Ampleur des agressions sexuelles chez les adultes

Faits saillants

  • Au Canada, 1 femme sur 3 et 1 homme sur 11 ont rapporté avoir été victime d’agression sexuelle depuis l’âge de 15 ans.
  • Les femmes sont de 3 à 5 fois plus nombreuses à être victimes d’agression sexuelle que les hommes, même si ces derniers en sont aussi victimes.
  • Bien que les adultes de tous âges puissent être victimes d’agression sexuelle, les jeunes adultes de moins de 25 ans sont le groupe d’âge rapportant la proportion la plus élevée d’agressions sexuelles.
  • Dans plus de 8 cas sur 10, les agressions sexuelles commises sur des adultes sont perpétrées par des personnes connues de la victime, comme une connaissance, un conjoint ou une conjointe, un ou une partenaire intime (actuelle ou ancienne) ou un ami ou une amie.
  • Les femmes sont plus souvent victimes d’agression sexuelle de la part d’un conjoint ou d’un partenaire intime (actuel ou ancien) que les hommes.
  • Les agressions sexuelles commises avec une arme ou causant des blessures physiques ne constituent que 3 % des agressions sexuelles commises à l’endroit des adultes.
  • Une faible proportion (5 à 6 %) des agressions sexuelles est signalée à la police chaque année.

Le terme agression sexuelle, plutôt que violence sexuelle, est utilisé dans ce texte afin de refléter de façon fidèle les données rapportées qui proviennent principalement des services de police et d’enquêtes populationnelles. Pour en savoir davantage sur les sources de données et leur méthodologie, voir la page Sources et considérations méthodologiques.

Quelle est l’ampleur des agressions sexuelles chez les adultes?

Au Québec, en 2019, plus du tiers (38 %) de l’ensemble des victimes d’infractions sexuelles rapportées par la police sont des adultes (18 ans et plus). Parmi les victimes de tous âges, les adultes représentaient la majorité (54 %) des victimes d’agression sexuelle et une faible minorité (9 %) des victimes des autres infractions d’ordre sexuel (voir la section Sources et considérations méthodologiques pour en apprendre davantage sur la mesure des infractions sexuelles). En 2019, les services de police ont enregistré 3 382 infractions sexuelles envers des adultes, dont 3 073 agressions sexuelles et 309 autres infractions d’ordre sexuel1. Selon les données de l’Enquête sociale générale (ESG) sur la victimisation, l’agression sexuelle représentait 11 % de toutes les infractions de victimisation criminelle en 2019. Plus précisément, les agressions sexuelles représentaient près de la moitié (47 %) des incidents de victimisation avec violence (voies de fait, agression sexuelle, vol qualifié) autodéclarés par les femmes de 15 ans et plus et 16 % des incidents autodéclarés par les hommes2.

Selon l’Enquête sur la sécurité dans les espaces publics et privés (ESEPP) réalisée en 2018, 15 % de la population québécoise de 15 ans et plus ont déclaré avoir déjà été victimes d’agression sexuelle par une personne autre qu’un ou une partenaire intime depuis l’âge de 15 ans, ce qui représente 1 073 000 personnes au Québec. La prévalence de victimisation s’élève à 19 % pour l’ensemble du Canada, représentant 5 987 000 personnes au Canada3. Les données de l’Enquête sociale générale sur la victimisation de 2019 ont permis d’estimer un taux de 30 incidents d’agression sexuelle par 1 000 personnes de 15 ans et plus au cours de l’année précédant l’enquête. Il est important de noter que les deux enquêtes excluent toutefois de leur prévalence les agressions sexuelles commises par des partenaires intimes (voir la section Sources et considérations méthodologiques pour en apprendre davantage sur les mesures de l’agression sexuelle vécue à l’âge adulte)2.

 

Qui sont les adultes victimes d’agression sexuelle?

