Adultes auteurs de violence sexuelle

Faits saillants

  • Les adultes de 18 ans et plus sont responsables de plus des deux tiers des infractions sexuelles déclarées par la police au Québec.
  • La majorité des personnes qui commettent de la violence sexuelle sont des hommes adultes, souvent connus de la personne victime, comme un partenaire intime actuel ou ancien, un membre de la famille, une connaissance ou un ami.
  • Il n’existe pas de profil type d’auteurs de violence sexuelle, bien que plusieurs facteurs soient associés à un risque accru d’en commettre à l’âge adulte, comme la violence vécue ou commise par le passé, les attitudes soutenant la violence sexuelle, la consommation excessive d’alcool, une influence négative des pairs et des problèmes d’autorégulation.

Le terme « auteurs présumés » provient de la nomenclature utilisée par le Programme de déclaration uniforme de la criminalité (DUC). Il est employé afin de refléter les données rapportées par les corps policiers.

Caractéristiques des adultes auteurs de violence sexuelle

Les adultes représentent la majorité des auteurs présumés de violence sexuelle parmi les cas signalés par la police. Au Québec, en 2022, près de 71 % des auteurs présumés d’infractions sexuelles étaient d’âge adulte (18 ans et plus). Les adultes des 18 à 24 ans affichaient le plus haut taux d’auteurs présumés parmi l’ensemble des adultes auteurs1.

Toutefois, seule une faible proportion (5 à 6 %) des agressions sexuelles est déclarée à la police chaque année2,3. Les données policières ne sont donc pas représentatives de tous les cas de violence sexuelle et doivent être interprétées avec prudence. Elles peuvent notamment surestimer ou sous-estimer certaines agressions sexuelles ou autres infractions sexuelles, en raison de leurs caractéristiques. À titre d’exemple, les infractions commises par une personne inconnue et celles impliquant des blessures physiques sont plus souvent rapportées que celles commises par une personne connue et n’impliquant pas de telles blessures.

Les personnes qui commettent de la violence sexuelle sont souvent connues de leur victime, comme des partenaires intimes actuels ou anciens, des membres de la famille, des connaissances ou des amis. Selon les données policières de 2022, 81 % des auteurs présumés d’infractions sexuelles, tous âges confondus, étaient connus de leur victime1.

Les hommes représentent la grande majorité des auteurs de violence sexuelle, qu’elle soit commise envers des enfants ou des jeunes ou d’autres adultes. En 2022, près de 95 % des infractions sexuelles ont été commises par des garçons et des hommes de 12 ans et plus, alors que 5 % l’ont été par des filles et des femmes1.

Les hommes sont plus susceptibles de commettre de la violence sexuelle envers des femmes et des filles, et les femmes, envers des garçons et des hommes4,5. Effectivement, la proportion d’hommes auteurs est supérieure lorsque la violence sexuelle est commise envers des filles et des femmes, alors qu’elle est un peu plus faible lorsqu’elle est commise envers des garçons ou d’autres hommes2,3. Par exemple, selon des données d’enquêtes canadiennes menées en 2018 et 2019, la grande majorité des femmes victimes d’agression sexuelle vécue durant l’enfance et à l’âge adulte a rapporté qu’un homme en était l’auteur (dans 96 % et 95 % des cas, respectivement)2,3. Chez les hommes, on retrouve la même tendance pour ceux ayant été victimes d’agression sexuelle pendant l’enfance, avec 84 % ayant identifié l’auteur comme masculin2. Toutefois, chez les hommes victimes à l’âge adulte, un peu plus de la moitié (56 %) ont déclaré qu’une femme en était responsable3.

Facteurs associés au risque de commettre de la violence sexuelle à l’âge adulte

Il n’existe pas de profil type d’adultes qui commettent de la violence sexuelle. La violence sexuelle est un problème complexe influencé par une diversité de facteurs présents dans la vie des individus pendant l’enfance ou l’âge adulte6.

La majorité des études sur les facteurs associés à la violence sexuelle ont été menées auprès d’hommes auteurs, souvent judiciarisés. Toutefois, de plus en plus d’études incluent à la fois des femmes et des hommes dans leur échantillon, et plusieurs relèvent plus de similitudes que de différences dans les facteurs de risque selon le genre. Les facteurs sont donc présentés sans distinction de genre des personnes auteures de violence.

