Conséquences de la violence sexuelle

Si vous avez été victime ou témoin de violence sexuelle et que vous avez besoin d’aide, n’hésitez pas à contacter Info-aide violence sexuelle au 1 888 933-9007 ou par clavardage à https://infoaideviolencesexuelle.ca/.

La violence sexuelle est un enjeu majeur de santé publique, en raison de son ampleur, de son caractère évitable et de ses conséquences importantes sur la santé. Qu’elle soit vécue durant l’enfance, l’adolescence ou à l’âge adulte, la violence sexuelle peut entrainer une diversité de conséquences physiques, psychologiques, sociales et économiques à court et à long terme pour les personnes victimes, leur entourage et la société en général.  

Les conséquences immédiates de la violence sexuelle, peu importe sa forme, sur les personnes victimes peuvent se manifester par un état de choc, des blessures physiques et des sentiments d’insécurité, de peur, de colère et de honte. Selon une enquête canadienne, près du deux tiers des femmes victimes rapportent avoir craint pour leur propre sécurité et avoir eu peur à la suite de la violence subie1.

Selon une méta-analyse, trois victimes sur quatre (74,6 %) de violence sexuelle impliquant un contact vont présenter des symptômes de stress post-traumatique un mois après l’événement et deux sur cinq (41,5 %) vont en présenter un an après2.

D’autres conséquences peuvent apparaitre à court ou à long terme, comme l’anxiété, la dépression, le stress post-traumatique, la consommation abusive d’alcool ou de drogues, l’isolement et des pensées ou tentatives suicidaires1,3–5. La violence sexuelle peut aussi entrainer plusieurs problèmes de santé au cours de la vie, comme des douleurs chroniques, des troubles du sommeil ou des maux de tête fréquents1,3,6. Ces conséquences ne seront pas vécues par toutes les victimes et certaines personnes parviennent tout de même à se rétablir et à se développer de manière positive après avoir vécu de la violence sexuelle, surtout avec du soutien4.

Sur le plan économique, la violence sexuelle entraine des coûts considérables pour la société. Ce fardeau économique inclut notamment les coûts liés aux victimes directement (p. ex., soins de santé, perte de productivité, coûts intangibles comme la souffrance), au système de justice (p. ex., police, tribunaux, processus correctionnel) et à d’autres frais indirects (p. ex., services aux victimes, autres frais pour les employeurs liés à la perte de productivité). Au Canada, les données les plus récentes qui datent de 2009 estiment ce coût total à 4,8 milliards de dollars7. Pour chaque personne victime, les coûts sont estimés à 880 dollars américains pour la perte de productivité à court terme et jusqu’à 386 490 dollars américains pour le coût global, selon des études menées entre 2000 et 2022 dans des pays à revenu élevé8.

La grande majorité des études sur les conséquences de la violence sexuelle portent sur la perspective des personnes victimes, par le biais de données autorapportées, et comparent l’état de santé des victimes à celui des non-victimes. Ces études sont nombreuses et de plus en plus d’entre elles s’appuient sur une méthodologie de qualité, bien qu’elles puissent comporter certaines limites méthodologiques9–12.

Conséquences chez certains groupes de la population

Les conséquences de la violence sexuelle peuvent être amplifiées chez certains groupes de population, en raison de leur position sociale moins avantagée dans une société donnée. Cette position influence leur risque de subir diverses formes de discrimination (p. ex., sexisme, hétérosexisme, racisme, capacitisme), de stigmatisation et de violence au cours de la vie. Certains groupes stigmatisés rencontrent aussi plus souvent des obstacles pour accéder aux ressources d’aide, aux soins de santé ou à la justice, ce qui peut amplifier les conséquences de la violence sexuelle13.

Parmi ces groupes, on peut penser par exemple aux femmes de la diversité sexuelle ayant été victimes de violence sexuelle, qui rapportent une plus grande intensité de symptômes dépressifs, d’idéations suicidaires et de consommation d’alcool et de drogues que les femmes hétérosexuelles14–16. Selon certaines études, les Autochtones rapportent aussi des symptômes de stress post-traumatique, des symptômes somatiques et de difficultés sexuelles plus sévères que les non-Autochtones en lien avec un vécu de violence sexuelle17,18. Les traumatismes collectifs découlant du colonialisme sont d’ailleurs de plus en plus évoqués pour expliquer la plus grande sévérité des conséquences de la violence sexuelle chez les Autochtones19.

