Pratiques à privilégier pour traiter de la violence sexuelle dans les médias
Sur cette page :
- Rendre compte de la complexité et de l’ampleur de la violence sexuelle
- Contextualiser les faits rapportés
- Respecter les règles entourant la couverture judiciaire
- Varier les points de vue
- Favoriser un vocabulaire approprié, neutre et précis
- Favoriser l’utilisation d’images et de vidéos appropriées
- Faire connaître les ressources d’aide et encourager la recherche d’aide
La couverture de la violence sexuelle par les médias d’information est essentielle, car elle permet de transmettre de l’information à la population sur cet enjeu. Bien qu’il puisse être difficile de couvrir les cas de violence sexuelle, un traitement médiatique adéquat reflète la complexité de la violence sexuelle, et ne présente pas le cas comme un évènement individuel et isolé. Il a pour visée de ne pas porter préjudice aux personnes victimes et survivantes, ainsi qu’à leur entourage, et de ne pas transmettre de mythes, de préjugés et de stéréotypes qui banalisent ou justifient la violence sexuelle. Pour en savoir plus sur l’influence des médias sur les normes sociales, consultez la section Médias et prévention de la violence sexuelle.
Les contenus qui suivent abordent les nombreuses pratiques pouvant faciliter un traitement médiatique adéquat de la violence sexuelle. Les pratiques à privilégier proviennent de guides, de manuels ou de rapports internationaux et canadiens qui s’intéressent à la violence sexuelle, à la violence envers les filles et les femmes et à la violence envers les enfants. Ces documents offrent des recommandations et des conseils concrets qui s’adressent à toute personne appelée à intervenir dans les médias et dans l’espace public, qui aborde de près ou de loin l’enjeu de la violence sexuelle. Au Québec, le Conseil de presse offre un soutien aux journalistes et aux médias d’information, notamment par son guide de déontologie qui leur est destiné et qui encadre l’exercice du journalisme, mais il ne fournit pas de recommandations spécifiques sur le traitement de cas de violence sexuelle.
Déontologie et Conseil de presse du Québec
Le Conseil de presse du Québec (CPQ) est un organisme privé, indépendant et à but non lucratif qui a pour objectif la protection de la liberté de la presse et la défense du droit du public à une information de qualité. Son action s’étend à tous les médias d’information distribués ou diffusés au Québec, qu’ils soient membres ou non du Conseil et qu’ils appartiennent à la presse écrite ou électronique (radio, télévision, Internet). Il fait la promotion de normes déontologiques qui encadrent l’exercice du journalisme au Québec et qui peuvent être consultées dans le Guide de déontologie journalistique du Conseil de presse du Québec. Trois grands principes y sont formulés, soit l’indépendance, la recherche de la vérité et le respect des personnes et des groupes1.
Rendre compte de la complexité et de l’ampleur de la violence sexuelle
Pour favoriser une meilleure compréhension de la violence sexuelle par la population, il est important de présenter des informations qui reflètent la complexité et l’ampleur de la problématique2. Lors de la couverture médiatique d'un cas précis, il faut privilégier la diffusion des détails strictement nécessaires à la compréhension des faits. Cela diminue les risques de transmettre des stéréotypes et des préjugés à l’égard de la violence sexuelle (p. ex. blâmer la personne victime, déculpabiliser la personne auteure ou justifier ses gestes).
Informer le public sur les manifestations et l’ampleur de la violence sexuelle
La « violence sexuelle » est un terme qui englobe un continuum d’actes de violence, avec ou sans contact, qui se manifestent de façon sexuelle ou ciblant la sexualité. La violence sexuelle inclut, entre autres, les agressions sexuelles, l’exploitation sexuelle, la cyberviolence sexuelle, la coercition reproductive et le harcèlement sexuel.
- Diffuser de l’information, lorsque possible, sur les multiples manifestations et les contextes dans lesquels la violence sexuelle peut survenir (p. ex. contexte relationnel ou familial, espace privé ou public, milieu de travail, milieu scolaire, contexte sportif)3.
- Pour en savoir plus sur les définitions associées à la violence sexuelle, consultez la section Comprendre la violence sexuelle.
- Tenter d’éviter la surreprésentation des cas présentant des caractéristiques moins communes de violence sexuelle (p. ex. présence de blessures physiques, personne auteure inconnue de la personne victime et survivante, personnalité publique) ou de présenter uniquement les cas les plus graves4.