En 2020, les femmes représentaient la grande majorité des victimes adultes d’infractions sexuelles rapportées par les services de police (91 % au Québec et 92 % au Canada)4. Au Québec, selon les données de l’Enquête sur la sécurité dans les espaces publics et privés de 2018, 25 % des femmes et 6 % des hommes ont déclaré avoir été victime d’agression sexuelle par une personne autre qu’un ou une partenaire intime depuis l’âge de 15 ans. Au Canada, les taux s’élèvent à 30 % chez les femmes et à 8 % chez les hommes3. Lorsque l’on inclut les agressions sexuelles commises par les partenaires intimes (actuels ou anciens), les données canadiennes révèlent que 33 % des femmes et que 9 % des hommes ont rapporté avoir été victime d’agression sexuelle depuis l’âge de 15 ans. Dans l’année précédant l’enquête, la prévalence d’agression sexuelle autodéclarée par les femmes de 15 ans et plus au Canada était estimée à 3,6 % et celle par les hommes, à 1,3 %3. Selon les données de l’Enquête sociale générale sur la victimisation (2019), qui excluent les agressions sexuelles commises par les partenaires intimes, le taux d’agression sexuelle autodéclarée était 5 fois plus élevé chez les femmes (50 pour 1 000 personnes) que chez les hommes (9 pour 1 000 personnes)2 .

Au Québec, en 2019, selon les données rapportées par les services de police, le groupe des 18 à 24 ans affichait la proportion la plus élevée d’agression sexuelle dans la population adulte, représentant 39 % des adultes victimes et 21 % des victimes de tous âges1. Au Canada, selon les données de l’Enquête sociale générale sur la victimisation de 2019, les taux d’agressions sexuelles les plus élevés dans la population adulte se situaient dans les groupes d’âge de 15 à 24 ans (103 pour 1 000 personnes) et de 25 à 34 ans (50 pour 1 000 personnes). Par comparaison, ce taux se situait à 2 pour 1 000 chez les personnes de 65 ans et plus. Les femmes de 15 à 24 ans rapportaient un taux d’agression sexuelle sept fois plus élevé (187 pour 1 000) que les hommes du même âge (27 pour 1 000), alors qu’il était cinq fois plus élevé chez les femmes de 25 à 34 ans (85 pour 1 000) que chez les hommes du même âge (16 pour 1 000)2.

Quels sont les formes et les niveaux de gravité des agressions sexuelles chez les victimes adultes?

Au Québec, en 2019, la majorité des infractions sexuelles envers des adultes déclarées aux services policiers étaient des agressions sexuelles (91 %), les autres infractions étant classées dans la catégorie des autres infractions d’ordre sexuel (9 %; voir la section Sources et considérations méthodologiques pour en apprendre davantage sur la mesure des infractions sexuelles). Les agressions sexuelles commises envers des adultes étaient dans la presque totalité (97 %) des agressions sexuelles (niveau 1), les agressions sexuelles armées (niveau 2; 2,3 %) ou graves (niveau 3; 0,7 %) représentant une faible minorité des cas1. Parmi les autres infractions d’ordre sexuel déclarées par la police, les victimes adultes représentaient la majorité de l’ensemble des victimes des infractions de publication non consensuelle d’images intimes et de voyeurisme (51 % et 65 %, respectivement)1.

Selon l’Enquête sur la sécurité dans les espaces publics et privés de 2018, la forme la plus courante d’agression sexuelle subie dans la dernière année, autant par les femmes que par les hommes de 15 ans et plus, était les contacts sexuels non désirés3. Par ailleurs, la grande majorité des agressions sexuelles rapportées par les femmes victimes ont été commises sans la présence d’une arme (93 %) et n’ont pas occasionné de blessures physiques (90 %)3. Toutefois, parmi les agressions sexuelles commises par une ou un partenaire intime ou par une autre personne qui ont été déclarées par la police au Canada en 2017, une plus grande proportion (23 %) des incidents avait entraîné des blessures corporelles pour la victime, le plus souvent des blessures mineures (98 % des cas)5. Il est possible que cette divergence de prévalence s’explique, en partie du moins, par les différentes définitions de l’agression sexuelle selon les sources de données et par le fait que subir des blessures ou une agression avec la présence d’une arme sont des éléments pouvant augmenter la propension à signaler un incident violent (soit une agression sexuelle, un vol qualifié ou une voie de fait) à la police (voir la section ci-dessous Signalement à la police)2.

Où sont commises les agressions sexuelles?

En 2017, la majorité (61 %) des incidents d’agression sexuelle perpétrée par un ou une partenaire intime ou par une autre personne signalés par la police au Canada ont eu lieu dans des propriétés privées5. Toutefois, lorsque les données relatives aux agressions commises par un ou une partenaire intime sont exclues, comme dans l’Enquête sur la sécurité dans les espaces publics et privés de 2018, l’agression sexuelle la plus grave autodéclarée par les femmes a le plus souvent été commise dans un commerce ou un établissement institutionnel (38 %), dans une résidence ou une propriété privée ou les alentours (36 %) ou dans la rue ou un autre lieu public (18 %). Les hommes victimes ont rapporté que l’agression sexuelle avait eu lieu en plus grande proportion dans un commerce ou un établissement institutionnel (47 %), suivi par une résidence ou propriété privée ou les alentours (35 %)3.

