolaire et prennent la forme de discussions, de mises en situation ou de jeux de rôles [111]. Même si les jeunes participant à ces programmes développent des connaissances sur la VRA et qu’ils peuvent en arriver à modifier leurs attitudes à son égard [111], seuls les programmes Safe Dates [78], Shifting Boundaries [108] et un programme canadien Fourth R: Skills for Youth Relationships [109] ont provoqué des modifications de comportements chez leurs participants (tableau 6).
Au Québec, à notre connaissance, trois programmes visant la prévention de la VRA ont été évalués en utilisant un devis comportant un groupe de comparaison (tableau 7). Il s’agit du Programme de prévention de la violence dans les relations amoureuses (ViRAJ), du Programme de prévention et de promotion traitant de la violence dans les relations amoureuses et du harcèlement sexuel (PASSAJ) et du programme SAISIR (Sessions d’ateliers interactifs de sensibilisation, d’information et de réflexion à la problématique de la violence à l’intérieur des relations amoureuses à l’adolescence). Il faut mentionner que d’autres programmes sont largement diffusés au Québec, notamment la trousse Premières amours [112]. Par ailleurs, certains programmes visent plus spécifiquement la prévention de la violence sexuelle, et abordent des contenus liés à la violence sexuelle en contexte de relations amoureuses [113,114]. La réflexion sur les programmes de prévention universelle pourra être poursuivie en consultant des méta-analyses et recensions disponibles qui permettront de mieux saisir les enjeux dans la mise sur pied de tels programmes [115–122].
Tableau 6 - Description des programmes de prévention canadiens et américains
Nom du programme |
Brève description du programme |
Résultats |
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Safe Dates [78] |
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Shifting Boundaries [108] |
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Fourth R: Skills for Youth Relationships [109] |
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Tableau 7 - Description des programmes de prévention québécois
Nom du programme |
Brève description du programme |
Résultats |
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Programme de prévention de la violence dans les relations amoureuses (ViRAJ) [1] |
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Programme de prévention et de promotion traitant de la violence dans les relations amoureuses et du harcèlement sexuel (PASSAJ) [126] |
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SAISIR [129] |
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Programmes destinés à des populations spécifiques : Certains programmes, quoique moins nombreux, s’adressent à des populations particulières. Ainsi, le programme Youth Relationship Project, inspiré des premiers travaux de Wolfe, a été évalué auprès de jeunes de 14 à 16 ans desservis par les services sociaux et qui ont vécu une forme de maltraitance dans l’enfance. L’évaluation révèle que les participants ayant été exposés au programme ont réduit leurs comportements de victimisation psychologique et physique à l’égard de leurs partenaires (la violence sexuelle n’ayant pas à ce jour été évaluée). De plus, les filles et les garçons ayant participé au programme étaient respectivement 3,2 fois et 1,9 fois moins à risque de perpétrer de la violence physique que ceux qui n’y avaient pas participé. Cependant, l’attrition (ou absentéisme) des groupes étudiés a été une limite importante qui pourrait surestimer ces impacts [130].
Le programme Expect Respect a pour objectif de promouvoir les saines relations amoureuses et d’augmenter le soutien des pairs. Il consiste en des groupes de soutien distincts pour les garçons et les filles, et est offert pendant 24 semaines dans les écoles pour joindre des jeunes considérés à risque. Une évaluation réalisée auprès de 144 jeunes victimes de violence (exposés à la violence conjugale, victimes de mauvais traitements, de VRA, d’intimidation ou de harcèlement sexuel) a montré qu’en y participant, ces jeunes avaient amélioré leur capacité à résoudre sainement leurs conflits en couple, tel qu’autorapporté et rapporté par leur partenaire ou un ami proche. Toutefois, il n’a pas eu d’effet sur la perpétration ou la victimisation de la VRA [131].
Le Violence Prevention Mentoring Program est quant à lui destiné aux adolescents ayant été judiciarisés pour des délits de nature violente. Son évaluation a soutenu que comparativement à un groupe contrôle, les jeunes qui y participaient augmentaient leurs connaissances au sujet de la VRA, mais ne modifiaient pas leurs attitudes à son sujet [132]. Building a Lasting Love est quant à lui un programme destiné à réduire la victimisation auprès des adolescentes d’origine afro-américaine qui reçoivent des services d’accompagnement pour une grossesse. Son efficacité a été évaluée auprès de 72 participantes (âge moyen = 17,15), qui ont été aléatoirement affectées à un groupe recevant l’intervention ou à une liste d’attente (groupe contrôle). Ce programme a permis à ses participantes de réduire leur perpétration de VRA psychologique auprès du père de leur futur enfant, ainsi que leur victimisation pour de la VRA physique sévère [133].