Références

  1. Basile, K.C., Smith, S.G., Kresnow, M., Khatiwada S., et Leemis, R.W. (2022). The National Intimate Partner and Sexual Violence Survey: 2016/2017 Report on Sexual Violence, [en ligne], Atlanta, GA, National Center for Injury Prevention and Control, Centers for Disease Control and Prevention, <https://www.cdc.gov/nisvs/documentation/nisvsReportonSexualViolence.pdf…; (consulté le 22 mai 2025).
  2. Dworkin, E. R., A. E. Jaffe, M. Bedard-Gilligan et S. Fitzpatrick (2023). « PTSD in the Year Following Sexual Assault: A Meta-Analysis of Prospective Studies », Trauma, Violence, & Abuse, vol. 24, n° 2, p. 497‑514.
  3. Cotter, A., et L. Savage (2019). La violence fondée sur le sexe et les comportements sexuels non désirés au Canada, 2018 : Premiers résultats découlant de l’Enquête sur la sécurité dans les espaces publics et privés, [en ligne], Statistique Canada, « Juristat », <https://www150.statcan.gc.ca/n1/pub/85-002-x/2019001/article/00017-fra…; (consulté le 27 juin 2024).
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  5. Stein, C., L. S. Flor, G. F. Gil, M. Khalil, M. Herbert, A. Y. Aravkin, A. Arrieta, M. J. Baeza de Robba, F. Bustreo, J. Cagney, R. J. C. Calderon-Anyosa, S. Carr, J. K. Chandan, J. S. Chandan, C. V. N. Coll, F. M. D. de Andrade, G. N. de Andrade, A. N. Debure, E. DeGraw, B. Hammond, S. I. Hay, F. M. Knaul, R. Q. H. Lim, S. A. McLaughlin, N. Metheny, S. Minhas, J. K. Mohr, E. C. Mullany, C. J. L. Murray, E. M. O’Connell, V. Patwardhan, S. Reinach, D. Scott, C. N. Spencer, R. J. D. Sorensen, H. Stöckl, A. Twalibu, A. Valikhanova, N. Vasconcelos, P. Zheng et E. Gakidou (2025). « The health effects associated with physical, sexual and psychological gender-based violence against men and women: a Burden of Proof study », Nature Human Behaviour, p. 1‑16.
  6. Xiong, P., Y. Chen, M. Liu, Z. Han et Y. Liu (2025). « Global burden of diseases attributable to childhood sexual abuse and bullying: findings from 1990 to 2019 and predictions to 2035 », Social Psychiatry and Psychiatric Epidemiology, [en ligne], <https://doi.org/10.1007/s00127-025-02863-x&gt; (consulté le 22 mai 2025).
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  8. Peterson, C., M. V. Aslam, K. L. Rice, N. Gupta et M. C. Kearns (2024). « Systematic Review of Per Person Violence Costs », American journal of preventive medicine, vol. 66, n° 2, p. 342‑350.
  9. Brunton, R., et R. Dryer (2022). « Sexual violence and Australian women: A longitudinal analysis of psychosocial and behavioral outcomes », Social science & medicine, vol. 292, p. 114334.
  10. Papalia, N., E. Mann et J. R. Ogloff (2021). « Child sexual abuse and risk of revictimization: Impact of child demographics, sexual abuse characteristics, and psychiatric disorders », Child Maltreatment, vol. 26, n° 1, p. 74‑86.
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  13. Thibault, S., G. Pagé et C. Boulebsol (2022). Justice pour les femmes marginalisées victimes de violences sexospécifiques : ce que la littérature et les intervenantes nous apprennent, [en ligne], Montréal, Service aux collectivités de l’Université du Québec à Montréal / Fédération des maisons d’hébergement pour femmes / Regroupement des maisons pour femmes victimes de violence conjugale / Concertation des luttes contre l’exploitation sexuelle / Regroupement québécois des centres d’aide et de lutte contre les agressions à caractère sexuel, <https://numerique.banq.qc.ca/patrimoine/details/52327/4491283&gt; (consulté le 26 juin 2024).
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  19. Enquête nationale sur les femmes et les filles autochtones disparues et assassinées (2019). Réclamer notre pouvoir et notre place : Le sommaire du rapport final de l’Enquête nationale sur les femmes et les filles autochtones disparues et assassinées, [en ligne], <https://www.mmiwg-ffada.ca/wp-content/uploads/2019/06/Le-sommaire.pdf&gt; (consulté le 18 juin 2024).

Rédaction : Maude Lachapelle, conseillère scientifique, et Claudia Savard, conseillère scientifique spécialisée, INSPQ

Révision externe : Roxanne Guyon, sexologue et professeure adjointe au département de psychiatrie et neurosciences, Université Laval | Malorie Comtois, travailleuse sociale et spécialiste clinique en violence à caractère sexuel à Juripop.

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