Qui sont les personnes auteures des agressions sexuelles?

Au Canada, en 2020, l’auteur présumé était connu de la majorité des adultes victimes d’agression sexuelle déclarée par la police (83 %). L’agression sexuelle était le plus souvent commise par une connaissance (28 %), un conjoint ou une conjointe ou un ou une partenaire intime actuelle ou ancienne (27 %), un étranger ou une étrangère (17 %), puis par un ami ou une amie (10 %; voir graphique 1). Les femmes étaient plus souvent victimes d’agression sexuelle de la part d’un conjoint ou d’un partenaire intime actuel ou ancien (29 % des cas) comparativement aux hommes (12 % des cas)6. Selon les données de l’Enquête sur la sécurité dans les espaces publics et privés de 2018, parmi les femmes ayant rapporté avoir été victimes d’agression sexuelle dans l’année précédant l’enquête, l’agresseur était un ami ou une connaissance dans 44 % des cas, alors que dans un autre 44 % des cas il s’agissait d’un étranger ou d’une personne connue de vue seulement. Ces résultats ne prennent toutefois pas en compte les incidents de violence sexuelle entre partenaires intimes3.

Graphique 1 - Répartition (en %) des adultes (18 ans et plus) victimes d’agressions sexuelles rapportées par la police selon la relation de la victime avec l‘auteur présumé, Canada, 2020

 

* Inclut les (ex-) conjointes et (ex-) conjoints mariés ou de fait, les (ex-) petites amies et (ex-) petits amis, les (ex-) partenaires intimes, les personnes avec lesquelles une relation de nature sexuelle était entretenue, qu’elles cohabitent ensemble ou non.
** Inclut les personnes avec un lien inconnu et les autres personnes non apparentées.
Source : Statistique Canada (2021). « Victimes de crimes violents et de délits de la route causant la mort ou des lésions corporelles commis par des membres de la famille et d’autres personnes, selon l’âge et le genre de la victime, le lien précis de l’auteur présumé avec la victime, et le type d’infraction » (consulté le 28 février 2022).

Selon les données de l’Enquête sur la sécurité dans les espaces publics et privés de 2018, la grande majorité (95 %) des femmes de 15 ans et plus victimes d’agression sexuelle a rapporté que l’agression sexuelle la plus grave subie dans l’année précédant l’enquête a été perpétrée par un homme, tandis qu’un peu plus de la moitié (56 %) des hommes ont déclaré qu’une femme était responsable. La majorité (91 %) des agressions sexuelles rapportées ont été commises par une seule personne3.

Signalement à la police

Les données de l’ESEPP de 2018 révèlent qu’une victime d’agression sexuelle sur cinq s’est sentie blâmée pour sa propre victimisation, soit par l’agresseur, sa famille ou ses amis. Les femmes qui ont rapporté avoir été victimes d’agression sexuelle par un ami ou une connaissance étaient trois fois plus susceptibles de s’être senties blâmées, comparativement à celles dont l’agresseur était un étranger (31 % par rapport à 10 %)3

Les données de l’Enquête sur la sécurité dans les espaces publics et privés (ESEPP) de 2018 rapportent que seulement 5 % des incidents d’agressions sexuelles les plus graves rapportées par les femmes de 15 ans et plus au cours des 12 mois précédant l’enquête ont été signalés à la police au Canada3. Les données de l’Enquête sociale générale sur la victimisation de 2019 révèlent un constat similaire : seulement 6 % des agressions sexuelles rapportées par la population canadienne de 15 ans et plus dans l’année précédant l’enquête ont été signalées à la police, ce qui en fait le crime le plus sous-signalé parmi tous ceux mesurés par l’Enquête sociale générale (ESG) sur la victimisation. Il s’agit d’une proportion significativement moindre que pour les signalements des incidents de vols qualifiés (47 %) et de voies de fait (36 %)2.

Quelle est l'évolution des taux d’agressions sexuelles?

