Jeunes auteurs de violence sexuelle
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Faits saillants
- Les jeunes de 12 à 17 ans sont responsables du tiers de l’ensemble des infractions sexuelles déclarées. Ils présentent toutefois des taux d’auteurs présumés cinq fois plus élevés que les adultes.
- Les jeunes se distinguent des adultes auteurs de violence sexuelle, notamment en raison de leur degré de maturité et de leur responsabilité sur le plan légal.
- Plusieurs facteurs sont associés au risque de commettre des gestes de violence à l’adolescence, comme un vécu de maltraitance et de violence sexuelle, une adhésion aux mythes sur la violence sexuelle et des comportements de délinquance.
Les jeunes de 12 à 17 ans qui commettent des gestes de violence sexuelle se distinguent des enfants ayant des comportements sexuels problématiques, mais aussi des adultes auteurs de violence sexuelle, en raison de leur degré de maturité et de leur responsabilité d’un point de vue légal.
En vertu du Code criminel canadien, la Loi sur le système de justice pénale pour les adolescents s’applique aux jeunes de 12 à 17 ans accusés d’avoir commis une infraction, dont une agression sexuelle. Cette loi établit qu’ils doivent assumer une responsabilité juste et proportionnelle de leurs infractions, en cohérence avec leur état de dépendance, leur culpabilité morale et leur degré de maturité qui diffèrent de ceux des adultes.
- Pour en savoir plus : lois applicables en matière de violence sexuelle
Dans ce texte, les jeunes réfèrent aux personnes de 12 à 17 ans, et excluent les enfants de 11 ans et moins.
Le terme « auteurs présumés » provient de la nomenclature utilisée par le Programme de déclaration uniforme de la criminalité (DUC). Il est employé afin de refléter les données rapportées par les corps policiers.
Caractéristiques des jeunes auteurs de violence sexuelle
Les jeunes de 12 à 17 ans représentent la majorité des victimes d’infractions sexuelles déclarées par les services de police, mais aussi une proportion importante des auteurs présumés. En 2022, selon les données policières québécoises, ils représentaient 29 % de l’ensemble des auteurs présumés d’infractions sexuelles, ce qui incluait à la fois les agressions sexuelles et d’autres infractions d’ordre sexuel (p. ex., contacts sexuels, leurre, publication non consensuelle d’images intimes). Toutefois, toutes proportions gardées, les jeunes avaient un taux plus de cinq fois supérieur à celui des adultes de 18 ans et plus (255,5 contre 48,2 pour 100 000 personnes)1.
La population des jeunes auteurs de violence sexuelle est diversifiée, tant en ce qui concerne leurs caractéristiques personnelles que celles de leurs victimes. Les victimes sont, la plupart du temps, connues des jeunes qui commettent la violence et dans la même tranche d’âge, bien que certaines puissent aussi être plus jeunes. Il peut s’agir de partenaires intimes, d’amies ou amis ou de membres de la fratrie. La violence sexuelle peut survenir au domicile ou dans d’autres lieux publics, comme à l’école2.
- Pour en savoir plus : statistiques sur la violence sexuelle
Facteurs associés au risque de commettre de la violence sexuelle à l’adolescence
Plusieurs facteurs sont associés au risque de commettre de la violence sexuelle à l’adolescence. Ils se rapportent principalement aux expériences antérieures de violence, aux expériences adverses vécues dans la famille et aux attitudes sur les rôles de genre et les mythes sur la violence sexuelle.
Expériences antérieures de violence
Les jeunes qui ont vécu plusieurs formes de maltraitance durant l’enfance sont plus à risque de commettre de la violence sexuelle à l’adolescence3. Parmi celles-ci, on retrouve le fait d’avoir vécu de la violence sexuelle, de la violence physique, de la violence émotionnelle, de la négligence ou d’avoir été témoin de violence dans sa famille2. Avoir été victime de violence sexuelle pendant l’enfance était la forme de violence vécue la plus souvent et fortement associée à une future perpétration2,3,4. Toutefois, la majorité des personnes ayant vécu cette violence pendant l’enfance ne poseront pas de gestes de violence sexuelle plus tard au cours de la vie et il ne s’agit pas d’une relation de cause à effet.
Expériences adverses vécues dans la famille
L’environnement familial peut influencer aussi les comportements des jeunes, dont les gestes de violence sexuelle. Par exemple, des problèmes de consommation des parents, des difficultés conjugales entre les parents, des problèmes d’attachement entre l’enfant et ses parents et une instabilité du donneur de soins (p. ex., séparations plus fréquentes de l’enfant de l’un de ses parents ou placements multiples) augmentent les risques de commettre de la violence sexuelle2. D’autres évènements stressants dans la famille, comme le décès d’un parent ou les problèmes de consommation de substances d’une ou un membre de la famille, sont aussi associés au risque de commettre cette violence à l’adolescence2.
