Prévention de la violence sexuelle
Cette section présente des stratégies visant à prévenir la violence sexuelle dans une perspective de santé publique. Elle expose un aperçu des grandes stratégies de prévention soutenues par des organisations reconnues en santé publique ou par des données probantes issues d’études évaluatives. Cette section ne répertorie pas les programmes de prévention spécifiques.
Comment prévenir la violence sexuelle à l’échelle populationnelle?
La prévention de la violence sexuelle à l’échelle populationnelle nécessite des stratégies de prévention primaire et universelle. Ce type de prévention consiste à mettre en œuvre des actions auprès de toute la population pour agir sur les causes profondes de la violence et empêcher qu’elle ne survienne, et ce, indépendamment du risque présenté.
Les stratégies à mettre en place doivent agir sur les déterminants de la santé dans les milieux de vie et les environnements socioculturel, économique, physique, politique et numérique1. Elles doivent également réduire les facteurs qui augmentent le risque de commettre de la violence sexuelle ou d’en être victime, tout en renforçant les facteurs de protection1,2.
Pour agir sur ces déterminants et facteurs, la mise en œuvre d’une seule stratégie n’est pas suffisante. Les stratégies doivent être multiples, variées et complémentaires. Elles doivent prendre en compte la multiplicité des réalités et des vécus des différents groupes de la population.
La violence sexuelle est une forme de violence davantage présente chez certains groupes sociaux et certaines communautés, en raison notamment des inégalités sociales, des stéréotypes sexuels, des discriminations basées sur le sexe, le genre, l’ethnicité, l’âge, l’orientation sexuelle et des conditions de vie moins favorables vécues par certains groupes. On peut penser aux femmes, aux enfants, aux jeunes, aux personnes de la diversité sexuelle et de genre, aux Autochtones et aux personnes en situation de handicap. Bien que ces groupes puissent se trouver en situation de vulnérabilité face à cette violence, la responsabilité revient toujours à la personne qui commet les gestes de violence sexuelle.
La santé publique peut jouer un rôle important pour prévenir la violence sexuelle à l’échelle populationnelle. L’approche préconisée cible plusieurs acteurs, et non seulement les personnes victimes, et implique la collaboration entre une diversité de secteurs. On peut penser, par exemple, aux secteurs de la santé et des services sociaux, de l’éducation, de la sécurité publique, de la justice, des médias, ainsi qu’aux gouvernements provinciaux et fédéraux, aux municipalités, aux organisations de la société civile, aux membres des communautés concernées et, de manière plus générale, à l’ensemble de la population2,3.
Les stratégies de prévention de la violence sexuelle à l’échelle populationnelle requièrent de4–7 :
- modifier les normes sociales soutenant la violence et promouvoir l’égalité des genres
- voir Stratégies visant l’environnement socioculturel
- voir Stratégies visant l’environnement politique
- améliorer les conditions de vie et la situation socioéconomique des femmes et des familles
- voir Stratégies visant l’environnement économique
- créer des environnements et des milieux de vie sécuritaires
- voir Stratégies visant l’environnement physique
- voir Stratégies visant l’environnement numérique
- soutenir les compétences parentales et le développement psychosocial des familles
- voir Stratégies visant les relations interpersonnelles
- favoriser le développement de compétences personnelles et sociales des enfants et des jeunes
- voir Stratégies visant les personnes
Références
- Organisation mondiale de la Santé et London School of Hygiene and Tropical Medicine (2012). Prévenir la violence exercée par des partenaires intimes et la violence sexuelle contre les femmes : Intervenir et produire des données, Genève, Organisation mondiale de la Santé.
- Basile, K. C., S. DeGue, K. Jones, K. Freire, J. Dills, S. G. Smith et J. L. Raifort (2016). Sexual Violence Prevention Resource for Action: A Compilation of the Best Available Evidence, Atlanta, GA, National Center for Injury Prevention and Control, Centers for Disease Control and Prevention.
- UN Women (2015). A framework to underpin action to prevent violence against women, UN Women.
- Ministère de la Santé et des Services sociaux, et Institut national de santé publique du Québec (2018). La prévention de la violence au Québec: une responsabilité individuelle et collective, « [Huitième rapport du directeur national de santé publique] ».
- Laforest, J., P. Maurice et L. M. Bouchard (2018). Rapport québécois sur la violence et la santé, Montréal, Institut national de santé publique du Québec.
- Miele, C., A. Maquigneau, C. C. Joyal, I. Bertsch, O. Gangi, H. Gonthier, C. Rawlinson, S. Vigourt-Oudart, E. Symphorien, A. Heasman, E. Letourneau, A.-H. Moncany et M. Lacambre (2023). « International guidelines for the prevention of sexual violence: A systematic review and perspective of WHO, UN Women, UNESCO, and UNICEF’s publications », Child Abuse & Neglect, vol. 146, p. 1‑25.
- Finnie, R. K., D. L. Okasako-Schmucker, L. Buchanan, D. Carty, H. Wethington, S. L. Mercer, K. C. Basile, S. DeGue, P. H. Niolon, J. Bishop, T. Titus, S. Noursi, S. A. Dickerson, D. Whitaker, S. Swider et P. Remington (2022). « Intimate partner and sexual violence prevention among youth: A community guide systematic review », American Journal of Preventive Medicine, vol. 62, n° 1, p. e45‑e55.
Rédaction :
Maude Lachapelle, conseillère scientifique, INSPQ
Collaboration :
Anne-Sophie Ponsot, conseillère scientifique, INSPQ
Révision externe :
Larissa Ouedraogo, M.Sc., agente de planification, de programmation et de recherche, direction régionale de santé publique, CIUSSS du Centre-Sud-de-l’Île-de-Montréal
Geneviève Paquette, Ph. D., professeure titulaire, département de psychoéducation, Université de Sherbrooke
Jacinthe Dion, Ph. D., professeure, département de psychologie, Université du Québec à Trois-Rivières