Pertinence pour la prévention de la violence

L’adoption d’une perspective axée sur les parcours de vie permet d’envisager une large gamme d’occasions de prévention sur l’ensemble de la vie, tout en justifiant l’importance d’une action précoce et en amont [19]. Par ailleurs, en considérant l’effet possiblement amplificateur et cumulatif de la revictimisation sur le développement de séquelles, la perspective du parcours de vie met en exergue l’importance d’intervenir précocement pour briser le cycle de la victimisation violente [22]. En mettant l’accent sur les connexions qui existent entre les types de violence et en dégageant à différents niveaux du modèle écologique des facteurs de risque communs, il est possible de déployer des interventions qui réduisent plus d’un problème lié à la violence dans un milieu (ex. : famille ou à l’école) ou dans la société [18,20,24]. L’OMS mise d’ailleurs sur ce principe pour recommander sept grandes stratégies en prévention de la violence5 à différents niveaux du modèle écologique, jugées efficaces ou prometteuses et à large portée [46].

Par ailleurs, la violence – de par ses causes variées, les circonstances dans lesquelles elle survient et sa large gamme de conséquences – appelle à des partenariats entre divers secteurs et disciplines, et ce, tant en recherche qu’en prévention [1]. Puisque la perspective des parcours de vie prend en compte le contexte social très large (physique, historique, économique, culturel, biologique, développemental, etc.), elle permet de mobiliser des acteurs multidisciplinaires et multisectoriels [7] autour d’actions qui agissent à différents niveaux du modèle écologique (individuel, relationnel, communautaire et sociétal). Le fait de cibler des facteurs communs permet aussi de développer des partenariats novateurs, de tirer profit de l’expertise, de maximiser le financement disponible et d’envisager une multitude d’interventions [19].

Enfin, en examinant la question de la transmission intergénérationnelle de la violence à la lumière des parcours de vie, il est possible de dégager des points de rupture dans la trajectoire violente des personnes et des familles, et ainsi de mieux comprendre comment intervenir pour briser le cycle de la violence.

Il est certain que la perspective des parcours de vie dans le domaine de la violence génère encore des questions de recherche, notamment sur l’impact de la victimisation violente sur les parcours de vie, le rôle de la victimisation dans l’enfance dans une revictimisation plus tard dans la vie, et l’effet d’une victimisation répétée sur les séquelles encourues par une victime de violence. Les chapitres suivants tenteront d’aborder quelques-unes de ces questions pour chacune des thématiques abordées.

  1. Les sept stratégies sont les suivantes : 1) Favoriser des relations sûres, stables et épanouissantes entre les enfants et leurs parents; 2) Développer des aptitudes à la vie quotidienne chez les enfants et les adolescents; 3) Réduire la disponibilité et la consommation nocive de l’alcool; 4) Réduire l’accès aux armes à feu, aux armes blanches et aux pesticides; 5) Promouvoir l’égalité entre les sexes afin de prévenir la violence contre les femmes; 6) Changer les normes culturelles et sociales qui favorisent la violence; 7) Offrir des programmes de détection des victimes ainsi que des programmes de soins et de soutien aux victimes.