Ampleur de la violence sexuelle vécue pendant l’enfance et l’adolescence
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Faits saillants
- Au Québec, environ 1 personne sur 13 déclare avoir subi de la violence sexuelle par une personne adulte avant l’âge de 15 ans. Les femmes sont trois fois plus susceptibles d’en rapporter que les hommes.
- Les enfants et les jeunes de moins de 18 ans représentent la majorité des victimes d’infractions sexuelles, ce qui inclut à la fois les agressions sexuelles et les autres infractions d’ordre sexuel, selon les données policières québécoises.
- La grande majorité des auteurs de violence sexuelle commise envers des enfants et des jeunes de moins de 18 ans sont des garçons et des hommes.
- La plupart des gestes de violence sexuelle envers les enfants et les jeunes de moins de 18 ans sont commis par des personnes qu’ils connaissent, comme des membres de la famille immédiate ou élargie, des partenaires intimes, des connaissances ou des amies ou amis.
Dans ce texte, le terme violence sexuelle est utilisé pour englober l’ensemble des formes de violence à caractère sexuel. Le terme agression sexuelle est une forme de violence sexuelle plus spécifique. Il réfère à des infractions du Code criminel rapportées dans les données policières et aux actes de violence sexuelle recensés dans certaines enquêtes auprès de la population. Ces actes impliquent, le plus souvent, un contact physique ou des activités sexuelles avec ou sans pénétration, sans le consentement de la personne visée.
Le terme enfants réfère aux personnes de moins de 12 ans, et le terme jeunes, aux personnes de 12 à 17 ans.
Ampleur de la violence sexuelle subie par les enfants
Données populationnelles sur la violence sexuelle subie avant l’âge de 15 ans
Selon une enquête de 2018, 11 % des femmes adultes et 3,5 % des hommes adultes ont déclaré avoir subi au moins une agression sexuelle par une personne adulte avant l’âge de 15 ans au Québec. Cela représentait 7,5 % de la population québécoise. Ces données excluent les agressions sexuelles commises par d’autres jeunes ou par des partenaires intimes1,2.
Données populationnelles sur la violence sexuelle subie par les jeunes du secondaire
Environ une ou un jeune sur dix de 14 ans et plus (9 %) a rapporté avoir été forcé à avoir une relation sexuelle non désirée au cours de sa vie par une ou un jeune (autre qu’une ou un partenaire intime) ou une personne adulte en 2022-2023. Les filles étaient proportionnellement plus nombreuses à en avoir rapporté que les garçons (15 % des filles et 3 % des garçons3.
En contexte de relations amoureuses, environ 13 % des jeunes du secondaire ont rapporté avoir subi de la violence sexuelle au cours des 12 derniers mois. Les filles étaient, encore une fois, plus susceptibles d’en avoir rapporté que les garçons (20 % des filles et 7 % des garçons)3.
Données policières sur les agressions sexuelles et les autres infractions d’ordre sexuel subies par les enfants et les jeunes
Au Québec, en 2022, les enfants et les jeunes de moins de 18 ans représentaient près de la moitié des victimes d’agressions sexuelles (48 %) déclarées par la police, pour un total de 3 680 infractions. La presque totalité des agressions étaient catégorisées comme simples (3 617 infractions), alors que très peu étaient armées et graves (34 et 7 infractions, respectivement)5.
Les enfants et les jeunes constituaient également la presque totalité des personnes victimes des autres infractions d’ordre sexuel (91 %). Cela s’explique par le fait qu’une grande part de ces infractions s’appliquent uniquement à des victimes d’âge mineur en vertu du Code criminel. Parmi les autres infractions d’ordre sexuel, celles rapportées en plus grand nombre pour l’année 2022 sont les contacts sexuels (2 386 infractions), le leurre d’enfants (693 infractions), l’incitation à des contacts sexuels (256 infractions) et la publication non consensuelle d’images intimes (167 infractions)5.
Pour la même période, les groupes d’âge ayant les taux de victimes d’agressions sexuelles les plus élevés étaient les 15 à 17 ans, suivis des 12 à 14 ans (566,2 et 429,5 par 100 000 personnes, respectivement). À titre comparatif, le taux moyen de victimes pour l’ensemble de la population était de 88,2 par 100 000 personnes5.
Les données policières sont utiles pour connaître le nombre d’infractions sexuelles prévues au Code criminel qui sont traitées par ces services. Toutefois, elles ne représentent qu’une faible proportion de l’ampleur réelle la violence sexuelle subie par la population puisqu’elle est peu signalée aux autorités policières.