Notons aussi que le programme Safe Dates a été adapté afin de répondre aux besoins spécifiques d’une clientèle vulnérable, soit des jeunes ayant été exposés à la violence conjugale. Plusieurs activités étaient offertes à des dyades mères-filles : une pièce de théâtre présentée par les pairs, 10 ateliers de 45 minutes offerts par les enseignants en santé et éducation physique, ainsi qu’un concours d’affiches. Le programme a permis à celles qui avaient été fortement exposées à la violence conjugale de réduire leur victimisation pour de la violence physique et psychologique, ainsi que leur perpétration de violence psychologique et de cyberviolence. Le programme n’a cependant pas eu d’effets sur la victimisation et la perpétration sexuelle, ainsi que sur la cybervictimisation [134].
Intervenir sur les trajectoires violentes et de victimisation : Bon nombre d’études montrent que l’adolescence est une période propice pour prévenir la cristallisation de la VRA [50,115,135], notamment parce que c’est à cette période de la vie que s’amorcent les relations de nature intime [136] et que se développent les stratégies de résolution de conflits dans le contexte des relations intimes.
Les programmes de prévention permettraient d’interrompre la trajectoire de violence des jeunes en modifiant leurs attitudes à l’égard de la VRA. Les différents modèles proposés dans la littérature supposent que de modifier ses attitudes et ses connaissances à l’égard d’un problème peut ultimement engendrer des modifications de comportement. L’évaluation du programme Safe Dates est l’une des rares à avoir mesuré des variables permettant de mieux comprendre les mécanismes par lequel un programme de prévention modifie les comportements des adolescents. Elle a révélé que la diminution de la perpétration de la VRA était occasionnée par une diminution de son acceptation [78]. Ainsi, il pourrait être possible de prédire les comportements de VRA des adolescents à partir des attitudes qu’ils adoptent à son sujet [137]. Malgré que cette hypothèse soit soutenue par plusieurs études transversales [70]*, [82], les conclusions des études longitudinales à ce sujet demeurent inconstantes [74,80].
On s’intéresse de plus en plus à offrir des programmes à des jeunes dès le primaire. Comme mentionné précédemment, Taylor et ses collaborateurs ont testé le programme Shifting Boundaries auprès de préadolescents (c.-à-d. des jeunes âgés de 10 à 13 ans) et ont montré qu’il permettait de diminuer les comportements de victimisation pour le harcèlement sexuel et la violence sexuelle en contexte de relation amoureuse. Toutefois, il n’aurait pas d’impact sur la perpétration de ces deux formes de violence [138].
Autres initiatives
Dans cette section, d’autres initiatives seront abordées : les programmes visant à outiller de potentiels témoins de VRA, les initiatives ciblant la communauté extérieure à l’école, le développement du leadership des jeunes dans la prévention de la VRA, et l’élaboration d’outils utilisant les nouvelles technologies.
Programmes ciblant les témoins de VRA : Certains programmes de prévention de la VRA et de la violence sexuelle s’adressent spécifiquement aux témoins de la VRA et ont été répertoriés par Storer et ses collaborateurs. Ces programmes sont jugés prometteurs puisqu’ils ont pour objectif d’accroître la probabilité que les gestes de violence soient interrompus par un tiers, et d’augmenter le nombre de pairs et de membres de la communauté qui désapprouvent les comportements agressifs ou irrespectueux envers les femmes (Storer et al., 2016), incluant en contexte amoureux. Ils durent entre 1 et 20 heures, et la plupart sont offerts en une séance de 1,5 heure ou moins. Cependant, la majorité des programmes destinés aux témoins visent la prévention de la violence sexuelle uniquement (pas nécessairement en contexte de VRA). Seuls deux programmes recensés – Mentors in Violence Prevention (Katz, Heisterkamp, et Fleming, 2011) et Bringing in the Bystander (Moynihan, Banyard, Arnold, Eckestein, et Stapleton, 2011) – visent la prévention de la VRA, incluant la violence sexuelle. Dix des 12 études recensées ayant mesuré l’intention des adolescents à intervenir lorsqu’ils sont témoins de VRA ont montré une augmentation significative de leur intention. Cependant, la majorité des études qui ont mesuré les comportements autorapportés des témoins de violence, et ce, avant et après qu’ils aient participé au programme, n’ont pas observé de changements significatifs à cet égard. De plus, les résultats sur la modification des croyances des adolescents au sujet du viol sont mitigés; seule la moitié des études ont rapporté un changement significatif [139]. Au Québec, seul le programme PASSAJ vise les adolescents qui peuvent être témoins de cette violence [140].