- Rappeler les formes et les caractéristiques plus fréquentes de violence sexuelle, selon le cas rapporté, comme le fait qu’elle soit plus souvent perpétrée par une personne connue de la personne victime et survivante (p. ex. partenaire ou ex-partenaire intime, membre de la famille) dans un espace privé, comme au domicile3,5.
- Rappeler quelques statistiques sur la violence sexuelle en se basant sur des données probantes récentes3,5-10. Rappeler que les statistiques sont une sous-estimation de son ampleur réelle, qu’elles ne représentent que la pointe de l’iceberg et que la grande majorité des agressions sexuelles ne sont pas rapportées aux autorités policières6,9.
- Pour en savoir plus sur l’ampleur de la violence sexuelle, consultez la section Statistiques.
Présenter uniquement les détails nécessaires à la compréhension des faits lors de la couverture d'un cas précis
- Inclure des détails qui permettent d’avoir une compréhension complète et juste des faits, tout en situant la violence sexuelle dans un contexte social plus large11.
- Porter une attention particulière au risque d’identification de la personne victime et survivante lors de l’ajout de détails spécifiques (p. ex. sur elle-même, sur la personne auteure, sur la relation entre les deux, sur ce qui s’est passé), car il pourrait être facile d’identifier une personne même lorsque des mesures sont prises pour la dépersonnaliser3,5-9.
- Éviter d’inclure des détails explicites sur le cas de violence sexuelle qui ne sont pas absolument nécessaires à la compréhension des faits et éviter d’inclure seulement les détails plus sensationnalistes des faits2,11.
- Éviter de décrire avec précision les gestes (ou le modus operandi) posés par la personne auteure lors de la perpétration de la violence, car cela pourrait mener à un nouveau traumatisme chez certaines personnes11.
- Éviter d’inclure des informations sur la personne victime et survivante qui ne sont pas nécessaires à la compréhension du cas (p. ex. vêtements, emploi, état civil, appartenance ethnique, religion, sexualité), car ces détails peuvent avoir pour effet de blâmer la personne pour ce qu’elle a vécu ou de renforcer certains mythes et préjugés sur la violence9,11.
- Éviter de mettre l’accent sur les caractéristiques de la personne auteure lorsque cela n’est pas nécessaire (p. ex. position dans sa communauté, emploi, religion), car cela pourrait avoir comme effet de la décrire de façon favorable et de soulever un doute sur ce qui est arrivé11.
Pour des exemples de mythes fréquemment partagés concernant la violence sexuelle, consultez la section Mythes et réalités.
Contextualiser les faits rapportés
La violence sexuelle est un enjeu majeur de santé publique qui est associé à des facteurs de risque et des conséquences spécifiques, et qui peut se prévenir par l’entremise de différentes stratégies.
Situer le cas de violence sexuelle dans son contexte plus large
- Éviter le plus possible de traiter les cas de violence sexuelle comme des évènements individuels et isolés2,6,7,10,11, car il s’agit d’un enjeu majeur de santé publique qui entraîne des conséquences sur l’ensemble de la population.
- Préciser que le cas rapporté n’est pas isolé, mais qu’il s’inscrit plutôt dans un contexte plus large de violence sexuelle, auquel les filles et les femmes sont davantage concernées. Lorsque possible, rappeler le caractère systémique de la violence, résultant de rapports de pouvoir et de domination et affectant la société dans son ensemble, et reconnaître qu’elle constitue une violation des droits fondamentaux6,7,9-12.
Mettre de l’avant les facteurs de risque et les conséquences associés à la violence sexuelle
- Mettre de l’avant, autant que possible, les facteurs qui peuvent favoriser la violence sexuelle (p. ex. inégalités entre les hommes et les femmes, misogynie, sexisme, croyances et attitudes des individus en lien avec cet enjeu, inégalités socio-économiques)5,6,10,13.
- Éviter de décrire la violence sexuelle comme ayant une seule cause. La violence résulte d’une interaction complexe entre plusieurs facteurs, aucun facteur ne pouvant l'expliquer à lui seul (p. ex. la consommation d’alcool ou de drogues ne peut pas expliquer à elle seule pourquoi une personne a commis de la violence sexuelle)9.
- Pour des exemples de facteurs de risque, consultez la page Facteurs de risque.
