Introduction
La violence conjugale est un problème social complexe qui affecte la santé et le bien-être de la population. En Amérique du Nord, on évalue qu’une femme sur cinq (21 %, IC : 16,2 à 26,4) a vécu au cours de sa vie de la violence physique ou sexuelle de la part d’un partenaire intime [1]. L’incidence économique de la violence conjugale au Canada est considérable. En 2009, une estimation conservatrice l’a évalué à 7,4 milliards de dollars, soit environ 220 $ par citoyen canadien. Cette estimation a pris en considération les coûts liés au système judiciaire, aux victimes et aux tiers [2].
Au Québec, comme à l’international, le militantisme des groupes féministes a permis de révéler la violence vécue par des milliers de femmes en contexte conjugal, mais plus encore de faire reconnaître son caractère social [3–5]. Dans cette foulée, tout un réseau de maisons d’hébergement et de ressources d’aide destinées aux femmes violentées a vu le jour au Québec [6].
Depuis 1995, le gouvernement du Québec s’est doté d’une Politique d’intervention en matière de violence conjugale – Prévenir, dépister, contrer la violence conjugale [7]. La Politique identifie neuf principes directeurs devant guider les actions dans le domaine, et situe la violence conjugale comme « … la manifestation de rapports de force historiquement inégaux qui ont abouti à la domination des hommes sur les femmes » [7].
Vingt ans et trois plans d’action plus tard, des progrès importants ont été réalisés au Québec relativement à la réponse sociojudiciaire et aux services déployés pour venir en aide aux victimes de violence conjugale et à leurs enfants [8]. Pourtant, chaque année, près de 20 000 Québécois – des femmes pour la plupart – continuent d’être victimes d’une infraction commise en contexte conjugal [9]. En fait, au Québec, près du quart de la criminalité contre la personne est attribuable à la violence conjugale.