En somme…
La violence en milieu de travail peut se manifester sous différentes formes, et peut être interne à l’organisation ou externe. Les données disponibles sur les taux d’exposition des travailleurs québécois à la violence sont peu nombreuses et ne mesurent pas toutes les formes de violence. Les données de l’EQCOTESST (2011) permettent de comparer le harcèlement psychologique, le harcèlement sexuel et la violence physique, et indiquent que le harcèlement psychologique serait la forme de violence au travail la plus fréquente. Comme ailleurs dans le monde, il y a lieu de présumer que le phénomène de la violence au travail au Québec est sous-estimé, en raison notamment des conséquences potentielles à utiliser les mesures de dénonciation existantes. Or, la violence au travail est un enjeu à considérer du point de vue de la santé publique. Ses effets sur la santé des travailleurs ont été documentés. De plus, les analyses différentiées selon le sexe des données de l’ECQOTESST [80] ont permis de mettre en lumière des inégalités sociales associées à la problématique de la violence au travail. En effet, ces données permettent de constater que les femmes sont disproportionnellement ciblées par le harcèlement psychologique et le harcèlement sexuel. De plus, en matière de harcèlement psychologique, la position occupée dans la hiérarchie de l’organisation est protectrice pour les hommes (plus on se trouve à des échelons supérieurs, plus on est protégé), alors que ce n’est pas le cas pour les femmes. En effet, les hommes sont moins victimes de harcèlement psychologique lorsqu’ils occupent une position hiérarchique supérieure, alors que ce n’est pas le cas pour les femmes qui demeurent à risque même lorsqu’elles occupent des postes de gestion. Certains secteurs sont davantage touchés par le phénomène de la violence au travail, tels que le secteur de la santé et des services sociaux et celui de l’éducation qui ressortent particulièrement dans différents pays, mais aussi au Québec. D’ailleurs, pour la première fois, la CNESST a structuré son intervention plus spécifiquement dans le secteur des « soins de santé et de l’assistance sociale » afin de définir une stratégie d’intervention à long terme en concertation avec le milieu pour agir sur le risque de violence au travail (CNESST, planification pluriannuelle 2017-2019). Parmi les interventions préventives jugées efficaces, celles ayant une portée organisationnelle ciblant les risques psychosociaux du travail seraient à privilégier, parce qu’elles permettent d’éliminer à la source des risques associés à l’émergence de manifestations de violence, tant externes qu’internes, dans les milieux de travail. La réglementation est également un instrument de prévention efficace, de par les obligations de prévention et de réparation qu’elle impose.