- Mettre de l’avant les conséquences associées à la violence sexuelle auprès des personnes touchées et sur l’ensemble de la société, lorsque cela est possible5,6,10,11,13. Éviter de mettre l’accent sur les conséquences chez la personne auteure et sur sa réputation11.
- Pour des exemples de conséquences, consultez la page Conséquences.
Présenter des exemples d’interventions et de stratégies de prévention
- Donner des exemples concrets d’interventions et de stratégies de prévention, lorsque cela est possible et pertinent. Par exemple, présenter une intervention implantée dans une communauté spécifique qui soutient les personnes victimes et survivantes, ainsi que leur entourage, ou, à plus grande échelle, une loi ou une politique publique13.
- Intégrer des éléments plus généraux de discussions qui portent sur les mesures de prévention de la violence sexuelle, qu’elles soient individuelles, organisationnelles ou communautaires6,7.
- Pour des exemples de stratégies de prévention, consultez la page Prévention.
Respecter les règles entourant la couverture judiciaire des cas de violence sexuelle
Le traitement médiatique des cas de violence sexuelle est complexe, surtout lorsqu’il s’agit d’un évènement qui vient de survenir ou d’un dossier judiciarisé. Il peut être difficile de connaître les lois et les paramètres juridiques entourant la couverture judiciaire et de distinguer les différentes infractions criminelles se rapportant au cas couvert. S’en informer ou se référer à une personne experte sont des pratiques à privilégier afin de diffuser une information juste à la population. Les pratiques suivantes sont des exemples de règles informelles ou formelles, dont certaines sont prévues par exemple par le Code criminel.
- Assurer l’anonymat de la personne victime et survivante en évitant d’inclure tout détail permettant de l’identifier, lorsque cela est applicable3-5,9.
- Connaître et respecter les paramètres juridiques qui précisent ce qui peut et ne peut pas être rapporté concernant les infractions sexuelles (p. ex. ordonnance de non‑publication de l’identité, implication d’enfants dans le cas)9.
- Expliquer en termes simples les lois ou les articles de lois applicables au cas couvert3,9.
- Utiliser les documents de la police ou de la Cour pour rapporter les faits, en tenant compte de différents points de vue11.
- Pour en savoir plus sur les lois applicables en matière d’agressions sexuelles, consultez la section Législation et infractions sexuelles.
- Respecter le droit à la présomption d’innocence de la personne accusée et son droit à un procès juste et équitable11.
- Peu importe le verdict rendu au procès (acquittement ou culpabilité), tenter d’élargir les points de vue rapportés afin de montrer, le cas échéant, les possibles retombées positives du procès pour la personne victime et survivante.
- Lors d’un procès, rapporter ce qui s’est passé dans la salle d’audience de façon fidèle, et éviter d’utiliser comme seule narration celle de la défense et de ne couvrir que les aspects « sensationnels » du procès5,9.
Varier les points de vue
Favoriser le recours à une variété de points de vue, notamment celui de personnes expertes en matière de violence sexuelle et des personnes victimes et survivantes, permet de remettre les faits en contexte et d’avoir une compréhension plus complète du cas couvert.
Privilégier le point de vue d’experts et d’expertes en matière de violence sexuelle
- Consulter des experts et expertes en matière de violence sexuelle, c’est-à-dire des personnes provenant du milieu de l’intervention ou de la recherche ayant développé une compréhension sur l’enjeu, pour obtenir des informations plus complètes et objectives ou pour replacer le cas dans son contexte plus large3,5,6,8-11,13.
- Par exemple, s’entretenir avec des :
- Intervenants ou intervenantes ou porte-parole d’organismes luttant contre la violence sexuelle ou venant en aide aux personnes victimes et survivantes ou auteures de violence sexuelle;
- Chercheurs ou chercheuses universitaires ou affiliées à un centre de recherche qui aborde la violence sexuelle ou des problématiques associées;
- Professionnels ou professionnelles ou porte-paroles d’organisations, d’institutions ou de ministères impliqués dans l’étude de la violence sexuelle;
- Porte-paroles d’associations de personnes victimes et survivantes de violence sexuelle;
- Professionnels ou professionnelles de la santé (psychologue, sexologue, médecin, infirmier ou infirmière);
- Intervenants ou intervenantes en protection de l’enfance, lorsqu’applicable.
- Éviter de se baser uniquement sur le point de vue d’une seule personne provenant du milieu judiciaire, comme celui de la police ou d’un intervenant ou une intervenante judiciaire, car cela risque d’entraîner un portrait incomplet du cas9,11.
