Encadré 1 - Les filles et les femmes autochtones disparues et assassinées au Canada
« Des familles comme la mienne, partout au Canada, se demandent combien d’autres sœurs et filles nous devons encore perdre avant que le gouvernement ne prenne des mesures concrètes. »
[traduction libre]
Darlene Osborne, octobre 2004 [9]
Partout au Canada, la disparition et l’assassinat de filles et de femmes autochtones ont été signalés par des proches depuis de nombreuses années. En 2005, soit bien avant les travaux d’analyse entrepris par la GRC [63], l’Association des femmes autochtones du Canada a lancé l’initiative « Sœurs par l’esprit » qui se voulait un projet de recherche, de sensibilisation et de politiques sur la violence subie par les femmes autochtones au Canada. Partant du constat que la littérature scientifique était davantage orientée sur la violence familiale, la stratégie de l’Association a été d’élargir la perspective pour y intégrer la violence qui résulte d’un racisme systémique à l’égard des filles et des femmes autochtones et, ce faisant, à questionner le silence policier, judiciaire et politique face à cette problématique.
Dans son rapport de 2010, l’Association rapportait la disparition et l’assassinat de 582 filles et femmes autochtones, dont 22 au Québec. La plupart des cas connus ont eu lieu dans les provinces de l’Ouest et en milieu urbain. Au Québec, contrairement à la situation à l’échelle nationale, les homicides ont généralement eu lieu dans les communautés. Les données indiquent également que plusieurs de ces femmes étaient des mères et des grands-mères, ce qui, pour l’Association, laisse entrevoir des répercussions sur le développement des générations futures [46].
À la suite de la publication du rapport de l’Association des femmes autochtones du Canada et de celui de la GRC, et en réponse à la mobilisation des communautés, des familles et des femmes autochtones et aux demandes maintes fois répétées de diverses organisations autochtones, le gouvernement canadien a établi en 2016 l’Enquête nationale sur les femmes et les filles autochtones disparues et assassinées [72,73].