Données des services de protection de l’enfance sur les situations d’abus sexuel ou à risque sérieux d’abus sexuel
Au Québec, en 2023-2024, les services de protection de la jeunesse ont pris en charge 2 548 enfants et jeunes de moins de 18 ans dont la sécurité ou le développement ont été jugés compromis en raison de situations d’abus sexuel ou à risque sérieux de l’être. Ces situations représentaient près de 6 % des enfants et des jeunes pris en charge par ces services6.
Les données des services de protection de la jeunesse de 2019 relatives aux enfants des Premières Nations du Québec indiquent que ces enfants étaient de 3 à 4 fois plus susceptibles que les enfants non autochtones d’être évalués pour une situation fondée d’abus sexuel ou à risque sérieux d’abus sexuel. Cette surreprésentation dans les services de protection de la jeunesse québécois peut s’expliquer par divers facteurs, comme la transmission intergénérationnelle des traumatismes, les conditions socioéconomiques défavorables, les problématiques familiales complexes, l’exclusion sociale et la crainte de subir de la discrimination dans les services sociaux. Il est aussi possible que cette disparité dans les signalements soit expliquée, selon cette étude, par un seuil de tolérance au risque plus faible pour les enfants des Premières Nations que pour les enfants non autochtones en raison notamment de biais culturels7.
Tout comme les données policières, celles des services de protection de la jeunesse ne reflètent pas l’ampleur réelle de la violence sexuelle subie durant l’enfance et l’adolescence, car seule une faible proportion (10 %) des enfants et jeunes victimes sont connus des services de protection de l’enfance au Canada8. Les données des services de protection de la jeunesse sont influencées par plusieurs facteurs, comme la décision de signaler ou non la situation aux autorités et la décision des services de protection de retenir ou non le signalement ou de juger les faits comme étant fondés ou non.
Violence sexuelle avant l’âge de 15 ans chez certains groupes de population
Les données de l’Enquête sur la sécurité dans les espaces publics et privés (ESEPP) de 2018 nous informent sur les proportions de victimes de violence sexuelle par une personne adulte vécue avant l’âge de 15 ans en fonction de certaines caractéristiques démographiques2.
Parmi les groupes de la population surreprésentés parmi les victimes de violence sexuelle vécue avant l’âge de 15 ans, on retrouve les Autochtones, les personnes de la diversité sexuelle et les personnes ayant une incapacité. Plusieurs facteurs et déterminants liés à l’identité et la position d’une personne dans la société peuvent expliquer pourquoi certains groupes sont plus susceptibles d’en subir, comme la discrimination basée sur l’identité ethnoculturelle, le genre, l’orientation sexuelle, le handicap et les incapacités ou les inégalités sociales.
- Au Canada, 14 % des Premières Nations, 27 % des Inuits et 17 % des Métis ont rapporté avoir subi de la violence sexuelle par une personne adulte avant l’âge de 15 ans, comparativement à 6 % des personnes non autochtones9. Les données québécoises n’étaient pas disponibles pour ce groupe, par souci de confidentialité en vertu des dispositions de la Loi sur la statistique2.
- Au Québec, 13 % des personnes lesbiennes ou gaies et 12 % des personnes bisexuelles ou pansexuelles ont déclaré avoir subi de la violence sexuelle par une personne adulte avant l’âge de 15 ans, comparativement à 7 % des personnes hétérosexuelles2.
- Au Québec, 12 % des personnes ayant une incapacité ont rapporté avoir subi de la violence sexuelle, comparativement à 6 % des personnes ne présentant aucune incapacité2.
Pour en savoir plus, consulter la section sur la violence sexuelle vécue à l’âge adulte par certains groupes de population.
Qui sont les personnes auteures de violence sexuelle envers des enfants et des jeunes?
La violence sexuelle subie pendant l’enfance et l’adolescence est le plus souvent commise par une personne connue de la victime. Au Canada, en 2018, dans près de 9 cas sur 10, l’incident de violence sexuelle le plus grave subi avant l’âge de 15 ans commis par une ou un adulte était perpétré par une personne que la victime connaissait. Il s’agissait en premier lieu d’une ou un membre de la famille autre qu’un parent (p. ex., grand-père ou grand-mère, frère ou sœur, ou autre personne apparentée) (30 %), suivi par une ou un ami, une ou un partenaire intime, une ou un voisin ou une ou un camarade de classe (28,5 %), puis par un parent ou un beau-parent (15 %). Les personnes inconnues représentaient 11 % des auteurs de violence sexuelle. Les femmes étaient plus susceptibles que les hommes de déclarer que la violence avait été commise par une ou un membre de la famille, comme un parent, beau-parent ou autre membre10.