Organismes pouvant être sollicités pour une entrevue
Organismes de soutien aux personnes victimes et survivantes de violence sexuelle
- Info-aide violence sexuelle
Service d’écoute, de soutien et d’information gratuit et confidentiel offert à toute personne touchée par la violence sexuelle.
https://infoaideviolencesexuelle.ca/a-propos/contact/ | Demandes médias au 514 798-6744 ou [email protected] - Regroupement des centres d’aide et de lutte contre les agressions à caractère sexuel (RQCALACS)
Regroupement des centres d’aide directe et d’accompagnement des personnes victimes d’agression sexuelle et de leurs proches, qui offrent aussi des services de prévention, de sensibilisation, de formation et de défense des droits.
https://rqcalacs.qc.ca/nous-joindre/ | Demandes médias au 514-346-5252 ou [email protected] - Centres d’aide aux victimes d’actes criminels (CAVAC)
Centres d’aide qui offrent des services gratuits et confidentiels de première ligne à toute personne victime d’un acte criminel et à ses proches, ainsi qu’aux témoins d’un acte criminel.
https://cavac.qc.ca/contact/medias-et-informations-generales/ | Plusieurs contacts sur le site pour les demandes médias - Juripop
Organisme qui offre des services juridiques aux personnes victimes de violences à caractère sexuel dans les différentes démarches juridiques.
https://juripop.org/contact/ | Demandes médias au 514 346-3376 ou au [email protected]
Réseaux d’organismes de soutien aux personnes auteures de violence sexuelle
- À cœur d’homme
Réseau qui regroupe les organismes qui interviennent auprès des personnes auteures de violence en contexte conjugal et familial, dont la violence sexuelle.
https://www.acoeurdhomme.com/contactez-nous | Demandes médias à [email protected] - Regroupement des intervenants en matière d’agression sexuelle (RIMAS)
Regroupement d’organismes, de professionnels et professionnelles, de chercheurs et chercheuses et d’étudiants et étudiantes de différents milieux au Québec qui sont interpellés par la problématique de la délinquance sexuelle.
https://www.rimas.qc.ca/ | 1-514-250-0029 (numéro de téléphone général)
Centre de recherche sur la violence sexuelle
- Centre de recherche interdisciplinaire sur les problèmes conjugaux et les agressions sexuelles (CRIPCAS)
Regroupement d’organismes, de chercheurs et chercheuses et d’étudiants et étudiantes provenant de champs disciplinaires variés orientés sur l’agression sexuelle et les problèmes conjugaux.
https://www.cripcas.ca/fr/salle-de-presse | Plusieurs contacts sur le site pour les demandes médias
Inclure le point de vue des personnes victimes et survivantes
- Donner la parole à la personne victime et survivante et inclure des citations directes de celle‑ci (lors d’un procès ou d’une entrevue), lorsque possible4-6, tout en portant une attention particulière au risque d’identification de la personne victime et survivante3-5,9
- Mettre de l’avant la résilience et le processus de guérison de la personne victime et survivante et présenter les conséquences rapportées par cette personne découlant de l’évènement vécu5-8.
- S’inspirer des principes du journalisme sensible aux traumatismes, afin d’éviter les effets potentiellement nuisibles des pratiques journalistiques (voir l’encadré ci-dessous).
- Lors d’une entrevue avec une personne victime et survivante, du premier contact à la diffusion de l’article ou du reportage, s’assurer de toujours avoir son consentement libre et éclairé. S’assurer aussi de sa bonne compréhension du processus journalistique et qu’elle soit bien informée de l’objet, de l’intention, du format et de la portée ou des effets attendus de l’intervention médiatique7,14.
- Pour en savoir plus sur la manière d’aborder la personne victime et survivante et de mener une entrevue de manière sécuritaire, responsable et respectueuse avec elle, consultez les pages 18 à 21 du guide #LesBONSmots : La couverture médiatique de la violence sexuelle au Canada.