Normes sociales, attitudes et croyances sur la violence sexuelle

Les normes sociales et les nombreux mythes véhiculés dans la société sur la violence sexuelle peuvent influencer les croyances et les attitudes de la population. Les personnes qui commettent la violence sexuelle adhèrent davantage à de fausses croyances sur cette violence. Ces fausses croyances contribuent à minimiser la gravité de la violence, à faire porter le blâme aux personnes victimes et à déresponsabiliser les auteurs de violence sexuelle6-9. Elles découlent souvent des mythes sur la violence sexuelle et peuvent refléter des normes de masculinité qui valorisent une hostilité envers les femmes7-10. Par exemple, les auteurs de violence sexuelle, surtout les hommes, ont plus tendance à avoir des attitudes méfiantes ou à ressentir de la colère envers les femmes, à adhérer à des croyances sexuelles et sexistes et à adhérer de manière plus rigide aux rôles de genre traditionnels6-8,10.

Avoir des attitudes favorables à la violence sexuelle, à la violence interpersonnelle ou à la criminalité de manière générale est aussi associé à un risque accru de commettre de la violence sexuelle6-8,10,11.

Influence des pairs et relations interpersonnelles

Les attitudes et les croyances de l’entourage influencent les risques de commettre de la violence sexuelle, comme avoir la perception que ses pairs soutiennent la violence sexuelle ou qu’une figure parentale adhère à des normes de masculinité qui valorisent l’hostilité à l’égard des femmes (p. ex., croire que les hommes sont sexuellement dominants sur les femmes, ne pas faire confiance aux femmes)6-8,11,12. Les comportements des pairs peuvent aussi influencer ce risque, comme avoir des pairs qui ont des comportements criminels ou qui approuvent ses propres comportements criminels10.

Sur le plan relationnel, les auteurs de violence sexuelle sont plus susceptibles d’avoir des relations intimes dysfonctionnelles (p. ex., infidélité, conflits, abus) et d’avoir de la difficulté à entretenir des relations à long terme10.

Expériences antérieures de violence

Les expériences de violence subies durant l’enfance sont parmi les facteurs les plus associés au risque de commettre de la violence sexuelle plus tard au cours de la vie. Selon des études, le fait d’avoir vécu différentes formes de maltraitance durant l’enfance, comme la violence sexuelle, la violence émotionnelle, la négligence et l’exposition à des gestes de violence posés par un parent augmentent ce risque d’en commettre à l’âge adulte6,12. Toutefois, la majorité des personnes ayant vécu de la violence par le passé ne poseront pas de gestes de violence sexuelle plus tard au cours de la vie.

Les personnes auteures de violence sexuelle à l’âge adulte sont aussi plus susceptibles d’en avoir commis par le passé, en contexte de relations intimes ou non, et d’avoir commis d’autres formes de violence (p. ex., psychologique ou physique)7,8,11.

Caractéristiques individuelles et comportements

Plusieurs comportements individuels sont associés au risque de commettre de la violence sexuelle, comme d’avoir eu des comportements délinquants ou agressifs par le passé6,11. Par ailleurs, la consommation d’alcool, dont la consommation excessive, peut aussi être associée à un plus grand risque de commettre de la violence sexuelle, en raison notamment de ses effets sur la désinhibition, sur l’altération des perceptions et sur l’exacerbation de certaines attitudes. Parmi ces attitudes, plusieurs sont des facteurs associés à un risque accru de commettre de la violence sexuelle, comme l’hostilité envers les femmes, les croyances sexistes et la perception que ses pairs approuvent la violence sexuelle6,8,11. L’alcool est d’ailleurs la substance psychoactive la plus souvent présente dans les cas de violence sexuelle13.

Les auteurs de violence sexuelle sont aussi plus susceptibles d’avoir des problèmes d’autorégulation, comme l’impulsivité ou l’adoption de stratégies inadaptées à la situation (p. ex., consommation de substances, sexualité compulsive)10. Ils sont plus susceptibles d’avoir des traits de personnalité antisociale, comme un manque d’empathie ou un mépris envers les autres, une impulsivité ou une agressivité8. Ils tendent aussi à avoir plus de préoccupations sexuelles (p. ex., masturbation excessive) ou d’intérêts sexuels paraphiliques (p. ex., avoir des rapports sexuels sous contrainte, voyeurisme)10.