Au Québec, en 2022-2023, 13 % des jeunes du secondaire ont rapporté avoir vécu de la violence sexuelle en contexte amoureux au cours des 12 derniers mois. De plus, 7 % ont déclaré avoir été forcés à avoir une relation sexuelle non désirée (orale, vaginale ou anale) par une ou un autre jeune, et 2 % par un ou une ou un adulte au cours de leur vie. Chez les filles, 11 % ont rapporté avoir été forcées à avoir une relation sexuelle non désirée par une ou un autre jeune et 3 %, par une personne adulte. Ces proportions sont moins élevées chez les garçons (2 % par une ou un autre jeune et 1 % par une ou un adulte)3.
Les garçons et les hommes représentent la majorité des auteurs de violence sexuelle envers les enfants et les jeunes, peu importe la source de données. Par exemple, selon les données policières québécoises de 2022, 95 % des auteurs présumés d’infractions sexuelles étaient des hommes. Les femmes étaient plus souvent identifiées comme auteures dans les cas d’infractions de publication non consensuelle d’images intimes (21 %). Selon des données populationnelles canadiennes de 2019, la grande majorité des personnes qui ont rapporté avoir été victimes de violence sexuelle avant l’âge de 15 ans— et dont l’auteur était d’âge adulte — ont mentionné qu’un homme en était responsable (dans 96 % des cas chez les femmes et 84 % chez les hommes)11.
- Pour en savoir plus, consulter la section sur les personnes qui commettent de la violence sexuelle
Quelle est l’évolution de la violence sexuelle subie par les enfants?
Selon une enquête menée en 2022-2023 auprès de jeunes du secondaire, la proportion de jeunes ayant rapporté avoir été forcés à avoir des relations sexuelles contre leur gré, par une ou un autre jeune ou une personne adulte, a augmenté entre 2016-2017 et 2022-2023. Elle est passée et de 6 % à 9 %, et cette hausse est constatée tant chez les filles que chez les garçons. La proportion de jeunes ayant subi de la violence sexuelle en contexte de relations amoureuses a aussi augmenté entre ces deux périodes, autant chez les filles que les garçons. Elle est passée de 11 % à 13 %3.
- Pour en savoir plus, consultez la page sur l’évolution des infractions d’exploitation sexuelle des enfants et des jeunes en ligne .
Pour plus d'informations
Pour en savoir davantage sur la mesure des infractions sexuelles, les sources de données et leur méthodologie, consulter la page Sources et considérations méthodologiques.
Références
- Cotter, A., et L. Savage (2019). La violence fondée sur le sexe et les comportements sexuels non désirés au Canada, 2018 : Premiers résultats découlant de l’Enquête sur la sécurité dans les espaces publics et privés, Statistique Canada, « Juristat ».
- Statistique Canada (2020). Agressions physiques ou sexuelles autodéclarées survenues pendant l’enfance.
- Institut de la statistique du Québec (2024). Enquête québécoise sur la santé des jeunes du secondaire. Résultats de la troisième édition – 2022-2023.
- Piolanti, A., I. E. Schmid, F. J. Fiderer, C. L. Ward, H. Stöckl et H. M. Foran (2025). Global prevalence of sexual violence against children : a systematic review and meta-analysis, JAMA pediatrics, vol. 179, n° 3, p. 264‑272.
- Ministère de la Sécurité publique (2024). Criminalité au Québec - Infractions sexuelles en 2022.
- Directrices et directeurs de la protection de la jeunesse/directrices et directeurs provinciaux (2024). Quand la violence conjugale est au cœur de la vie de l’enfant - Bilan des directeurs et directrices de la protection de la jeunesse/directrices et directeurs provinciaux 2024.
- Hélie, S., N. Trocmé, D. Collin-Vézina, T. Esposito, S. Morin et M. Saint-Girons (2022). Volet Premières Nations de l’Étude d’incidence québécoise sur les situations évaluées en protection de la jeunesse en 2019. Rapport EIQ/PN-2019, Institut universitaire Jeunes en difficulté.
- Afifi, T. O., H. L. MacMillan, T. Taillieu, K. Cheung, S. Turner, L. Tonmyr et W. Hovdestad (2015). Relationship between child abuse exposure and reported contact with child protection organizations : results from the Canadian Community Health Survey, Child Abuse & Neglect, vol. 46, p. 198‑206.
- Perreault, S. (2022). La victimisation des Premières Nations, Métis et Inuits au Canada, Statistique Canada.
- Heidinger, L. (2022). Profil des Canadiens ayant fait l’objet de victimisation durant l’enfance, 2018, Statistique Canada, « Juristat ».
- Cotter, A. (2021). La victimisation criminelle au Canada, 2019, Statistique Canada, « Juristat ».
Rédaction : Maude Lachapelle, conseillère scientifique, INSPQ
Collaboration : Dominique Gagné, conseillère scientifique, INSPQ