Le journalisme sensible aux traumatismes
Le journalisme sensible aux traumatismes (en anglais, trauma-informed journalism) est fondé sur la compréhension que les traumatismes, comme la violence sexuelle, ont des effets multiples et durables sur la vie d’une personne et sur la façon dont elle va se remémorer les évènements. Cette approche journalistique consiste à créer des relations de confiance et de transparence avec ses sources, et à rapporter les évènements en mettant de l’avant les forces de chaque personne10,14. Elle vise à éviter un traumatisme secondaire aux personnes victimes et survivantes qui sont interviewées, en réagissant à leur vécu avec compassion et sensibilité10,14. Par exemple, lorsqu’une personne victime et survivante est interviewée, il est possible de poser des questions sur son ressenti et ses émotions au lieu de se concentrer sur des détails précis de son expérience qui sont potentiellement traumatiques pour elle10,14. Dans les cas où les paroles des personnes qui ont subi de la violence sexuelle sont rapportées, il est important de s’assurer que les mots utilisés dans l’article ou le reportage soient centrés sur leurs paroles4,10.
- Pour en savoir plus sur le journalisme sensible aux traumatismes, consultez le site web du Forum des journalistes canadiens sur la violence et le traumatisme (disponible en anglais seulement).
- Pour avoir des outils et des ressources sur le journalisme sensible aux traumatismes consultez le site web du Trauma Aware Journalism (majorité du contenu en anglais seulement)
Faire preuve de prudence lors de l’inclusion du point de vue des proches et de la communauté
- Rapporter avec prudence les propos et les réactions des proches de la personne victime et survivante8 qui peuvent être affectés à plusieurs égards par la situation (p. ex. être en état de choc) et qui peuvent potentiellement véhiculer des mythes sur la violence sexuelle.
- Éviter de faire appel à des connaissances éloignées de la personne victime et survivante, car les connaissances éloignées risquent d’en savoir peu sur le contexte et les circonstances du cas de violence sexuelle couvert8. Lorsque leur point de vue est rapporté, contrebalancer par d’autres propos, comme ceux des personnes expertes.
- Éviter de mettre l’accent uniquement sur les propos et les réactions des proches ou de la communauté de la personne auteure (p. ex. ami ou amie, voisin ou voisine, collègue de travail), car elles mettent souvent l’accent sur la déculpabilisation et la sympathie avec celle‑ci6,9.
Éviter de mettre de l’avant le point de vue des personnes auteures
- Éviter les formulations qui sympathisent avec la personne auteure et qui la présentent sous un jour favorable, car elles peuvent être porteuses de stéréotypes et de préjugés (p. ex. « il était un mari formidable et un père aimant », « on n’aurait jamais imaginé »)5,6,9,11.
- Éviter de mettre l’accent sur les problèmes de santé mentale et les expériences de vie difficiles de la personne auteure. Cela peut avoir comme effet de justifier la violence commise ou de déresponsabiliser la personne auteure de ces gestes5,9,11.
- Éviter de donner une place importante à la personne auteure et à ses paroles, et de mettre de l’avant ses citations, lorsque possible, car cela peut avoir comme effet de normaliser ses attitudes et ses comportements et de mener à un nouveau traumatisme pour les personnes victimes et survivantes5.
Favoriser un vocabulaire approprié, neutre et précis
Le langage a une grande importance et peut avoir une influence sur la façon dont la violence sexuelle est comprise et perçue3. Le langage utilisé pour décrire les cas de violence sexuelle doit être le plus exact possible, tout en évitant d’utiliser des termes qui la normalisent ou la minimisent, qui laissent place à une interprétation erronée ou qui suggèrent un consentement aux gestes sexuels posés. Pour éviter de perpétuer des mythes, des préjugés et des stéréotypes sur les personnes victimes et survivantes, ainsi que les personnes auteures, il faut éviter l’utilisation de certains mots ou expressions10.
Ces pratiques s’appliquent tout autant dans le choix du titre d’un article qu’à son contenu. Les personnes qui rédigent le contenu d’un article ne sont toutefois pas toujours celles responsables du titre final, c’est pourquoi il est important que l’ensemble des membres d’une organisation médiatique connaissent bien les pratiques journalistiques à privilégier par rapport à la couverture de la violence sexuelle. Lorsque possible, la personne qui rédige le contenu de l’article peut collaborer avec l'ensemble de l'équipe de rédaction afin de discuter de la manière dont l’histoire sera présentée11,14.
Comment nommer la personne victime et survivante?