Programmes ciblant la communauté : Implanter des programmes visant à modifier l’environnement d’une communauté ou à prévenir la VRA auprès d’une population entière (ex. : les résidents d’un quartier) – plutôt que d’outiller uniquement les victimes ou les agresseurs – pourrait avoir d’importantes retombées, malgré les défis que leur implantation et leur évaluation imposent [141]. Ces programmes pourraient constituer des initiatives locales de promotion des relations saines et égalitaires, des animations de prévention visant une population entière (ex. : toute une école), le développement des compétences des adultes intervenants auprès des jeunes, de leurs parents ou la mise en place de politiques institutionnelles [106]. Malgré tout, la communauté dans laquelle évolue l’adolescent est généralement peu impliquée dans les programmes de prévention [142]. Le programme Coaching Boys into Men fait exception : il s’agit d’une formation d’une heure donnée à des entraîneurs de jeunes athlètes masculins afin que ces derniers puissent par la suite offrir un programme sous forme de 11 brèves discussions de 10 minutes. Son évaluation par un devis expérimental indique une efficacité à augmenter les intentions d’agir comme témoin [143]. Par ailleurs, certains programmes, même s’ils sont offerts en milieu scolaire, ajoutent des activités pour la communauté extérieure. Deux programmes recensés – Safe Dates [55,78] et Fourth R [109] – incluent un travail auprès de la communauté, soit par des services offerts à la victime, une séance d’information pour les parents, ou un livre décrivant comment impliquer les parents et la communauté pour prévenir la VRA.
Le développement du leadership des jeunes dans la prévention de la VRA : Le leadership des jeunes dans la prévention de la VRA est rarement visé et encore plus rarement évalué, alors qu’il serait logique d’investir en son potentiel. Au Canada, le programme Making Waves du Nouveau-Brunswick inclut dans ses activités la formation d’étudiants leaders et animateurs [120]. Cette composante n’a cependant pas été formellement évaluée. Une évaluation de l’implication des jeunes dans des dyades de pairs aidants dans le programme Teach One Reach One a, quant à elle, montré une diminution de l’acceptation de la VRA [144]. Développer des programmes qui impliquent les jeunes de manière plus active pourrait ainsi s’avérer être une avenue prometteuse. C’est d’ailleurs ce que vise l’approche École en santé implantée dans les institutions scolaires du Québec [145].
Programmes axés sur l’utilisation des nouvelles technologies : Certaines initiatives s’inscrivant dans une approche novatrice centrée sur le jeu se développent peu à peu, facilitées par les avancées technologiques. Elles demeurent toutefois encore peu nombreuses et rares sont celles qui ont été évaluées. Par exemple, le Green Acres High est un jeu électronique en cinq tableaux qui a été développé pour augmenter la sensibilisation des adolescents à la VRA, ainsi que pour modifier leurs attitudes à son sujet. Une étude menée par Bowen et ses collaborateurs auprès de 13 adolescents de 9e et de 10e année participant à des groupes de discussion (focus group) a exploré leur appréciation. Elle a révélé que leur expérience d’apprentissage était positive, malgré certaines lacunes du jeu sur le plan technique [146]. Cependant, l’efficacité de ce programme n’a pas encore fait l’objet d’une évaluation. Le programme It’s Your Game: Keep It Real se déroule quant à lui en 24 sessions d’activités à l’ordinateur au sein du milieu scolaire en présence d’intervenants, et en six activités parent-adolescent à la maison. L’étude menée par Peskin et ses collaborateurs pour l’évaluer a démontré que comparativement aux élèves qui n’ont pas participé au programme, ceux qui l’ont fait ont vu leur victimisation physique et psychologique diminuer, tout comme leur perpétration de violence psychologique. Ces résultats se sont maintenus deux ans après qu’ils y aient participé [147].
