Conséquences

Les conséquences de la violence interpersonnelle en contexte sportif sont très peu documentées [89]. Par contre, sachant que la maltraitance envers les enfants [136–138], l’intimidation [139–145], le bizutage [68,146] ainsi que la violence à laquelle sont exposés les jeunes de façon générale [147] engendrent des conséquences importantes sur la santé physique et mentale des victimes, il est aisé de croire que les athlètes victimes de violence dans le contexte du sport vivront également de telles conséquences.

Santé mentale

Sur le plan des conséquences de la violence sur la santé mentale, des études avec devis qualitatifs constituent les principales sources d’information dont nous disposons à l’heure actuelle. Ces études ont répertorié les conséquences rapportées par des athlètes ayant vécu de la violence en contexte sportif, plus particulièrement de la violence psychologique ou sexuelle ainsi que du bizutage. Dans le cas de la violence sexuelle, les athlètes rapportent des conséquences comme une diminution de l’estime de soi, de la colère, de l’irritabilité, de la confusion, de l’anxiété, une mauvaise image corporelle, un sentiment de culpabilité, un sentiment dépressif, de la solitude, un manque de confiance envers les autres, ainsi que des idées suicidaires [148,149]. Des récits anecdotiques font également état de problèmes de consommation d’alcool et de drogue, ainsi que de problèmes de jeu suite à des abus sexuels commis par un entraîneur [150,151]. Fasting et ses collaborateus rapportent également que les conséquences du harcèlement sexuel vécu par les athlètes féminines ayant participé à leur étude semblent être plus sévères lorsque le harcèlement provient d’une figure d’autorité dans le sport (ex. : entraîneur) [149]. La violence psychologique de la part d’un entraîneur semble également entraîner des conséquences importantes chez les athlètes qui en sont victimes. Mentionnons en particulier la colère, un faible sentiment d’efficacité personnelle, une faible estime de soi, de l’anxiété, une mauvaise image corporelle, un manque de confiance ainsi qu’un sentiment d’humiliation, de dépression et de dépréciation [7,122]. Les conséquences associées à une expérience de bizutage dans le sport ont également été documentées (faible estime de soi, anxiété, dépression, difficulté à se concentrer, difficulté à dormir, culpabilité, comportements suicidaires) [68]. Finalement, une étude a également fait état des conséquences reliées à la violence vécue par les athlètes de la part des spectateurs. Certains ont déclaré avoir eu peur, avoir été en colère et s’être sentis embarrassés et intimidés par ces derniers [86].

Santé physique

La violence en contexte sportif peut également entraîner des conséquences sur la santé physique des athlètes. En effet, la poursuite forcée de la pratique sportive malgré la présence d’une blessure, une agression physique en situation de compétition ou encore une situation de bizutage peuvent engendrer des blessures ou encore aggraver une blessure [23,68,152]. L’utilisation de punitions corporelles et de violence physique par une personne en position d’autorité est également susceptible d’entraîner des conséquences d’ordre physique. Nous n’avons toutefois répertorié aucune étude ayant fait un lien direct entre ces formes de violence et les conséquences physiques associées. Malgré l’absence d’études sur la négligence en contexte sportif, Mountjoy et ses collaborateurs suggèrent tout de même que des comportements négligents de la part de personnes en position d’autorité dans le sport peuvent entraîner des conséquences telles que des blessures récurrentes, des accidents ayant pu être évités, de la malnutrition, des problèmes de comportement alimentaire, de la déshydratation ou même la mort [89].

Même si les agressions physiques entre les joueurs en situation de compétition ne sont pas nécessairement toujours perçues comme une forme de violence, nombreux sont les travaux qui font le lien entre leur présence et une incidence plus élevée de blessures. En effet, parmi les principaux mécanismes de blessure étudiés dans les sports, des contacts physiques brutaux (ex. : mise en échec corporelle, plaquage, coup de poing) ressortent comme étant les plus importants dans certains sports de combat (ex. : boxe, arts martiaux) et de contacts (ex. : hockey sur glace, rugby, soccer, football), surtout chez les jeunes athlètes [152–156]. Les agressions physiques illégales entre les joueurs sont également à l’origine de plusieurs blessures, peu importe la nature du sport pratiqué [157]. Plus précisément, Collins et ses collaborateurs indiquent qu’elles sont responsables de 6,4 % de l’ensemble des blessures répertoriées durant les compétitions de jeunes athlètes pratiquant différents sports [157]. Par ailleurs, considérant le risque très élevé de blessures chez les jeunes athlètes en période de croissance, certaines organisations nationales de santé se sont prononcées pour suggérer la modification de la réglementation de certains sports qui autorisent des contacts physiques brutaux, notamment le hockey sur glace et la boxe [158,159].