Pour nommer la personne victime et survivante, il suffit d’utiliser le terme choisi par la personne qui a vécu la violence sexuelle. Il est important de prendre en compte les répercussions de la représentation d’une personne en tant que « victime » ou « survivante » en raison des significations inhérentes à ces termes. Le terme « victime » réfère, de manière générale, au fait d’avoir subi un préjudice, comme une atteinte à son intégrité physique ou mentale, ou une attente à ses droits15. Plusieurs personnes préfèrent le terme « survivante », car il met l’accent sur la capacité d’agir et la résilience de la personne concernée3,11. D’autres personnes peuvent également ne pas vouloir être représentées comme l’une ou l’autre10 et préférer plutôt utiliser l’expression « personne ayant subi ou vécu une agression sexuelle »11, et il est important de respecter leur choix.
Description de la violence sexuelle
À privilégier
- Être précis dans le choix des mots et utiliser un vocabulaire neutre6,8.
- Par exemple : violence sexuelle, agression sexuelle, harcèlement sexuel, infraction sexuelle.
- Utiliser des mots qui expriment clairement le caractère violent, non consensuel et grave de l’acte10,11.
- Nommer la forme de violence vécue et/ou l’infraction, le cas échéant5.
- Par exemple : agression sexuelle (armée, grave), contacts sexuels ou incitations à des contacts sexuels, leurre, publication non consensuelle d’une image intime.
À éviter
- Utiliser des euphémismes, des termes vagues et ceux qui minimisent ou banalisent la violence2,8-11,16.
- Par exemple : relation sexuelle, sexe, activité sexuelle, embrasser, caresser, arracher un baiser11.
- Utiliser des termes qui évoquent le sensationnalisme ou qui sont dramatiques9,16.
- Par exemple : scandale sexuel, controverse, saga16.
- Décrire les personnes auteures avec des mots imagés ou à caractère exceptionnel.
- Par exemple : monstre, bête, démon, bourreau8.
Considérations juridiques
À privilégier
- Utiliser les termes « déclaré » ou « signalé » lorsque l’affaire fait officiellement partie du système judiciaire3,6.
- Utiliser le terme « plaignante » si la personne victime et survivante a déposé des accusations criminelles.
- Utiliser « a dit », « selon », « a rapporté » ou « a raconté » et attribuer ce qui a été dit à une personne en particulier.
- Par exemple : « La police a rapporté que.. »; « Selon la ou le juge... »11.
À éviter
- Utiliser des termes tels que « présumé » « allégué » ou « prétendu ». Bien que ces termes puissent être requis lorsqu’une personne est accusée d’un crime, mais non condamnée, comme lors d’un procès criminel en cours, ils peuvent créer des doutes sur l’existence de l’acte commis et la parole de la personne survivante et victime, et aboutir à la déculpabilisation de la personne auteure6,11,14,16.
- Par exemple : agression sexuelle présumée, victime présumée.
Responsabilité de la personne auteure
À privilégier
- Utiliser un langage qui rend la personne auteure responsable de la violence sexuelle commise envers une autre personne; faire de la personne auteure le sujet de la phrase et du verbe5,9,11.
- Lorsqu’une personne est accusée d’un crime, utiliser par exemple : « Selon les informations obtenues par la police, la personne auteure aurait agressé sexuellement… ».
- Lorsque la personne auteure a été reconnue coupable, utiliser par exemple : «Il a agressé sexuellement… ».
À éviter
- Faire de la personne victime et survivante le sujet de la phrase et du verbe11.
- Par exemple : « La survivante a effectué une fellation contre son gré », « La survivante s’est livrée à ».
- Éviter d’utiliser des phrases qui éliminent la responsabilité de la personne auteure de la violence8,11.
- Par exemple : « Elle a été violée » ou « Une agression s’est produite »8,11.
Perspective de la personne victime et survivante
À privilégier
- Utiliser le langage et les pronoms que préfère la personne interrogée pour s’identifier et raconter son vécu.
- Par exemple : « victime », « survivante », « personne ayant subi ou vécu une agression sexuelle »11.
- Utiliser un langage neutre comme « partage », « dit », « raconte », « rapporte » ou « affirme » pour décrire les propos d’une personne victime et survivante qui raconte son expérience11.14.
À éviter
- Utiliser automatiquement le terme « victime », à moins que ce soit ce que la personne interviewée préfère11.
- Utiliser des phrases comme « la victime et survivante admet/avoue/se confie » pour décrire le récit d’une agression sexuelle, car cela sous-entend qu’elle est responsable de l’agression ou a honte de l’avoir vécue11.