Augmenter l’accessibilité des programmes en offrant un accès en ligne est une initiative prometteuse qui pourrait diminuer les coûts associés à la prévention, en plus de permettre à des populations d’obtenir des services auxquels ils auraient pu ne pas avoir accès autrement (ex. : les résidents de régions éloignées ou les jeunes ne fréquentant pas l’école). Toutefois, les offrir en libre accès et sans accompagnement pourrait comporter certains risques, puisque les effets de ces programmes sont souvent méconnus et qu’il est possible que les participants qui ressentiraient un inconfort psychologique pendant ou après y avoir participé ne reçoivent pas les services de soutien appropriés au moment opportun. Ainsi, l’évaluation des programmes en ligne devrait précéder l’implantation, et des mesures de soutien devraient être prévues pour répondre en temps réel aux besoins que pourraient éprouver les jeunes qui y participent.
Au Québec, il est difficile de répertorier toutes les initiatives de prévention de la VRA, en particulier celles associées au nouveau projet provincial d’éducation à la sexualité en milieu scolaire. Nous attirons toutefois l’attention sur les récentes avancées technologiques, qui imposent non seulement des changements dans les définitions des formes que peut prendre la VRA, mais qui posent également de nouveaux défis en matière de prévention. En effet, la disponibilité d’une multitude de plateformes interactives de transmission de l’information, ainsi que la vitesse à laquelle ces informations circulent (ex. : par les médias sociaux ou la messagerie instantanée) modifient la manière d’entrer en relation et l’accès aux connaissances dans le contexte de la prévention. Par exemple, alors que les campagnes publicitaires traditionnelles (ex. : Parler c’est grandir, portant sur la prévention de l’agression sexuelle chez les jeunes au Québec) ont souvent eu des retombées limitées [148], on peut penser que l’essor de l’utilisation des réseaux sociaux pourrait modifier cette situation. De plus, des programmes intégrant des composantes multimédias interactives ont récemment vu le jour au Québec. Par exemple, le programme Les couloirs de la violence amoureuse, développé par un organisme communautaire du Lac-Saint-Jean en partenariat avec la Sûreté du Québec et la commission scolaire de cette région, vise à prévenir la VRA auprès des adolescents de 15 et 16 ans. Par leur passage dans un labyrinthe interactif, ce programme permet aux adolescents d’être témoins de l’évolution de la vie d’un couple et d’être exposés à des situations mettant en scène des habiletés comportementales visant à mettre fin au cycle de la VRA [149].
En somme, d’importantes avancées ont été réalisées quant à l’identification des différents facteurs de risque liés à la VRA, et plusieurs initiatives de prévention ont été implantées auprès des populations concernées. Certaines de ces initiatives ont été soumises à des évaluations, mais il apparaît pertinent de favoriser l’évaluation des effets à court et à long termes des programmes existants en utilisant des devis expérimentaux. De plus, ces études d’efficacité doivent être complétées par des études s’attardant aux modalités de diffusion et d’adaptation aux contraintes de divers milieux [150]. Par ailleurs, nous disposons actuellement de peu de programmes pour des groupes particuliers (populations autochtones, jeunes des minorités sexuelles, victimes de violence interpersonnelle pendant l’enfance), et il faudra innover au cours des prochaines années afin d’en favoriser l’implantation. Il faudra également soutenir l’amélioration des programmes disponibles et les méthodes émergentes susceptibles de répondre aux besoins des jeunes et des milieux dans lesquels ils évoluent. Au Québec, nous disposons de plusieurs informations pour contribuer à la bonification des interventions préventives visant la réduction de la violence au sein des relations amoureuses. Retenons que ce sont des efforts concertés – touchant plusieurs niveaux écologiques – et implantés dans des conditions optimales (intensité, durée) qui sont un gage d’amélioration, et non pas des interventions isolées et partielles.
Il sera également essentiel au cours des prochaines années de renforcer la recherche longitudinale, de soutenir la réalisation de méta-analyses, et de donner de meilleurs moyens à la recherche évaluative sur les interventions. Il serait aussi important d’encourager la formation des intervenants, ainsi que le développement ou l’adaptation d’outils encore peu ou non disponibles au Québec, mais qui semblent prometteurs. Finalement, notons que ce chapitre n’a pu couvrir certains thèmes, en particulier la recherche qualitative mettant en valeur la parole des jeunes et des intervenants, la cyberintimidation au sein des couples, ainsi que l’approche d’intersectionnalité permettant de tenir compte en même temps de l’appartenance à diverses catégories sociales (genre, groupe ethnique, statut d’immigration, orientation sexuelle, niveau socioéconomique) afin de cerner les enjeux face à la prise de contrôle en situation de relation amoureuse. Les obstacles à la demande d’aide ou à la mise sur pied de programmes n’ont pas non plus été abordés alors qu’ils constituent un frein important au changement individuel et social.