De 1999 à 2014, selon l’Enquête sociale générale (ESG) sur la victimisation, les taux d’agressions sexuelles déclarées par les victimes de 15 ans et plus sont demeurés relativement stables (voir tableau 1). En 2019, un changement dans la méthodologie de l’enquête (ayant notamment désormais recours à un questionnaire en ligne comme méthode de collecte, en plus du questionnaire par téléphone) vient faire en sorte que la comparaison des résultats de 2019 avec les cycles précédents n’est pas recommandée2. Par conséquent, les taux indiqués dans le tableau suivant sont à titre informatif seulement. Pour en savoir plus sur l’évolution des taux d’infractions sexuelles chez les victimes de tous âges, se référer à la section Statistiques.

Tableau 1 - Évolution des taux d’agressions sexuelles, selon le genre, Canada, 1999 à 2019

AnnéeFemmesHommesTotal
Taux1Nombre (en milliers)Taux1Nombre (en milliers)Taux1Nombre (en milliers)

1999

33*

410

8

92

21

502

2004

35*

460

7

86

21

546

2009

34*

472

15

204

24

677

2014

37*

553

5

80

22

633

2019a

50*

-

9

-

30

940

1 Les taux sont calculés pour 1 000 personnes de 15 ans et plus.
† Catégorie de référence.
a Étant donné un changement de méthodologie de l’ESG en 2019 (en ayant notamment recours à un questionnaire en ligne comme méthode de collecte), il n’est pas recommandé de comparer directement les résultats de 2019 à ceux des cycles précédents.
* Valeur significativement différente de la catégorie de référence (p< 0,05).
Sources : ESG 1999, 2004, 2009, 2014, 2019

Comportements sexuels non désirés en public et en ligne

Selon les données de l’Enquête sur la sécurité dans les espaces publics et privés (ESEPP), au Canada, en 2018, 32 % des femmes et 13 % des hommes ont rapporté avoir été l’objet de comportements sexuels non désirés en public au cours des 12 mois précédant l’enquête. Les types de comportements les plus souvent déclarés par les femmes étaient les attentions sexuelles non désirées (25 %), les attouchements non désirés (17 %) et les commentaires non désirés au sujet de leur sexe ou de leur genre (12 %). Les trois mêmes comportements ont aussi été ceux ayant été les plus subis par les hommes, avec des prévalences de 6 % pour chaque type. Par ailleurs, 29 % des femmes et 17 % des hommes ont rapporté avoir été la cible d’un comportement sexuel non désiré survenu au travail au cours des 12 mois précédant l’enquête, les blagues à caractère sexuel étant le comportement le plus couramment rapporté.

Concernant les comportements sexuels non désirés en ligne mesurés dans l’enquête, près de deux fois plus de femmes que d’hommes ont rapporté avoir reçu des images ou des messages sexuellement suggestifs ou explicites non désirés (11 % des femmes et 6 % des hommes) et avoir subi de la pression pour envoyer, partager ou publier des images ou des messages sexuellement suggestifs ou explicites (4 % des femmes et 2 % des hommes) au cours des 12 mois précédant l’enquête. Autant les femmes que les hommes ont rapporté avoir vu quelqu’un publier ou partager, ou menacer de publier ou de partager, des images intimes ou sexuellement explicites d’elles ou d’eux-mêmes sans leur consentement (2 % dans chaque cas)3.

Quelle est l'ampleur des agressions sexuelles chez des populations spécifiques?

Personnes lesbiennes, gaies, bisexuelles et transgenres (LGBT)

Au Canada, en 2018, les données de l’Enquête sur la sécurité dans les espaces publics et privés révèlent que les personnes gaies, lesbiennes, bisexuelles et transgenres déclarent des prévalences d’agression sexuelle plus élevées que les personnes hétérosexuelles. Près du tiers (31 %) des personnes gaies et lesbiennes a rapporté avoir été victimes d’agression sexuelle depuis l’âge de 15 ans (39 % des femmes et 27 % des hommes) de la part d’une personne autre qu’un ou une partenaire intime, comparativement à 19 % des personnes hétérosexuelles. La prévalence s’élève à 45 % chez les personnes bisexuelles, et plus de la moitié (55 %) des femmes bisexuelles ont déclaré avoir été agressées sexuellement depuis l’âge de 15 ans7. Selon l’Enquête sociale générale sur la victimisation de 2019, le taux d’agression sexuelle déclarée par les personnes bisexuelles dans la dernière année était 29 fois supérieur au taux observé chez les personnes hétérosexuelles (541 incidents pour 1 000 comparativement à 19 pour 1 000)2. Les personnes transgenres ont aussi davantage rapporté avoir vécu au moins une agression sexuelle depuis l’âge de 15 ans que les personnes cisgenres (24 % comparativement à 19 %)7.

