Facteurs de risque et facteurs de protection

Le tableau 1 présente des facteurs de risque et des facteurs de protection associés aux comportements suicidaires selon le modèle écologique. En effet, l’inverse des facteurs de risque peut constituer des facteurs de protection. Par exemple, un manque de soutien social constitue un facteur de risque important, mais le fait d’avoir un bon réseau de soutien social constitue un facteur de protection important. Ce tableau constitue une version modifiée du modèle proposé par l’OMS dans son rapport Prévention du suicide : l’état d’urgence mondial [1], présentant les principaux facteurs de risque et de protection du suicide ainsi que les interventions pertinentes. Certains facteurs de risque bien démontrés dans les études, et qui ont été couverts ailleurs dans le rapport de l’OMS ou dans d’autres recensions en prévention du suicide, ont été ajoutés à la figure originale de l’OMS. 

Tableau 1 - Exemples des facteurs de risque du suicide selon le modèle écologique, associés aux interventions préventives

 

 

Facteurs de risque

Interventions pertinentes associées

Société

  • Attitudes et valeurs de l’acceptabilité du suicide
  • Accès aux moyens
  • Couverture médiatique et utilisation inappropriée des médias sociaux
  • Sensibilisation concernant la réalité du suicide, l’aide disponible et la façon de trouver l’espoir
  • Restrictions de l’accès aux moyens
  • Couverture médiatique responsable et pratiques d’utilisation des médias sociaux appropriées

Milieu de vie

  • Traumatismes, violence interpersonnelle, mauvais traitements et négligence
  • Manque de soutien social
  • Politiques et interventions visant à diminuer les traumatismes, la violence interpersonnelle, les mauvais traitements et la négligence
  • Politiques et programmes qui favorisent l’intégration sociale

Individu

  • Tentatives de suicide antérieures
  • Troubles de santé mentale
  • Manque d’information sur l’aide disponible et sur la façon de réagir aux idéations suicidaires d’un pair
  • Usage nocif d’alcool
  • Suivis post-tentative
  • Traitement des troubles mentaux et diminution de la marginalisation des personnes avec une maladie mentale
  • Informer sur les ressources d’aide disponible et sur la façon de réagir aux idéations suicidaires d’un pair
  • Politiques visant à réduire l’usage nocif d’alcool

Tous les facteurs inclus dans ce tableau sont appuyés par des recherches empiriques. Bien que certains de ces facteurs sont peu ou pas modifiables (ex. : sexe, catastrophes naturelles, guerres, etc.), ils peuvent avoir des implications importantes pour la prévention. Ils peuvent notamment nous aider à identifier les groupes à risque et à développer des pratiques de prévention spécifiques pour certaines populations cibles. Par exemple, au Québec, il y a 3,4 fois plus de décès par suicide chez les hommes que chez les femmes. Si l’on accepte l’explication selon laquelle la différence entre les hommes et les femmes est liée au fait que les hommes consultent moins les spécialistes en santé mentale, appellent moins souvent les centres de prévention du suicide, et n’expriment pas leurs symptômes de dépression et d’angoisse à leur médecin autant que les femmes, on peut penser modifier les comportements de recherche d’aide des hommes par des interventions visant à valoriser la demande d’aide, par exemple par des campagnes publicitaires dans le cadre d’une stratégie préventive. De même, bien qu’on peut – selon une approche de santé publique – implanter des politiques publiques pour diminuer le taux de chômage, qui est identifié comme facteur de risque dans de nombreuses recherches, on peut aussi intervenir davantage auprès des personnes plus à risque, par exemple à la suite d’une fermeture d’usine, afin de prévenir le suicide chez les personnes ayant perdu leur emploi.