- Utiliser un langage qui justifie la violence ou qui blâme involontairement la victime pour ce qui lui est arrivé, notamment si elle avait consommé des substances psychoactives, comme de l’alcool, si elle est sortie tard le soir, ou si elle marchait seule9.
Pour en savoir plus sur les définitions et les termes associés à la violence sexuelle, consultez la section Comprendre la violence sexuelle.
Favoriser l’utilisation d’images et de vidéos appropriées
Le choix des images pour illustrer un reportage est important. Les images et vidéos peuvent perpétuer et même renforcer des mythes, des stéréotypes et des préjugés sur la violence sexuelle. Elles peuvent ainsi créer une perception biaisée des personnes victimes et survivantes de violence sexuelle, en particulier les femmes9,10,17. Il est donc important de réfléchir à l’effet que peut avoir l’image ou la vidéo choisie pour représenter l’histoire sur la personne victime et survivante, sur sa famille et sur les autres personnes victimes et survivantes, et de manière plus générale, sur la population9,17.
Contexte
À privilégier
- Utiliser des images qui mettent l’accent sur le contexte dans lequel la violence est survenue, lorsque cela est pertinent17.
- Par exemple : photo de l’extérieur ou de l’intérieur d’un bâtiment d’établissement scolaire ou d’un milieu de travail où les actes de violence ont eu lieu.
À éviter
- Éviter d’utiliser uniquement des images prises dans un environnement sombre à l’extérieur qui montrent une personne marchant seule, car cela renforce le mythe selon lequel la violence sexuelle est toujours perpétrée dans un lieu public par un étranger ou une étrangère17.
Responsabilité de la personne auteure
À privilégier
- Utiliser des images qui impliquent la personne auteure, comme lorsqu’elle est emmenée par la police, afin de centrer le cas sur le comportement de la personne auteure plutôt que sur celui de la personne victime et survivante4,9.
À éviter
- Utiliser des images qui montrent la personne auteure sous un jour favorable11.
Résilience des personnes victimes et survivantes
À privilégier
- Dans les cas où la personne victime et survivante souhaite que son identité soit partagée et qu’il est légalement possible de le faire, utiliser des images qui la présente sous un jour favorable ou qui montrent sa résilience9.
- Si cela est possible, vérifier avec la personne victime et survivante si le choix de l’image lui convient11,17.
- Utiliser des images qui montrent la recherche d’aide11,17.
- Par exemple : une photo qui montre un groupe d'entraide de personnes victimes et survivantes de violence sexuelle ou une personne lors d'une séance avec un professionnel ou une professionnelle de la santé.
À éviter
- Utiliser des images qui dépeignent la violence de manière stéréotypée ou qui victimisent ou infantilisent les personnes victimes et survivantes, particulièrement les femmes9-11,17.
- Par exemple : photo d’une personne qui a des blessures physiques (p. ex. ecchymoses); est recroquevillée; a une expression faciale témoignant d’une grande impuissance (p. ex. tristesse, détresse) ou est sexualisée ou déshumanisée9-11,17.
- Utiliser des images qui mettent l’accent sur les actions de la personne victime et survivante11.
- Par exemple : photo d’une personne qui boit de l’alcool11.
Représentations diversifiées
À privilégier
- Utiliser des images de personnes provenant de diverses communautés (p. ex. personnes de la diversité sexuelle ou de genre, personnes racisées, personnes autochtones, personne ayant un handicap ou une incapacité)11.
À éviter
- Utiliser seulement des images de femmes blanches, jeunes et sans handicap lorsque l’on parle de la violence sexuelle en général, car cela contribue à l'invisibilisation des femmes racisées, plus âgées et en situation de handicap dans l’espace public, qui sont pourtant surreprésentées parmi les personnes victimes et survivantes de violence sexuelle17.
Faire connaître les ressources d’aide et encourager la recherche d’aide
Les médias d’information sont souvent consultés par des personnes victimes et survivantes de violence sexuelle. Ils représentent donc un moyen important pour faire connaître les ressources leur offrant de l’aide ou du soutien, et pour encourager la recherche d’aide5,13. Par ailleurs, des notes de contenu sont un autre moyen pouvant être utilisé pour informer le public que le matériel présenté pourrait être sensible et qui peuvent aussi référer à des ressources d’aide14.