Personnes autochtones

Au Canada, selon les données de l’Enquête sur la sécurité dans les espaces publics et privés de 2018, les personnes autochtones (Première Nation, Métis ou Inuit) sont aussi surreprésentées parmi les victimes d’agression sexuelle. Effectivement, 44 % des femmes autochtones et 13 % des hommes autochtones ont rapporté avoir été victime d’agression sexuelle depuis l’âge de 15 ans, comparativement à 30 % des femmes non autochtones et à 8 % des hommes non autochtones3. Selon les données de l’Enquête sociale générale sur la victimisation de 2019, 35 incidents d’agression sexuelle vécue dans la dernière année pour 1 000 personnes ont été rapportés par les personnes autochtones alors que le taux était de 30 incidents pour 1 000 personnes chez les personnes non autochtones2. Ces deux enquêtes mentionnent toutefois que l’identité autochtone en soi n’augmente pas à lui seul les risques d’être victime d’agression sexuelle lorsqu’on considère d’autres variables (âge, genre, mauvais traitements au cours de l’enfance)2,7.

Personnes immigrantes

Au Canada, en 2018, les personnes immigrantes rapportaient des prévalences d’agression sexuelle subie depuis l’âge de 15 ans moins élevées que les personnes non immigrantes, selon les données de l’Enquête sur la sécurité dans les espaces publics et privés. Les femmes immigrantes rapportaient toutefois en avoir davantage vécu que les hommes immigrants (20 % par rapport à 6 %)3. Un constat similaire ressort des données de l’Enquête sociale générale sur la victimisation de 2019, selon lequel les personnes immigrantes étaient moins susceptibles de déclarer avoir été victimes d’agression sexuelle dans la dernière année que les personnes non immigrantes (12 incidents pour 1 000 personnes comparativement à 36 pour 1 000 personnes)2. Les deux enquêtes excluaient toutefois les répondantes et les répondants qui ne parlaient ni le français ni l’anglais, ce qui pourrait avoir une incidence sur la représentativité des personnes immigrantes dans l’enquête, considérant qu’une plus grande proportion d’entre elles ne parlent ni le français ni l’anglais comparativement aux personnes non immigrantes, selon les données du Recensement du Canada 20168.

Personnes ayant une incapacité

Au Canada, en 2018, les femmes (39 %) et les hommes (13 %) ayant une incapacité rapportaient des prévalences d’agression sexuelle depuis l’âge de 15 ans plus élevées que les femmes (24 %) et les hommes (6 %) ne présentant aucune incapacité, selon les données de l’Enquête sur la sécurité dans les espaces publics et privés3. En 2019, 60 agressions sexuelles pour 1 000 personnes ayant une incapacité ont été autodéclarées, alors que le taux chez les personnes n’ayant pas d’incapacité était de 14 pour 1 000 personnes, selon les données de l’Enquête sociale générale sur la victimisation. Les femmes ayant une incapacité présentaient un taux beaucoup plus élevé que celui observé chez les femmes n’ayant aucune incapacité (94 pour 1 000 comparativement à 22 pour 1 000). Les hommes ayant une incapacité présentaient aussi des taux de victimisation supérieurs aux hommes n’ayant pas d’incapacité (15 pour 1 000 comparativement à 7 pour 1 000)2. Toutefois, l’âge, le genre et les mauvais traitements au cours de l’enfance sont davantage associés aux risques de victimisation et, lorsqu’on les considère, le fait d’avoir ou non une incapacité n’augmente pas à lui seul les risques d’être victime d’agression sexuelle2.

La violence sexuelle chez la population étudiante des établissements d’enseignement postsecondaire

Plusieurs enquêtes se sont intéressées plus particulièrement à la violence sexuelle subie par la population étudiante fréquentant des établissements d’enseignement postsecondaire (cégeps, collèges, instituts, universités).