Facteurs spécifiques à la violence sexuelle commise envers les enfants

La plupart des facteurs associés à la violence sexuelle peuvent s’appliquer à l’ensemble des adultes auteurs de violence sexuelle, peu importe l’âge des personnes victimes. Toutefois, certains facteurs sont plus spécifiques à la violence sexuelle commise envers les enfants.

Les auteurs de violence sexuelle envers des enfants sont plus susceptibles d’avoir une congruence émotionnelle avec ceux-ci, tels que préférer leur compagnie à celle des adultes ou considérer les enfants comme des amis ou partenaires romantiques. Ils entretiennent plus d’attitudes et de croyances favorables aux infractions sexuelles contre les enfants, comme la fausse croyance selon laquelle les enfants aiment les relations sexuelles10. Ils sont aussi plus susceptibles d’avoir des intérêts sexuels pour des enfants et des distorsions cognitives, comme de voir les enfants en tant qu’objets sexuels ou de minimiser les conséquences de la violence sexuelle sur les enfants victimes6.

Facteurs de protection

Certains facteurs ont le potentiel de diminuer le risque de commettre de la violence sexuelle chez certaines personnes, mais ils ont été beaucoup moins étudiés que les facteurs qui augmentent ce risque. Parmi les facteurs de protection identifiés dans la littérature, on retrouve le fait d’avoir de l’empathie pour autrui et d’avoir une bonne capacité à réguler ses émotions et à résoudre des conflits de manière saine et adéquate6,8,10,14. Sur le plan relationnel, avoir un bon soutien social, avoir une relation de qualité avec ses parents et avoir un attachement sécurisant avec ceux-ci dans l’enfance diminuent aussi les risques de commettre de la violence sexuelle à l’âge adulte10,12.

Récidive sexuelle chez les adultes auteurs d’infractions sexuelles

La récidive sexuelle chez les personnes auteures d’infractions sexuelles est relativement peu fréquente, avec un taux de récidive plus faible en moyenne chez les femmes auteures que chez les hommes4,15. Les recherches suggèrent que le taux moyen de récidive sexuelle est d’environ 10 %16. Au Canada, les taux de récidive sexuelle ont d’ailleurs baissé de 60 % entre 1940 et 201916.

Les personnes auteures d’infractions sexuelles ne présentent pas toutes le même niveau de risque de récidive sexuelle. Certains facteurs sont associés à un risque plus élevé de récidive (p. ex., problèmes psychosexuels, d’autorégulation et relationnels), alors que d’autres sont liés à une diminution de ce risque (p. ex., intérêts sexuels sains, capacité d’intimité émotionnelle, soutien social positif)16,17.

Les traitements spécialisés pour réduire le risque de récidive sexuelle ont généralement un effet positif sur la diminution de cette récidive, particulièrement chez les individus présentant un risque modéré ou élevé de récidive16,18.

Références

  1. Ministère de la Sécurité publique (2024). Criminalité au Québec - Infractions sexuelles en 2022, Ministère de la Sécurité publique.
  2. Cotter, A. (2021). La victimisation criminelle au Canada, 2019, « Juristat ».
  3. Cotter, A., et L. Savage (2019). La violence fondée sur le sexe et les comportements sexuels non désirés au Canada, 2018 : premiers résultats découlant de l’Enquête sur la sécurité dans les espaces publics et privés, Statistique Canada, « Juristat ».
  4. Freeman, N. J., et J. C. Sandler (2008). Female and male sex offenders: a comparison of recidivism patterns and risk factors, Journal of Interpersonal Violence, vol. 23, n° 10, p. 1394‑1413.
  5. Williams, K. S., et D. M. Bierie (2015). An incident-based comparison of female and male sexual offenders, Sexual Abuse, vol. 27, n° 3, p. 235‑257.
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Rédaction : Maude Lachapelle, conseillère scientifique, INSPQ
Révision externe : Mathieu Couture, Ph. D., psychologue et responsable du développement des pratiques, Regroupement des Intervenants en matière d’agressions sexuelles

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