- Présenter des ressources d’aide en ordre de priorité (en commençant par les ressources d’urgence et de crise, puis de conseil et de soutien). Ces ressources doivent être utiles aux personnes victimes et survivantes de violence sexuelle, ainsi qu’à leurs proches, aux personnes auteures de violence sexuelle ou aux personnes désirant être davantage informées sur la problématique8-10.
- Présenter des ressources spécifiques et pertinentes à la population ou à la communauté concernée, comme des contacts d’organisations locales2,10,13.
- Lorsque possible, informer la population sur les manières d’offrir du soutien à une personne victime et survivante de violence sexuelle, et de recevoir un dévoilement de violence sexuelle.
- Pour en savoir plus sur comment recevoir un dévoilement de violence sexuelle d’une ou un enfant ou d’une personne adulte, consultez le texte Recevoir un dévoilement de violence sexuelle.
- Inclure une note de contenu pour informer le lectorat que le matériel présenté pourrait être sensible pour certaines personnes en incluant, par exemple, une ressource d’aide. Cette note peut accompagner tout autant les textes, les images, les publications sur les médias sociaux, les vidéos ou les clips audio14.
- Par exemple : « Ce contenu contient des informations qui peuvent être troublantes ou dérangeantes pour certaines personnes, car elles portent sur un cas de violence sexuelle. Si vous avez été victime de violence sexuelle et que vous avez besoin d’aide, appelez Info-aide violence sexuelle au 1 888 933-9007 ».
Voici un exemple d’encadré présentant les ressources d’aide qui peut être inclus dans un article :
En cas de situation d’urgence, appelez le service de police de votre région : 9-1-1.
Si vous ou quelqu’un que vous connaissez êtes victimes de violence sexuelle, appelez Info-Aide Violence sexuelle au 1-888-933-9007 (24 h/7 jours) ou consultez https://infoaideviolencesexuelle.ca pour clavarder avec une intervenante.
Si vous êtes victimes de violence sexuelle et souhaitez recevoir des conseils juridiques gratuits, appelez la ligne Rebâtir au 1-833-732-2847 (8 h 30 à 16 h 30, lundi au vendredi) ou consultez https://rebatir.ca/
Si vous ou quelqu’un que vous connaissez êtes victimes d’un acte criminel, contactez le Centre d’aide aux victimes d’actes criminels (CAVAC) de votre région : https://cavac.qc.ca/contact/joindre-un-cavac/
Si vous avez commis ou avez peur de commettre une agression sexuelle, contactez l’organisme d’aide et de soutien de votre région : https://www.quebec.ca/famille-et-soutien-aux-personnes/violences/agression-sexuelle-aide-ressources/organismes-aide-auteurs-agression
Pour avoir une liste exhaustive de ressources à transmettre en matière de violence sexuelle, consultez la section Ressources.
Références
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- DÖRING, N., et R. WALTER (2020). « Media Coverage of Child Sexual Abuse: A Framework of Issue-Specific Quality Criteria », Journal of Child Sexual Abuse, vol. 29, n° 4, p. 393‑412.
- MINNESOTA COALITION AGAINST SEXUAL ASSAULT (MNCASA) (2017). Reporting on Sexual Violence: A guide for journalists (second edition), [en ligne], Minnesota, États-Unis, Minnesota Coalition Against Sexual Assault (MNCASA), <https://mncasa.org/wp-content/uploads/2022/06/Reporting-on-Sexual-Viole…; (consulté le 3 novembre 2023).
- FUENTES, L., A. S. SAXENA et J. BITTERLY (2022). Mapping the nexus between media reporting of violence against girls: The normalization of violence, and the perpetuation of harmful gender norms and stereotypes., [en ligne], UN Women, <https://www.unwomen.org/sites/default/files/2022-08/Evidence-review-Map…; (consulté le 25 octobre 2023).
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Rédaction : Maude Lachapelle, conseillère scientifique, INSPQ
Cynthia Nasr, conseillère scientifique, INSPQ
Collaboration : Dominique Gagné, conseillère scientifique, INSPQ
Richard Daigle, agent d'information, INSPQ
Amélie Daoust-Boisvert, Professeure adjointe au département de journalisme à l’Université Concordia
Révision externe : Karine Mac Donald, criminologue et coordonnatrice aux communications
et aux relations publiques du Réseau des CAVAC
Malorie Comtois, travailleuse sociale et spécialiste clinique en violences à caractère sexuel à Juripop