  • Au Canada, l’Enquête sur la sécurité individuelle au sein de la population étudiante postsecondaire (ESIPEP) de 2019 menée par Statistique Canada avait comme objectif de recueillir des données auprès de la population étudiante des établissements d’enseignement postsecondaire. L’enquête visait à mesurer la nature et la prévalence des agressions sexuelles et des comportements sexualisés non désirés et discriminatoires chez la population étudiante de 18 à 24 ans dans les provinces canadiennes (17 à 24 ans pour ceux et celles vivant au Québec). Selon les données de l’ESIPEP, environ une femme sur 10 (11 %) et près d’un homme sur 20 (4 %) fréquentant un établissement d’enseignement postsecondaire ont rapporté avoir été victime d’une agression sexuelle dans un contexte d’études postsecondaires au cours de l’année précédente. Ces proportions s’élèvent à 15 % chez les femmes et à 5 % chez les hommes lorsque sont considérées les agressions sexuelles vécues pendant l’ensemble des études postsecondaires9.
  • Au Québec, plus du tiers (37 %) des répondantes et des répondants de l’Enquête sexualité, sécurité et interactions en milieu universitaire (ESSIMU) de 2016, qui incluait des personnes travaillant ou étudiant dans six universités québécoises, a rapporté au moins une forme de violence sexuelle commise par une autre personne affiliée à l’université depuis son entrée à l’université10. Une enquête subséquente menée en 2019 dans le milieu collégial, soit le Projet intercollégial d’étude sur le consentement, l’égalité et la sexualité (PIECES), a révélé une prévalence de victimisation similaire, selon laquelle plus du tiers (36 %) de la population étudiante collégiale a rapporté au moins une forme de violence sexuelle commise par une autre personne affiliée au cégep depuis son arrivée dans cette institution11.

Références

  1. Ministère de la Sécurité publique (2021). Criminalité au Québec - Infractions sexuelles en 2019, [en ligne], Québec, Ministère de la Sécurité publique (consulté le 13 janvier 2022).
  2. Cotter, A. (2021). La victimisation criminelle au Canada, 2019, [en ligne], Statistique Canada, « Juristat » (consulté le 10 décembre 2021).
  3. Cotter, A., et L. Savage (2019). La violence fondée sur le sexe et les comportements sexuels non désirés au Canada, 2018 : Premiers résultats découlant de l’Enquête sur la sécurité dans les espaces publics et privés, [en ligne], Statistique Canada, « Juristat » (consulté le 10 décembre 2021).
  4. Moreau, G. (2021). Statistiques sur les crimes déclarés par la police au Canada, 2020, [en ligne], Statistique Canada, « Juristat » (consulté le 13 janvier 2022).
  5. Rotenberg, C., et A. Cotter (2018). Les agressions sexuelles déclarées par la police au Canada avant et après le mouvement #MoiAussi, 2016 et 2017, [en ligne], Statistique Canada, « Juristat » (consulté le 10 décembre 2021).
  6. Statistique Canada (2021). « Victimes de crimes violents et de délits de la route causant la mort ou des lésions corporelles commis par des membres de la famille et d’autres personnes, selon l’âge et le genre de la victime, le lien précis de l’auteur présumé avec la victime, et le type d’infraction » (consulté le 28 février 2022).
  7. Jaffray, B. (2020). Les expériences de victimisation avec violence et de comportements sexuels non désirés vécues par les personnes gaies, lesbiennes, bisexuelles et d’une autre minorité sexuelle, et les personnes transgenres au Canada, 2018, [en ligne], Statistique Canada, « Juristat » (consulté le 19 janvier 2022).
  8. Statistique Canada (2017). Recensement en bref : L’intégration linguistique des immigrants et les populations de langue officielle au Canada, [en ligne], Statistique Canada (consulté le 8 février 2022).
  9. Burczycka, M. (2020). Les expériences de comportements sexualisés non désirés et d’agressions sexuelles vécues par les étudiants des établissements d’enseignement postsecondaire dans les provinces canadiennes, 2019, [en ligne], Statistique Canada, « Juristat » (consulté le 10 décembre 2021).
  10. Bergeron, M., M. Hébert, S. Ricci, M.-F. Goyer, N. Duhamel et L. Kurtzman (2016). Violences sexuelles en milieu universitaire au Québec : Rapport de recherche de l’enquête ESSIMU, [en ligne], Montréal, Université du Québec à Montréal (consulté le 19 janvier 2022).
  11. Bergeron, M., A. Gagnon, M.-È. Blackburn, D. M-Lavoie, C. Paré, S. Roy, A. Szabo et C. Bourget (2020). Rapport de recherche de l’enquête PIECES: Violences sexuelles en milieu collégial au Québec., [en ligne], Montréal, Québec, Chaire de recherche sur les violences sexistes et sexuelles en milieu d’enseignement supérieur, Université du Québec à Montréal (consulté le 19 janvier 2022).

Auteure : Maude Lachapelle, conseillère scientifique, INSPQ
Collaboration : Dominique Gagné, conseillère scientifique, INSPQ
Dave Poitras, conseiller scientifique spécialisé, INSPQ

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