Attitudes et croyances sur la violence sexuelle
Les attitudes et les croyances des jeunes influencent aussi leurs comportements. Selon des études, certaines attitudes et croyances sont associées à un risque accru de commettre des gestes de violence sexuelle. Parmi celles-ci, on retrouve le fait3 :
- d’adhérer aux normes de genre traditionnelles et à des normes de masculinité qui valorisent l’hostilité à l’égard des femmes;
- d’adhérer aux mythes sur la violence sexuelle (p. ex., croire que la personne victime serait responsable de ce qui lui est arrivé);
- de tolérer le recours à la violence interpersonnelle (p. ex., croire que la violence est une manière légitime d’arriver à ses fins);
- d’excuser les gestes de violence entre partenaires intimes.
Caractéristiques individuelles et comportements
Sur le plan individuel, les jeunes auteurs de violence sexuelle ont tendance à avoir moins d’empathie et à être plus impulsifs et narcissiques que les jeunes n’ayant pas commis ces gestes2. Ils sont aussi plus susceptibles d’avoir eu des comportements de délinquance par le passé et d’avoir été exposés à des contenus sexuellement explicites, qu’ils soient violents ou non violents3,5.
Facteurs de protection
Il existe peu de littérature sur les facteurs qui pourraient contribuer à diminuer le risque des jeunes de commettre de la violence sexuelle. Parmi les quelques facteurs de protection étudiés, avoir de l’empathie et un bon soutien de la part de ses pairs et sa famille diminueraient le risque de commettre de la violence sexuelle à l’adolescence3,6.
Récidive sexuelle chez les jeunes auteurs d’infractions sexuelles
De manière générale, les jeunes de 12 à 17 ans qui commettent des infractions sexuelles n’ont généralement pas la même trajectoire de délinquance que celle des adultes auteurs de ces infractions. En effet, les infractions sexuelles commises à l’adolescence ont tendance à être plus contextuelles et à s’inscrire dans un parcours plus général de délinquance, qui n’est pas seulement sexuel6,7.
Les jeunes de 12 à 17 ans ont peu tendance à récidiver plus tard à l’adolescence ou à l’âge adulte. Selon des études, une minorité de ces jeunes (7 à 9 %) va commettre une nouvelle infraction sexuelle à l’âge adulte7.
- Pour en savoir plus : prévention de la violence sexuelle
Références
- Ministère de la Sécurité publique (2024). Criminalité au Québec - Infractions sexuelles en 2022, Ministère de la Sécurité publique.
- Malvaso, C. G., M. Proeve, P. Delfabbro et J. Cale (2020). Characteristics of children with problem sexual behaviour and adolescent perpetrators of sexual abuse : a systematic review, Journal of Sexual Aggression, vol. 26, n° 1, p. 36‑61.
- Casey, E. A., et T. Masters (2017). Sexual violence risk and protective factors : a systematic review of the literature, Injury and Violence Prevention & Washington State Department of Health.
- Tharp, A. T., S. DeGue, L. A. Valle, K. A. Brookmeyer, G. M. Massetti et J. L. Matjasko (2013). A systematic qualitative review of risk and protective factors for sexual violence perpetration, Trauma, Violence & Abuse, vol. 14, n° 2, p. 133‑167.
- Mori, C., J. Park, N. Racine, H. Ganshorn, C. Hartwick et S. Madigan (2023). Exposure to sexual content and problematic sexual behaviors in children and adolescents : a systematic review and meta-analysis, Child Abuse & Neglect, vol. 143, p. 106255.
- Seto, M. C., C. Augustyn, K. M. Roche et G. Hilkes (2023). Empirically-based dynamic risk and protective factors for sexual offending, Clinical psychology review, vol. 106, p. 102355.
- Lussier, P., E. McCuish, S. Chouinard Thivierge et J. Frechette (2024). «A meta-analysis of trends in general, sexual, and violent recidivism among youth with histories of sex offending, Trauma, violence & abuse, vol. 25, n° 1, p. 54‑72.
Rédaction : Maude Lachapelle, conseillère scientifique, INSPQ
Révision externe : Mathieu Couture, Ph. D., psychologue et responsable du développement des pratiques, Regroupement des Intervenants en matière d’agressions sexuelles